[7,11] Ἐν τούτῳ δὲ ὁ Θέρσανδρος, πρώτης προκλήσεως ἀπὸ τῆς
Μελίτης οὕτω γενομένης, παρελθών, "Ἱκανῶς μὲν οὗτος," εἶπεν,
"ὅστις ποτέ ἐστι, κατελήρησε μυθολογῶν. ἐγὼ δὲ ὑμῶν τεθαύμακα
τῆς ἀναλγησίας, εἰ φονέα ἐπ´ αὐτοφώρῳ λαβόντες (μεῖζον γὰρ τῆς
φωρᾶς τὸ αὐτὸν ἑαυτοῦ κατειπεῖν) οὐ δὴ κελεύετε τῷ δημίῳ, καθέζεσθε
δὲ γόητος ἀκούοντες πιθανῶς μὲν ὑποκρινομένου, πιθανῶς δὲ
δακρύοντος· ὃν νομίζω καὶ αὐτὸν κοινωνὸν γενόμενον τοῦ φόνου περὶ
ἑαυτοῦ φοβεῖσθαι· ὥστ´ οὐκ οἶδα τί δεῖ βασάνων ἔτι περὶ πράγματος
οὕτω σαφῶς ἐληλεγμένου. δοκῶ δὲ καὶ ἄλλον τινὰ ἐργάσασθαι
φόνον. ὁ γὰρ Σωσθένης οὗτος, ὃν αἰτοῦσι παρ´ ἐμοῦ, τρίτην ταύτην
ἡμέραν γέγονεν ἀφανής, καὶ ἔστιν οὐ πόρρω τινὸς ὑπονοίας μὴ ἄρα
τῆς τούτων ἐπιβουλῆς γέγονεν ἔργον· αὐτὸς γὰρ ἐτύγχανεν ὁ τὴν
μοιχείαν μοι κατειπών. ὥστε εἰκότως ἀποκτεῖναί μοι δοκοῦσιν
αὐτόν, καὶ τοῦτ´ εἰδότες, ὡς ἂν οὐκ ἔχοιμι παρασχεῖν τὸν ἄνθρωπον,
πρόκλησιν περὶ αὐτοῦ πεποίηνται πάνυ κακούργως. εἴη μὲν οὖν
κἀκεῖνον φανῆναι καὶ μὴ τεθνάναι· τί δέ, καὶ εἰ παρῆν, ἔδει παρ´
αὐτοῦ μαθεῖν; εἴ τινα κόρην ἐωνήσατο; τοιγαροῦν ἐωνημένος ἔστω·
καὶ εἰ ταύτην ἔσχε Μελίτη; λέγει καὶ τοῦτο δι´ ἐμοῦ. ἀπήλλακται
μὲν δὴ Σωσθένης ταῦτα εἰπών· τοὐντεῦθεν δὲ ὁ λόγος μοι πρὸς
Μελίτην καὶ Κλειτοφῶντα. τί μου τὴν δούλην λαβόντες πεποιήκατε;
δούλη γὰρ ἦν ἐμή, Σωσθένους αὐτὴν ἐωνημένου· καὶ εἰ περιῆν
καὶ μὴ πρὸς αὐτῶν ἐπεφόνευτο, πάντως ἂν ἐδούλευεν ἐμοί."
τοῦτον δὲ τὸν λόγον ὁ Θέρσανδρος πάνυ κακοήθως παρενέβαλεν, ἵνα κἂν
ὕστερον ἡ Λευκίππη φωραθῇ ζῶσα, πρὸς δουλείαν αὐτὴν ἀγάγῃ.
εἶτα προσετίθει· "Κλειτοφῶν μὲν οὖν ὡμολόγησεν ἀνῃρηκέναι καὶ
ἔχει τὴν δίκην, Μελίτη δὲ ἀρνεῖται· πρὸς ταύτην αἱ τῶν θεραπαινῶν
εἰσι βάσανοι. ἂν γὰρ φανῶσι παρὰ ταύτης λαβοῦσαι τὴν κόρην,
εἶτα οὐκέτι πάλιν ἀγαγοῦσαι, τί γέγονε; τί δὲ ὅλως ἐξεπέμπετο; καὶ
πρὸς τίνα; ἆρ´ οὐκ εὔδηλον τὸ πρᾶγμα, ὡς συσκευασάμενοι μὲν ἦσάν
τινας ὡς κτενοῦντας; αἱ δὲ θεράπαιναι τούτους μέν, ὡς εἰκός, οὐκ
ᾔδεσαν, ἵνα μὴ μετὰ πλειόνων μαρτύρων γενόμενον τὸ ἔργον κίνδυνον
ἔχῃ μείζονα· κατέλιπον δὲ αὐτὴν ἔνθα ἦν ὁ τῶν λῃστῶν λόχος
λανθάνων, ὥστε ἐνεχώρει μηδὲ ἐκείνας τὸ γενόμενον ἑωρακέναι. ἐλήρησε
δὲ καὶ περὶ δεσμώτου τινός, ὡς εἰπόντος περὶ τοῦ φόνου. καὶ
τίς ὁ δεσμώτης οὗτος, ὃς τῷ στρατηγῷ μὲν οὐδὲν εἶπε, τούτῳ δὲ
μόνῳ τὰ ἀπόρρητα διελέγετο τοῦ φόνου, πλὴν εἰ μὴ κοινωνοῦντα
ἐγνώρισεν; οὐ παύσεσθε φληνάφων ἀνεχόμενοι κενῶν καὶ τηλικοῦτον
ἔργον τιθέμενοι παιδιάν; οἴεσθε χωρὶς θεοῦ τοῦτον ἑαυτοῦ κατειπεῖν;"
| [7,11] Pendant ce temps Thersandre, avant que ne fût
officiellement lancée la sommation suggérée de la sorte
par Mélitté et ses avocats, s'avança et dit : « En voilà
assez, dit-il, des histoires absurdes avancées par cet
individu, quel qu'il soit. Je suis très étonné de votre
patience : vous avez pris un meurtrier sur le fait — car
les aveux sont encore plus décisifs que le flagrant délit —
et vous n'appelez pas le bourreau; vous restez là, à
écouter ce charlatan, qui vous joue une comédie plausible
et verse des larmes ... plausibles; à mon avis, il est
lui aussi complice du meurtre et il craint pour lui-même;
si bien que je ne sais pas pourquoi il est nécessaire de
recourir à la question, dans une affaire prouvée de façon
aussi claire. Je crois même qu'ils ont commis encore
un autre meurtre. Ce Sosthénès, dont ils me réclament la
comparution, voilà aujourd'hui trois jours qu'il a disparu,
et je ne suis pas loin de soupçonner que c'est là
l'effet d'une de leurs machinations. Il se trouve que c'est
lui qui m'a révélé l'adultère. Aussi pensè-je, selon toute
vraisemblance, qu'ils l'ont tué et, avec une habileté
diabolique, sachant bien que je ne pourrais faire comparaître
cet homme, ils me somment de l'amener au tribunal.
Mais supposons un instant qu'il comparaisse et
qu'il ne soit pas mort; que devrions-nous donc apprendre
de lui, s'il était là? S'il a vraiment acheté une jeune fille ?
Mais nous reconnaissons qu'il l'a achetée. Que Mélitté
l'a eue à sa disposition? Mais il reconnaît cela aussi,
par ma bouche. Lorsque Sosthénès aura apporté ces
témoignages, on en aura fini avec lui; à partir de ce
moment, en revanche, c'est avec Mélitté et Clitophon
que je dois engager le dialogue. Qu'avez-vous fait de
cette esclave que vous m'avez prise? Car elle était mon
esclave, puisque Sosthénès l'avait achetée. Et si elle
était encore vivante et n'avait pas été assassinée par
eux, elle serait mon esclave sans aucune contestation possible. »
Ce dernier point avait été introduit par Thersandre
avec une habileté diabolique, afin que, même si plus
tard on découvrait que Leucippé était vivante, il pût
la maintenir en esclavage. Puis il ajouta : « Clitophon a
avoué l'avoir tuée; le verdict dans son cas est donc
acquis. Mélitté s'obstine à nier; c'est donc pour son cas
à elle qu'il y a lieu de mettre les servantes à la question.
S'il apparaît qu'elle leur a confié la jeune fille et qu'ensuite
elles ne l'ont pas ramenée, que s'ensuit-il?
Pourquoi d'abord, a-t-on envoyé Leucippé hors de la
maison? Et pour voir qui? N'est-il pas absolument
évident que l'on avait aposté des hommes pour la
tuer? Les petites servantes, comme on pouvait s'y
attendre, ne les connaissaient pas, pour éviter qu'un
trop grand nombre de témoins assistant à la chose n'accrût
à l'excès le danger; elles la laissèrent donc à l'endroit
où se dissimulait l'embuscade des brigands, et
il est fort possible qu'elles n'aient même pas vu ce qui se
passait. Cet individu a raconté aussi des boniments au
sujet d'un certain prisonnier qui aurait parlé du meurtre.
Et quel est ce prisonnier, qui n'a rien dit au magistrat
mais a raconté au seul accusé les secrets de ce meurtre?
L'aurait-il fait s'il n'avait pas reconnu en lui l'un des
complices? Ne cesserez-vous pas de tolérer ces vains
bavardages et de transformer une affaire aussi grave en
plaisanterie? Croyez-vous que, sans l'intervention d'un
dieu, cet homme se serait accusé lui-même? ».
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