HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre V

Chapitre 25

  Chapitre 25

[5,25] Ἦν δὲ πρὸς ἑσπέραν, καὶ ἔτυχε Θέρσανδρος ἐκ τῆς πρώτης ὀργῆς πρὸς ἑταῖρόν τινα τῶν ἐγχωρίων ἐκθορών. δὲ διαλεχθεῖσα τῷ τὴν φυλακὴν τὴν ἐμὴν πεπιστευμένῳ εἰσέρχεται πρός με λαθοῦσα τοὺς ἄλλους, θεράποντας δύο τοῦ δωματίου προκαθίσασα, καὶ καταλαμβάνει χαμαὶ καταβεβλημένον. παραστᾶσα οὖν πάντα ἤθελεν εἰπεῖν ὁμοῦ· τὸ σχῆμα τοῦ προσώπου τοσαῦτα εἶχεν, ὅσα εἰπεῖν ἤθελεν. " δυστυχὴς ἐγὼ καὶ ἐπὶ τῷ ἐμαυτῆς κακῷ τεθεαμένη σε, τὸ μὲν πρῶτον ἀτέλεστα ἐρασθεῖσα καὶ μετὰ πάσης ἀνοίας, καὶ μισουμένη τὸν μισοῦντα φιλῶ καὶ ὀδυνωμένη τὸν ὀδυνῶντα ἐλεῶ, καὶ οὐδὲ ὕβρις τὸν ἔρωτα παύει. ζεῦγος κατ´ ἐμοῦ γοήτων, ἀνδρὸς καὶ γυναικός. μὲν τοσοῦτόν μου χρόνον κατεγέλα, δὲ ἀπῆλθε κοιμοῦσά μοι φίλτρον. ἐγὼ δὲ κακοδαίμων ἠγνόουν αἰτοῦσα παρὰ τῶν ἐχθίστων κατ´ ἐμαυτῆς φάρμακον." καὶ ἅμα τὴν ἐπιστολὴν τῆς Λευκίππης μοι προσέρριψεν. ἰδὼν οὖν καὶ γνωρίσας ἔφριξα καὶ ἔβλεπον εἰς γῆν ὡς ἐληλεγμένος. δὲ ἐτραγῴδει πάλιν· "Οἴμοι δειλαία τῶν κακῶν· καὶ γὰρ τὸν ἄνδρα ἀπώλεσα διὰ σέ, οὔτε γὰρ ἂν ἔχοιμί σε τοῦ λοιποῦ χρόνου κἂν μέχρι τῶν ὀμμάτων τῶν κενῶν, ἐπεὶ μὴ δεδύνησαι τούτων πλέον. οἶδα ὅτι ἀνήρ με μισεῖ καὶ μοιχείαν κατέγνωκεν ἐπὶ σοί, μοιχείαν ἄκαρπον, μοιχείαν ἀναφρόδιτον, ἧς μόνον τὴν λοιδορίαν κεκέρδακα. αἱ μὲν γὰρ ἄλλαι γυναῖκες μισθὸν τῆς αἰσχύνης ἔχουσι τὴν τῆς ἐπιθυμίας ἡδονήν, ἐγὼ δὲ δυστυχὴς τὴν μὲν αἰσχύνην ἐκαρπωσάμην, τὸ δὲ τῆς ἡδονῆς οὐδαμοῦ. ἄπιστε καὶ βάρβαρε, ἐτόλμησας οὕτως ἐρῶσαν γυναῖκα κατατῆξαι, καὶ ταῦτα Ἔρωτος καὶ σὺ δοῦλος ὤν; οὐκ ἐφοβήθης αὐτοῦ τὰ μηνίματα; οὐκ ᾐδέσθης αὐτοῦ τὸ πῦρ; οὐκ ἐτίμησας αὐτοῦ τὰ μυστήρια; οὐ κατέκλασέ σε ταῦτα τὰ ὄμματα δακρύοντα; καὶ λῃστῶν ἀγριώτερε· δάκρυα γὰρ καὶ λῃστὴς αἰσχύνεται. οὐδέν σε ἠρέθισεν εἰς Ἀφροδίτην κἂν μίαν, οὐ δέησις, οὐ χρόνος, οὐχ τῶν σωμάτων συμπλοκή, ἀλλά, τὸ πάντων ὑβριστικώτατον, προσαπτόμενος, καταφιλῶν, οὕτως ἀνέστης ὡς ἄλλη γυνή. τίς αὕτη τῶν γάμων σκιά; οὐ μὲν δὴ γεγηρακυίᾳ συνεκάθευδες, οὐδὲ ἀποστρεφομένῃ σου τὰς περιπλοκάς, ἀλλὰ καὶ νέᾳ καὶ φιλούσῃ, εἴποι δ´ ἂν ἄλλος ὅτι καὶ καλῇ. εὐνοῦχε καὶ ἀνδρόγυνε καὶ κάλλους βάσκανε, ἐπαρῶμαί σοι δικαιοτάτην ἀράν· οὕτως σε ἀμύναιτο Ἔρως εἰς τὰ σά." ταῦτα ἔλεγε, καὶ ἅμα ἔκλαεν. [5,25] Le soir était venu, et Thersandre, dans le premier élan de sa colère, s'était réfugié chez un ami, qui habitait au voisinage. Mélitté parlementa avec l'homme qui avait été commis à ma garde et me rejoignit à l'insu de tous, plaçant deux serviteurs devant la porte de la pièce. Elle me trouva étendu à terre. Debout à côté de moi, elle voulait tout exprimer à la fois; l'expression de son visage disait tout ce qu'elle désirait me dire : « Infortunée que je suis, moi qui ne t'ai vu que pour mon malheur! qui, d'abord, t'ai aimé d'un amour sans espoir, d'un amour absurde; moi que l'on hait, et qui aime celui qui me hait; moi que l'on a blessée, et qui ai pitié de celui qui m'a blessée. Même les insultes ne mettent pas fin à mon amour! O couple de magiciens, homme et femme, associés pour ma perte! Lui, depuis si longtemps, se moque de moi; et l'autre est partie pour me chercher un philtre d'amour. Et moi, pauvre de moi, je ne savais pas que je demandais à mes pires ennemis un philtre contre moi-même! » En même temps, elle me jeta la lettre de Leucippé. En la voyant et en la reconnaissant, j'eus un frisson, et je baissai les yeux comme un coupable pris en faute. Et elle continuait sa scène : « Hélas, hélas, quels sont mes malheurs ! J'ai perdu mon mari à cause de toi; et je ne pourrai plus, désormais, jouir de toi, même si je n'en jouis que des yeux, puisque tu n'as pas pu me donner davantage. Je sais que mon mari me hait et m'accuse d'adultère à cause de toi — adultère stérile, adultère sans jouissance, dont je n'ai tiré que des insultes! Les autres femmes ont, en compensation de leur honte, le plaisir de satisfaire leur désir; mais moi, je n'ai pas de chance, et je ne cueille que la honte, mais le plaisir, jamais. Parjure, barbare, tu as eu le courage de voir se consumer une femme qui t'aimait tant, et cela, alors que tu étais toi-même esclave de l'Amour ? Tu n'as pas craint le ressentiment du dieu ? Tu n'as pas redouté son feu ? Tu n'as pas eu de respect pour ses mystères ? Les larmes de ces yeux n'ont donc pas pu te fléchir ? Oh, plus cruel que les pirates ! Même un pirate se laisse émouvoir par des larmes; mais toi, rien n'a pu te provoquer à désirer le plaisir, même une fois, ni les prières, ni le temps, ni la proximité de nos corps embrassés ? Mais, ce qui est pour moi la pire insulte, tu m'as caressée, tu m'as embrassée, et tu t'es levé ensuite, comme si tu avais été avec une autre femme. Quel est ce simulacre de mariage ? Mais ce n'était pas avec une vieille que tu dormais, ni avec une femme qui repoussait tes embrassements, tu étais avec une femme jeune, amoureuse, et quelqu'un d'autre que moi pourrait même dire, belle. Eunuque, homme-femme, toi qui jettes le mauvais oeil à la beauté, je te maudis de la plus méritée des malédictions : que l'Amour te traite comme tu m'as traitée. » Et, tout en parlant, elle fondait en larmes.


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Dernière mise à jour : 27/06/2006