[100] τῆσδ´ ἔστε βουλῆς, ὦ φίλαι, μεταίτιαι·
101 κοινὸν γὰρ ἔχθος ἐν δόμοις νομίζομεν.
102 μὴ κεύθετ´ ἔνδον καρδίας φόβῳ τινός.
103 τὸ μόρσιμον γὰρ τόν τ´ ἐλεύθερον μένει
104 καὶ τὸν πρὸς ἄλλης δεσποτούμενον χερός.
105 λέγοις ἄν, εἴ τι τῶνδ´ ἔχεις ὑπέρτερον.
106 (ΧΟΡΟΣ) αἰδουμένη σοι βωμὸν ὡς τύμβον πατρὸς
107 λέξω, κελεύεις γάρ, τὸν ἐκ φρενὸς λόγον.
108 (ΗΛΕΚΤΡΑ) λέγοις ἄν, ὥσπερ ᾐδέσω τάφον πατρός.
109 (ΧΟΡΟΣ) φθέγγου χέουσα σεμνά· τοῖσιν εὔφροσιν—
110 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τίνας δὲ τούτους τῶν φίλων προσεννέπω;
111 (ΧΟΡΟΣ) πρῶτον μὲν αὑτὴν χὤστις Αἴγισθον στυγεῖ.
112 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἐμοί τε καὶ σοί τἄρ´ ἐπεύξομαι τάδε.
113 (ΧΟΡΟΣ) αὐτὴ σὺ ταῦτα μανθάνους´ ἤδη φράσαι.
114 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τίν´ οὖν ἔτ´ ἄλλον τῇδε προστιθῶ στάσει;
115 (ΧΟΡΟΣ) μέμνης´ Ὀρέστου, κεἰ θυραῖός ἐσθ´ ὅμως.
116 (ΗΛΕΚΤΡΑ) εὖ τοῦτο, κἀφρένωσας οὐχ ἥκιστά με.
117 (ΧΟΡΟΣ) τοῖς αἰτίοις νυν τοῦ φόνου μεμνημένη—
118 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τί φῶ; δίδασκ´ ἄπειρον ἐξηγουμένη.
119 (ΧΟΡΟΣ) ἐλθεῖν τιν´ αὐτοῖς δαίμον´ ἢ βροτῶν τινα—
120 (ΗΛΕΚΤΡΑ) πότερα δικαστὴν ἢ δικηφόρον λέγεις;
121 (ΧΟΡΟΣ) ἁπλωστὶ φράζους´, ὅστις ἀνταποκτενεῖ.
122 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ ταῦτά μοὐστὶν εὐσεβῆ θεῶν πάρα;
123 (ΧΟΡΟΣ) πῶς δ´ οὔ, τὸν ἐχθρὸν ἀνταμείβεσθαι κακοῖς;
165 (ΗΛΕΚΤΡΑ) κῆρυξ μέγιστε τῶν ἄνω τε καὶ κάτω,
124 ἄρηξον, Ἑρμῆ χθόνιε, κηρύξας ἐμοὶ
125 τοὺς γῆς ἔνερθε δαίμονας κλύειν ἐμὰς
126 εὐχάς, πατρῴων δωμάτων ἐπισκόπους,
127 καὶ γαῖαν αὐτήν, ἣ τὰ πάντα τίκτεται
128 θρέψασά τ´ αὖθις τῶνδε κῦμα λαμβάνει·
129 κἀγὼ χέουσα τάσδε χέρνιβας νεκροῖς
130 λέγω καλοῦσα πατέρ´· Ἐποίκτιρόν τ´ ἐμέ,
131 φίλον τ´ Ὀρέστην φῶς ἄναψον ἐν δόμοις.
132 πεπραμένοι γὰρ νῦν γέ πως ἀλώμεθα
133 πρὸς τῆς τεκούσης, ἄνδρα δ´ ἀντηλλάξατο
134 Αἴγισθον, ὅσπερ σοῦ φόνου μεταίτιος.
135 κἀγὼ μὲν ἀντίδουλος· ἐκ δὲ χρημάτων
136 φεύγων Ὀρέστης ἐστίν, οἱ δ´ ὑπερκόπως
137 ἐν τοῖσι σοῖς πόνοισι χλίουσιν μέγα.
138 ἐλθεῖν δ´ Ὀρέστην δεῦρο σὺν τύχῃ τινὶ
139 κατεύχομαί σοι, καὶ σὺ κλῦθί μου, πάτερ·
140 αὐτῇ τέ μοι δὸς σωφρονεστέραν πολὺ
141 μητρὸς γενέσθαι χεῖρά τ´ εὐσεβεστέραν.
142 ἡμῖν μὲν εὐχὰς τάσδε, τοῖς δ´ ἐναντίοις
143 λέγω φανῆναί σου, πάτερ, τιμάορον,
144 καὶ τοὺς κτανόντας ἀντικατθανεῖν δίκῃ.
145 ταῦτ´ ἐν μέσῳ τίθημι τῆς κακῆς ἀρᾶς,
146 κείνοις λέγουσα τήνδε τὴν κακὴν ἀράν·
147 ἡμῖν δὲ πομπὸς ἴσθι τῶν ἐσθλῶν ἄνω,
148 σὺν θεοῖσι καὶ γῇ καὶ δίκῃ νικηφόρῳ.
149 τοιαῖσδ´ ἐπ´ εὐχαῖς τάσδ´ ἐπισπένδω χοάς.
| [100] Amies, conseillez-moi, car je suis hésitante,
Ne sommes-nous pas mues par une même haine ?
Sans crainte de quiconque, ouvrez grand votre cœur.
Confronté au destin, qu'on soit libre ou soumis
Au bon vouloir d'autrui, les lois sont similaires.
Parle, as-tu quelque avis à me soumettre enfin ?
LE CHŒUR.
Avec tout le respect que je voue au tombeau
De ton père, je vais parler avec mon cœur.
ÉLECTRE.
Sois sincère, toi qui vénères ce tombeau.
LE CHŒUR.
Verse tes dons tout en bénissant ses amis.
ÉLECTRE.
Mais qui puis-je appeler ses amis ?
LE CHŒUR.
Toi d'abord,
Puis tout individu qui vomit sur Égisthe.
ÉLECTRE.
Je dois prier pour moi ainsi que pour toi-même ?
LE CHŒUR.
À toi de deviner, fie-toi à ta raison.
ÉLECTRE.
Un autre nom doit-il s'unir dans nos pensées ?
LE CHŒUR.
D'ORESTE. souviens-toi, bien qu'il ne soit pas là.
ÉLECTRE.
Ce conseil vivifie de nouveau ma mémoire.
LE CHŒUR.
Les criminels aussi, n'oublie pas leur forfait.
ÉLECTRE.
Comment agir, dis-moi, je veux que tu m'instruises.
LE CHŒUR.
Espère en la venue d'une dieu ou bien d'un homme
Contre eux.
120 ÉLECTRE.
Serait-ce un juge ou un vengeur, dis-moi ?
LE CHŒUR.
Non, un tueur, c'est tout : à leur tour de périr !
ÉLECTRE.
Ces vœux ne sont-ils pas aux dieux blasphématoires ?
LE CHŒUR.
Pourquoi ? Rendre leur mal aux méchants est normal !
124 ÉLECTRE.
Ô messager des dieux et de l'Hadès, Hermès
Dessous la Terre, aux dieux des sombres profondeurs
Porte ma voix, ainsi qu'aux dieux dont le regard
Scrute encor le palais du roi ; à toi la Terre,
Qui fais naître et reprends toute chose en ce monde,
Écoute cet appel que j'adresse à mon père,
Par l'hommage lustrale aux défunts consacré :
« Sois indulgent envers notre ORESTE. adoré,
Fais que notre foyer redevienne le nôtre :
Car aujourd'hui, vois-tu, notre vie n'est qu'errance ;
Oui, nous avons été trahis par notre mère
Qui a pris un autre homme, Égisthe, le complice
De ton égorgement. Quant à moi, que te dire ?
Bref, je suis devenue une sorte d'esclave.
ORESTE., sans argent, végète en son exil.
Alors que ces deux-là, vautrés dans l'insolence,
Goûtent jusqu'à la lie les profits de leur crime.
Je t'exhorte, à mon père, à ramener vivant
ORESTE. près de nous, écoute ma prière !
Et puis, accorde-moi une âme plus aimable
Que celle de ma mère, et une main plus pure.
Ce sont mes vœux. Parlons enfin des scélérats :
Qu'un vengeur se profile et qu'ils soient massacrés
Pour prix de leur forfait ! Juste retour du Droit !
Je mêle ce désir implacable à mes vœux.
Fais jaillir tes bienfaits ; que les dieux et la Terre
Soient consentants afin que Justice triomphe. »
Voilà, tels sont les vœux que j'adresse en versant
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