[6,22] Καὶ ἡ Λευκίππη εἶπεν· "Ἦ παρθένος, καὶ μετὰ Σωσθένην·
ἐπεὶ πυθοῦ Σωσθένους· οὗτος γὰρ ὄντως γέγονέ μοι λῃστής. ἐκεῖνοι
γὰρ ἦσαν ὑμῶν μετριώτεροι, καὶ οὐδεὶς αὐτῶν ἦν οὕτως ὑβριστής.
εἰ δὲ ὑμεῖς τοιαῦτα ποιεῖτε, ἀληθινὸν τοῦτο πειρατήριον. εἶτα οὐκ
αἰσχύνεσθε ποιοῦντες ἃ μὴ τετολμήκασιν οἱ λῃσταί· λανθάνεις δὲ
ἐγκώμιόν μοι διδοὺς πλεῖον διὰ ταύτης σου τῆς ἀναισχυντίας· καί τις
ἐρεῖ, κἂν νῦν μαινόμενος φονεύσῃς· ‘Λευκίππη παρθένος μετὰ
βουκόλους, παρθένος καὶ μετὰ Χαιρέαν, παρθένος καὶ μετὰ Σωσθένην.’
ἀλλὰ μέτρια ταῦτα· τὸ δὲ μεῖζον ἐγκώμιον· ‘Καὶ μετὰ Θέρσανδρον
παρθένος, τὸν καὶ λῃστῶν ἀσελγέστερον· ἂν ὑβρίσαι μὴ δυνηθῇ,
καὶ φονεύει.’ ὁπλίζου τοίνυν, ἤδη λάμβανε κατ´ ἐμοῦ τὰς μάστιγας,
τὸν τροχόν, τὸ πῦρ, τὸν σίδηρον· συστρατευέσθω δέ σοι καὶ ὁ σύμβουλος
Σωσθένης. ἐγὼ δὲ καὶ γυμνὴ καὶ μόνη καὶ γυνή, καὶ ἓν
ὅπλον ἔχω τὴν ἐλευθερίαν, ἣ μήτε πληγαῖς κατακόπτεται μήτε σιδήρῳ
κατατέμνεται μήτε πυρὶ κατακαίεται. οὐκ ἀφήσω ποτὲ ταύτην ἐγώ.
κἂν καταφλέγῃς, οὐχ οὕτως θερμὸν εὑρήσεις τὸ πῦρ."
| [6,22] Alors Leucippé répondit : « Si, je suis vierge, et
même après Sosthénès! Demande à Sosthénès. Car c'est
lui qui a été le véritable pirate pour moi. Eux, ils étaient
plus maîtres d'eux-mêmes que vous, et aucun d'eux
n'était aussi insolent que vous. Et si vous, vous agissez
de la sorte, le véritable repaire de brigands, c'est ici. Et
vous n'avez pas honte de faire ce que n'ont pas osé les
brigands ? Vous ne vous apercevez pas que vous me
faites le plus grand compliment en me traitant avec
cette impudence ? Car l'on dira, si vous me tuez maintenant,
dans votre folle rage : « Leucippé, vierge après les
bouviers, vierge encore après Chaeréas, et vierge encore
après Sosthénès! » Mais tout cela n'est rien; voici une
plus grande louange encore: «Même après Thersandre,
elle resta vierge, Thersandre, plus licencieux que les
brigands ; ce qu'il ne peut violer, il le tue ! » Arme donc
ta main, maintenant, prépare contre moi les fouets, la
roue, le feu, le fer; appelle au combat près de toi ton
conseiller Sosthénès; et moi, toute nue, toute seule,
moi, une femme, je n'ai qu'une seule arme : ma liberté!
que les coups ne briseront pas, que le fer ne tranchera
pas, que le feu ne brûlera pas. Jamais je ne vous la soumettrai,
et si tu me brûles, tu verras que le feu n'est pas aussi ardent qu'elle! »
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