[25] (1) Ἔτι δὲ μᾶλλον αὐξῆσαι τὴν πόλιν
βουλόμενος, ἐκάλει πάντας ἐπὶ τοῖς ἴσοις, καὶ τὸ ‘δεῦρ´ ἴτε πάντες λεῴ’ κήρυγμα
Θησέως γενέσθαι φασί, πανδημίαν τινὰ καθιστάντος. (2) οὐ μὴν ἄτακτον οὐδὲ
μεμειγμένην περιεῖδεν ὑπὸ πλήθους ἐπιχυθέντος ἀκρίτου γενομένην τὴν
δημοκρατίαν, ἀλλὰ πρῶτος ἀποκρίνας χωρὶς Εὐπατρίδας καὶ Γεωμόρους καὶ
Δημιουργούς, Εὐπατρίδαις δὲ γινώσκειν τὰ θεῖα καὶ παρέχειν ἄρχοντας ἀποδοὺς
καὶ νόμων διδασκάλους εἶναι καὶ ὁσίων καὶ ἱερῶν ἐξηγητάς, τοῖς ἄλλοις πολίταις
ὥσπερ εἰς ἴσον κατέστησε, δόξῃ μὲν Εὐπατριδῶν, χρείᾳ δὲ Γεωμόρων, πλήθει δὲ
Δημιουργῶν ὑπερέχειν δοκούντων. (3) ὅτι δὲ πρῶτος ἀπέκλινε πρὸς τὸν ὄχλον,
ὡς Ἀριστοτέλης φησί, καὶ ἀφῆκε τὸ μοναρχεῖν, ἔοικε μαρτυρεῖν καὶ Ὅμηρος, ἐν
νεῶν καταλόγῳ μόνους Ἀθηναίους δῆμον προσαγορεύσας. ἔκοψε δὲ καὶ
νόμισμα, βοῦν ἐγχαράξας ἢ διὰ τὸν Μαραθώνιον ταῦρον ἢ διὰ τὸν Μίνω
στρατηγόν, ἢ πρὸς γεωργίαν τοὺς πολίτας παρακαλῶν. ἀπ´ ἐκείνου δέ φασι τὸ
ἑκατόμβοιον καὶ τὸ δεκάβοιον ὀνομασθῆναι. (4) Προσκτησάμενος δὲ τῇ Ἀττικῇ
τὴν Μεγαρικὴν βεβαίως, τὴν θρυλουμένην ἐν Ἰσθμῷ στήλην ἔστησεν, ἐπιγράψας
τὸ διορίζον ἐπίγραμμα τὴν χώραν δυσὶ τριμέτροις, ὧν ἔφραζε τὸ μὲν πρὸς ἕω·
"Τάδ´ οὐχὶ Πελοπόννησος, ἀλλ´ Ἰωνία," τὸ δὲ πρὸς ἑσπέραν· "Τάδ´ ἐστὶ
Πελοπόννησος, οὐκ Ἰωνία." (5) καὶ τὸν ἀγῶνα πρῶτος ἔθηκε κατὰ ζῆλον
Ἡρακλέους, ὡς δι´ ἐκεῖνον Ὀλύμπια τῷ Διί, καὶ δι´ αὐτὸν Ἴσθμια τῷ Ποσειδῶνι
φιλοτιμηθεὶς ἄγειν τοὺς Ἕλληνας. ὁ γὰρ ἐπὶ Μελικέρτῃ τεθεὶς αὐτόθι νυκτὸς
ἐδρᾶτο, τελετῆς ἔχων μᾶλλον ἢ θέας καὶ πανηγυρισμοῦ τάξιν. (6) ἔνιοι δέ φασιν
ἐπὶ Σκείρωνι τὰ Ἴσθμια τεθῆναι, τοῦ Θησέως ἀφοσιουμένου τὸν φόνον διὰ τὴν
συγγένειαν· Σκείρωνα γὰρ υἱὸν εἶναι Κανήθου καὶ Ἡνιόχης τῆς Πιτθέως. οἱ δὲ
Σίνιν, οὐ Σκείρωνα, καὶ τὸν ἀγῶνα τεθῆναι διὰ τοῦτον ὑπὸ Θησέως, οὐ δι´
ἐκεῖνον. (7) ἔταξεν οὖν καὶ διωρίσατο πρὸς τοὺς Κορινθίους, Ἀθηναίων τοῖς
ἀφικνουμένοις ἐπὶ τὰ Ἴσθμια παρέχειν προεδρίαν, ὅσον ἂν τόπον ἐπίσχῃ
καταπετασθὲν τὸ τῆς θεωρίδος νεὼς ἱστίον, ὡς Ἑλλάνικος καὶ Ἄνδρων ὁ
Ἁλικαρνασσεὺς ἱστορήκασιν.
| [25] (1) Afin de peupler davantage sa ville, il y appela tout le monde à l'égalité des droits; et
la proclamation qui se fait encore aujourd'hui en ces termes: "Peuples, venez tous ici", est, à
ce qu'on prétend, la même que celle qu'employa Thésée lorsqu'il voulut fondre les immigrants
en un peuple unique. (2) Mais il ne laissa pas cette foule mêlée qui accourait de toutes parts
porter le désordre et la confusion dans la démocratie; il fut le premier à établir la division
entre les nobles (Eupatrides), les paysans (Géomores) et les artisans (Démiurges). Il confia à
la noblesse tout ce qui regardait le culte des dieux, leur donna toutes les magistratures, les
chargea d'interpréter les lois et d'expliquer les coutumes profanes et religieuses. Cette division
établit une sorte d'égalité entre les trois classes. Les nobles semblaient l'emporter en dignité,
les paysans en utilité de leur profession et les ouvriers par le nombre. (3) Thésée est, suivant
Aristote, le premier qui ait incliné vers le gouvernement populaire, et qui se soit démis
volontairement de la royauté. C'est à quoi Homère semble faire allusion lorsque, dans le
dénombrement de la flotte des Grecs, il donne aux seuls Athéniens le nom le peuple. Thésée
frappa une monnaie en y faisant graver un boeuf, soit à cause du taureau de Marathon, soit
pour sa victoire sur Tauros, général de Minos, soit enfin pour encourager les citoyens à
l'agriculture. C'est, dit-on, de cette monnaie que sont venues ces manières de parler: "Cela
vaut cent bœufs"; "cela vaut dix boeufs." (4) Il unit à l'Attique le territoire de Mégare, et fit
dresser dans l'isthme cette fameuse colonne, sur laquelle il grava une inscription en deux
trimètres qui déterminaient les limites des deux pays. II y avait sur le côté oriental: "Ce n'est
pas ici le Péloponnèse, mais l'Ionie"; et sur le côté occidental, "C'est ici le Péloponnèse, et non
pas l'Ionie". (5) Il fut le premier qui, à l'imitation d'Héraclès, établit des jeux dans l'isthme.
Comme ce héros avait institué en l'honneur de Zeus, et en mémoire de ses propres exploits,
les jeux olympiques, Thésée voulut aussi faire célébrer en mémoire de ses belles actions, et en
l'honneur de Poséidon, les jeux isthmiques. Ceux qu'on y avait établis pour Mélicerte se
célébraient la nuit, et avaient plutôt l'air d'une initiation aux mystères que d'un spectacle et
d'une fête publique. (6) Il y a pourtant des auteurs qui prétendent que les jeux isthmiques
furent consacrés à Sciron, dont Thésée voulut par là expier le meurtre, parce qu'il était son
parent, Sciron étant fils de Canéthos et d'Hénioché, fille de Pitthée. D'autres assurent que ce
fut pour Sinis, et non pas pour Sciron, qu'il les établit. (7) Quoi qu'il en soit, il ordonna aux
Corinthiens de céder les premières places aux Athéniens qui viendraient voir les jeux, et de
leur laisser autant d'espace qu'en pourrait couvrir la voile du vaisseau sur lequel ils seraient
venus. C'est du moins ce que disent Hellanicos et Andron d'Halicarnasse.
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