[6,6] Ὁ δὲ Θέρσανδρος ἐμβαλών με εἰς τὸ δεσμωτήριον, ὡς εἶχεν
ὁρμῆς ἐπὶ τὴν Λευκίππην ἵεται. ὡς δὲ παρῆσαν ἐπὶ τὸ δωμάτιον,
καταλαμβάνουσιν αὐτὴν χαμαὶ κειμένην, ἐν νῷ καθεστηκυῖαν ὧν
ἔτυχεν ὁ Σωσθένης εἰπών, ἐμφαίνουσαν τοῖς προσώποις λύπην ὁμοῦ
καὶ δέος. ὁ γὰρ νοῦς οὔ μοι δοκεῖ λελέχθαι καλῶς ἀόρατος εἶναι
τὸ παράπαν· φαίνεται γὰρ ἀκριβῶς ὡς ἐν κατόπτρῳ τῷ προσώπῳ.
ἡσθείς τε γὰρ ἐξέλαμψε τοῖς ὀφθαλμοῖς εἰκόνα χαρᾶς καὶ ἀνιαθεὶς
συνέστειλε τὸ πρόσωπον εἰς τὴν ὄψιν τῆς συμφορᾶς.
ὡς οὖν ἤκουσεν ἡ Λευκίππη ἀνοιγομένων τῶν θυρῶν, ἦν δὲ ἔνδον λύχνος,
ἀνανεύσασα μικρὸν αὖθις τοὺς ὀφθαλμοὺς κατέβαλεν. ἰδὼν δὲ ὁ Θέρσανδρος
τὸ κάλλος ἐκ παραδρομῆς, ὡς ἁρπαζομένης ἀστραπῆς (μάλιστα γὰρ
ἐν τοῖς ὀφθαλμοῖς κάθηται τὸ κάλλος) ἀφῆκε τὴν ψυχὴν ἐπ´ αὐτὴν
καὶ εἱστήκει τῇ θέᾳ δεδεμένος, ἐπιτηρῶν πότε αὖθις ἀναβλέψει πρὸς
αὐτόν. ὡς δὲ ἔνευσεν εἰς τὴν γῆν, λέγει· "Τί κάτω βλέπεις, γύναι·
τί δέ σου τὸ κάλλος τῶν ὀφθαλμῶν εἰς γῆν καταρρεῖ· ἐπὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς
μᾶλλον ῥεέτω τοὺς ἐμούς."
| [6,6] Thersandre, après m'avoir jeté en prison, continua
immédiatement son chemin pour aller rejoindre Leucippé
au plus vite. Lorsqu'ils arrivèrent à sa cellule, ils la
trouvèrent étendue sur le sol, réfléchissant à ce que lui
avait dit Sosthénès, et son visage exprimait à la fois la
douleur et la crainte. A mon avis, l'on a tort de prétendre
que l'esprit est absolument invisible : car il
transparaît très exactement dans le miroir du visage.
Dans le plaisir, il fait briller dans les yeux l'image de la
joie, et dans le chagrin, il contracte le visage de telle
façon que l'on voit aussitôt son malheur. Donc, lorsque
Leucippé les entendit ouvrir la porte et que l'on eut
allumé une lampe dans la pièce, elle leva un instant la
tête et, aussitôt, baissa les yeux. Thersandre, en voyant
sa beauté, d'un seul coup d'oeil, aussi rapide qu'un éclair
— car la beauté réside principalement dans les yeux —
lui consacra toute son âme et demeura interdit à la
contempler, attendant le moment où elle regarderait
de nouveau. Mais, comme elle continuait à fixer le sol,
il dit : « Pourquoi baisses-tu les yeux, femme ? Pourquoi
répands-tu sur la terre la beauté de tes yeux ? Qu'elle
coule plutôt vers mes yeux à moi ! »
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