Texte grec :
[2,2] Καὶ ἄρτι πέπαυτο τῶν κιθαρισμάτων, καὶ πάλιν δείπνου καιρὸς
ἦν. ἦν γὰρ ἑορτὴ προτρυγαίου Διονύσου τότε. τὸν γὰρ Διόνυσον
Τύριοι νομίζουσιν ἑαυτῶν, ἐπεὶ καὶ τὸν Κάδμου μῦθον ᾄδουσι.
καὶ τῆς ἑορτῆς διηγοῦνται πατέρα μῦθον, οἶνον οὐκ εἶναί ποτε παρ´
ἀνθρώποις ὅπου μήπω παρ´ αὐτοῖς, οὐ τὸν μέλανα τὸν ἀνθοσμίαν,
οὐ τὸν τῆς Βιβλίας ἀμπέλου, οὐ τὸν Μάρωνος τὸν Θρᾴκιον, οὐ Χῖον
ἐκ Λακαίνης, οὐ τὸν Ἰκάρου τὸν νησιώτην, ἀλλὰ τούτους μὲν ἅπαντας
ἀποίκους εἶναι Τυρίων οἴνων, τὴν δὲ πρώτην παρ´ αὐτοῖς φῦναι
τῶν οἴνων μητέρα. εἶναι γὰρ ἐκεῖ τινα φιλόξενον ποιμένα, οἷον
Ἀθηναῖοι τὸν Ἰκάριον λέγουσι, καὶ τοῦτον ἐνταῦθα τοῦ μύθου γενέσθαι
πατέρα, ὅσον Ἀττικὸν εἶναι δοκεῖν. ἐπὶ τοῦτον ἧκεν ὁ Διόνυσος
τὸν βουκόλον· ὁ δὲ αὐτῷ παρατίθησιν ὅσα γῆ τρέφει καὶ μαζοὶ βοῶν.
ποτὸν δὲ ἦν παρ´ αὐτοῖς οἷον καὶ ὁ βοῦς ἔπινεν· οὔπω γὰρ τὸ
ἀμπέλινον ἦν. καὶ ὁ Διόνυσος ἐπαινεῖ τῆς φιλοφροσύνης τὸν
ποιμένα καὶ αὐτῷ προτείνει κύλικα φιλοτησίαν. τὸ δὲ ποτὸν οἶνος
ἦν. ὁ δὲ πιὼν ὑφ´ ἡδονῆς βακχεύεται καὶ λέγει πρὸς τὸν θεόν·
"Πόθεν, ὦ ξένε, σοὶ τὸ ὕδωρ τοῦτο τὸ πορφυροῦν; πόθεν οὕτως
εὗρες αἷμα γλυκύ; οὐ γάρ ἐστιν ἐκεῖνο τὸ χαμαὶ ῥέον.
τὸ μὲν γὰρ ἐς τὰ στέρνα καταβαίνει καὶ λεπτὴν ἔχει τὴν ἡδονήν, τοῦτο δὲ
καὶ πρὸ τοῦ στόματος τὰς ῥῖνας εὐφραίνει καὶ θιγόντι μὲν ψυχρόν
ἐστιν, εἰς τὴν γαστέρα δὲ καταθορὸν ἀναπνεῖ κάτωθεν ἡδονῆς πῦρ."
καὶ ὁ Διόνυσος ἔφη· "Τοῦτό ἐστιν ὀπώρας ὕδωρ, τοῦτό ἐστιν αἷμα βότρυος."
ἄγει πρὸς τὴν ἄμπελον ὁ θεὸς τὸν βουκόλον, καὶ τῶν
βοτρύων λαβὼν ἅμα καὶ θλίβων καὶ δεικνὺς τὴν ἄμπελον, "Τοῦτο
μέν ἐστιν," ἔφη, "τὸ ὕδωρ, τοῦτο δὲ ἡ πηγή." ὁ μὲν οὖν οἶνος
οὕτως ἐς ἀνθρώπους παρῆλθεν, ὡς ὁ Τυρίων λόγος.
|
|
Traduction française :
[2,2] Lorsqu'il fut temps de souper, mon père fit servir un festin
magnifique en l'honneur de Bacchus, surnommé le Vendangeur,
dont alors on célébrait la fête. Les Tyriens le tiennent pour un de
leurs dieux tutélaires, fondés sur ce qu'il descend de leur nation par
Cadmus. Cette solennité forme l'un des principaux articles
du culte qu'ils lui rendent, et voici quelle en est l'origine. Ils disent
que dans les premiers âges du monde, le vin était
inconnu aux mortels ; que cette liqueur précieuse prit naissance
dans leur pays ; qu'il s'y trouva un pasteur qui observait
religieusement les droits de l'hospitalité, homme doux, affable
et tel qu'un certain Icare, dont les Athéniens racontent à peu
près la même chose ; qu'un jour il présenta toutes sortes de fruits
à Bacchus, qui s'était retiré dans sa maison, mais qu'il
ne lui offrit que le breuvage insipide que la nature verse sans distinction
pour les hommes et pour les animaux ; que le dieu, content
de l'humanité de son hôte, lui donna du vin pour marque de sa
bienveillance ; que le berger, charmé d'un nectar si délicieux, tressaillit
de plaisir, et, se tournant vers Bacchus : « D'où vient cette eau
pourprée ? s'écria-t-il d'un air simple. Ou plutôt, en quel lieu du
monde trouve-t-on ce sang qui flatte le goût avec tant de douceur?
Car ceci ne ressemble point à la boisson que les ruisseaux et les
fontaines nous fournissent, boisson sans agrément qui ne
fait qu'apaiser notre soif, au lieu que celle-ci parfume l'odorat,
embaume la bouche, et, quoique froide en apparence,
porte une chaleur voluptueuse jusqu'au fond du sein. »
On ajoute qu'à ces mots Bacchus mena le pasteur dans un endroit
planté de vignes, qu'il prit du raisin, et, qu'en ayant exprimé
le jus: « Voilà, dit-il, d'où sort cette eau divine ; voilà d'où vient
ce sang merveilleux : les fruits que tu vois en sont la source. »
C'est ainsi que l'art de faire du vin fut enseigné aux hommes, si l'on
en croit le peuple de Tyr.
|
|