Texte grec :
[2,18] Πρὸ δὲ τῆς πανηγύρεως, ἣν ὁ Καλλισθένης προσεδόκα,
γίνεται δὴ τὰ τοῦ ἀετοῦ καὶ τῶν μάντεων· καὶ εἰς τὴν ὑστεραίαν
παρεσκευαζόμεθα νύκτωρ ὡς θυσόμενοι τῷ θεῷ. τούτων δὲ τὸν
Ζήνωνα ἐλάνθανεν οὐδέν· ἀλλ´ ἐπειδὴ καιρὸς ἦν βαθείας ἑσπέρας,
ἡμεῖς μὲν προήλθομεν, ὁ δὲ εἵπετο. ἄρτι δὲ γενομένων ἡμῶν ἐπὶ
τῷ χείλει τῆς θαλάσσης, ὁ μὲν τὸ συγκείμενον ἀνέτεινε σημεῖον, ὁ
δὲ λέμβος ἐξαίφνης προσέπλει, καὶ ἐπεὶ πλησίον ἐγένετο, ἦσαν ἐν
αὐτῷ νεανίσκοι δέκα. ὀκτὼ δὲ ἑτέρους ἐπὶ τῆς γῆς εἶχον προλοχίσαντες,
οἳ γυναικείας μὲν εἶχον ἐσθῆτας καὶ τῶν γενείων ἐψίλωντο
τὰς τρίχας· ἔφερον δὲ ἕκαστος ὑπὸ κόλπῳ ξίφος, ἐκόμιζον
δὲ καὶ αὐτοὶ θυσίαν, ὡς ἂν ἥκιστα ὑποπτευθεῖεν· ἡμεῖς δὲ ᾠόμεθα
γυναῖκας εἶναι. ἐπεὶ δὲ συνετίθεμεν τὴν πυράν, ἐξαίφνης βοῶντες
συντρέχουσι καὶ τὰς μὲν δᾷδας ἡμῶν ἀποσβεννύουσι, φευγόντων δὲ
ἀτάκτως ὑπὸ τῆς ἐκπλήξεως, τὰ ξίφη γυμνώσαντες ἁρπάζουσι τὴν
ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν καὶ ἐνθέμενοι τῷ σκάφει, ἐμβάντες εὐθὺς ὄρνιθος
δίκην ἀφίπτανται. ἡμῶν δὲ οἱ μὲν ἔφευγον, οὐδὲν οὔτε εἰδότες
οὔτε ἑωρακότες, οἱ δὲ ἅμα τε εἶδον καὶ ἐβόων· "Λῃσταὶ Καλλιγόνην
ἔχουσι." τὸ δὲ πλοῖον ἤδη μέσην ἐπέραινε τὴν θάλασσαν. ὡς δὲ
τοῖς Σαράπτοις προσέσχον, πόρρωθεν ὁ Καλλισθένης τὸ σημεῖον
ἰδὼν ὑπήντησεν ἐπιπλεύσας καὶ δέχεται μὲν τὴν κόρην, πλεῖ δὲ
εὐθὺς πελάγιος. ἐγὼ δὲ ἀνέπνευσα μὲν οὕτω διαλυθέντων μοι
παραδόξως τῶν γάμων, ἠχθόμην δὲ ὅμως ὑπὲρ ἀδελφῆς περιπεσούσης
τοιαύτῃ συμφορᾷ.
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Traduction française :
[2,18] D'un autre côté, mon père, se trouvant prêt à célébrer le sacrifice
que les augures lui avaient recommandé d'offrir à Jupiter l'Hospitalier,
toute notre famille se rendit avec lui sur le rivage.
Zénon, qui en fut informé, fit approcher sa barque. Elle était montée
de dix hommes forts, munis d'armes avantageuses, et disposés à tout
entreprendre. Huit autres, embusqués sur terre, nous attendaient dans
un équipage bien différent : ils étaient déguisés en femmes ; sous cet
habillement paisible, chacun d'eux portait une épée. Ceux-ci se
joignirent à nous dès qu'ils nous aperçurent. Pour écarter tout
soupçon, ils conduisaient devant eux quelques victimes. Nous crûmes
effectivement que c'étaient des femmes pieuses de la ville
ou des environs, qui, sur le bruit que nous devions offrir au maître
du monde un pompeux sacrifice, venaient mêler leurs voeux aux nôtres.
A peine eûmes-nous construit le bûcher, que les satellites de Zénon,
tant ceux qui étaient déguisés en femmes que ceux qui venaient
de l'île voisine pour les soutenir, s'élancèrent sur nous l'épée à la main,
en poussant des cris furieux, éteignirent nos flambeaux, et, profitant
du désordre où nous jetait une attaque si imprévue, enlevèrent ma
soeur. L'action fut vive. Les ravisseurs, sans perdre un instant,
montèrent sur leur barque avec Calligone, et, pour ainsi dire,
s'envolèrent comme des oiseaux. Quelques-uns de notre bande
avaient d'abord pris la fuite, sans attendre l'issue de cette violence ;
d'autres en furent les témoins. On entendit tout-à-coup plusieurs voix
confuses qui publiaient, en gémissant, qu'une troupe de pirates
enlevait Calligone. Déjà leur barque approchait de Sarepta, lorsque
Callisthène, reconnaissant de loin le signal dont il était convenu avec
Zénon, vint à sa rencontre, prit ma soeur sur son vaisseau et gagna
le large à force de rames.
C'est ainsi que, contre mon attente, la fortune me préserva d'un mariage
qui n'était propre qu'à me rendre malheureux. Alors une nouvelle
espérance vint ranimer ma passion qui, depuis quelques jours, était
ensevelie au fond de mon coeur sous un noir chagrin. D'un autre
côté cependant, je ne pouvais m'empêcher de déplorer la disgrâce
de Calligone.
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