[21] Ἐκ δὲ τούτου παραμείνας χρόνον ὅσον
τὰς μεγίστας κατασβέσαι ταραχὰς καὶ τὰ
φλεγμαίνοντα μάλιστα καταστῆσαι καὶ διαλῦσαι
τῶν πραγμάτων, ἀπῆγεν εἰς Ἰταλίαν τὸν στρατόν,
ἀκμάζοντι τῷ δουλικῷ πολέμῳ κατὰ τύχην
φερόμενος. διὸ καὶ Κράσσος ὁ στρατηγὸς ἤπειξε
παραβόλως τὴν μάχην, καὶ κατευτύχησε, δισχιλίους
τριακοσίους ἐπὶ μυρίοις κτείνας. οὐ μὴν
ἀλλὰ καὶ τούτῳ τὸν Πομπήϊον εἰσποιούσης
ἁμῶς γέ πως τῷ κατορθώματι τῆς τύχης, πεντακισχίλιοι
φεύγοντες ἐκ τῆς μάχης ἐνέπεσον εἰς
αὐτόν, οὓς ἅπαντας διαφθείρας, ἔγραψε πρὸς τὴν
σύγκλητον ὑποφθάσας ὡς Κράσσος μὲν ἐκ παρατάξεως
νενίκηκε τοὺς μονομάχους, αὐτὸς δὲ τὸν
πόλεμον ἐκ ῥιζῶν παντάπασιν ἀνῄρηκε. καὶ
ταῦτα βουλομένοις ἦν δι´ εὔνοιαν ἀκροᾶσθαι καὶ
λέγειν τοῖς Ῥωμαίοις. Ἰβηρίαν δὲ καὶ Σερτώριον
οὐδὲ παίζων ἄν τις εἶπεν ἑτέρου καὶ μὴ Πομπηΐου
τὸ πᾶν ἔργον εἶναι.
Ἐν τοσαύτῃ δὲ τιμῇ καὶ προσδοκίᾳ τοῦ ἀνδρὸς
ὅμως ἐνῆν καὶ ὑποψία τις καὶ δέος, ὡς οὐ προησομένου
τὸ στράτευμα, βαδιουμένου δὲ δι´
ὅπλων καὶ μοναρχίας ἄντικρυς ἐπὶ τὴν Σύλλα
πολιτείαν. ὅθεν οὐκ ἐλάττονες ἦσαν τῶν δι´
εὔνοιαν τρεχόντων καὶ φιλοφρονουμένων καθ´
ὁδὸν οἱ φόβῳ ταῦτα ποιοῦντες. ἐπεὶ δὲ καὶ
ταύτην ἀνεῖλε τὴν ὑπόνοιαν ὁ Πομπήϊος προειπὼν
ἀφήσειν τὸ στράτευμα μετὰ τὸν θρίαμβον, ἓν
αἰτιᾶσθαι τοῖς βασκαίνουσι περιῆν ὑπόλοιπον,
ὅτι τῷ δήμῳ προσνέμει μᾶλλον ἑαυτὸν ἢ τῇ
βουλῇ, καὶ τὸ τῆς δημαρχίας ἀξίωμα, Σύλλα
καταβαλόντος, ἔγνωκεν ἀνιστάναι καὶ χαρίζεσθαι
τοῖς πολλοῖς, ὅπερ ἦν ἀληθές. οὐ γὰρ ἔστιν
οὗτινος ἐμμανέστερον ὁ Ῥωμαίων ἠράσθη δῆμος
καὶ μᾶλλον ἐπόθησεν ἢ τὴν ἀρχὴν αὖθις ἐπιδεῖν
ἐκείνην, ὥστε καὶ Πομπήϊον εὐτύχημα ποιεῖσθαι
μέγα τὸν τοῦ πολιτεύματος καιρόν, ὡς οὐκ ἂν
εὑρόντα χάριν ἄλλην ᾗ τὴν εὔνοιαν ἀμείψεται
τῶν πολιτῶν, εἰ ταύτην ἕτερος προέλαβε.
| [21] XXI. Commoratus inde in Hispania tantum temporis,
quantum maximis tumultibus componendis aestuique rerum
sedando satis esset, exercitum in Italiam abduxit, forte tum
maxime uigente bello seruili. Itaque et Crassus proelio decernere
audacter admodum festinauit et usus secundo Marte,
duodecim hostium millia et trecentos deleuit. Verumtamen
huius quoque uictoriae in partem aliquam fortuna
Pompeium cooptauit. Quinque millia enim fugitiuorum ex
pugna euaserunt et in ipsum inciderunt; quibus occidione
caesis, Crassum literis ad senatum dandis anteuertit, in quibus
scripsit Crassum quidem acie gladiatores uicisse, se autem
id bellum radicitus exstirpasse. Fuitque hoc Romanis
ob beneuolentiam erga ipsum et auditu et dictu gratum;
nam Hispanicum quidem et Sertorianum bellum ne ioco
quidem quisquam ab ullo alio quam Pompeio confectum
dixisset. Enimuero cum tanto honore atque exspectatione
metus tamen tum et suspicio quaedam coniuncta
erant, non dimissurum exercitum, sed per arma et domnatum
recta ad Syllanum imperium progressurum Pompeium.
Itaque iis qui beneuolentia ducti ei occurrerent amiceque
acciperent, haud pauciores fuerunt qui metu idem
facerent. Postquam hanc quoque suspicionem Pompeius
aboleuit, professus se statim a triumpho milites dimissurum,
id unum inuidi quod carperent, inuenerunt,
quod populo magis quam senatui se dederet, populique
auctoritatem a Sylla deiectam erigere in gratiam multitudinis
atque instaurare intenderet. Neque id falsum fuit. Neque
enim est quod magis insano amore populus prosecutus
est, neque ullum magistratum ardentius desiderauit recuperare
quam illum; itaque Pompeius magna in parte felicitatis
putauit, quod in eum qui tum erat reipublicae statum
incidisset, quum quidem, si eam gratiam alius praeripuisset,
nullam aliam rationem inuenire potuisset, qua gratias studiis populi referret.
| [21] XXI. Après avoir séjourné en Espagne autant de temps
qu'il en fallut pour assoupir les plus grands troubles, pour apaiser
et dissiper les émotions qui auraient pu ranimer la guerre,
il ramena son armée en Italie, où il arriva fort à
propos, lorsque la guerre des esclaves était dans
sa plus grande vigueur. Crassus, qui commandait
les Romains contre ces rebelles, sachant que Pompée
approchait, se hâta de livrer témérairement
la bataille ; il eut le bonheur de la gagner, et tua
douze mille trois cents de ces esclaves; mais la
fortune, qui voulait absolument faire partager à
Pompée la gloire de ce succès, fit que cinq mille de
ces fugitifs, qui s'étaient sauvés du combat, tombèrent
entre ses mains ; il les tailla tous en pièces,
et, se hâtant de prévenir Crassus , il écrivit promptement
au sénat qu'à la vérité Crassus avait défait
les gladiateurs en bataille rangée, mais que lui il
avait extirpé les racines de cette guerre ; ce
que les Romains, remplis d'affection pour Pompée,
aimaient à entendre et à répéter. Pour la défaite
de Sertorius en Espagne, personne n'eût osé dire,
même en plaisantant, qu'un autre que Pompée y eût eu part.
Malgré l'estime singulière qu'on avait pour
lui, et les hautes espérances qu'il avait fait concevoir,
les Romains ne laissaient pas de craindre
qu'il ne voulût pas licencier son armée, et que,
s'élevant par la force à la suprême puissance, il
ne succédât à la tyrannie de Sylla. Aussi, dans cette
foule si nombreuse qui allait au-devant de lui
sur les chemins pour le recevoir, la crainte en
conduisait autant que l'affection; mais l'assurance
qu'il donna qu'après son triomphe il congédierait
ses troupes ayant dissipé ce soupçon,
ses envieux n'eurent plus à lui reprocher que la
préférence qu'il donnait au peuple sur le sénat,
et le projet qu'il avait formé, pour plaire à la
multitude, de relever la dignité du tribunat, abattue
par Sylla : ce reproche était fondé, car il n'y
avait rien que le peuple romain désirât plus ardemment
et avec plus de fureur que le rétablissement
de cette magistrature. Pompée regardait
donc comme un grand bonheur pour lui l'occasion
qui se présentait de la lui rendre; il sentait
que s'il était prévenu par un autre, il ne s'offrirait
jamais une grâce à faire au peuple, par laquelle il
pût reconnaître l'affection qu'on lui portait.
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