Texte grec :
[1,93] XCIII. θώματα δὲ γῆ (ἡ) Λυδίη ἐς συγγραφὴν οὐ μάλα ἔχει, οἷά τε καὶ ἄλλη χώρη,
πάρεξ τοῦ ἐκ τοῦ Τμώλου καταφερομένου ψήγματος. (2) ἓν δὲ ἔργον πολλὸν
μέγιστον παρέχεται χωρὶς τῶν τε Αἰγυπτίων ἔργων καὶ τῶν Βαβυλωνίων· ἔστι
αὐτόθι Ἀλυάττεω τοῦ Κροίσου πατρὸς σῆμα, τοῦ ἡ κρηπὶς μὲν ἐστὶ λίθων
μεγάλων, τὸ δὲ ἄλλο σῆμα χῶμα γῆς. ἐξεργάσαντο δέ μιν οἱ ἀγοραῖοι ἄνθρωποι
καὶ οἱ χειρώνακτες καὶ αἱ ἐνεργαζόμεναι παιδίσκαι. (3) οὖροι δὲ πέντε ἐόντες ἔτι
καὶ ἐς ἐμὲ ἦσαν ἐπὶ τοῦ σήματος ἄνω, καί σφι γράμματα ἐνεκεκόλαπτο τὰ
ἕκαστοι ἐξεργάσαντο, καὶ ἐφαίνετο μετρεόμενον τὸ τῶν παιδισκέων ἔργον ἐὸν
μέγιστον. (4) τοῦ γὰρ δὴ Λυδῶν δήμου αἱ θυγατέρες πορνεύονται πᾶσαι,
συλλέγουσαι σφίσι φερνάς, ἐς ὃ ἂν συνοικήσωσι τοῦτο ποιέουσαι· ἐκδιδοῦσι δὲ
αὐταὶ ἑωυτάς. (5) ἡ μὲν δὴ περίοδος τοῦ σήματός εἰσὶ στάδιοι ἓξ καὶ δύο πλέθρα,
τὸ δὲ εὖρος ἐστὶ πλέθρα τρία καὶ δέκα. λίμνη δὲ ἔχεται τοῦ σήματος μεγάλη, τὴν
λέγουσι Λυδοὶ ἀείναον εἶναι· καλέεται δὲ αὕτη Γυγαίη. τοῦτο μὲν δὴ τοιοῦτο ἐστί.
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Traduction française :
[1,93] XCIII. La Lydie n'offre pas, comme certains autres pays, des merveilles qui méritent
place dans l'histoire, sinon les paillettes d'or détachées du Tmolus par les eaux du
Pactole. On y voit cependant un ouvrage bien supérieur à ceux que l'on admire
ailleurs (j'en excepte toutefois les monuments des Égyptiens et des Babyloniens) :
c'est le tombeau d'Alyattes, père de Crésus. Le pourtour est composé de grandes
pierres, elle reste de terre amoncelée. Il a été construit aux frais des marchands qui
vendent sur la place, des artisans et des courtisanes. Cinq termes, placés au haut du
monument, subsistaient encore de mon temps, et marquaient par des inscriptions la
portion que chacune de ces trois classes avait fait bâtir. D'après les mesures, la
portion des courtisanes était visiblement la plus considérable ; car toutes les filles,
dans le pays des Lydiens, se livrent à la prostitution : elles y gagnent leur dot, et
continuent ce commerce jusqu'à ce qu'elles se marient. Elles ont le droit de choisir
leurs époux. Ce monument a six stades deux plèthres de tour, et treize plèthres de
largeur. Tout auprès est un grand lac qui ne tarit jamais, à ce que disent les
Lydiens. On l'appelle le lac Gygée : cela est tel. Les lois des Lydiens ressemblent
beaucoup à celles des Grecs, excepté dans ce qui regarde la prostitution des filles. De
tous les peuples que nous connaissions, ce sont les premiers qui aient frappé, pour
leur usage, des monnaies d'or et d'argent, et les premiers aussi qui aient fait le métier
de revendeurs. A les en croire, ils sont les inventeurs des différents jeux actuellement
en usage tant chez eux que chez les Grecs ; et ils ajoutent que, vers le temps où ces
jeux furent inventés, ils envoyèrent une colonie dans la Tyrrhénie. Voici comment ils
racontent ce fait.
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