Texte grec :
[2,9] Ἐπειδὴ δὲ τοῦ δείπνου καιρὸς ἦν, πάλιν ὁμοίως συνεπίνομεν.
ᾠνοχόει δὲ ὁ Σάτυρος ἡμῖν καί τι ποιεῖ πρᾶγμα ἐρωτικόν. ἐναλλάσσει
τὰ ἐκπώματα καὶ τὸ μὲν ἐμὸν τῇ κόρῃ προτίθησι, τὸ δὲ ἐκείνης
ἐμοί, καὶ ἐγχέων ἀμφοτέροις καὶ κερασάμενος ὤρεγεν.
ἐγὼ δὲ ἐπιτηρήσας τὸ μέρος τοῦ ἐκπώματος, ἔνθα τὸ χεῖλος ἡ κόρη πίνουσα
προσέθηκεν, ἐναρμοσάμενος τὸ ἐμὸν ἔπινον, ἀποστολιμαῖον τοῦτο
φίλημα ποιῶν, καὶ ἅμα κατεφίλουν τὸ ἔκπωμα. ἡ δὲ ὡς εἶδεν,
συνῆκεν ὅτι τοῦ χείλους αὐτῆς καταφιλῶ καὶ τὴν σκιάν. ἀλλ´ ὅ γε
Σάτυρος συμφορήσας πάλιν τὰ ἐκπώματα ἐνήλλαξεν ἡμῖν. τότε ἤδη
καὶ τὴν κόρην εἶδον τὰ ἐμὰ μιμουμένην καὶ τὰ αὐτὰ πίνουσαν, καὶ
ἔχαιρον ἤδη πλέον. καὶ τρίτον ἐγένετο τοῦτο καὶ τέταρτον καὶ τὸ
λοιπὸν τῆς ἡμέρας οὕτως ἀλλήλοις προεπίνομεν τὰ φιλήματα.
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Traduction française :
[2,9] Dès le même jour, Satyrus, qui voulait par toutes sortes de
moyens m'encourager et me dégourdir, s'avisa d'une chose dont
je lui sus bon gré. Nous étions à table ; en nous servant à boire,
il changea mon verre contre celui de Leucippe. Comme
aucune des actions de cette aimable personne n'échappait à mes
regards, j'avais observé l'endroit que ses lèvres venaient
de toucher ; j'y portai les miennes. Le vin me parut de l'ambroisie,
mon imagination se figurait que Leucippe m'envoyait un baiser,
et je le recueillais tendrement sur le vase qui en était dépositaire.
Leucippe, s'étant aperçue que je caressais les traces de sa bouche,
me rendit galanterie pour galanterie. Satyrus lui présenta la coupe
que je quittais ; je vis qu'elle imitait mon exemple. Ce fut pour mon
coeur un surcroit de plaisir, plaisir sensible au goût d'un amant,
bagatelle pour ceux qui languissent dans l'indifférence. Nous
recommençâmes plusieurs fois cet agréable manège, et nous eûmes
ainsi, pendant tout le souper, la satisfaction de nous donner
des témoignages d'amour malgré les Argus qui nous environnaient.
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