[8,12] Τὸ δὲ τῆς Στυγὸς ὕδωρ εἶχεν οὕτως. παρθένος ἦν εὐειδής,
ὄνομα Ῥοδῶπις, κυνηγίων ἐρῶσα καὶ θήρας· πόδες ταχεῖς, εὔστοχοι
χεῖρες, ζώνη καὶ μίτρα καὶ ἀνεζωσμένος εἰς γόνυ χιτὼν καὶ κατὰ
ἄνδρας κουρὰ τριχῶν. ὁρᾷ ταύτην Ἄρτεμις καὶ ἐπῄνει καὶ ἐκάλει
καὶ σύνθηρον ἐποιήσατο, καὶ τὰ πλεῖστα κοινὰ ἦν αὐταῖς θηράματα.
ἀλλὰ καὶ ὤμοσεν ἀεὶ παραμένειν καὶ τὴν πρὸς ἄνδρας ὁμιλίαν
φυγεῖν καὶ τὴν ἐξ Ἀφροδίτης ὕβριν μὴ παθεῖν. ὤμοσεν ἡ Ῥοδῶπις,
καὶ ἤκουσεν ἡ Ἀφροδίτη καὶ ὀργίζεται καὶ ἀμύνασθαι θέλει τὴν
κόρην τῆς ὑπεροψίας. νεανίσκος ἦν Ἐφέσιος, καλὸς ἐν μειρακίοις
ὅσον Ῥοδῶπις ἐν παρθένοις· Εὐθύνικον αὐτὸν ἐκάλουν· ἐθήρα δὲ
καὶ αὐτὸς ὡς Ῥοδῶπις, καὶ τὴν Ἀφροδίτην ὁμοίως οὐκ ἤθελεν
εἰδέναι. ἐπ´ ἀμφοτέρους οὖν ἡ θεὸς ἔρχεται καὶ τὰς θήρας αὐτῶν
εἰς ἓν συνάγει· τέως γὰρ ἦσαν κεχωρισμένοι· ἡ δὲ Ἄρτεμις τηνικαῦτα
οὐ παρῆν. παραστησαμένη δὲ τὸν υἱὸν τὸν τοξότην ἡ Ἀφροδίτη
εἶπε· "Τέκνον, ζεῦγος τοῦτο ὁρᾷς ἀναφρόδιτον καὶ ἐχθρὸν
ἡμῶν καὶ τῶν ἡμετέρων μυστηρίων; ἡ δὲ παρθένος καὶ θρασύτερον
ὤμοσε κατ´ ἐμοῦ. ὁρᾷς δὲ αὐτοὺς ἐπὶ τὴν ἔλαφον συντρέχοντας.
ἄρξαι καὶ σὺ τῆς θήρας ἀπὸ πρώτης τῆς τολμηρᾶς κόρης· καὶ
πάντως γε τὸ σὸν βέλος εὐστοχώτερόν ἐστιν." ἐντείνουσιν ἀμφότεροι
τὰ τόξα, ἡ μὲν ἐπὶ τὴν ἔλαφον, ὁ δὲ Ἔρως ἐπὶ τὴν παρθένον· καὶ
ἀμφότεροι τυγχάνουσι, καὶ ἡ κυνηγέτις μετὰ τὴν θήραν ἦν τεθηραμένη.
καὶ εἶχεν ἡ μὲν ἔλαφος εἰς τὰ νῶτα τὸ βέλος, ἡ δὲ παρθένος
εἰς τὴν καρδίαν· τὸ δὲ βέλος, Εὐθύνικον φιλεῖν. δεύτερον δὲ
καὶ ἐπὶ τοῦτον ὀϊστὸν ἀφίησι. καὶ εἶδον ἀλλήλους Εὐθύνικος καὶ
ἡ Ῥοδῶπις. καὶ ἔστησαν μὲν τὸ πρῶτον τοὺς ὀφθαλμοὺς ἑκάτεροι,
μηδέτερος ἐκκλῖναι θέλων ἐπὶ θάτερα· κατὰ μικρὸν δὲ τὰ τραύματα
ἀμφοῖν ἐξάπτεται, καὶ αὐτοὺς ὁ Ἔρως ἐλαύνει κατὰ τουτὶ τὸ ἄντρον,
οὗ νῦν ἐστιν ἡ πηγή, καὶ ἐνταῦθα τὸν ὅρκον ψεύδονται. ἡ Ἄρτεμις
ὁρᾷ τὴν Ἀφροδίτην γελῶσαν καὶ τὸ πραχθὲν συνίησι, καὶ εἰς
ὕδωρ λύει τὴν κόρην, ἔνθα τὴν παρθενίαν ἔλυσε. καὶ διὰ τοῦτο, ὅταν
τις αἰτίαν ἔχῃ Ἀφροδισίων, εἰς τὴν πηγὴν εἰσβᾶσα ἀπολούεται· ἡ
δέ ἐστιν ὀλίγη καὶ μέχρι κνήμης μέσης. ἡ δὲ κρίσις· ἐγγράψασα
τὸν ὅρκον γραμματείῳ μηρίνθῳ δεδεμένον περιεθήκατο τῇ δέρῃ. κἂν
μὲν ἀψευδῇ τὸν ὅρκον, μένει κατὰ χώραν ἡ πηγή· ἂν δὲ ψεύδηται,
τὸ ὕδωρ ὀργίζεται καὶ ἀναβαίνει μέχρι τῆς δέρης καὶ τὸ γραμματεῖον
ἐκάλυψε. ταῦτα εἰπόντες καὶ τοῦ καιροῦ προελθόντος εἰς ἑσπέραν
ἀπῄειμεν κοιμηθησόμενοι, χωρὶς ἕκαστος.
| [8,12] L'histoire de l'eau du Styx est la suivante. Il y
avait une belle jeune fille, nommée Rhodopis, qui adorait
la chasse; pieds rapides, mains sûres, ceinture et bandeau
dans les cheveux, tunique troussée au genou, cheveux
coupés comme un homme. Artémis l'aperçut, fut
contente d'elle, la fit venir et la choisit comme compagne
de chasse. Bien souvent, elles chassèrent ensemble.
Rhodopis promit par serment de demeurer toujours
auprès de la déesse, de fuir la compagnie des hommes
et de ne pas se soumettre aux violences d'Aphrodite.
Tel fut le serment de Rhodopis. Aphrodite l'entendit,
fut irritée et résolut de punir la jeune fille de son mépris.
Il y avait, à Ephèse, un jeune homme aussi beau entre
tous les jeunes garçons que l'était Rhodopis parmi les
jeunes filles. On l'appelait Euthynicos; lui aussi, chassait,
comme Rhodopis et, comme elle, il se refusait à
connaître Aphrodite. La déesse décida donc de les
attaquer tous les deux et poussa vers le même endroit le
gibier que tous deux poursuivaient. Jusque-là, ils ne
s'étaient pas rencontrés, et il se trouva qu'Artémis était
alors absente. Aphrodite appela son fils l'archer et lui
dit : « Petit, tu vois ce couple qui ne connaît pas l'amour,
qui nous déteste, nous et nos mystères ? La jeune fille
a même prononcé un serment insolent contre moi.
Tu les vois qui courent le même cerf ? Commence,
toi-même, la chasse, et d'abord contre cette jeune présomptueuse;
ta flèche à toi, en tout cas, est plus infaillible
que la sienne. » Tous deux bandent leur arc, la jeune fille
contre le cerf, l'Amour contre la jeune fille; et tous deux
atteignent le but; la chasseresse est blessée au terme de
sa propre chasse. Le cerf reçut la flèche dans le flanc,
mais la jeune fille la reçut dans le coeur, et cette flèche
était l'amour d'Euthynicos. Ensuite, l'Amour lança
un trait contre celui-ci, à son tour; alors Euthynicos
et Rhodopis se virent. Ils levèrent d'abord les yeux l'un
sur l'autre et aucun ne put détacher de l'autre son regard;
peu à peu, leurs blessures leur firent sentir leur mal et
l'Amour lui-même les conduisit dans la grotte où se
trouve maintenant la source, et là, ils manquèrent à leur
serment. Artémis vit Aphrodite qui riait, comprit ce
qui s'était passé et transforma la jeune fille en source,
à l'endroit même où elle avait perdu sa virginité. C'est
pourquoi, chaque fois qu'une femme est accusée dans
une affaire d'amour, elle doit se plonger dans la source;
celle-ci n'a que peu d'eau et ne monte que jusqu'à
mi-jambe. Voici quelle est l'épreuve décisive : la femme
écrit la formule du serment sur une tablette qu'elle
suspend à son cou par un lien; si le serment ne contient
aucun mensonge, la source demeure telle qu'elle est;
s'il y a parjure, l'eau se met à bouillonner, monte jusqu'au
cou et recouvre la tablette.
Nous nous entretînmes de tout cela et, comme la
soirée s'avançait, nous allâmes nous coucher, chacun
de notre côté.
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