Texte grec :
[1,119] CXIX. Ἅρπαγος μὲν ὡς ἤκουσε ταῦτα, προσκυνήσας καὶ μεγάλα ποιησάμενος ὅτι
τε ἡ ἁμαρτὰς οἱ ἐς δέον ἐγεγόνεε καὶ ὅτι ἐπὶ τύχῃσι χρηστῇσι ἐπὶ δεῖπνον
ἐκέκλητο, ἤιε ἐς τὰ οἰκία. (2) ἐσελθὼν δὲ τὴν ταχίστην, ἦν γὰρ οἱ παῖς εἷς μοῦνος
ἔτεα τρία καὶ δέκα κου μάλιστα γεγονώς, τοῦτον ἐκπέμπεν ἰέναι τε κελεύων ἐς
Ἀστυάγεος καὶ ποιέειν ὅ τι ἂν ἐκεῖνος κελεύῃ, αὐτὸς δὲ περιχαρὴς ἐὼν φράζει τῇ
γυναικὶ τὰ συγκυρήσαντα. (3) Ἀστυάγης δέ, ὥς οἱ ἀπίκετο ὁ Ἁρπάγου παῖς,
σφάξας αὐτὸν καὶ κατὰ μέλεα διελὼν τὰ μὲν ὤπτησε τὰ δὲ ἥψησε τῶν κρεῶν,
εὔτυκα δὲ ποιησάμενος εἶχε ἕτοιμα. (4) ἐπείτε δὲ τῆς ὥρης γινομένης τοῦ δείπνου
παρῆσαν οἵ τε ἄλλοι δαιτυμόνες καὶ ὁ Ἅρπαγος, τοῖσι μὲν ἄλλοισι καὶ αὐτῷ
Ἀστυάγεϊ παρετιθέατο τράπεζαι ἐπίπλεαι μηλέων κρεῶν, Ἁρπάγῳ δὲ τοῦ παιδὸς
τοῦ ἑωυτοῦ, πλὴν κεφαλῆς τε καὶ ἄκρων χειρῶν τε καὶ ποδῶν, τἄλλα πάντα·
ταῦτα δὲ χωρὶς ἔκειτο ἐπὶ κανέῳ κατακεκαλυμμένα, (5) ὡς δὲ τῷ Ἁρπάγῳ ἐδόκεε
ἅλις ἔχειν τῆς βορῆς, Ἀστυάγης εἴρετό μιν εἰ ἡσθείη τι τῇ θοίνῃ. φαμένου δὲ
Ἁρπάγου καὶ κάρτα ἡσθῆναι, παρέφερον τοῖσι προσέκειτο τὴν κεφαλὴν τοῦ
παιδὸς κατακεκαλυμμένην καὶ τὰς χεῖρας καὶ τοὺς πόδας, Ἅρπαγον δὲ ἐκέλευον
προσστάντες ἀποκαλύπτειν τε καὶ λαβεῖν τὸ βούλεται αὐτῶν. (6) πειθόμενος δὲ ὁ
Ἅρπαγος καὶ ἀποκαλύπτων ὁρᾷ τοῦ παιδὸς τὰ λείμματα, ἰδὼν δὲ οὔτε ἐξεπλάγη
ἐντός τε ἑωυτοῦ γίνεται. εἴρετο δὲ αὐτὸν ὁ Ἀστυάγης εἰ γινώσκοι ὅτευ θηρίου
κρέα βεβρώκοι. (7) ὁ δὲ καὶ γινώσκειν ἔφη καὶ ἀρεστὸν εἶναι πᾶν τὸ ἂν βασιλεὺς
ἔρδῃ. τούτοισι δὲ ἀμειψάμενος καὶ ἀναλαβὼν τὰ λοιπὰ τῶν κρεῶν ἤιε ἐς τὰ οἰκία,
ἐνθεῦτεν δὲ ἔμελλε, ὡς ἐγὼ δοκέω, ἁλίσας θάψειν τὰ πάντα.
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Traduction française :
[1,119] CXIX. Harpage s'étant, à ces paroles, prosterné devant le roi, s'en retourna chez lui,
également flatté de l'heureuse issue de sa faute, et de ce que le roi l'avait invité au
festin qu'il donnait en réjouissance des bienfaits de la fortune. Il ne fut pas plutôt
entré chez lui, qu'il appela son fils unique, âgé d'environ treize ans, l'envoya au
palais d'Astyages, avec ordre de faire tout ce que ce prince lui commanderait ; et,
transporté de joie, il raconta cette aventure à sa femme. Dès que le fils d'Harpage fut
arrivé au palais, Astyages le fit égorger ; on le coupa ensuite par morceaux, dont les
uns furent rôtis et bouillis ; on les apprêta de diverses manières, et on tint le tout prêt
à être servi. L'heure du repas venue, les convives s'y rendirent, et Harpage avec eux.
On servit à Astyages et aux autres seigneurs du mouton, et à Harpage le corps de son
fils, excepté la tête et les extrémités des mains et des pieds, que le roi avait fait mettre
à part dans une corbeille couverte. Lorsqu'il parut avoir assez mangé, Astyages lui
demanda s'il était content de ce repas. « Très content, » répondit Harpage. Aussitôt
ceux qui en avaient reçu l'ordre, apportant dans une corbeille couverte la tête, les
mains et les pieds de son fils, et se tenant devant lui , lui dirent de la découvrir, et
d'en prendre ce qu'il voudrait. Harpage obéit, et, découvrant la corbeille, il aperçut
les restes de son fils. Il ne se troubla point, et sut se posséder. Astyages lui demanda
s'il savait de quel gibier il avait mangé. Il répondit qu'il le savait, mais que tout ce
que faisait un roi lui était agréable. Après cette réponse, il s'en retourna chez lui avec
les restes de son fils, qu'il n'avait, à ce que je pense, rassemblés que pour leur donner
la sépulture.
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