| [23]  Οὐ μὴν ἀλλ' ἦσαν οἱ τὸν Κικέρωνα παρεσκευασμένοι
 καὶ λέγειν ἐπὶ τούτοις καὶ ποιεῖν κακῶς, ἔχοντες
 ἡγεμόνας τῶν εἰς τὸ μέλλον ἀρχόντων Καίσαρα μὲν
 στρατηγοῦντα, Μέτελλον δὲ καὶ Βηστίαν δημαρχοῦντας.
 οἳ τὴν ἀρχὴν παραλαβόντες, ἔτι τοῦ Κικέρωνος ἡμέρας
 ὀλίγας ἄρχοντος, οὐκ εἴων δημηγορεῖν αὐτόν, ἀλλ´ ὑπὲρ
 τῶν ἐμβόλων βάθρα θέντες οὐ παρίεσαν οὐδ´ ἐπέτρεπον
 λέγειν, ἀλλ´ ἐκέλευον, εἰ βούλοιτο, μόνον περὶ τῆς ἀρχῆς
 ἀπομόσαντα καταβαίνειν, κἀκεῖνος ἐπὶ τούτοις ὡς ὀμόσων
 προῆλθε? καὶ γενομένης αὐτῷ σιωπῆς, ἀπώμνυεν οὐ
 τὸν πάτριον, ἀλλ´ ἴδιόν τινα καὶ καινὸν ὅρκον, ἦ μὴν σεσωκέναι
 τὴν πατρίδα καὶ διατετηρηκέναι τὴν ἡγεμονίαν.
 ἐπώμνυε δὲ τὸν ὅρκον αὐτῷ σύμπας ὁ δῆμος. ἐφ´ οἷς ἔτι
 μᾶλλον ὅ τε Καῖσαρ οἵ τε δήμαρχοι χαλεπαίνοντες, ἄλλας
 τε τῷ Κικέρωνι ταραχὰς ἐμηχανῶντο, καὶ νόμος ὑπ´ αὐτῶν
 εἰσήγετο καλεῖν Πομπήιον μετὰ τῆς στρατιᾶς, ὡς
 δὴ καταλύσοντα τὴν Κικέρωνος δυναστείαν. ἀλλ´ ἦν ὄφελος
 μέγα τῷ Κικέρωνι καὶ πάσῃ τῇ πόλει δημαρχῶν τότε
 Κάτων καὶ τοῖς ἐκείνων πολιτεύμασιν ἀπ´ ἴσης μὲν ἐξουσίας,
 μείζονος δὲ δόξης ἀντιτασσόμενος. τά τε γὰρ ἄλλα
 ῥᾳδίως ἔλυσε, καὶ τὴν Κικέρωνος ὑπατείαν οὕτως ἦρε τῷ
 λόγῳ δημηγορήσας, ὥστε τιμὰς αὐτῷ τῶν πώποτε μεγίστας
 ψηφίσασθαι καὶ προσαγορεῦσαι πατέρα πατρίδος.
 πρώτῳ γὰρ ἐκείνῳ δοκεῖ τοῦθ´ ὑπάρξαι, Κάτωνος αὐτὸν
 οὕτως ἐν τῷ δήμῳ προσαγορεύσαντος.
 | [23] XXIII. Neque uero defuerunt qui ob haec Ciceronem 
 
maledictis iniuriisque uexare parati essent, duces nacti eos 
 
qui insequenti anno magistratus essent gesturi, Caesarem 
 
praetorem, Metellum et Bestiam tribunos plebis. Hi quum 
 
paucis ante finem consulatus Ciceroniani diebus magistratum 
 
occepissent, concionem eum habere passi non sunt, 
 
sed in rostris subsellia collocantes, conscendere eum et
 
uerba ad populum facere uetuerunt, iusseruntque ut, si ei 
 
uideretur, magistratum eiuraret statimque descenderet. 
 
Progressus ergo iurandi causa Cicero, silentio facto, non 
 
patrium, sed suum quoddam nouum iusiurandum dixit; 
 
se utique patriae salutem attulisse, et imperium conseruasse, 
 
idemque uniuersus populus iurauit. Qua re magis etiam 
 
Caesar et tribuni plebis irritati, quum alia quibus conturbarent 
 
Ciceronem moliti sunt, tum legem de uocando cum 
 
exercitu ad Ciceronis potentiam dissoluendam Pompeio tulerunt. 
 
Verum eo tempore tribunus plebis M- Cato plurimum 
 
et Ciceroni et toti ciuitati profuit, qui illorum conatibus 
 
pari potestate, maiore autem fretus gloria se opponebat. 
 
Is et reliqua facile soluit et pro concione consulatum 
 
Ciceronis iis laudibus tulit, ut et honores ei omnium, qui 
 
Romano alicui unquam obtigissent, maximos decerneret, 
 
et patrem patriae appellaret. Primus omnium hoc nomen 
 
tulisse uidetur Cicero, ita a Catone apud populum salutatus.
 
 | [23] XXIII. Cependant il se tramait des intrigues contre Cicéron ; on parlait mal de lui ; 
et des hommes mécontents de ce qu'il avait fait formaient le dessein de le perdre. 
A leur tête étaient César, Métellus et Bestia, désignés l'un préteur, et les deux 
autres tribuns, pour l'année suivante. Lorsqu'ils entrèrent en charge, il restait encore 
quelques jours à Cicéron jusqu'à l'expiration de son consulat; ils ne voulurent jamais 
lui permettre de parler au peuple, et mirent leurs bancs sur la tribune, pour l'empêcher 
même d'y entrer; ils lui laissèrent seulement la liberté d'y venir, s'il le voulait, 
pour se démettre de sa charge, et d'en descendre aussitôt qu'il aurait fait le serment 
d'usage. Cicéron y consentit; et étant monté à la tribune, il obtint le plus grand silence; mais 
au lieu du serment ordinaire, il en fit un tout nouveau, et qui ne convenait qu'à lui; il jura 
qu'il avait sauvé la patrie et conservé l'empire. Tout le peuple répéta, après lui, le même 
serment. César et les tribuns n'en furent que plus irrités, et s'occupèrent de susciter à 
Cicéron de nouveaux orages; ils proposèrent une loi qui rappelait Pompée avec ses troupes, 
afin de détruire le pouvoir presque absolu de Cicéron. Heureusement pour lui et pour 
Rome, Caton était alors tribun; et comme il avait une autorité égale à celle de ses collègues, 
avec une plus grande considération, il mit opposition à leurs décrets. Non content d'en voir 
empêché facilement les effets, il releva tellement, dans ses discours, le consulat de Cicéron, 
qu'on lui décerna les plus grands honneurs qu'on eût encore accordés à aucun Romain, 
et qu'on lui donna le nom de "Père de la patrie" : titre honorable qu'il eut la gloire d'obtenir 
le premier, et que Caton lui déféra en présence de tout le peuple.
 |