Texte grec :
[1,209] CCIX. ἐπείτε δὲ ἐπεραιώθη τὸν Ἀράξεα, νυκτὸς ἐπελθούσης εἶδε ὄψιν εὕδων ἐν τῶν
Μασσαγετέων τῇ χωρῇ τοιήνδε· ἐδόκεε ὁ Κῦρος ἐν τῷ ὕπνῳ ὁρᾶν τῶν Ὑστάσπεος
παίδων τὸν πρεσβύτατον ἔχοντα ἐπὶ τῶν ὤμων πτέρυγας καὶ τουτέων τῇ μὲν τὴν
Ἀσίην τῇ δὲ τὴν Εὐρώπην ἐπισκιάζειν. (2) Ὑστάσπεϊ δὲ τῷ Ἀρσάμεος ἐόντι ἀνδρὶ
Ἀχαιμενίδῃ ἦν τῶν παίδων Δαρεῖος πρεσβύτατος, ἐὼν τότε ἡλικίην ἐς εἴκοσί κου
μάλιστα ἔτεα, καὶ οὗτος κατελέλειπτο ἐν Πέρσῃσι· οὐ γὰρ εἶχέ κω ἡλικίην
στρατεύεσθαι. (3) ἐπεὶ ὦν δὴ ἐξηγέρθη ὁ Κῦρος, ἐδίδου λόγον ἑωυτῷ περὶ τῆς
ὄψιος. ὡς δέ οἱ ἐδόκεε μεγάλη εἶναι ἡ ὄψις, καλέσας Ὑστάσπεα καὶ ἀπολαβὼν
μοῦνον εἶπε "Ὕστασπες, παῖς σὸς ἐπιβουλεύων ἐμοί τε καὶ τῇ ἐμῇ ἀρχῇ ἑάλωκε.
ὡς δὲ ταῦτα ἀτρεκέως οἶδα, ἐγὼ σημανέω· (4) ἐμεῦ θεοὶ κήδονται καί μοι πάντα
προδεικνύουσι τὰ ἐπιφερόμενα. ἤδη ὦν ἐν τῇ παροιχομένῃ νυκτὶ εὕδων εἶδον τῶν
σῶν παίδων τὸν πρεσβύτατον ἔχοντα ἐπὶ τῶν ὤμων πτέρυγας καὶ τουτέων τῇ
μὲν τὴν Ἀσίην τῇ δὲ τὴν Εὐρώπην ἐπισκιάζειν. (5) οὔκων ἐστὶ μηχανὴ ἀπὸ τῆς
ὄψιος ταύτης οὐδεμία τὸ μὴ ἐκεῖνον ἐπιβουλεύειν ἐμοί· σύ νυν τὴν ταχίστην
πορεύεο ὀπίσω ἐς Πέρσας καὶ ποίεε ὅκως, ἐπεὰν ἐγὼ τάδε καταστρεψάμενος
ἔλθω ἐκεῖ, ὥς μοι καταστήσεις τὸν παῖδα ἐς ἔλεγχον".
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Traduction française :
[1,209] CCIX. Cyrus ayant passé l'Araxe, et la nuit étant venue, il s'endormit dans le pays des
Massagètes ; et, pendant son sommeil, il eut cette vision : il lui sembla voir en songe
l'aîné des fils d'Hystaspes ayant deux ailes aux épaules, dont l'une couvrait l'Asie de
son ombre, et l'autre couvrait l'Europe. Cet aîné des enfants d'Hystaspes, nommé
Darius, avait alors environ vingt ans. Son père, fils d'Arsames, et de la race des
Achéménides, l'avait laissé en Perse, parce qu'il n'était pas encore en âge de porter les
armes. Cyrus ayant, à son réveil, réfléchi sur cette vision, et la croyant d'une très
grande importance, il manda Hystaspes, le prit en particulier, et lui dit : « Hystaspes,
votre fils est convaincu d'avoir conspiré contre moi et contre mon royaume. Je vais
vous apprendre comment je le sais, à n'en pouvoir douter. Les dieux prennent soin
de moi, et me découvrent ce qui doit m'arriver. La nuit dernière, pendant que je
dormais, j'ai vu l'aîné de vos enfants avec des ailes aux épaule, dont l'une couvrait de
son ombre l'Asie, et l'autre l'Europe. Je ne puis douter, après cela, qu'il n'ait formé
quelque trame contre moi. Partez donc promptement pour la Perse, et ne manquez-
pas, à mon retour, après la conquête de ce pays-ci, de me représenter votre fils, afin
que je l'examine. »
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