Texte grec :
[2,22] 22. ἡ δὲ τρίτη τῶν ὁδῶν πολλὸν ἐπιεικεστάτη ἐοῦσα μάλιστα ἔψευσται· λέγει γὰρ δὴ
οὐδ᾽ αὕτη οὐδέν, φαμένη τὸν Νεῖλον ῥέειν ἀπὸ τηκομένης χιόνος· ὃς ῥέει μὲν ἐκ
Λιβύης διὰ μέσων Αἰθιόπων, ἐκδιδοῖ δὲ ἐς Αἴγυπτον. (2) κῶς ὦν δῆτα ῥέοι ἂν ἀπὸ
χιόνος, ἀπὸ τῶν θερμοτάτων ῥέων ἐς τὰ ψυχρότερα τὰ πολλά ἐστι; ἀνδρί γε
λογίζεσθαι τοιούτων πέρι οἵῳ τε ἐόντι, ὡς οὐδὲ οἰκὸς ἀπὸ χιόνος μιν ῥέειν, πρῶτον
μὲν καὶ μέγιστον μαρτύριον οἱ ἄνεμοι παρέχονται πνέοντες ἀπὸ τῶν χωρέων τουτέων
θερμοί· (3) δεύτερον δὲ ὅτι ἄνομβρος ἡ χώρη καὶ ἀκρύσταλλος διατελέει ἐοῦσα, ἐπὶ δὲ
χιόνι πεσούσῃ πᾶσα ἀνάγκη ἐστὶ ὗσαι ἐν πέντε ἡμέρῃσι, ὥστε, εἰ ἐχιόνιζε, ὕετο ἂν
ταῦτα τὰ χωρία· τρίτα δὲ οἱ ἄνθρωποι ὑπὸ τοῦ καύματος μέλανες ἐόντες. (4) ἰκτῖνοι δὲ
καὶ χελιδόνες δι᾽ ἔτεος ἐόντες οὐκ ἀπολείπουσι, γέρανοι δὲ φεύγουσαι τὸν χειμῶνα
τὸν ἐν τῇ Σκυθικῇ χώρῃ γινόμενον φοιτῶσι ἐς χειμασίην ἐς τοὺς τόπους τούτους. εἰ
τοίνυν ἐχιόνιζε καὶ ὅσον ὦν ταύτην τὴν χώρην δι᾽ ἧς τε ῥέει καὶ ἐκ τῆς ἄρχεται ῥέων ὁ
Νεῖλος, ἦν ἂν τούτων οὐδέν, ὡς ἡ ἀνάγκη ἐλέγχει.
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Traduction française :
[2,22] XXII. Le troisième sentiment est le plus faux, quoiqu'il ait un
beaucoup plus grand degré de vraisemblance. C'est ne rien dire,
en effet, que de prétendre que le Nil provient de la fonte des
neiges, lui qui coule de la Libye par le milieu de l'Éthiopie, et
entre de là en Égypte. Comment donc pourrait-il être formé par
la fonte des neiges, puisqu'il vient d'un climat très chaud dans un
pays qui l'est moins ? Un homme capable de raisonner sur ces
matières peut trouver ici plusieurs preuves qu'il n'est pas même
vraisemblable que les débordements du Nil dérivent de cette
cause. La première, et la plus forte, vient des vents ; ceux qui
soufflent de ce pays-là sont chauds. La seconde se tire de ce
qu'on ne voit jamais en ce pays ni pluie ni glace. S'il y neigeait, il
faudrait aussi qu'il y plût ; car c'est une nécessité absolue que,
dans un pays où il tombe de la neige, il y pleuve dans l'espace de
cinq jours. La troisième vient de ce que la chaleur y rend les
hommes noirs, de ce que les milans et les hirondelles y
demeurent toute l'année, et de ce que les grues y viennent en
hiver, peur éviter les froids de la Scythie. Si donc il neigeait,
même en petite quantité, dans le pays que traverse le Nil, ou
dans celui où il prend sa source, il est certain qu'il n'arriverait
rien de toutes ces choses, comme le prouve ce raisonnement.
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