Texte grec :
[2,8] Ἐν τούτῳ πόρρωθεν ἰδόντες προσιοῦσαν τὴν θεράπαιναν
διελύθημεν, ἐγὼ μὲν ἄκων καὶ λυπούμενος, ἡ δὲ οὐκ οἶδ´ ὅπως
εἶχεν. ῥᾴων οὖν ἐγεγόνειν καὶ μεστὸς ἐλπίδων· ᾐσθόμην δὲ ἐπικαθημένου
μοι τοῦ φιλήματος ὥσπερ σώματος καὶ ἐφύλαττον ἀκριβῶς
ὡς θησαυρὸν τὸ φίλημα τηρῶν ἡδονῆς, ὃ πρῶτόν ἐστι γλυκύ.
καὶ γὰρ ἀπὸ τοῦ καλλίστου τῶν τοῦ σώματος ὀργάνων τίκτεται· στόμα
γὰρ φωνῆς ὄργανον· φωνὴ δὲ ψυχῆς σκιά. αἱ γὰρ τῶν στομάτων
συμβολαὶ κιρνάμεναι καὶ ἐκπέμπουσαι κάτω τὴν ἡδονὴν ἕλκουσι τὰς
ψυχὰς ἄνω πρὸς τὰ φιλήματα. οὐκ οἶδα δὲ οὕτω πρότερον ἡσθείσης
τῆς καρδίας· καὶ τότε πρῶτον ἔμαθον ὅτι μηδὲν ἐρίζει πρὸς
ἡδονὴν φιλήματι ἐρωτικῷ.
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Traduction française :
[2,8] Nous vîmes venir du monde, et nous nous séparâmes. Je
commençai dès ce jour à concevoir un favorable augure du succès
de ma passion. L'espérance m'offrait tout ce que ses promesses
ont de plus flatteur. Il me semblait que je portais sur mes lèvres
les baisers de Leucippe, comme quelque chose de matériel.
Ma bouche en retenait le goût ; c'était un trésor que je conservais
précieusement. Aussi, les baisers sont-ils l'une des plus charmantes
faveurs de l'amour, en qualité d'enfants de la plus belle et de la plus
noble partie du corps ; car la bouche est l'organe de la voix, et la voix
l'interprète de l'âme. Lorsque deux personnes, qui brûlent d'une
ardeur mutuelle, pressent leurs bouches l'une contre l'autre, la
volupté se répand dans leur sein, leurs coeurs viennent sur le bord
de leurs lèvres se rendre caresses pour caresses et goûter
le plaisir à sa source. Jusqu'alors mes sens n'avaient jamais reçu
d'impression aussi délicieuse. J'avouerai même encore qu'avec
l'expérience que l'âge m'a donnée, je ne connais rien qui égale
en douceur un baiser vraiment amoureux.
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