HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours XII : Contre Ératosthène

Paragraphes 51-100

  Paragraphes 51-100

[12,51] Ἀλλ' οὗτος τὴν μὲν πόλιν ἐχθρὰν ἐνόμιζεν εἶναι, τοὺς δ' ὑμετέρους ἐχθροὺς φίλους, ὡς ἀμφότερα ταῦτα ἐγὼ πολλοῖς τεκμηρίοις παραστήσω, καὶ τὰς πρὸς ἀλλήλους διαφορὰς οὐχ ὑπὲρ ὑμῶν ἀλλ' ὑπὲρ ἑαυτῶν γιγνομένας, ὁπότεροι τὰ πράγματα πράξουσι καὶ τῆς πόλεως ἄρξουσιν. [12,51] Mais non, il regardait la cité comme son ennemie, et vos ennemis étaient des amis à ses yeux; je vais de ce double sentiment vous fournir des preuves multiples. Vous allez voir que, s'ils se querellaient, c'était au nom de leur intérêt et non pas du vôtre, et pour décider auquel des deux partis reviendraient la direction des affaires et le gouvernement de la cité.
[12,52] Εἰ γὰρ ὑπὲρ τῶν ἀδικουμένων ἐστασίαζον, ποῦ κάλλιον ἂν ἦν ἀνδρὶ ἄρχοντι, Θρασυβούλου Φυλὴν κατειληφότος, τότε ἐπιδείξασθαι τὴν αὑτοῦ εὔνοιαν ; δ' ἀντὶ τοῦ ἐπαγγείλασθαί τι πρᾶξαι ἀγαθὸν πρὸς τοὺς ἐπὶ Φυλῇ, ἐλθὼν μετὰ τῶν συναρχόντων εἰς Σαλαμῖνα καὶ ᾿Ελευσῖνάδε τριακοσίους τῶν πολιτῶν ἀπήγαγεν εἰς τὸ δεσμωτήριον, καὶ μιᾷ ψήφῳ αὐτῶν ἁπάντων θάνατον κατεψηφίσατο. [12,52] Si c'était l'intérêt des opprimés qui eût causé leurs dissensions quelle plus belle occasion pour un chef de montrer son dévouement au peuple que la prise de Phylè par Thrasybule? Mais au lieu d'offrir ou de rendre quelque service aux vainqueurs de Phylè, il se transporta à Salamine et à Éleusis avec ses collègues, fit conduire en prison trois cents citoyens, et, par un seul vote, les condamna tous à mort.
[12,53] Ἐπειδὴ δὲ εἰς τὸν Πειραιᾶ ἤλθομεν καὶ αἱ ταραχαὶ γεγενημέναι ἦσαν καὶ περὶ τῶν διαλλαγῶν οἱ λόγοι ἐγίγνοντο, πολλὰς ἑκάτεροι ἐλπίδας εἴχομεν πρὸς ἀλλήλους ἔσεσθαι, ὡς ἀμφότεροι ἔδοξεν. Οἱ μὲν γὰρ ἐκ Πειραιῶς κρείττους ὄντες εἴασαν αὐτοὺς ἀπελθεῖν· [12,53] Puis, ce fut notre arrivée au Pirée, les troubles, les pourparlers en vue d'une réconciliation et l'ardent espoir des deux partis de voir s'établir une entente approuvée de part et d'autre. Les gens du Pirée, victorieux, laissèrent leurs adversaires s'éloigner.
[12,54] οἱ δὲ εἰς τὸ ἄστυ ἐλθόντες τοὺς μὲν τριάκοντα ἐξέβαλον πλὴν Φείδωνος καὶ ᾿ Ἐρατοσθένους, ἄρχοντας δὲ τοὺς ἐκείνοις ἐχθίστους εἵλοντο, ἡγούμενοι δικαίως ἂν ὑπὸ τῶν αὐτῶν τούς τε τριάκοντα μισεῖσθαι καὶ τοὺς ἐν Πειραιεῖ φιλεῖσθαι. [12,54] Les autres rentrèrent dans la ville, chassèrent les Trente à l'exception de Phidon et d'Ératosthène, et choisirent comme chefs les citoyens les plus hostiles aux tyrans, convaincus que, tout naturellement, les mêmes hommes qui détestaient les Trente devaient avoir de la sympathie pour les gens du Pirée.
[12,55] Τούτων τοίνυν Φείδων { τῶν τριάκοντα} γενόμενος καὶ Ἱπποκλῆς καὶ Ἐπιχάρης Λαμπτρεὺς καὶ ἕτεροι οἱ δοκοῦντες εἶναι ἐναντιώτατοι Χαρικλεῖ καὶ Κριτίᾳ καὶ τῇ ἐκείνων ἑταιρείᾳ, ἐπειδή αὐτοὶ εἰς τὴν ἀρχὴν κατέστησαν, πολὺ μείζω στάσιν καὶ πόλεμον ἐπὶ τοὺς ἐν Πειραιεῖ τοῖς ἐξ ἄστεως ἐποίησαν. [12,55] Parmi eux, il y avait Phidon, avec Hippoclès, Épicharès du dème de Lamptres, et d'autres qui passaient pour les adversaires les plus acharnés de Chariclès et de Critias, et de leur coterie. Mais, une fois au pouvoir, ils provoquèrent entre les gens de la ville et ceux du Pirée un conflit et une guerre encore beaucoup plus graves.
[12,56] ᾯ καὶ φανερῶς ἐπεδείξαντο ὅτι οὐχ ὑπὲρ τῶν ἐν Πειραιεῖ οὐδ' ὑπὲρ τῶν ἀδίκως ἀπολλυμένων ἐστασίαζον, οὐδ' οἱ τεθνεῶτες αὐτοὺς ἐλύπουν οὐδ' οἱ μέλλοντες ἀποθανεῖσθαι, ἀλλ' οἱ μεῖζον δυνάμενοι καὶ θᾶττον πλουτοῦντες. [12,56] Par là ils firent voir que, s'ils s'étaient détachés de leur parti, ce n'était pas par intérêt pour les gens du Pirée et les citoyens injustement mis à mort; ce qui les faisait souffrir, ce n'était pas les morts ou ceux qui allaient mourir, c'était de voir les autres plus forts qu'eux ou plus vite enrichis.
[12,57] Λαβόντες γὰρ τὰς ἀρχὰς καὶ τὴν πόλιν ἀμφοτέροις ἐπολέμουν, τοῖς τε τριάκοντα πάντα κακὰ εἰργασμένοις καὶ ὑμῖν πάντα κακὰ πεπονθόσι. Καίτοι τοῦτο πᾶσι δῆλον ἦν, ὅτι εἰ μὲν ἐκεῖνοι δικαίως ἔφευγον, ὑμεῖς ἀδίκως, εἰ δ' ὑμεῖς δικαίως, οἱ τριάκοντα ἀδίκως· οὐ γὰρ δὴ ἑτέρων ἔργων αἰτίαν λαβόντες ἐκ τῆς πόλεως ἐξέπεσον, ἀλλὰ τούτων. [12,57] Une fois maîtres des magistratures et de la cité, ils firent la guerre à la fois aux Trente, qui vous avaient fait tant de mal, et à vous, qui aviez tant souffert. Cependant — la chose était claire pour tout le monde — si l'exil des Trente a été un acte de justice, le vôtre avait été injuste, et, inversement, si c'est le vôtre qui était juste, celui des Trente ne se justifiait pas; car ce n'est pas pour un autre grief qu'ils ont été bannis, c'est bien pour celui-là.
[12,58] Ὥστε σφόδρα χρὴ ὀργίζεσθαι, ὅτι Φείδων αἱρεθεὶς ὑμᾶς διαλλάξαι καὶ καταγαγεῖν τῶν αὐτῶν ἔργων ᾿Ερατοσθένει μετεῖχε καὶ τῇ αὐτῇ γνώμῃ τοὺς μὲν κρείττους αὑτῶν δι' ὑμᾶς κακῶς ποιεῖν ἕτοιμος ἦν, ὑμῖν δὲ ἀδίκως φεύγουσιν οὐκ ἠθέλησεν ἀποδοῦναι τὴν πόλιν, ἀλλ' ἐλθὼν εἰς Λακεδαίμονα ἔπειθεν αὐτοὺς στρατεύεσθαι, διαβάλλων ὅτι Βοιωτῶν πόλις ἔσται, καὶ ἄλλα λέγων οἷ ᾤετο πείσειν μάλιστα. [12,58] Aussi Phidon mérite-t-il toute notre colère : choisi pour négocier la réconciliation et vous faire rentrer dans la ville, il a tenu la même conduite qu'Ératosthène et suivi les mêmes principes. Empressé à se servir de vous contre ceux de ses collègues qu'il voyait au-dessus de lui, mais opposé à votre retour dans la cité dont vous étiez injustement bannis, il se rendit chez les Lacédémoniens et les pressa d'entrer en campagne, prétendant que les Béotiens allaient mettre la main sur la ville, et débitant tous les mensonges qu'il croyait le plus capables de les décider.
[12,59] Οὐ δυνάμενος δὲ τούτων τυχεῖν, εἴτε καὶ τῶν ἱερῶν ἐμποδὼν ὄντων εἴτε καὶ αὐτῶν οὐ βουλομένων, ἑκατὸν τάλαντα ἐδανείσατο, ἵνα ἔχοι ἐπικούρους μισθοῦσθαι, καὶ Λύσανδρον ἄρχοντα ᾐτήσατο, εὐνούστατον μὲν ὄντα τῇ ὀλιγαρχίᾳ, κακονούστατον δὲ τῇ πόλει, μισοῦντα δὲ μάλιστα τοὺς ἐν Πειραιεῖ. [12,59] Comme il n'y parvenait pas — soit que les sacrifices fussent contraires, soit simple refus des Lacédémoniens — il leur emprunta cent talents, afin d'avoir des auxiliaires à sa solde, et demanda comme général Lysandre, le défenseur zélé de l'oligarchie et l'ennemi juré de notre ville, qui détestait particulièrement les vainqueurs du Pirée.
[12,60] Μισθωσάμενοι δὲ πάντας ἀνθρώπους ἐπ' ὀλέθρῳ τῆς πόλεως, καὶ πόλεις ἐπάγοντες, καὶ τελευτῶντες Λακεδαιμονίους καὶ τῶν συμμάχων ὁπόσους ἐδύναντο πεῖσαι, οὐ διαλλάξαι ἀλλ' ἀπολέσαι παρεσκευάζοντο τὴν πόλιν εἰ μὴ δι' ἄνδρας ἀγαθούς, οἷς ὑμεῖς δηλώσατε παρὰ τῶν ἐχθρῶν δίκην λαβόντες, ὅτι καὶ ἐκείνοις χάριν ἀποδώσετε. [12,60] Pour ruiner Athènes, ils prirent donc à leur solde des gens de toute sorte, entraînant quelques cités et, à la fin, les Lacédémoniens eux-mêmes, avec tous les alliés qu'ils purent décider; ils se préparaient ainsi non à nous réconcilier, mais à perdre l'État, et ils l'eussent fait sans l'intervention de bons citoyens. Vous allez montrer à ces derniers, par le châtiment de vos ennemis, que vous savez leur témoigner votre reconnaissance.
[12,61] Ταῦτα δὲ ἐπίστασθε μὲν καὶ αὐτοί, καὶ οἶδ' τι δεῖ μάρτυρας παρασχέσθαι· ὅμως δέ· ἐγώ τε γὰρ δέομαι ἀναπαύσασθαι, ὑμῶν τ' ἐνίοις ἥδιον ὡς πλείστων τοὺς αὐτοὺς λόγους ἀκούειν. Μάρτυρες. [12,61] Tous ces faits, vous les connaissez par vous-mêmes, et je ne vois pas qu'il soit nécessaire de produire des témoins. Je le ferai pourtant : j'ai besoin de repos, et certains d'entre vous ne seront pas fâchés d'entendre refaire les mêmes récits par des témoins aussi nombreux que possible. Témoins.
[12,62] Φέρε δὴ καὶ περὶ Θηραμένους ὡς ἂν δύνωμαι διὰ βραχυτάτων διδάξω. Δέομαι δ' ὑμῶν ἀκοῦσαι ὑπέρ τ' ἐμαυτοῦ καὶ τῆς πόλεως, καὶ μηδενὶ τοῦτο παραστῇ, ὡς ᾿Ερατοσθένους κινδυνεύοντος Θηραμένους κατηγορῶ. Πυνθάνομαι γὰρ ταῦτα ἀπολογήσεσθαι αὐτόν, ὅτι ἐκείνῳ φίλος ἦν καὶ τῶν αὐτῶν ἔργων μετεῖχε. [12,62] Et maintenant, je vais vous édifier aussi sur le compte de Théramène, le plus brièvement que je pourrai. Je vous demande de m'écouter, dans mon intérêt comme dans l'intérêt de la cité. Et que personne n'ait cette idée que je fais le procès de Théramène quand c'est Ératosthène qui est en cause. Car il doit, me dit-on, invoquer pour sa défense qu'il était son ami, et qu'il s'est associé à sa politique.
[12,63] Καίτοι σφόδρ' ἂν αὐτὸν οἶμαι μετὰ Θεμιστοκλέους πολιτευόμενον προσποιεῖσθαι πράττειν ὅπως οἰκοδομηθήσεται τὰ τείχη, ὁπότε καὶ μετὰ Θηραμένους ὅπως καθαιρεθήσεται. Οὐ γάρ μοι δοκοῦσιν ἴσου ἄξιοι γεγενῆσθαι· μὲν γὰρ Λακεδαιμονίων ἀκόντων ᾠκοδόμησεν αὐτά, οὗτος δὲ τοὺς πολίτας ἐξαπατήσας καθεῖλε. [12,63] S'il eût partagé le gouvernement avec Thémistocle, il n'eût pas manqué, j'imagine, de se vanter d'avoir travaillé à la construction des murs, du moment qu'il se targue d'avoir collaboré avec Théramène à leur destruction. De fait, ces deux personnages ne me paraissent pas comparables : Thémistocle a élevé les murailles en dépit des Lacédémoniens; cet homme a abusé ses compatriotes pour les détruire.
[12,64] Περιέστηκεν οὖν τῇ πόλει τοὐναντίον ὡς εἰκὸς ἦν. Ἄξιον μὲν γὰρ ἦν καὶ τοὺς φίλους τοὺς Θηραμένους προσαπολωλέναι, πλὴν εἴ τις ἐτύγχανεν ἐκείνῳ τἀναντία πράττων· νῦν δὲ ὁρῶ τάς τε ἀπολογίας εἰς ἐκεῖνον ἀναφερομένας, τούς τ' ἐκείνῳ συνόντας τιμᾶσθαι πειρωμένους, ὥσπερ πολλῶν ἀγαθῶν αἰτίου ἀλλ' οὐ μεγάλων κακῶν γεγενημένου. [12,64] Quoi qu'il en soit, les choses ont tourné dans la ville tout autrement qu'on ne devait s'y attendre : les amis de Théramène méritaient de périr eux aussi, sauf ceux, s'il s'en trouve, qui l'ont combattu, et je les vois au contraire invoquer son souvenir pour leur défense; c'est un titre à votre considération, que d'avoir fait partie de son entourage. On dirait qu'il s'est signalé par toutes sortes de services, et non par les torts les plus graves.
[12,65] Ὃς πρῶτον μὲν τῆς προτέρας ὀλιγαρχίας αἰτιώτατος ἐγένετο, πείσας ὑμᾶς τὴν ἐπὶ τῶν τετρακοσίων πολιτείαν ἑλέσθαι. Καὶ μὲν πατὴρ αὐτοῦ τῶν προβούλων ὢν ταὔτ' ἔπραττεν, αὐτὸς δὲ δοκῶν εὐνούστατος εἶναι τοῖς πράγμασι στρατηγὸς ὑπ' αὐτῶν ᾑρέθη. [12,65] Il a d'abord contribué plus que personne à établir la première oligarchie en vous persuadant d'adopter le régime des Quatre-Cents. Son père, qui fut membre du conseil préparatoires, avait déjà suivi la même politique. Quant à Théramène, en qui on voyait un partisan convaincu du nouveau gouvernement, il fut nommé stratège par les oligarques.
[12,66] Καὶ ἕως μὲν ἐτιμᾶτο, πιστὸν ἑαυτὸν παρεῖχεν· ἐπειδὴ δὲ Πείσανδρον μὲν καὶ Κάλλαισχρον καὶ ἑτέρους ἑώρα προτέρους αὑτοῦ γιγνομένους, τὸ δὲ ὑμέτερον πλῆθος οὐκέτι βουλόμενον τούτων ἀκροᾶσθαι, τότ' ἤδη διά τε τὸν πρὸς ἐκείνους φθόνον καὶ τὸ παρ' ὑμῶν δέος μετέσχε τῶν ᾿Αριστοκράτους ἔργων. [12,66] Tant qu'il fut en crédit, il leur resta fidèle. Mais quand il vit que Pisandre, Callaischros et d'autres prenaient le pas sur lui, et que d'ailleurs le peuple ne voulait plus leur obéir, à partir de ce moment-là, par jalousie à l'égard de ses rivaux et par crainte du peuple, il se fit le collaborateur d'Aristocratès.
[12,67] Βουλόμενος δὲ τῷ ὑμετέρῳ πλήθει δοκεῖν πιστὸς εἶναι ᾿Αντιφῶντα καὶ ᾿Αρχεπτόλεμον φιλτάτους ὄντας αὑτῷ κατηγορῶν ἀπέκτεινεν, εἰς τοσοῦτον δὲ κακίας ἦλθεν, ὥστε ἅμα μὲν διὰ τὴν πρὸς ἐκείνους πίστιν ὑμᾶς κατεδουλώσατο, διὰ δὲ τὴν πρὸς ὑμᾶς τοὺς φίλους ἀπώλεσε. [12,67] Pour vous donner un gage de sa fidélité, il accusa Antiphon et Archéptolémos, ses meilleurs amis, et les fit périr. Et voyez jusqu'où il poussa la bassesse : pour gagner la confiance des oligarques, il vous avait réduits en servitude, et pour gagner votre confiance à vous, il fit périr ses propres amis.
[12,68] Τιμώμενος δὲ καὶ τῶν μεγίστων ἀξιούμενος, αὐτὸς ἐπαγγειλάμενος σώσειν τὴν πόλιν αὐτὸς ἀπώλεσε, φάσκων πρᾶγμα ηὑρηκέναι μέγα καὶ πολλοῦ ἄξιον. Ὑπέσχετο δὲ εἰρήνην ποιήσειν μήτε ὅμηρα δοὺς μήτε τὰ τείχη καθελὼν μήτε τὰς ναῦς παραδούς· ταῦτα δὲ εἰπεῖν μὲν οὐδενὶ ἠθέλησεν, ἐκέλευσε δὲ αὑτῷ πιστεύειν. [12,68] Comblé d'honneurs et élevé au premier rang, c'est lui qui prit l'engagement de sauver la cité, et c'est lui aussi qui causa sa perte. A l'entendre, il avait trouvé une solution excellente, et d'un prix inestimable : il se faisait fort d'obtenir la paix sans donner d'otages, sans raser les remparts, sans livrer les vaisseaux. Mais c'était un secret qu'il ne voulait confier à personne: on n'avait qu'à s'en remettre à lui.
[12,69] Ὑμεῖς δέ, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, πραττούσης μὲν τῆς ἐν ᾿Αρείπάγῳ βουλῆς σωτήρια, ἀντιλεγόντων δὲ πολλῶν Θηραμένει, εἰδότες δὲ ὅτι οἱ μὲν ἄλλοι ἄνθρωποι τῶν πολεμίων ἕνεκα τἀπόρρητα ποιοῦνται, ἐκεῖνος δ' ἐν τοῖς αὑτοῦ πολίταις οὐκ ἠθέλησεν εἰπεῖν ταῦθ' πρὸς τοὺς πολεμίους ἔμελλεν ἐρεῖν, ὅμως ἐπετρέψατε αὐτῷπατρίδα καὶ παῖδας καὶ γυναῖκας καὶ ὑμᾶς αὐτούς. [12,69] Et vous, Athéniens, vous voyiez l'Aréopage travailler à votre salut et un grand nombre d'orateurs combattre Théramène, vous saviez qu'à l'encontre des autres hommes, qui n'ont de secret qu'avec les ennemis, il réservait à l'ennemi les secrets qu'il n'avait pas voulu révéler au milieu de ses propres concitoyens : et vous ne lui en avez pas moins confié le sort de la patrie, de vos enfants, de vos femmes et de vous-mêmes.
[12,70] δὲ ὧν μὲν ὑπέσχετο οὐδὲν ἔπραξεν, οὕτως δὲ ἐνετεθύμητο ὡς χρὴ μικρὰν καὶ ἀσθενῆ γενέσθαι τὴν πόλιν, ὥστε περὶ ὧν οὐδεὶς πώποτε οὔτε τῶν πολεμίων ἐμνήσθη οὔτε τῶν πολιτῶν ἤλπισε, ταῦθ' ὑμᾶς ἔπεισε πρᾶξαι, οὐχ ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἀναγκαζόμενος, ἀλλ' αὐτὸς ἐκείνοις ἐπαγγελλόμενος, τοῦ τε Πειραιῶς τὰ τείχη περιελεῖν καὶ τὴν ὑπάρχουσαν πολιτείαν καταλῦσαι, εὖ εἰδὼς ὅτι, εἰ μὴ πασῶν τῶν ἐλπίδων ἀποστερηθήσεσθε, ταχεῖαν παρ' αὐτοῦ τὴν τιμωρίαν κομιεῖσθε. [12,70] Au reste, il ne réalisa aucune de ses promesses. Il était si bien persuadé qu'il fallait abaisser et affaiblir la cité, qu'il vous fit accepter des conditions dont aucun des ennemis n'avait jamais parlé, et auxquelles pas un citoyen ne s'était attendu ; et elles ne lui étaient pas imposées par les Lacédémoniens, c'est lui qui les leur proposait : c'était la destruction des murs du Pirée et l'abolition du régime politique en vigueur. Il savait bien que, s'il ne vous enlevait pas toute espérance, vous ne tarderiez pas à régler vos comptes avec lui.
[12,71] Καὶ τὸ τελευταῖον, ἄνδρες δικασταί, οὐ πρότερον εἴασε τὴν ἐκκλησίαν γενέσθαι, ἕως λεγόμενος ὑπ' ἐκείνων καιρὸς ἐπιμελῶς ὑπ' αὐτοῦ ἐτηρήθη, καὶ μετεπέμψατο μὲν τὰς μετὰ Λυσάνδρου ναῦς ἐκ Σάμου, ἐπεδήμησε δὲ τὸ τῶν πολεμίων στρατόπεδον. [12,71] Enfin, avant de laisser l'assemblée se réunir, il eut soin de guetter le moment opportun, comme il disait, de faire venir de Samos les vaisseaux de Lysandre, et d'attendre que l'armée ennemie fût là.
[12,72] Τότε δὲ τούτων ὑπαρχόντων, καὶ παρόντος Λυσάνδρου καὶ Φιλοχάρους καὶ Μιλτιάδου, περὶ τῆς πολιτείας τὴν ἐκκλησίαν ἐποίουν, ἵνα μήτε ῥήτωρ αὐτοῖς μηδεὶς ἐναντιοῖτο μηδὲ διαπειλοῖτο ὑμεῖς τε μὴ τὰ τῆ πόλει συμφέροντα ἕλοισθε, ἀλλὰ τἀκείνοις δοκοῦντα ψηφίσαισθε. [12,72] C'est alors, une fois ces mesures prises, et en présence de Lysandre, de Philocharès et de Miltiade, que l'assemblée fut réunie pour délibérer sur la constitution : ainsi, aucun orateur ne pourrait faire de l'opposition, ni proférer des menaces; quant à vous, au lieu de vous décider d'après l'intérêt public, vous voteriez selon le bon plaisir de vos ennemis.
[12,73] Ἀναστὰς δὲ Θηραμένης ἐκέλευσεν ὑμᾶς τριάκοντα ἀνδράσιν ἐπιτρέψαι τὴν πόλιν καὶ τῇ πολιτεία χρῆσθαι ἣν Δρακοντίδης ἀπέφαινεν. ὑμεῖς δ' ὅμως καὶ οὕτω διακείμενοι ἐθορυβεῖτε ὡς οὐ ποιήσοντες ταῦτα· ἐγιγνώσκετε γὰρ ὅτι περὶ δουλείας καὶ ἐλευθερίας ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρα ἠκκλησιάζετε. [12,73] Théramène se lève ; il vous invite à remettre la cité aux mains de trente citoyens et à adopter le projet de constitution exposé par Dracontidès. Malgré la difficulté de votre situation, vous déclarez, au milieu du tumulte, que vous n'en ferez rien. Vous compreniez, en effet, que c'était votre esclavage ou votre liberté qui, ce jour-là, était en délibération.
[12,74] Θηραμένης δέ, ἄνδρες δικασταί, (καὶ τούτων ὑμᾶς αὐτοὺς μάρτυρας παρέξομαἰ) εἶπεν ὅτι οὐδὲν αὐτῷ μέλοι τοῦ ὑμετέρου θορύβου, ἐπειδὴ πολλοὺς μὲν ᾿Αθηναίων εἰδείη τοὺς τὰ ὅμοια πράττοντας αὑτῷ, δοκοῦντα δὲ Λυσάνδρῳ καὶ Λακεδαιμονίοις λέγοι. μετ' ἐκεῖνον δὲ Λύσανδρος ἀναστὰς ἄλλα τε πολλὰ εἶπε καὶ ὅτι παρασπόνδους ὑμᾶς ἔχοι, καὶ ὅτι οὐ περὶ πολιτείας ὑμῖν ἔσται ἀλλὰ περὶ σωτηρίας, εἰ μὴ ποιήσεθ' Θηραμένης κελεύει. [12,74] Alors Théramène, juges (j'en appelle à votre propre témoignage), déclara qu'il se moquait de vos protestations : il savait, disait-il, qu'il avait avec lui beaucoup d'Athéniens et qu'il parlait selon les vues des Lacédémoniens et de Lysandre. Après lui, Lysandre se leva pour vous dire, avec beaucoup d'autres choses, qu'il vous tenait pour coupables d'infraction au traité, et qu'il ne s'agirait plus de la constitution, mais de votre salut, si vous n'obéissiez pas à Théramène.
[12,75] Τῶν δ' ἐν τῇ ἐκκλησία ὅσοι ἄνδρες ἀγαθοὶ ἦσαν, γνόντες τὴν παρασκευὴν καὶ τὴν ἀνάγκην, οἱ μὲν αὐτοῦ μένοντες ἡσυχίαν ἦγον, οἱ δὲ ᾤχοντο ἀπιόντες, τοῦτο γοῦν σφίσιν αὐτοῖς συνειδότες, ὅτι οὐδὲν κακὸν τῇ πόλει ἐψηφίσαντο· ὀλίγοι δέ τινες καὶ πονηροὶ καὶ κακῶς βουλευόμενοι τὰ προσταχθέντα ἐχειροτόνησαν. [12,75] Tous les bons citoyens présents dans l'assemblée, comprenant la manoeuvre et sentant leur impuissance, ou bien restèrent en gardant une attitude passive, ou bien se retirèrent. Ils pouvaient du moins se rendre cette justice qu'ils n'avaient rien voté de néfaste pour la cité. Un petit nombre de citoyens lâches, mal intentionnés, adoptèrent à main levée les mesures qu'on leur dictait.
[12,76] Παρήγγελτο γὰρ αὐτοῖς δέκα μὲν οὓς Θηραμένης ἀπέδειξε χειροτονῆσαι, δέκα δὲ οὓς οἱ καθεστηκότες ἔφοροι κελεύοιεν, δέκα δ' ἐκ τῶν παρόντων· οὕτω γὰρ τὴν ὑμετέραν ἀσθένειαν ἑώρων καὶ τὴν αὑτῶν δύναμιν ἠπίσταντο, ὥστε πρότερον ᾔδεσαν τὰ μέλλοντα ἐν τῇ ἐκκλησία πραχθήσεσθαι. [12,76] Le mot d'ordre avait été donné d'élire dix citoyens désignés par Théramène, dix imposés par les éphores nouvellement établis, dix autres pris dans l'assistance. Car ils voyaient si bien votre faiblesse et connaissaient si bien leur force qu'ils avaient prévu ce qui se passerait dans l'assemblée.
[12,77] Ταῦτα δὲ οὐκ ἐμοὶ δεῖ πιστεῦσαι, ἀλλὰ ἐκείνῳ· πάντα γὰρ τὰ ὑπ' ἐμοῦ εἰρημένα ἐν τῇ βουλῇ ἀπολογούμενος ἔλεγεν, ὀνειδίζων μὲν τοῖς φεύγουσιν, ὅτι δι' αὑτὸν κατέλθοιεν, οὐδὲν φροντιζόντων Λακεδαιμονίων, ὀνειδίζων δὲ τοῖς τῆς πολιτείας μετέχουσιν, ὅτι πάντων τῶν πεπραγμένων τοῖς εἰρημένοις τρόποις ὑπ' ἐμοῦ αὐτὸς αἴτιος γεγενημένος τοιούτων τυγχάνοι, πολλὰς πίστεις αὐτοῖς ἔργῳ δεδωκὼς καὶ παρ' ἐκείνων ὅρκους εἰληφώς. [12,77] Et ce n'est pas moi qu'il faut en croire, mais Théramène lui-même. Tout ce que je viens de dire, il le disait pour sa défense dans le Conseil, lorsqu'il se répandait en reproches contre les exilés : c'est à lui qu'ils devaient leur rappel ; les Lacédémoniens ne s'en souciaient pas du tout. Et il s'en prenait aussi à ses collègues du gouvernement : tous les résultats obtenus — je vous ai dit par quels procédés — c'est à lui qu'ils en étaient redevables, et voilà la récompense qu'il en recevait, malgré tous les gages qu'il leur avait donnés par sa conduite, malgré les serments qui le liaient à lui!
[12,78] Καὶ τοσούτων καὶ ἑτέρων κακῶν καὶ αἰσχρῶν καὶ πάλαι καὶ νεωστὶ καὶ μικρῶν καὶ μεγάλων αἰτίου γεγενημένου τολμήσουσιν αὑτοὺς φίλους ὄντας ἀποφαίνειν, οὐχ ὑπὲρ ὑμῶν ἀποθανόντος Θηραμένους ἀλλ' ὑπὲρ τῆς αὑτοῦ πονηρίας, καὶ δικαίως μὲν ἐν ὀλιγαρχίᾳ δίκην δόντος (ἤδη γὰρ αὐτὴν κατέλυσἐ), δικαίως δ' ἂν ἐν δημοκρατίᾳ· δὶς γὰρ ὑμᾶς κατεδουλώσατο, τῶν μὲν παρόντων καταφρονῶν, τῶν δὲ ἀπόντων ἐπιθυμῶν, καὶ τῷ καλλίστῳ ὀνόματι χρώμενος δεινοτάτων ἔργων διδάσκαλος καταστάς. [12,78] Et c'est cet homme, coupable de tous ces forfaits et de beaucoup d'autres, d'infamies de toutes sortes, anciennes et récentes, petites et grandes, dont on osera se déclarer l'ami, ce Théramène qui a péri non pas pour votre cause, mais pour ses crimes! Justement châtié sous l'oligarchie qu'il travaillait déjà à renverser, il l'eût été aussi justement pendant la démocratie; car il a par deux fois asservi le peuple, toujours mécontent du présent et rêvant d'autre chose, et décorant du plus beau nom les crimes abominables dont il donnait l'exemple.
[12,79] Περὶ μὲν τοίνυν Θηραμένους ἱκανά μοί ἐστι τὰ κατηγορημένα· ἥκει δ' ὑμῖν ἐκεῖνος καιρός, ἐν δεῖ συγγνώμην καὶ ἔλεον μὴ εἶναι ἐν ταῖς ὑμετέραις γνώμαις, ἀλλὰ παρὰ ᾿Ερατοσθένους καὶ τῶν τούτου συναρχόντων δίκην λαβεῖν, μηδὲ μαχομένους <μὲν> κρείττους εἶναι τῶν πολεμίων, ψηφιζομένους δὲ ἥττους τῶν ἐχθρῶν. [12,79] J'en ai dit assez sur Théramène. Le moment est venu où il ne doit y avoir dans vos coeurs ni pardon ni pitié, où vous devez châtier Ératosthène et ses collègues: pendant que vous triomphez dans les combats des ennemis de la cité, n'allez pas, par votre vote, donner la victoire à vos ennemis;
[12,80] Μηδ' ὧν φασι μέλλειν πράξειν πλείω χάριν αὐτοῖς ἴστε, ὧν ἐποίησαν ὀργίζεσθε· μηδ' ἀποῦσι μὲν τοῖς τριάκοντα ἐπιβουλεύετε, παρόντας δ' ἀφῆτε· μηδὲ τῆς τύχης, τούτους παρέδωκε τῇ πόλει, κάκιον ὑμῖν αὐτοῖς βοηθήσητε. [12,80] n'allez pas, pour les services qu'ils vous promettent, leur témoigner plus de reconnaissance que vous ne leur témoignez de colère pour leurs actes réels. Loin des Trente, vous conspirez leur perte : n'allez pas les lâcher quand ils sont là; et puisque le sort vous les a livrés, ne soyez pas moins zélés que lui pour votre défense.
[12,81] Κατηγόρηται δὴ ᾿Ερατοσθένους καὶ τῶν τούτου φίλων, οἷς τὰς ἀπολογίας ἀνοίσει καὶ μεθ' ὧν αὐτῷ ταῦτα πέπρακται. μέντοι ἀγὼν οὐκ ἐξ ἴσου τῇ πόλει καὶ ᾿Ερατοσθένει· οὗτος μὲν γὰρ κατήγορος καὶ δικαστὴς αὑτὸς ἦν τῶν κρινομένων, ἡμεῖς δὲ νυνὶ εἰς κατηγορίαν καὶ ἀπολογίαν καθέσταμεν. [12,81] J'ai accusé Ératosthène et les amis qu'il invoquera pour sa défense et qui furent ses complices. Aussi bien, la partie n'est pas égale entre la cité et Ératosthène : il était, lui, à la fois l'accusateur et le juge des citoyens mis en jugement. Le débat que nous instituons ici, nous, admet l'accusation et la défense.
[12,82] Καὶ οὗτοι μὲν τοὺς οὐδὲν ἀδικοῦντας ἀκρίτους ἀπέκτειναν, ὑμεῖς δὲ τοὺς ἀπολέσαντας τὴν πόλιν κατὰ τὸν νόμον ἀξιοῦτε κρίνειν, παρ' ὧν οὐδ' ἂν παρανόμως βουλόμενοι δίκην λαμβάνειν ἀξίαν τῶν ἀδικημάτων ὧν τὴν πόλιν ἠδικήκασι λάβοιτε. Τί γὰρ ἂν παθόντες δίκην τὴν ἀξίαν εἴησαν τῶν ἔργων δεδωκότες; [12,82] Eux, faisaient périr des innocents sans les juger : vous vous croyez obligés, vous, de juger, dans les formes légales, des hommes qui ont causé la perte de la cité et dont le châtiment, fût-il même illégal, ne saurait être une réparation suffisante du mal qu'ils ont fait à leur pays. Par quelle punition, en effet, pourront-ils expier leurs actes?
[12,83] Πότερον εἰ αὐτοὺς ἀποκτείναιτε καὶ τοὺς παῖδας αὐτῶν, ἱκανὴν ἂν τοῦ φόνου δίκην λάβοιμεν, ὧν οὗτοι πατέρας καὶ ὑεῖς καὶ ἀδελφοὺς ἀκρίτους ἀπέκτειναν; ἀλλὰ εἰ τὰ χρήματα τὰ φανερὰ δημεύσαιτε, καλῶς ἂν ἔχοι τῇ πόλει, ἧς οὗτοι πολλὰ εἰλήφασιν, τοῖς ἰδιώταις, ὧν οἰκίας ἐξεπόρθησαν; [12,83] Leur mort et la mort de leurs enfants suffirait-elle à venger les nôtres, pères, fils et frères, qu'ils ont fait périr sans jugement? ou bien la confiscation de leur fortune apparente dédommagerait-elle l'État qu'ils ont tant volé et les particuliers dont ils ont pillé les maisons?
[12,84] Ἐπειδὴ τοίνυν πάντα ποιοῦντες δίκην παρ' αὐτῶν ἱκανὴν οὐκ ἂν δύναισθε λαβεῖν, πῶς οὐκ αἰσχρὸν ὑμῖν καὶ ἡντινοῦν ἀπολιπεῖν, ἥντινά τις βούλοιτο παρὰ τούτων λαμβάνειν; Πᾶν δ' ἄν μοι δοκεῖ τολμῆσαι, ὅστις νυνὶ οὐχ ἑτέρων ὄντων τῶν δικαστῶν ἀλλ' αὐτῶν τῶν κακῶς πεπονθότων, ἥκει ἀπολογησόμενος πρὸς αὐτοὺς τοὺς μάρτυρας τῆς τούτου πονηρίας· τοσοῦτον ὑμῶν καταπεφρόνηκεν ἑτέροις πεπίστευκεν. [12,84] Puisque la peine que vous leur infligerez sera, quoi que vous fassiez, insuffisante, ne serait-ce pas une insigne faiblesse de votre part de refuser toute vengeance qu'on peut vouloir tirer d'eux ? Je crois cet homme capable de tout, quand je le vois aujourd'hui venir présenter sa défense à des juges qui ne sont autres que ses propres victimes, et auprès des témoins de sa scélératesse. Faut-il qu'il vous méprise, ou qu'il ait confiance en ses amis !
[12,85] Ὧν ἀμφοτέρων ἄξιον ἐπιμεληθῆναι, ἐνθυμουμένους ὅτι οὔτ' ἂν ἐκεῖνα ἐδύναντο ποιεῖν μὴ ἑτέρων συμπραττόντων οὔτ' ἂν νῦν ἐπεχείρησαν ἐλθεῖν μὴ ὑπὸ τῶν αὐτῶν οἰόμενοι σωθήσεσθαι, οἳ οὐ τούτοις ἥκουσι βοηθήσοντες, ἀλλὰ ἡγούμενοι πολλὴν ἄδειαν σφίσιν ἔσεσθαι τῶν <τε> πεπραγμένων καὶ τοῦ λοιποῦ ποιεῖν τι ἂν βούλωνται, εἰ τοὺς μεγίστων κακῶν αἰτίους λαβόντες ἀφήσετε. [12,85] Mais, dans les deux cas, prenez garde : songez que les Trente n'auraient pu faire ce qu'ils ont fait s'ils n'avaient eu des complices, et, qu'aujourd'hui, ils n'auraient pas eu l'idée de paraître ici, s'ils n'avaient compté sur les mêmes secours. A vrai dire, leurs partisans ne viennent pas en simples défenseurs : ils se promettent une pleine impunité pour le passé et une pleine liberté d'action pour l'avenir, s'ils vous voient relâcher, quand vous les tenez, les auteurs responsables des plus grands maux.
[12,86] Ἀλλὰ καὶ τῶν συνερούντων αὐτοῖς ἄξιον θαυμάζειν, πότερον ὡς καλοὶ κἀγαθοὶ αἰτήσονται, τὴν αὑτῶν ἀρετὴν πλείονος ἀξίαν ἀποφαίνοντες τῆς τούτων πονηρίας· ἐβουλόμην μέντ' ἂν αὐτοὺς οὕτω προθύμους εἶναι σῴζειν τὴν πόλιν, ὥσπερ οὗτοι ἀπολλύναι ὡς δεινοὶ λέγειν ἀπολογήσονται καὶ τὰ τούτων ἔργα πολλοῦ ἄξια ἀποφανοῦσιν. Ἀλλ' οὐχ ὑπὲρ ὑμῶν οὐδεὶς αὐτῶν οὐδὲ τὰ δίκαια πώποτε ἐπεχείρησεν εἰπεῖν. [12,86] Mais leur intervention même a de quoi étonner. Est-ce au nom de leur patriotisme qu'ils intercéderont, et vont-ils déclarer que leur propre mérite doit racheter largement les crimes des coupables? Plût aux dieux qu'ils fussent aussi zélés pour le salut de l'Etat que les autres l'ont été pour sa perte! Ou bien, forts de leur éloquence, prétendent-ils justifier, et présenter sous un beau jour les actes des accusés? Mais, lors même qu'il s'agissait de la défense de vos droits, qui d'entre eux a jamais songé à prendre la parole?
[12,87] Ἀλλὰ τοὺς μάρτυρας ἄξιον ἰδεῖν, οἳ τούτοις μαρτυροῦντες αὑτῶν κατηγοροῦσι, σφόδρα ἐπιλήσμονας καὶ εὐήθεις νομίζοντες ὑμᾶς εἶναι, εἰ διὰ μὲν τοῦ ὑμετέρου πλήθους ἀδεῶς ἡγοῦνται τοὺς τριάκοντα σώσειν, διὰ δὲ ᾿Ερατοσθένην καὶ τοὺς συνάρχοντας αὐτοῦ δεινὸν ἦν καὶ τῶν τεθνεώτων ἐπ' ἐκφορὰν ἐλθεῖν. [12,87] Il fait beau voir les témoins qui, déposant en faveur des accusés, s'accusent eux-mêmes. Ils vous croient bien oublieux et bien simples s'ils s'imaginent, avec l'appui du peuple, pouvoir sans péril sauver les Trente, alors que, sous Ératosthène et ses collègues, il était dangereux d'aller seulement aux funérailles des morts. De tels hommes, si on les sauve, pourront encore perdre la cité.
[12,88] Καίτοι οὗτοι μὲν σωθέντες πάλιν ἂν δύναιντο τὴν πόλιν ἀπολέσαι· ἐκεῖνοι δέ, οὓς οὗτοι ἀπώλεσαν, τελευτήσαντες τὸν βίον πέρας ἔχουσι τῆς παρὰ τῶν ἐχθρῶν τιμωρίας. Οὐκ οὖν δεινὸν εἰ τῶν μὲν ἀδίκως τεθνεώτων οἱ φίλοι συναπώλλυντο, αὐτοῖς δὲ τοῖς τὴν πόλιν ἀπολέσασι - που - ἐπ' ἐκφορὰν πολλοὶ ἥξουσιν, ὁπότε βοηθεῖν τοσοῦτοι παρασκευάζονται; [12,88] Au contraire, les citoyens dont ils ont causé la perte n'ont plus, maintenant qu'ils sont morts, le moyen de se venger de leurs ennemis. Eh quoi ! ne serait-ce pas là une chose révoltante? Les amis des innocents condamnés à mort périssaient avec eux, et ces gens-là, qui ont fait périr la cité, il y aura foule à leurs funérailles, puisqu'ils trouvent tant d'amis disposés à les défendre?
[12,89] Καὶ μὲν δὴ πολλῷ ῥᾷον ἡγοῦμαι εἶναι ὑπὲρ ὧν ὑμεῖς ἐπάσχετε ἀντειπεῖν, ὑπὲρ ὧν οὗτοι πεποιήκασιν ἀπολογήσασθαι. Καίτοι λέγουσιν ὡς ᾿Ερατοσθένει ἐλάχιστα τῶν τριάκοντα κακὰ εἴργασται, καὶ διὰ τοῦτο αὐτὸν ἀξιοῦσι σωθῆναι· ὅτι δὲ τῶν ἄλλωνΕλλήνων πλεῖστα εἰς ὑμᾶς ἐξημάρτηκεν, οὐκ οἴονται χρῆναι αὐτὸν ἀπολέσθαι; [12,89] Au reste, il était beaucoup plus facile de faire alors de l'opposition en vous défendant, vous, leurs victimes, qu'il ne l'est maintenant de justifier leurs actes. On dit bien que, parmi eux, c'est Ératosthène qui a fait le moins de mal, et on estime que c'est une raison pour l'épargner. Mais, pour vous avoir fait plus de mal que tout le reste des Grecs, pense-t-on qu'il ne mérite pas la mort ?
[12,90] Ὑμεῖς δὲ δείξατε ἥντινα γνώμην ἔχετε περὶ τῶν πραγμάτων. Εἰ μὲν γὰρ τούτου καταψηφιεῖσθε, δῆλοι ἔσεσθε ὡς ὀργιζόμενοι τοῖς πεπραγμένοις· εἰ δὲ ἀποψηφιεῖσθε, ὀφθήσεσθε τῶν αὐτῶν ἔργων ἐπιθυμηταὶ τούτοις ὄντες, καὶ οὐχ ἕξετε λέγειν ὅτι τὰ ὑπὸ τῶν τριάκοντα προσταχθέντα ἐποιεῖτε· [12,90] Montrez donc à tous votre opinion sur les événements passés : condamner cet homme, ce sera faire éclater votre indignation contre les actes des Trente ; l'acquitter, ce sera vous montrer les fauteurs de leur politique et vous interdire l'excuse d'avoir agi sur leur ordre ;
[12,91] νυνὶ μὲν γὰρ οὐδεὶς ὑμᾶς ἀναγκάζει παρὰ τὴν ὑμετέραν γνώμην ψηφίζεσθαι. Ὥστε συμβουλεύω μὴ τούτων ἀποψηφισαμένους ὑμῶν αὐτῶν καταψηφίσασθαι. Μηδ' οἴεσθε κρύβδην τὴν ψῆφον εἶναι φανερὰν γὰρ τῇ πόλει τὴν ὑμετέραν γνώμην ποιήσετε. [12,91] car, aujourd'hui, personne ne vous oblige à voter contre votre sentiment. Croyez-moi, n'allez pas, en l'acquittant, vous condamner vous-mêmes. Et ne vous imaginez pas que votre vote puisse rester secret; vous allez au contraire manifester publiquement votre pensée.
[12,92] Βούλομαι δὲ ὀλίγα ἑκατέρους ἀναμνήσας καταβαίνειν, τούς τε ἐξ ἄστεως καὶ τοὺς ἐκ Πειραιῶς, ἵνα τὰς ὑμῖν τούτων γεγενημένας συμφορὰς παραδείγματα ἔχοντες τὴν ψῆφον φέρητε. Καὶ πρῶτον μὲν ὅσοι ἐξ ἄστεώς ἐστε, σκέψασθε ὅτι ὑπὸ τούτων οὕτω σφόδρα ἤρχεσθε, ὥστε ἀδελφοῖς καὶ ὑέσι καὶ πολίταις ἠναγκάζεσθε πολεμεῖν τοιοῦτον πόλεμον, ἐν ἡττηθέντες μὲν τοῖς νικήσασι τὸ ἴσον ἔχετε, νικήσαντες δ' ἄν τούτοις ἐδουλεύετε. [12,92] Je veux, avant de descendre, rappeler quelques faits aux deux partis, celui de la ville et celui du Pirée : ainsi, la leçon des malheurs que ces gens-là vous ont causés guidera votre vote. Vous tous d'abord, citoyens de la ville, songez que leur tyrannie vous a contraints à mener contre vos frères, vos fils et vos concitoyens, une guerre qui vous laisse, après la défaite, les mêmes droits qu'aux vainqueurs, tandis que la victoire eût fait de vous leurs esclaves.
[12,93] Καὶ τοὺς ἰδίους οἴκους οὗτοι μὲν {ἂν} ἐκ τῶν πραγμάτων μεγάλους ἐκτήσαντο, ὑμεῖς δὲ διὰ τὸν πρὸς ἀλλήλους πόλεμον ἐλάττους ἔχετε· συνωφελεῖσθαι μὲν γὰρ ὑμᾶς οὐκ ἠξίουν, συνδιαβάλλεσθαι δ' ἠνάγκαζον, εἰς τοσοῦτον ὑπεροψίας ἐλθόντες ὥστε οὐ τῶν ἀγαθῶν κοινούμενοι πιστοὺς ὑμᾶς ἐκτῶντο, ἀλλὰ τῶν ὀνειδῶν μεταδιδόντες εὔνους ᾤοντο εἶναι. [12,93] Leur situation politique a considérablement accru leur fortune privée ; une lutte fratricide a diminué la vôtre. Ce n'est pas, en effet, au partage de leurs bénéfices qu'ils vous conviaient : ils vous faisaient partager de force leur discrédit, et ils en étaient arrivés à un tel mépris pour vous que, au lieu de s'assurer votre fidélité en vous associant à leurs avantages, c'est en vous faisant participer à leurs hontes qu'ils comptaient se concilier votre dévouement.
[12,94] Ἀνθ' ὧν ὑμεῖς νῦν ἐν τῷ θαρραλέῳ ὄντες, καθ' ὅσον δύνασθε, καὶ ὑπὲρ ὑμῶν αὐτῶν καὶ ὑπὲρ τῶν ἐκ Πειραιῶς τιμωρήσασθε, ἐνθυμηθέντες μὲν ὅτι ὑπὸ τούτων πονηροτάτων ὄντων ἤρχεσθε, ἐνθυμηθέντες δὲ ὅτι μετ' ἀνδρῶν νῦν ἀρίστων πολιτεύεσθε καὶ τοῖς πολεμίοις μάχεσθε καὶ περὶ τῆς πόλεως βουλεύεσθε, ἀναμνησθέντες δὲ τῶν ἐπικούρων, οὓς οὗτοι φύλακας τῆς σφετέρας ἀρχῆς καὶ τῆς ὑμετέρας δουλείας εἰς τὴν ἀκρόπολιν κατέστησαν. [12,94] Pour prix de tout cela, maintenant que vous jouissez du calme, dans votre intérêt comme dans l'intérêt des gens du Pirée, de tout votre pouvoir punissez les. Songez-y : sans eux, vous subissiez la tyrannie la plus exécrable; tandis qu'aujourd'hui, songez-y également, vous administrez la cité avec les meilleurs citoyens, vous faites la guerre aux ennemis, vous délibérez sur les intérêts de l'État. Rappelez-vous aussi quels auxiliaires ils avaient installés en sentinelles sur l'Acropole, pour assurer leur domination et votre esclavage.
[12,95] Καὶ πρὸς ὑμᾶς μὲν ἔτι πολλῶν ὄντων εἰπεῖν τοσαῦτα λέγω. Ὅσοι δ' ἐκ Πειραιῶς ἐστε, πρῶτον μὲν τῶν ὅπλων ἀναμνήσθητε, ὅτι πολλὰς μάχας ἐν τῇ ἀλλοτρίᾳ μαχεσάμενοι οὐχ ὑπὸ τῶν πολεμίων ἀλλ' ὑπὸ τούτων εἰρήνης οὔσης ἀφῃρέθητε τὰ ὅπλα, ἔπειθ' ὅτι ἐξεκηρύχθητε μὲν ἐκ τῆς πόλεως, ἣν ὑμῖν οἱ πατέρες παρέδοσαν, φεύγοντας δὲ ὑμᾶς ἐκ τῶν πόλεων ἐξῃτοῦντο. [12,95] J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais je m'arrête. Et vous qui êtes revenus du Pirée, rappelez-vous d'abord l'affaire des armes : après tant de combats sur la terre étrangère, ce ne sont pas les ennemis, ce sont ces gens-là, en pleine paix, qui vous les ont arrachées. Rappelez-vous qu'ils vous ont bannis de la cité que vos pères vous ont transmise, qu'ils réclamaient votre extradition aux villes où vous vous étiez réfugiés.
[12,96] Ἀνθ' ὧν ὀργίσθητε μὲν ὥσπερ ὅτ' ἐφεύγετε, ἀναμνήσθητε δὲ καὶ τῶν ἄλλων κακῶν πεπόνθατε ὑπ' αὐτῶν, οἳ τοὺς μὲν ἐκ τῆς ἀγορᾶς τοὺς δ' ἐκ τῶν ἱερῶν συναρπάζοντες βιαίως ἀπέκτειναν, τοὺς δὲ ἀπὸ τέκνων καὶ γονέων καὶ γυναικῶν ἀφέλκοντες φονέας αὑτῶν ἠνάγκασαν γενέσθαι καὶ οὐδὲ ταφῆς τῆς νομιζομένης εἴασαν τυχεῖν, ἡγούμενοι τὴν αὑτῶν ἀρχὴν βεβαιοτέραν εἶναι τῆς παρὰ τῶν θεῶν τιμωρίας. [12,96] Aussi soyez animés contre eux de la même colère qu'au temps de votre exil : n'oubliez pas non plus les autres maux qu'ils vous ont fait souffrir, quand ils entraînaient brutalement les citoyens hors de l'agora ou des sanctuaires pour les mettre à mort, ou qu'ils les arrachaient des bras de leurs enfants, de leurs parents et de leurs femmes et les obligeaient à se tuer eux-mêmes, sans permettre même qu'on leur rendit les derniers devoirs, persuadés que leur puissance était au-dessus de la vengeance divine.
[12,97] Ὅσοι δὲ τὸν θάνατον διέφυγον, πολλαχοῦ κινδυνεύσαντες καὶ εἰς πολλὰς πόλεις πλανηθέντες καὶ πανταχόθεν ἐκκηρυττόμενοι, ἐνδεεῖς ὄντες τῶν ἐπιτηδείων, οἱ μὲν ἐν πολεμίᾳ τῇ πατρίδι τοὺς παῖδας καταλιπόντες, οἱ δ' ἐν ξένῃ γῇ, πολλῶν ἐναντιου μένων ἤλθετε εἰς τὸν Πειραιᾶ. Πολλῶν δὲ καὶ μεγάλων κινδύνων ὑπαρξάντων ἄνδρες ἀγαθοὶ γενόμενοι τοὺς μὲν ἠλευθερώσατε, τοὺς δ' εἰς τὴν πατρίδα κατηγάγετε. [12,97] Et vous, qui avez échappé à la mort, après mille dangers, mille courses errantes de ville en ville, partout bannis, manquant de tout, laissant vos enfants, les uns dans une patrie devenue votre ennemie, les autres sur un sol étranger, vous avez pu enfin, malgré tous les obstacles, revenir au Pirée. Parmi tant de périls si redoutables, vous avez, par votre valeur, affranchi les uns, et ramené les autres dans leur patrie.
[12,98] Εἰ δὲ ἐδυστυχήσατε καὶ τούτων ἡμάρτετε, αὐτοὶ μὲν ἂν δείσαντες ἐφεύγετε μὴ πάθητε τοιαῦτα οἷα καὶ πρότερον, καὶ οὔτ' ἂν ἱερὰ οὔτε βωμοὶ ὑμᾶς ἀδικουμένους διὰ τοὺς τούτων τρόπους ὠφέλησαν, καὶ τοῖς ἀδικοῦσι σωτήρια γίγνεται· οἱ δὲ παῖδες ὑμῶν, ὅσοι μὲν ἐνθάδε ἦσαν, ὑπὸ τούτων ἂν ὑβρίζοντο, οἱ δ' ἐπὶ ξένης μικρῶν ἂν ἕνεκα συμβολαίων ἐδούλευον ἐρημίᾳ τῶν ἐπικουρησόντων. [12,98] Si la chance avait tourné contre vous, si vous aviez échoué dans votre entreprise, vous seriez repartis vous-mêmes pour l'exil, de crainte de retomber dans les mêmes malheurs que la première fois. Car, ici, avec des tyrans de cette sorte, rien ne vous eùt sauvés malgré votre innocence, ni les temples, ni les autels, où les coupables mêmes trouvent un refuge. Quant à vos enfants, ceux qui étaient à Athènes auraient subi leurs outrages; ceux qui vivaient à l'étranger auraient été réduits en servitude pour de misérables dettes, faute de quelqu'un pour les assister.
[12,99] Ἀλλὰ γὰρ οὐ τὰ μέλλοντα ἔσεσθαι βούλομαι λέγειν, τὰ πραχθέντα ὑπὸ τούτων οὐ δυνάμενος εἰπεῖν. Οὐδὲ γὰρ ἑνὸς κατηγόρου οὐδὲ δυοῖν ἔργον ἐστίν, ἀλλὰ πολλῶν. ὅμως δὲ τῆς ἐμῆς προθυμίας ἐλλέλειπται, ὑπέρ τῶν ἱερῶν, οὗτοι τὰ μὲν ἀπέδοντο τὰ δ' εἰσιόντες ἐμίαινον, ὑπέρ τε τῆς πόλεως, ἣν μικρὰν ἐποίουν, ὑπέρ τε τῶν νεωρίων, καθεῖλον, καὶ ὑπὲρ τῶν τεθνεώτων, οἷς ὑμεῖς, ἐπειδὴ ζῶσιν ἐπαμῦναι οὐκ ἐδύνασθε, ἀποθανοῦσι βοηθήσατε. [12,99] Mais je ne veux pas parler de ce qui aurait pu arriver, quand il m'est impossible de rapporter tout ce qu'ont fait les Trente. Un seul orateur, ni même deux ne pourraient suffire à la tâche : il en faudrait beaucoup. J'ai du moins employé tout mon zèle à parler pour les sanctuaires qu'ils ont vendus ou souillés de leur présence, pour la cité qu'ils ont amoindrie, pour les arsenaux qu'ils ont détruits et pour les morts que vous n'avez pu secourir pendant leur vie, et dont vous devez prendre en main la cause, à présent qu'ils ne sont plus.
[12,100] Οἶμαι δ' αὐτοὺς ἡμῶν τε ἀκροᾶσθαι καὶ ὑμᾶς εἴσεσθαι τὴν ψῆφον φέροντας, ἡγουμένους, ὅσοι μὲν ἂν τούτων ἀποψηφίσησθε, αὐτῶν θάνατον κατεψηφισμένους ἔσεσθαι, ὅσοι δ' ἂν παρὰ τούτων δίκην λάβωσιν, ὑπὲρ αὐτῶν τὰς τιμωρίας πεποιημένους. Παύσομαι κατηγορῶν. Ἀκηκόατε, ἑωράκατε, πεπόνθατε, ἔχετε· δικάζετε. [12,100] Il me semble qu'ils nous écoutent, et qu'ils attendent votre vote pour vous connaître : ceux qui acquitteront les coupables, pensent-ils, les auront condamnés eux-mêmes à mort; ceux qui les puniront se feront leurs vengeurs. Je termine ici mon accusation. Vous avez vu, entendu, souffert. Vous tenez le coupable : prononcez.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 18/04/2005