[5,19] Τούτοις ἐντυχὼν πάντα ἐγινόμην ὁμοῦ· ἀνεφλεγόμην, ὠχρίων,
ἐθαύμαζον, ἠπίστουν, ἔχαιρον, ἠχθόμην.
λέγω οὖν πρὸς τὸν Σάτυρον· "Πότερον ἐξ Ἅιδου ἥκεις φέρων τὴν ἐπιστολήν,
ἢ τί ταῦτα θέλει; Λευκίππη πάλιν ἀνεβίω;" "Μάλιστα," ἔφη, "καὶ ἔστιν ἣν
εἶδες ἐν τοῖς ἀγροῖς. καὶ τότε μὲν οὖν οὐδ´ ἂν ἄλλος αὐτὴν ἰδὼν
γνωρίσειεν, ἔφηβον οὕτω γενομένην· τοῦτο γὰρ ἡ τῶν τριχῶν αὐτῆς
κουρὰ μόνον ἐνήλλαξεν."
"Εἶτα ἕστηκας," ἔφην, "ἐπὶ τηλικούτοις ἀγαθοῖς καὶ μέχρι τῶν ὤτων μόνον εὐφραίνεις,
ἀλλ´ οὐ δεικνύεις καὶ τοῖς ὄμμασι τἀγαθά;" "Μὴ σύ γε," εἶπεν ὁ Σάτυρος· "ἀλλ´ ἐνεὸς
κάτασχε, μὴ πάντας ἀπολέσῃς, ἕως περὶ τούτων ἀσφαλέστερον βουλευσώμεθα.
γυναῖκα ὁρᾷς πρώτην Ἐφεσίων μαινομένην ἐπὶ σοί,
ἡμᾶς δὲ ἐρήμους ἐν μέσαις ἄρκυσιν." "Ἀλλ´ οὐ δύναμαι," ἔφην·
"ἐπέρχεται γὰρ διὰ πασῶν τῶν τοῦ σώματος ὁδῶν ἡ χαρά.
ἀλλ´ ἰδού μοι διὰ τῶν γραμμάτων ἐγκαλεῖ." καὶ ἅμα αὖθις ἐντυγχάνων
τοῖς γράμμασιν, ὡς ἐκείνην δι´ αὐτῶν βλέπων, καὶ ἀναγινώσκων
καθ´ ἓν ἔλεγον· "Δίκαια ἐγκαλεῖς, φιλτάτη. πάντα δι´ ἐμὲ ἔπαθες·
πολλῶν σοι γέγονα κακῶν αἴτιος."
ὡς δὲ εἰς τὰς μάστιγας καὶ εἰς τὰς βασάνους ἐγενόμην, ἃς ὁ Σωσθένης αὐτῇ
παρετρίψατο, ἔκλαον ὥσπερ αὐτὰς τὰς βασάνους βλέπων αὐτῆς· ὁ γὰρ λογισμός,
πέμπων τῆς ψυχῆς τὰ ὄμματα πρὸς τὴν ἀπαγγελίαν τῶν γραμμάτων,
ἐδείκνυ τὰ ὁρώμενα ὡς δρώμενα. πάνυ δὲ ἠρυθρίων ἐφ´ οἷς μοι
τὸν γάμον ὠνείδιζεν, ὥσπερ ἐπ´ αὐτοφώρῳ μοιχὸς κατειλημμένος.
οὕτως ᾐσχυνόμην καὶ τὰ γράμματα.
| [5,19] En lisant ces mots, j'éprouvai tous les sentiments
à la fois : j'étais embrasé, pâle, plein d'étonnement,
d'incrédulité, de joie, de chagrin. Enfin je dis à Satyros :
« Est-ce que tu reviens des Enfers pour m'apporter
cette lettre ? Qu'est-ce que cela signifie ? Leucippé est-elle
ressuscitée ? — Précisément, dit-il, c'est la femme que
tu as vue aux champs. A ce moment-là personne, en la
voyant, ne pouvait la reconnaître car elle avait l'air
d'un garçon : à lui seul, le fait qu'elle se fût coupé les
cheveux avait produit tout ce changement. — Et tu
es resté sans rien faire, dis-je, devant de si bonnes
nouvelles, tu ne donnes qu'à mes oreilles des raisons
de se réjouir, tu ne montres pas à mes yeux aussi leur
bonheur ? Doucement, répondit Satyros; garde ton
sang-froid, pour ne pas causer notre perte à tous, jusqu'à
ce que nous ayons réfléchi à tout cela, et trouvé
une solution sûre. Tu as là une femme des plus importantes
d'Éphèse, qui est folle de toi, tandis que nous,
nous sommes sans personne, et au milieu du filet!
Mais c'est impossible! La joie pénètre par toutes les
veines de mon corps. Tiens, dans sa lettre, elle m'adresse
des reproches! » Et, ce disant, je relisais sa lettre comme
si je la voyais à travers les mots, et à chaque phrase, je
m'écriais : « Tes reproches sont justes, ma chérie!
Et tu as souffert tout cela par ma faute; j'ai été pour toi
la cause de bien des maux! » Lorsque j'en vins aux coups
de fouet et aux tortures que lui avait infligées Sosthénès,
je pleurai comme si j'avais eu sous les yeux ces supplices
eux-mêmes; car la réflexion fixait les yeux de mon âme
sur les choses que racontait cette lettre et me montrait
ce que je voyais comme si cela avait été réellement en
train de se produire. Je rougissais vivement aux
reproches qu'elle me faisait au sujet de mon mariage,
comme si j'avais été pris en flagrant délit d'adultère.
Tel était le sentiment de honte que j'éprouvais en lisant la lettre.
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