[4,19] Εἶδον δὲ καὶ ἄλλο θηρίον τοῦ Νείλου, ὑπὲρ τὸν ἵππον τὸν
ποτάμιον εἰς ἀλκὴν ἐπαινούμενον· κροκόδειλος δὲ ὄνομα ἦν αὐτῷ.
παρήλλακτο δὲ καὶ τὴν μορφὴν εἰς ἰχθὺν ὁμοῦ καὶ θηρίον. μέγας
μὲν γὰρ ἐκ κεφαλῆς εἰς οὐράν, τὸ δὲ εὖρος τοῦ μεγέθους οὐ κατὰ λόγον.
δορὰ μὲν φολίσι ῥυσή· πετραία δὲ τῶν νώτων ἡ χροιὰ καὶ
μέλαινα· ἡ γαστὴρ δὲ λευκή. πόδες τέτταρες, εἰς τὸ πλάγιον ἠρέμα
κυρτούμενοι, καθάπερ χερσαία χελώνη· οὐρὰ μακρὰ καὶ παχεῖα καὶ
ἐοικυῖα στερεῷ σώματι.
οὐ γὰρ ὡς τοῖς ἄλλοις περίκειται θηρίοις,
ἀλλ´ ἔστι τῆς ῥάχεως ἑνὸς ὀστοῦ τελευτὴ καὶ μέρος αὐτοῦ τῶν ὅλων.
ἐντέτμηται δὲ ἄνωθεν εἰς ἀκάνθας ἀναιδεῖς, οἷαι τῶν πριόνων εἰσὶν
αἱ αἰχμαί.
αὕτη δὲ αὐτῷ καὶ μάστιξ ἐπὶ τῆς ἄγρας γίνεται·
τύπτει γὰρ αὐτῇ πρὸς οὓς ἂν διαπαλαίῃ καὶ πολλὰ ποιεῖ τραύματα
πληγῇ μιᾷ. κεφαλὴ δὲ αὐτῷ τοῖς νώτοις συνυφαίνεται καὶ εἰς μίαν
στάθμην ἰθύνεται, ἔκλεψε γὰρ αὐτοῦ τὴν δειρὴν ἡ φύσις· ἔστι δὲ
τοῦ λοιποῦ βλοσυρωτέρα σώματος καὶ ἐπὶ πλέον ἐπὶ τὰς γένυς ἐκτεί νεται
καὶ ἀνοίγεται πᾶσα.
τὸν μὲν γὰρ ἄλλον χρόνον, παρ´ ὅσον οὐ κέχηνε τὸ θηρίον, ἔστι κεφαλή·
ὅταν δὲ χάνῃ πρὸς τὰς ἄγρας, ὅλον στόμα γίνεται. ἀνοίγει δὲ τὴν γένυν τὴν ἄνω,
τὴν δὲ κάτω στερεὰν ἔχει· καὶ ἀπόστασίς ἐστι πολλή, καὶ μέχρι τῶν ὤμων τὸ
χάσμα, καὶ εὐθὺς ἡ γαστήρ.
ὀδόντες δὲ πολλοὶ καὶ ἐπὶ πλεῖστον τεταμένοι· φασὶ δὲ ὅτι τὸν ἀριθμὸν
τυγχάνουσιν, ὅσας ὁ θεὸς εἰς ὅλον ἔτος ἀναλάμπει τὰς ἡμέρας.
τοσοῦτον ἔργον αἱρεῖ τῶν γενύων πεδίον. ἂν δὲ ἐκπεράσῃ πρὸς τὴν γῆν,
ὅσον ἔχει δυνάμεως ἀπιστήσεις, ἰδὼν τὴν τοῦ σώματος ὁλκήν.
| [4,19] Je vis aussi un autre animal de la faune du Nil,
encore plus célèbre pour sa force que l'hippopotame;
on l'appelle le crocodile. Il tient à la fois, pour la forme,
d'un poisson et d'un animal terrestre, car il est très long,
de la tête à la queue, mais sa largeur n'est pas en proportion
de sa longueur. Sa peau est rendue rugueuse par
des écailles. Le cuir de son dos est comme de la pierre,
et noir; son ventre est blanc; il a quatre pattes, légèrement
incurvées et obliques, comme celles de la tortue
de terre; sa queue est longue, épaisse, et pareille au reste
de son corps. Elle n'est pas ajoutée, comme chez les
autres animaux, mais elle ne fait qu'un avec l'os de
son épine dorsale, qu'elle termine, et en constitue une
partie intégrante. Elle forme, en haut, des épines
cruelles, comme des dents de scie; le crocodile s'en sert
comme d'un fouet contre sa proie, il en frappe l'adversaire
avec lequel il lutte et, d'un seul coup, inflige
plusieurs blessures. Sa tête commence immédiatement à
ses épaules et forme avec elles une ligne droite ininterrompue,
car la nature lui a refusé un cou. Mais ses yeux
sont plus effrayants que tout le reste, et, le plus souvent,
il tient la mâchoire tendue et la gueule grande ouverte.
Le reste du temps, quand il n'a pas la gueule ouverte,
il n'est que tête, mais lorsqu'il ouvre la gueule pour
saisir une proie, alors, il n'est plus que bouche. Il ouvre
la mâchoire supérieure, mais tient celle du bas immobile;
l'ouverture ainsi formée est énorme, béante jusqu'aux
épaules, et, tout de suite, commence le ventre. Ses dents
sont nombreuses et disposées sur plusieurs rangées;
et l'on dit qu'elles sont en nombre égal à celui que le
dieu a fixé pour les jours d'une année entière. Quelle
moisson lève sur le champ de ses mâchoires ! Lorsqu'il
vient sur le rivage, on ne saurait croire quelle force il a,
en voyant la façon dont il traîne son corps.
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