Texte grec :
[2,6] Ταῦτα διαλεγόμενος ἔλαθον ἐπιστὰς ἀπροοράτως τῇ κόρῃ καὶ
ὠχρίασά τε ἰδὼν ἐξαίφνης, εἶτ´ ἐφοινίχθην. μόνη δ´ ἦν καὶ οὐδὲ ἡ
Κλειὼ συμπαρῆν. ὅμως οὖν, ὡς ἂν τεθορυβημένος οὐκ ἔχων τί εἴπω,
"Χαῖρε," ἔφην, "δέσποινα." ἡ δὲ μειδιάσασα γλυκὺ καὶ ἐμφανίσασα διὰ
τοῦ γέλωτος, ὅτι συνῆκε πῶς εἶπον τὸ ‘Χαῖρε, δέσποινα,’
εἶπεν· "Ἐγὼ σή; μὴ τοῦτο εἴπῃς." "Καὶ μὴν πέπρακέ μέ τίς σοι
θεῶν ὥσπερ τὸν Ἡρακλέα τῇ Ὀμφάλῃ." "Τὸν Ἑρμῆν λέγεις;
τούτῳ τὴν πρᾶσιν ἐκέλευσεν ὁ Ζεύς," καὶ ἅμα ἐγέλασε. "Ποῖον
Ἑρμῆν; τί ληρεῖς," εἶπον, "εἰδυῖα σαφῶς ὃ λέγω;" ὡς δὲ περιέπλεκον
λόγους ἐκ λόγων, τὸ αὐτόματόν μοι συνήργησεν.
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Traduction française :
[2,6] J'exhalais ainsi mes inquiétudes dans notre jardin, lorsque je
rencontrai Leucippe. D'abord, je pâlis à son aspect. Un moment
ensuite, mon visage se couvrit d'une prompte rougeur. Elle était seule,
car Clio s'était éloignée. Mon trouble était si grand que je ne
savais par où débuter, ni quel compliment faire à Leucippe. Mon esprit
ne me fournissait rien. Enfin je me hasardai à la saluer, en l'appelant
ma maîtresse. « Moi, votre maîtresse ! me dit-elle avec un sourire
agréable, qui témoignait que ses beaux yeux lisaient dans le fond de
mon âme ; ce titre ne m'appartient pas. Quelque dieu vous aurait-il
vendu pour esclave à Leucippe, comme autrefois Hercule à la reine
Omphale ?
- Vous l'avez deviné, répliquai-je ; c'est Mercure qui vous vend ma
liberté, car Jupiter lui a confié la vente des coeurs que l'Amour blesse.
- Quel est ce Mercure ? interrompit-elle en recommençant à rire.
Je ne le connais pas encore.
- Cessez de badiner, poursuivis-je, vous m'avez entendu. »
Pendant que je traînais la conversation en longueur, et que je
m'embarrassais dans mes discours sans oser m'expliquer
ouvertement, un coup du hasard vint me secourir.
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