HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

XÉNOPHON, La République des Athéniens (texte complet)

Chapitre 2, par 10

  Chapitre 2, par 10

[2,10] καὶ γυμνάσια καὶ λουτρὰ καὶ ἀποδυτήρια τοῖς μὲν πλουσίοις ἔστιν ἰδίᾳ ἐνίοις, δὲ δῆμος αὐτὸς αὑτῷ οἰκοδομεῖται ἰδίᾳ παλαίστρας πολλάς, ἀποδυτήρια, λουτρῶνας· καὶ πλείω τούτων ἀπολαύει ὄχλος οἱ ὀλίγοι καὶ οἱ εὐδαίμονες. Τὸν δὲ πλοῦτον μόνοι οἷοί τ´ εἰσὶν ἔχειν τῶν Ἑλλήνων καὶ τῶν βαρβάρων. εἰ γάρ τις πόλις πλουτεῖ ξύλοις ναυπηγησίμοις, ποῖ διαθήσεται, ἐὰν μὴ πείσῃ τὸν ἄρχοντα τῆς θαλάττης; τί δ´ εἴ τις σιδήρῳ χαλκῷ λίνῳ πλουτεῖ πόλις, ποῖ διαθήσεται, ἐὰν μὴ πείσῃ τὸν ἄρχοντα τῆς θαλάττης; ἐξ αὐτῶν μέντοι τούτων καὶ δὴ νῆές μοί εἰσι, παρὰ μὲν τοῦ ξύλα, παρὰ δὲ τοῦ σίδηρος, παρὰ δὲ τοῦ χαλκός, παρὰ δὲ τοῦ λίνον, παρὰ δὲ τοῦ κηρός. πρὸς δὲ τούτοις ἄλλοσε ἄγειν οὐκ ἐάσουσιν οἵτινες ἀντίπαλοι ἡμῖν εἰσιν οὐ χρήσονται τῇ θαλάττῃ. καὶ ἐγὼ μὲν οὐδὲν ποιῶν ἐκ τῆς γῆς πάντα ταῦτα ἔχω διὰ τὴν θάλατταν, ἄλλη δ´ οὐδεμία πόλις δύο τούτων ἔχει, οὐδ´ ἔστι τῇ αὐτῇ ξύλα καὶ λίνον, ἀλλ´ ὅπου λίνον ἐστὶ πλεῖστον, λεία χώρα καὶ ἄξυλος· οὐδὲ χαλκὸς καὶ σίδηρος ἐκ τῆς αὐτῆς πόλεως οὐδὲ τἆλλα δύο τρία μιᾷ πόλει, ἀλλὰ τὸ μὲν τῇ, τὸ δὲ τῇ. Ἔτι δὲ πρὸς τούτοις παρὰ πᾶσαν ἤπειρόν ἐστιν ἀκτὴ προύχουσα νῆσος προκειμένη στενόπορόν τι· ὥστε ἔξεστιν ἐνταῦθα ἐφορμοῦσι τοῖς τῆς θαλάττης ἄρχουσι λωβᾶσθαι τοὺς τὴν ἤπειρον οἰκοῦντας. ἑνὸς δὲ ἐνδεεῖς εἰσιν· εἰ γὰρ νῆσον οἰκοῦντες θαλασσοκράτορες ἦσαν Ἀθηναῖοι, ὑπῆρχεν ἂν αὐτοῖς ποιεῖν μὲν κακῶς, εἰ ἐβούλοντο, πάσχειν δὲ μηδέν, ἕως τῆς θαλάττης ἦρχον, μηδὲ τμηθῆναι τὴν ἑαυτῶν γῆν μηδὲ προσδέχεσθαι τοὺς πολεμίους· νῦν δὲ οἱ γεωργοῦντες καὶ οἱ πλούσιοι Ἀθηναίων ὑπέρχονται τοὺς πολεμίους μᾶλλον, δὲ δῆμος, ἅτε εὖ εἰδὼς ὅτι οὐδὲν τῶν σφῶν ἐμπρήσουσιν οὐδὲ τεμοῦσιν, ἀδεῶς ζῇ καὶ οὐχ ὑπερχόμενος αὐτούς. πρὸς δὲ τούτοις καὶ ἑτέρου δέους ἀπηλλαγμένοι ἂν ἦσαν, εἰ νῆσον ᾤκουν, μηδέποτε προδοθῆναι τὴν πόλιν ὑπ´ ὀλίγων μηδὲ πύλας ἀνοιχθῆναι μηδὲ πολεμίους ἐπεισπεσεῖν· πῶς γὰρ νῆσον οἰκούντων ταῦτ´ ἂν ἐγίγνετο; μηδ´ αὖ στασιάσαι τῷ δήμῳ μηδέν, εἰ νῆσον ᾤκουν· νῦν μὲν γὰρ εἰ στασιάσαιεν, ἐλπίδα ἂν ἔχοντες ἐν τοῖς πολεμίοις στασιάσειαν, ὡς κατὰ γῆν ἐπαξόμενοι· εἰ δὲ νῆσον ᾤκουν, καὶ ταῦτ´ ἂν ἀδεῶς εἶχεν αὐτοῖς. ἐπειδὴ οὖν ἐξ ἀρχῆς οὐκ ἔτυχον οἰκήσαντες νῆσον, νῦν τάδε ποιοῦσι· τὴν μὲν οὐσίαν ταῖς νήσοις παρατίθενται, πιστεύοντες τῇ ἀρχῇ τῇ κατὰ θάλατταν, τὴν δὲ Ἀττικὴν γῆν περιορῶσι τεμνομένην, γιγνώσκοντες ὅτι εἰ αὐτὴν ἐλεήσουσιν, ἑτέρων ἀγαθῶν μειζόνων στερήσονται. Ἔτι δὲ συμμαχίας καὶ τοὺς ὅρκους ταῖς μὲν ὀλιγαρχουμέναις πόλεσιν ἀνάγκη ἐμπεδοῦν· ἢν δὲ μὴ ἐμμένωσι ταῖς συνθήκαις, ὑφ´ ὅτου ἀδικεῖὀνόματα ἀπὸ τῶν ὀλίγων οἳ συνέθεντο· ἅσσα δ´ ἂν δῆμος σύνθηται, ἔξεστιν αὐτῷ ἑνὶ ἀνατιθέντι τὴν αἰτίαν τῷ λέγοντι καὶ τῷ ἐπιψηφίσαντι ἀρνεῖσθαι τοῖς ἄλλοις ὅτι Οὐ παρῆν οὐδὲ ἀρέσκει ἔμοιγε, συγκείμενα πυνθάνονται ἐν πλήρει τῷ δήμῳ, καὶ εἰ μὴ δόξαι εἶναι ταῦτα, προφάσεις μυρίας ἐξηύρηκε τοῦ μὴ ποιεῖν ὅσα ἂν μὴ βούλωνται. καὶ ἂν μέν τι κακὸν ἀναβαίνῃ ἀπὸ ὧν δῆμος ἐβούλευσεν, αἰτιᾶται δῆμος ὡς ὀλίγοι ἄνθρωποι αὐτῷ ἀντιπράττοντες διέφθειραν, ἐὰν δέ τι ἀγαθόν σφίσιν αὐτοῖς τὴν αἰτίαν ἀνατιθέασι. Κωμῳδεῖν δ´ αὖ καὶ κακῶς λέγειν τὸν μὲν δῆμον οὐκ ἐῶσιν, ἵνα μὴ αὐτοὶ ἀκούωσι κακῶς, ἰδίᾳ δὲ κελεύουσιν, εἴ τίς τινα βούλεται, εὖ εἰδότες ὅτι οὐχὶ τοῦ δήμου ἐστὶν οὐδὲ τοῦ πλήθους κωμῳδούμενος ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, ἀλλ´ πλούσιος γενναῖος δυνάμενος, ὀλίγοι δέ τινες τῶν πενήτων καὶ τῶν δημοτικῶν κωμῳδοῦνται, καὶ οὐδ´ οὗτοι ἐὰν μὴ διὰ πολυπραγμοσύνην καὶ διὰ τὸ ζητεῖν πλέον τι ἔχειν τοῦ δήμου· ὥστε οὐδὲ τοὺς τοιούτους ἄχθονται κωμῳδουμένους. φημὶ οὖν ἔγωγε τὸν δῆμον τὸν Ἀθήνησι γιγνώσκειν οἵτινες χρηστοί εἰσι τῶν πολιτῶν καὶ οἵτινες πονηροί· γιγνώσκοντες δὲ τοὺς μὲν σφίσιν αὐτοῖς ἐπιτηδείους καὶ συμφόρους φιλοῦσι, κἂν πονηροὶ ὦσι, τοὺς δὲ χρηστοὺς μισοῦσι μᾶλλον· οὐ γὰρ νομίζουσι τὴν ἀρετὴν αὐτοῖς πρὸς τῷ σφετέρῳ ἀγαθῷ πεφυκέναι, ἀλλ´ ἐπὶ τῷ κακῷ· καὶ τοὐναντίον γε τούτου ἔνιοι, ὄντες ὡς ἀληθῶς τοῦ δήμου, τὴν φύσιν οὐ δημοτικοί εἰσι. δημοκρατίαν δ´ ἐγὼ μὲν αὐτῷ τῷ δήμῳ συγγιγνώσκω· αὑτὸν μὲν γὰρ εὖ ποιεῖν παντὶ συγγνώμη ἐστίν· ὅστις δὲ μὴ ὢν τοῦ δήμου εἵλετο ἐν δημοκρατουμένῃ πόλει οἰκεῖν μᾶλλον ἐν ὀλιγαρχουμένῃ, ἀδικεῖν παρεσκευάσατο καὶ ἔγνω ὅτι μᾶλλον οἷόν τε διαλαθεῖν κακῷ ὄντι ἐν δημοκρατουμένῃ πόλει μᾶλλον ἐν ὀλιγαρχουμένῃ. [2,10] 10. Des gymnases, des bains, des vestiaires, les riches, du moins quelques-uns d’entre eux, en ont dans leur maison. Mais le peuple se fait construire pour lui-même aux frais de l’Etat un grand nombre de palestres, de vestiaires, de salles de bain, et la plèbe en jouit plus que l’aristocratie et les riches. 11. Seuls les Athéniens sont à même de réunir dans leurs mains les richesses des Grecs et des barbares. Si un Etat est riche en bois propres à la construction des vaisseaux, où les vendra-t-il, s’il ne s’entend pas avec le peuple qui est maître de la mer ? Et si une cité est riche en fer, en cuivre, en lin, où les vendra-t-elle, si elle ne s’entend pas avec le maître de la mer ? Or c’est de ces produits mêmes que je construis mes vaisseaux. D’un pays je tire les bois, d’un autre le cuivre ; celui-ci me fournit le fer, celui-là le lin, celui-là la cire. 12. J’ajoute que, si nos rivaux veulent importer ces produits autre part qu’à Athènes, ou nous empêcherons ce commerce ou, pour le faire, ils ne se serviront pas de la voie de mer. Pour moi, sans me donner aucune peine, je fais venir du continent tous ces produits par voie de mer. Mais aucune autre cité n’en possède deux ensemble ; les bois et le lin ne se trouvent pas dans la même, et là où abonde le lin, le pays est plat et sans bois. Le cuivre et le fer ne viennent pas non plus du même pays. Il en est de même des autres produits ; aucune cité n’en réunit deux ou trois ensemble ; l’un se trouve ici, l’autre ailleurs. 13. J’ajoute encore qu’il n’y a pas de continent le long duquel on ne rencontre soit un promontoire, soit une île adjacente, soit un détroit. On peut y croiser, quand on est maître de la mer et piller les habitants du continent. 14. Un seul avantage manque aux Athéniens. Si, avec leur supériorité maritime, ils demeuraient dans une île, ils pourraient, à leur gré, faire du mal à leurs ennemis sans crainte de représailles, tant qu’ils auraient l’empire de la mer ; ils ne verraient ni leur territoire saccagé, ni l’ennemi dans leurs murs. Mais, étant donné leur situation, les propriétaires fonciers et les riches sont plus disposés que les autres à se soumettre aux ennemis. Le peuple, au contraire, qui sait bien qu’on ne lui brûlera ni ne saccagera rien de ce qu’il possède, vit sans rien craindre et sans capituler. 15. En outre ils seraient délivrés d’une autre crainte, s’ils habitaient une île, celle de voir la cité trahie par les oligarques, leurs portes ouvertes et l’ennemi introduit dans leurs murs ; car comment une telle surprise serait-elle possible, si Athènes était dans une île ? On ne verrait pas non plus de factions parmi le peuple, s’il habitait une île. Située sur le continent, si la ville est en proie aux factions, c’est que les factieux ont l’espoir d’y faire entrer les ennemis par terre. S’ils habitaient une île, les Athéniens n’auraient rien à craindre non plus de ce côté. 16. Mais comme ils n’ont pas eu la chance de fonder leur ville dans une île, voici ce qu’ils font. Confiants dans leur supériorité maritime, ils déposent leur fortune dans les îles et laissent ravager l’Attique, parce qu’ils comprennent que, s’ils en ont pitié, ils perdront d’autres biens plus importants. 17. Parlerai-je des traités d’alliance et des serments ? Les gouvernements oligarchiques sont obligés d’y rester fidèles. S’ils manquent aux conventions et que les alliés cherchent à qui s’en prendre du tort qui leur est fait, on ne peut leur donner d’autres noms que ceux des oligarques qui les ont conclues. Il en est autrement des traités faits par le peuple lui-même : chaque citoyen peut en rejeter la responsabilité sur l’orateur qui a soutenu la proposition ou sur le président qui l’a mise aux voix. Il peut les désavouer et dire qu’il n’était pas présent à l’assemblée et qu’il n’approuve pas, pour son compte, les conventions votées. Si l’on pose alors devant une nombreuse assemblée du peuple cette question : « N’y a-t-il pas eu un décret sanctionnant cette convention ? » chacun imagine mille prétextes pour se dispenser d’exécuter ce dont le peuple ne veut plus. S’il résulte quelque malheur des décisions du peuple, le peuple en accuse un petit nombre d’hommes, dont l’opposition a gâté l’affaire ; s’il en résulte du bien, les citoyens s’en attribuent à eux-mêmes le mérite. 18. Il n’est pas permis aux poètes comiques de se moquer ni de médire du peuple ; car il craint pour sa réputation. Mais si un poète veut attaquer un simple particulier, le peuple le laisse faire, sachant bien qu’on ne joue pour l’ordinaire ni un homme du peuple ni un citoyen quelconque, mais un riche, un noble ou un puissant. Quelquefois pourtant la comédie attaque des pauvres ou des gens du peuple ; mais alors ce sont des intrigants ou des ambitieux qui veulent plus que le peuple, espèce d’hommes qu’on n’est pas fâché de voir tourner en ridicule. 19. On peut donc affirmer, selon moi, que le peuple à Athènes sait distinguer parmi les citoyens les honnêtes gens des mauvais. Mais, tout en les distinguant, il aime ceux qui sont de son parti et servent ses intérêts, fussent-ils mauvais, et il est porté à haïr les honnêtes gens, car il pense que, par sa nature, la vertu est moins propre à servir ses intérêts qu’à les contrarier. Le contraire se voit cependant : il y a des gens qui sont réellement du peuple par leur naissance, mais qui ne sont pas démocrates. 20. Pour moi, j’excuse le peuple d’être démocrate ; car tout le monde est excusable de rechercher son avantage ; mais celui qui, n’étant pas du peuple, aime mieux vivre dans une cité démocratique que dans une oligarchique a dessein de faire le mal. Il sait qu’il est plus facile de cacher ses vices dans un Etat démocratique que dans un Etat oligarchique.


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Dernière mise à jour : 14/06/2007