Texte grec :
[2,4] Κοινοῦμαι δὴ τῷ Σατύρῳ τὸ πᾶν καὶ συμπράττειν ἠξίουν· ὁ
δὲ ἔλεγε καὶ αὐτὸς μὲν ἐγνωκέναι πρὶν παρ´ ἐμοῦ μαθεῖν, ὀκνεῖν δὲ
ἐλέγχειν βουλόμενον λανθάνειν. ὁ γὰρ μετὰ κλοπῆς ἐρῶν ἂν ἐλεγχθῇ
πρός τινος, ὡς ὀνειδίζοντα τὸν ἐλέγξαντα μισεῖ.
"Ἤδη δέ," ἔφη, "καὶ τὸ αὐτόματον ἡμῶν προὐνόησεν. ἡ γὰρ τὸν θάλαμον
αὐτῆς πεπιστευμένη Κλειὼ κεκοινώνηκέ μοι καὶ ἔχει πρός με ὡς ἐραστήν.
ταύτην παρασκευάσω κατὰ μικρὸν πρὸς ἡμᾶς οὕτως ἔχειν, ὡς καὶ
συναίρεσθαι πρὸς τὸ ἔργον. δεῖ δέ σε καὶ τὴν κόρην μὴ μέχρι
τῶν ὀφθαλμῶν πειρᾶν, ἀλλὰ καὶ ῥῆμα δριμύτερον εἰπεῖν. τότε δὲ
πρόσαγε τὴν δευτέραν μηχανήν. θίγε χειρός, θλῖψον δάκτυλον,
θλίβων στέναξον. ἢν δὲ ταῦτά σου ποιοῦντος καρτερῇ καὶ προσίηται,
σὸν ἔργον ἤδη δέσποινάν τε καλεῖν καὶ φιλῆσαι τράχηλον." "Πιθανῶς
μέν," ἔφην, "νὴ τὴν Ἀθηνᾶν, ἐς τὸ ἔργον παιδοτριβεῖς· δέδοικα δὲ
μὴ ἄτολμος ὢν καὶ δειλὸς ἔρωτος ἀθλητὴς γένωμαι."
"Ἔρως, ὦ γενναῖε," ἔφη, "δειλίας οὐκ ἀνέχεται. ὁρᾷς αὐτοῦ τὸ σχῆμα ὡς ἔστι
στρατιωτικόν· τόξα καὶ φαρέτρα καὶ βέλη καὶ πῦρ, ἀνδρεῖα πάντα
καὶ τόλμης γέμοντα. τοιοῦτον οὖν ἐν σεαυτῷ θεὸν ἔχων δειλὸς εἶ
καὶ φοβῇ; ὅρα μὴ καταψεύδῃ τοῦ θεοῦ. ἀρχὴν δὲ ἐγώ σοι παρέξω.
τὴν Κλειὼ γὰρ ἀπάξω μάλιστα ὅταν ἐπιτήδειον ἴδω καιρὸν τοῦ σε
τῇ παρθένῳ δύνασθαι καθ´ αὑτὸν συνεῖναι μόνῃ."
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Traduction française :
[2,4] Enfin j'eus recours à Satyrus, et je le priai d'employer quelque
heureux stratagème pour hâter l'accomplissement de mes désirs.
« La fortune vous protège, me dit-il, car Clio, qui est la fille de chambre
de votre maîtresse, vit en bonne intelligence avec moi. J'arrangerai
si bien les choses, qu'elle vous prêtera son entremise pour
conclure promptement l'affaire. Mais ce n'est pas assez de confier à
vos yeux le soin de sonder la volonté de Leucippe ; il faut parler
clairement et faire jouer quelque autre machine qui vise plus droit
au but. Prenez-lui la main, serrez-lui les doigts, et soupirez en les
serrant. Si vous apercevez qu'elle souffre ces petites façons
sans mépris et sans colère, osez lui toucher le cou, le flatter, le baiser...
- Mon cher Satyrus, répliquai-je, tes conseils sont charmants.
Ils s'accordent avec mes voeux les plus doux ; mais je suis
si neuf et si simple ! je tremble d'être un mauvais soldat dans la
milice de l'Amour.
- Seigneur, reprit Satyrus, Cupidon ne souffre point de lâcheté
dans son empire. Ne voyez-vous pas que toute sa parure est guerrière ?
son flambeau, son carquois, ses flèches, ses dards annoncent
sa vigueur et son courage. Plein d'un dieu si vif, vous laisserez-vous
abattre par une frayeur ridicule ; languirez-vous dans un
engourdissement indigne de votre jeunesse ? Prenez-y garde, ce serait
avoir pris à tort le glorieux titre d'amant. Je vais commencer à travailler
pour vous. J'épierai l'instant où vous pourrez vous entretenir
avec Leucippe, sans craindre des témoins indiscrets. Clio et moi,
nous nous tiendrons à l'écart. »
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