[0] ΧΟΗΦΟΡΟΙ.
1 (ΟΡΕΣΤΗΣ)
1 Ἑρμῆ χθόνιε, πατρῷ´ ἐποπτεύων κράτη,
2 σωτὴρ γενοῦ μοι ξύμμαχός τ´ αἰτουμένῳ·
3 ἥκω γὰρ ἐς γῆν τήνδε καὶ κατέρχομαι.
4 τύμβου δ´ ἐπ´ ὄχθῳ τῷδε κηρύσσω πατρὶ
5 κλύειν, ἀκοῦσαι. ---
6 --- πλόκαμον Ἰνάχῳ θρεπτήριον.
7 τὸν δεύτερον δὲ τόνδε πενθητήριον
8 οὐ γὰρ παρὼν ᾤμωξα σόν, πάτερ, μόρον
9 οὐδ´ ἐξέτεινα χεῖρ´ ἐπ´ ἐκφορᾷ νεκροῦ.
10 τί χρῆμα λεύσσω; τίς ποθ´ ἥδ´ ὁμήγυρις
11 στείχει γυναικῶν φάρεσιν μελαγχίμοις
12 πρέπουσα; ποίᾳ ξυμφορᾷ προσεικάσω;
13 πότερα δόμοισι πῆμα προσκυρεῖ νέον;
14 ἢ πατρὶ τὠμῷ τάσδ´ ἐπεικάσας τύχω
15 χοὰς φερούσας νερτέροις μειλίγματα;
16 οὐδέν ποτ´ ἄλλο· καὶ γὰρ Ἠλέκτραν δοκῶ
17 στείχειν ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν πένθει λυγρῷ
18 πρέπουσαν. ὦ Ζεῦ, δός με τείσασθαι μόρον
19 πατρός, γενοῦ δὲ σύμμαχος θέλων ἐμοί.
20 Πυλάδη, σταθῶμεν ἐκποδών, ὡς ἂν σαφῶς
21 μάθω γυναικῶν ἥτις ἥδε προστροπή.
22 (ΧΟΡΟΣ)
22 ἰαλτὸς ἐκ δόμων ἔβαν
23 χοᾶν προπομπὸς ὀξύχειρι σὺν κόπῳ.
24 πρέπει παρῂς φοίνισς´ ἀμυγμοῖς
25 ὄνυχος ἄλοκι νεοτόμῳ,
26 δι´ αἰῶνος δ´ ἰυγμοῖσι βόσκεται κέαρ.
27 λινοφθόροι δ´ ὑφασμάτων
28 λακίδες ἔφλαδον ὑπ´ ἄλγεσιν,
30 πρόστερνοι στολμοὶ πέπλων ἀγελάστοις
31 ξυμφοραῖς πεπληγμένων.
32 τορὸς γὰρ {Φοῖβος} ὀρθόθριξ δόμων
33 ὀνειρόμαντις, ἐξ ὕπνου κότον πνέων,
34 ἀωρόνυκτον ἀμβόαμα
35 μυχόθεν ἔλακε περὶ φόβῳ,
36 γυναικείοισιν ἐν δώμασιν βαρὺς πίτνων,
37 κριταί τε τῶνδ´ ὀνειράτων
39 θεόθεν ἔλακον ὑπέγγυοι
40 μέμφεσθαι τοὺς γᾶς νέρθεν περιθύμως
41 τοῖς κτανοῦσί τ´ ἐγκοτεῖν.
42 τοιάνδε χάριν ἀχάριτον ἀπότροπον κακῶν,
43 ἰὼ γαῖα μαῖα,
45 μωμένα μ´ ἰάλλει
46 δύσθεος γυνά. φοβοῦμαι
47 δ´ ἔπος τόδ´ ἐκβαλεῖν.
48 τί γὰρ λύτρον πεσόντος αἵματος πέδοι;
49 ἰὼ πάνοιζυς ἑστία,
| [0] LES CHOÉPHORES.
ORESTE.
Ô Hermès souterrain, ô vigilant gardien
De l'antre paternel, sauve-moi, je t'en prie !
Soutiens ma mission ! Je rentre en ce pays,
Je m'y installe enfin, après un long exil.
Ô Hermès souterrain, toi l'honnête gardien
De l'antre paternel, sauve-moi, je t'en prie,
Soutiens ma mission. Enfin je rentre ici,
Dans ma patrie, après un exil qui fut long.
Au pied de ce tombeau j'implore mon cher père :
Je voudrais qu'il m'entende avec solennité.
La boucle de cheveux que voici, je la donne
À mon bon nourricier, l'Inachos ; celle-ci,
C'est le tribut offert au deuil qui me confond.
Hélas ! je ne fus pas près de toi, ô mon père,
Pour plaindre ton destin et saluer ton corps...
Mais que vois-je là-bas ? Ce cortège de femmes
Qui s'avance, paré de voiles longs et noirs.
Mais que s'est-il passé ? Quoi ! un désastre, encor,
A-t-il frappé ce lieu ? Ou est-ce pour mon père ?
Je ne me trompe pas, je pense, en affirmant
Que leurs mains vont verser l'offrande destinée
À calmer les défunts. La chose est évidente.
Mais... je l'ai bien reconnue : c'est Électre, ma sœur,
Elle est toute envahie de deuil et de douleur.
Ô Zeus ! je t'en supplie, viens armer ma vengeance,
Et que ta volonté soit mon plus sûr appui !
Pylade, écartons-nous : je veux avec respect
Suivre le cours pieux de ce cortège en deuil.
22 LE CHŒUR.
Strophe I
Sorti de ce palais, sur ordre,
Je marche pour offrir les tristes libations,
Frappant ma poitrine,
Avec une force accrue qui rythme le cortège.
Voyez mon visage sanglant
Où se voient les sillons fraîchement creusés
Par mes ongles. Car mon cœur palpite de douleur,
Et ne se repaît que de sanglots interminables ;
Étreinte par la souffrance, ma main vient déchirer
En lambeaux les étoffes de lin qui me couvrent.
Oui, ce noir péplos est lacéré
Sous les coups redoublés d'un sort funeste.
Antistrophe I
Dans cette nuit d'horreur,
Qui fait se dresser mes cheveux,
Un songe épouvantable fait souffler l'indicible,
Dans le sommeil, au plus trouble de la nuit.
Vociférant dans le royal gynécée,
Les devins,
Sous divine influence,
Ont proclamé dans leurs profondeurs terrestres,
Que les morts maudissent leurs meurtriers,
Et sont contre eux remplis d'une rage effroyable !
Strophe II
43 Ô terre-mère ! Cette femme impie
M'envoie, muni de cet hommage infâme,
Tant elle est désireuse d'écarter l'acte odieux.
Ah ! ces paroles, je les livre non sans peur.
Comment ôter le sang dont la terre s'est abreuvée ?
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