HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre V

Chapitre 3

  Chapitre 3

[5,3] γὰρ Χαιρέας πρὸ πολλοῦ τῆς Λευκίππης ἐλάνθανεν ἐρῶν καὶ διὰ τοῦτο μεμηνύκει τὸ φάρμακον, ἅμα μὲν ἀφορμὴν οἰκειότητος ἑαυτῷ θηρώμενος, ἅμα δὲ καὶ ἑαυτῷ σώζων τὴν κόρην. εἰδὼς οὖν ἀμήχανον τὸ τυχεῖν, συντίθησιν ἐπιβουλήν, λῃστῶν ὁμοτέχνωνὄχλονσυγκροτήσας, ἅτε θαλάσσιος ὢν ἄνθρωπος, καὶ συνθέμενος αὐτοῖς δεῖ ποιεῖν, ἐπὶ ξενίαν ἡμᾶς εἰς τὴν Φάρον καλεῖ, σκηψάμενος γενεθλίων ἄγειν ἡμέραν. ὡς οὖν προήλθομεν τῶν θυρῶν, οἰωνὸς ἡμῖν γίνεται πονηρός· χελιδόνα κίρκος διώκων τὴν Λευκίππην εἰς τὴν κεφαλὴν πατάσσει τῷ πτερῷ. ταραχθεὶς οὖν ἐπὶ τούτῳ καὶ ἀνανεύσας εἰς οὐρανόν, " Ζεῦ, τί τοῦτο," ἔφην, "φαίνεις ἡμῖν τέρας; ἀλλ´ εἰ τῷ ὄντι σὸς ὄρνις οὗτος, ἄλλον ἡμῖν σαφέστερον δεῖξον οἰωνόν." μεταστραφεὶς οὖν (ἔτυχον γὰρ παρεστὼς ἐργαστηρίῳ ζωγράφου) γραφὴν ὁρῶ κειμένην, ἥτις ὑπῃνίττετο προσόμοιον· Φιλομήλας γὰρ εἶχε φθορὰν καὶ τὴν βίαν Τηρέως καὶ τῆς γλώττης τὴν τομήν. ἦν δὲ ὁλόκληρον τῇ γραφῇ τὸ διήγημα τοῦ δράματος, πέπλος, Τηρεύς, τράπεζα. τὸν πέπλον ἡπλωμένον εἱστήκει κρατοῦσα θεράπαινα· Φιλομήλα παρειστήκει καὶ ἐπετίθει τῷ πέπλῳ τὸν δάκτυλον καὶ ἐδείκνυε τῶν ὑφασμάτων τὰς γραφάς· Πρόκνη πρὸς τὴν δεῖξιν ἐνενεύκει καὶ δριμὺ ἔβλεπε καὶ ὠργίζετο τῇ γραφῇ· Θρᾲξ Τηρεὺς ἐνύφαντο Φιλομήλᾳ παλαίων πάλην Ἀφροδίσιον. ἐσπάρακτο τὰς κόμας γυνή, τὸ ζῶσμα ἐλέλυτο, τὸν χιτῶνα κατέρρηκτο, ἡμίγυμνος τὸ στέρνον ἦν, τὴν δεξιὰν ἐπὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς ἤρειδε τοῦ Τηρέως, τῇ λαιᾷ τὰ διερρωγότα τοῦ χιτῶνος ἐπὶ τοὺς μαζοὺς ἔκλειεν. 〈ἐνἀγκάλαις εἶχε τὴν Φιλομήλαν Τηρεύς, ἕλκων πρὸς ἑαυτὸν ὡς ἐνῆν τὸ σῶμα καὶ σφίγγων ἐν χρῷ τὴν συμπλοκήν. ὧδε μὲν τὴν τοῦ πέπλου γραφὴν ὕφηνεν ζωγράφος. τὸ δὲ λοιπὸν τῆς εἰκόνος, αἱ γυναῖκες ἐν κανῷ τὰ λείψανα τοῦ δείπνου τῷ Τηρεῖ δεικνύουσι, κεφαλὴν παιδίου καὶ χεῖρας· γελῶσι δὲ ἅμα καὶ φοβοῦνται. ἀναπηδῶν ἐκ τῆς κλίνης Τηρεὺς ἐγέγραπτο, καὶ ἕλκων τὸ ξίφος ἐπὶ τὰς γυναῖκας τὸ σκέλος ἤρειδεν ἐπὶ τὴν τράπεζαν· δὲ οὔτε ἕστηκεν οὔτε πέπτωκεν, ἀλλ´ ἐδείκνυε γραφὴν μέλλοντος πτώματος. [5,3] Chaeréas, depuis longtemps, était en secret amoureux de Leucippé et c'est pour cela qu'il nous avait révélé l'histoire de la drogue, cherchant ainsi à la fois une manière de devenir notre intime et désirant sauver la jeune fille pour lui-même. Voyant, donc, qu'il ne pouvait arriver à ses fins, il prépare un stratagème, et, pour cela, comme il était marin, il rassemble une bande de pirates, gens de mer aussi, et leur donne ses instructions sur ce qu'ils auraient à faire. Puis il nous invite à dîner à Pharos, prétextant que c'était l'anniversaire de sa naissance. Au moment où nous franchissions la porte, il se produisit un présage défavorable pour nous : un épervier poursuivant une hirondelle heurta de son aile Leucippé à la tête. Rempli de trouble par ce présage, je levai les yeux vers le ciel : « O Zeus, m'écriai-je, quel est ce présage que tu nous envoies ? Si cet oiseau et réellement envoyé par toi, donne-nous un autre signe plus clair. » Je me tournai (j'étais, par hasard, devant l'atelier d'un peintre) et vis un tableau exposé, dont la signification symbolique était la même : il représentait le rapt de Philomèle et son viol par Térée, ainsi que l'histoire de la langue coupée. Le déroulement du drame était entièrement exposé sur la peinture : le voile brodé, Térée et le repas. Une servante se tenait debout, tenant le voile plié; Philomèle était à côté d'elle, le doigt tendu vers le voile, et montrait les images brodées; Procné hochait la tête devant ce qu'elle lui montrait et jetait des regards terribles, remplie de rage par ce qu'elle voyait. Ce qui était brodé, c'était le Thrace Térée en train de lutter avec Philomèle pour la contraindre à l'amour. La jeune femme avait les cheveux en désordre, la ceinture dénouée, la tunique déchirée, sa poitrine était à moité nue, sa main droite cherchait à atteindre les yeux de Térée, de la gauche, elle ramenait sur ses seins des lambeaux de sa tunique. Térée tenait Philomèle dans ses bras, attirant son corps contre le sien autant qu'il le pouvait et sur le point de réaliser l'étreinte. Telle était l'image que le peintre avait représentée, brodée sur le voile. Sur le reste du tableau, les femmes montraient à Térée, dans une corbeille, les restes de son repas, la tête d'un petit enfant et ses mains; et elles riaient, et, en même temps, avaient peur. Térée était représenté bondissant du lit, tirant son épée contre les deux femmes, la jambe portant contre la table, et celle-ci n'était ni dans sa position normale ni à terre : elle avait l'équilibre instable d'un objet sur le point de tomber.


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Dernière mise à jour : 27/06/2006