Texte grec :
[2,10] Μετὰ δὲ τὸ δεῖπνον ὁ Σάτυρός μοι προσελθὼν ἔφη· "Νῦν
μὲν ἀνδρίζεσθαι καιρός. ἡ γὰρ μήτηρ τῆς κόρης, ὡς οἶσθα, μαλακίζεται
καὶ καθ´ ἑαυτὴν ἀναπαύεται· μόνη δὲ ἡ παῖς βαδιεῖται κατὰ
τὰ εἰθισμένα τῆς Κλειοῦς ἑπομένης, πρὶν ἐπὶ τὸν ὕπνον τραπῆναι.
ἐγὼ δέ σοι καὶ ταύτην ἀπάξω διαλεγόμενος." ταῦτα εἰπὼν τῇ
Κλειοῖ μὲν αὐτός, ἐγὼ δὲ τῇ παιδὶ διαλαχόντες ἐφηδρεύομεν. καὶ
οὕτως ἐγένετο. ἀπεσπᾶτο μὲν ἡ Κλειώ, ἡ δὲ παρθένος ἐν τῷ
περιπάτῳ κατελέλειπτο. ἐπιτηρήσας οὖν ὅτε τὸ πολὺ τῆς αὐγῆς
ἐμαραίνετο, πρόσειμι θρασύτερος γενόμενος πρὸς αὐτὴν ἐκ τῆς
πρώτης προσβολῆς, ὥσπερ στρατιώτης ἤδη νενικηκὼς καὶ τοῦ πολέμου
καταπεφρονηκώς· πολλὰ γὰρ ἦν τὰ τότε ὁπλίζοντά με θαρρεῖν·
οἶνος, ἔρως, ἐλπίς, ἐρημία. καὶ οὐδὲν εἰπών, ἀλλ´ ὡς ἐπὶ συγκείμενον
ἔργον ὡς εἶχον περιχυθεὶς τὴν κόρην κατεφίλουν.
ὡς δὲ καὶ ἐπεχείρουν τι προὔργου ποιεῖν, ψόφος τις ἡμῶν κατόπιν γίνεται·
καὶ ταραχθέντες ἀνεπηδήσαμεν. καὶ ἡ μὲν ἐπέκεινα τρέπεται τὴν
ἐπὶ τὸ δωμάτιον αὑτῆς, ἐγὼ δὲ ἐπὶ θάτερα, σφόδρα ἀνιώμενος, ἔργον
οὕτω καλὸν ἀπολέσας, καὶ τὸν ψόφον λοιδορῶν. ἐν τούτῳ δὲ καὶ
ὁ Σάτυρος ὑπαντιάζει με φαιδρῷ τῷ προσώπῳ· καθορᾶν γάρ μοι
ἐδόκει ὅσα ἐπράττομεν, ὑπό τινι τῶν δένδρων λοχῶν μή τις ἡμῖν
ἐπέλθῃ· καὶ αὐτὸς ἦν ὁ ποιήσας τὸν ψόφον, προσιόντα θεασάμενός τινα.
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Traduction française :
[2,10] Après le repas, Satyrus vint me trouver et me dit :
"Il est temps de montrer que vous êtes homme. La mère de Leucippe,
comme vous le savez, ne se porte pas bien. Elle s'est retirée
pour chercher dans les bras du sommeil quelque soulagement à son
indisposition. Votre maîtresse descendra selon sa coutume dans le
jardin, accompagnée de Clio, que j'emmènerai d'un autre côté
pour vous laisser libre sur le champ de bataille. »
Nous nous mîmes donc à observer ce que deviendraient Leucippe
et sa suivante. Nos désirs ne furent point trompés. Satyrus s'éloigna
insensiblement avec Clio, Leucippe demeura seule à la promenade.
Enhardi par mes premiers succès, je m'approchai avec la témérité
d'un soldat qui méprise le péril et qui se croit déjà vainqueur.
Le vin, l'amour et la solitude enflaient mon audace et soutenaient mon
espoir. Sans proférer une parole, sans user d'aucun préambule,
j'embrassai la belle avec autant de liberté que si nous eussions
agi d'intelligence. J'allais pousser plus loin mes tentatives, lorsque nous
entendîmes derrière nous un bruit qui arrêta mes transports. Nous
nous troublâmes ; Leucippe se retira dans sa chambre. J'étais fort
triste d'avoir perdu une occasion si favorable, et je maudissais le
fâcheux contre-temps qui me l'avait dérobée. Satyrus revint bientôt
me joindre. Il avait été spectateur de la scène qui s'était passée
entre Leucippe et moi, car il s'était tenu avec Clio sous un arbre voisin,
d'où ils épiaient l'un et l'autre si personne ne venait nous surprendre ;
et c'étaient eux qui, voyant avancer quelque importun, avaient fait
le bruit dont ma tendresse se plaignait.
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