[7,1] Ταῦτα ἀκούσας ὁ Θέρσανδρος παντοδαπὸς ἦν· ἤχθετο, ὠργίζετο,
ἐβουλεύετο. ὠργίζετο μὲν ὡς ὑβρισμένος· ἤχθετο δὲ ὡς ἀποτυχών·
ἐβουλεύετο δὲ ὡς ἐρῶν. τὴν οὖν ψυχὴν διασπώμενος, οὐδὲν
εἰπὼν πρὸς τὴν Λευκίππην ἐξεπήδησεν. ὀργῇ μὲν δῆθεν ἐκδραμών,
δοὺς δὲ τῇ ψυχῇ σχολὴν εἰς τὴν διάκρισιν τῆς τρικυμίας, βουλευόμενος
ἅμα τῷ Σωσθένει πρόσεισι τῷ τῶν δεσμῶν ἄρχοντι, δεόμενος
διαφθαρῆναί με φαρμάκῳ. ὡς δ´ οὐκ ἔπειθεν (ἐδεδίει γὰρ τὴν
πόλιν· καὶ γὰρ ἄλλον ἄρχοντα πρὸ αὐτοῦ ληφθέντα τοιαύτην ἐργασάμενον
φαρμακείαν ἀποθανεῖν), δευτέραν αὐτῷ προσφέρει δέησιν,
ἐμβαλεῖν τινα εἰς τὸ οἴκημα, ἔνθα ἔτυχον δεδεμένος, ὡς δὴ καὶ
αὐτὸν ἕνα τῶν δεσμωτῶν, προσποιησάμενος βούλεσθαι τἀμὰ δι´
ἐκείνου μαθεῖν. ἐπείσθη καὶ ἐδέξατο τὸν ἄνθρωπον. ἔμελλε δ´
ἐκεῖνος παρὰ τοῦ Θερσάνδρου δεδιδαγμένος τεχνικῶς πάνυ περὶ τῆς
Λευκίππης λόγον ἐμβαλεῖν, ὡς εἴη πεφονευμένη, τῆς Μελίτης συσκευασαμένης
τὸν φόνον. τὸ δὲ τέχνασμα ἦν τῷ Θερσάνδρῳ εὑρεθέν, ὡς ἂν ἀπογνοὺς
ἐγὼ μηκέτι ζῶσαν τὴν ἐρωμένην, κἂν τὴν δίκην φύγοιμι, μὴ πρὸς ζήτησιν
αὐτῆς ἔτι τραποίμην. προσέκειτο δὲ ἡ
Μελίτη τῷ φόνῳ, ἵνα μή, τετελευτηκέναι τὴν Λευκίππην δοκῶν, τὴν
Μελίτην γήμας ὡς ἂν ἐρῶσαν, αὐτοῦ μένοιμι κἀκ τούτου παρέχοιμί
τινα φόβον αὐτῷ τοῦ μὴ μετὰ ἀδείας Λευκίππην ἔχειν, ἀλλὰ μισήσας,
ὡς τὸ εἰκός, τὴν Μελίτην ὡς ἂν ἀποκτείνασάν μου τὴν ἐρωμένην,
ἀπαλλαγείην ἐκ τῆς πόλεως τὸ παράπαν.
| [7,1] En entendant ces paroles, Thersandre fut profondément
troublé; il était peiné, en colère,
et ne savait que faire. Il était en colère, à cause des insultes;
il était peiné parce qu'il avait échoué, et il ne savait
que faire parce qu'il était amoureux. Donc, l'âme déchirée,
il s'en alla sans rien répondre à Leucippé. Il s'en
alla sans doute en colère, mais il laissa ensuite à son
âme le temps de voir clair, après le coup qui l'avait
accablé; ayant pris conseil de Sosthénès, il alla trouver
le gardien en chef de la prison et lui demanda de
me supprimer en m'empoisonnant. Et, comme il ne
réussit pas à le persuader (car l'homme redoutait
l'autorité municipale; son prédécesseur dans ce poste
avait été reconnu coupable d'un empoisonnement de
cette nature et mis à mort), il lui adressa une autre prière :
c'était de mettre quelqu'un avec moi dans la cellule où
j'étais enfermé, en le présentant comme un autre prisonnier,
dans l'intention d'apprendre, par son intermédiaire,
la vérité sur moi. Le gardien y consentit et
laissa entrer l'homme. Celui-ci, minutieusement instruit
par Thersandre, devait me raconter une histoire au
sujet de Leucippé, me dire qu'elle avait été tuée et que
c'était Mélitté qui avait machiné son assassinat. Tout
ce complot avait été imaginé par Thersandre afin que,
croyant que ma bien-aimée n'était plus en vie, je ne tente
plus de la chercher, même au cas où je serais acquitté.
Il avait impliqué Mélitté dans le meurtre afin que,
m'imaginant qu'elle avait tué Leucippé, je ne l'épouse
pas, dans l'idée qu'elle m'aimait toujours, et que je ne
demeure pas à Ephèse, comme un perpétuel sujet d'inquiétude
qui l'empêcherait de posséder Leucippé en toute
tranquillité; je devais plutôt, pensait-il, prendre Mélitté
en haine, ce qui serait naturel, si je m'imaginais qu'elle
avait tué ma bien-aimée, et quitter la ville pour toujours.
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