[1,7] (1) Ἐπισκεψώμεθα δὲ εἰ καὶ ἀλαζονείας ἀποτρέπων τοὺς
συνόντας ἀρετῆς ἐπιμελεῖσθαι προέτρεπεν· ἀεὶ γὰρ ἔλεγεν ὡς οὐκ
εἴη καλλίων ὁδὸς ἐπ᾽ εὐδοξίαν ἢ δι᾽ ἧς ἄν τις ἀγαθὸς τοῦτο
γένοιτο, <ὃ> καὶ δοκεῖν βούλοιτο.
(2) Ὅτι δ᾽ ἀληθῆ ἔλεγεν, ὧδ᾽ ἐδίδασκεν· « Ἐνθυμώμεθα γάρ, »
ἔφη, « εἴ τις μὴ ὢν ἀγαθὸς αὐλητὴς δοκεῖν βούλοιτο, τί ἂν αὐτῷ
ποιητέον εἴη. Ἆρ᾽ οὐ τὰ ἔξω τῆς τέχνης μιμητέον τοὺς ἀγαθοὺς
αὐλητάς; Καὶ πρῶτον μέν, ὅτι ἐκεῖνοι σκεύη τε καλὰ κέκτηνται
καὶ ἀκολούθους πολλοὺς περιάγονται, καὶ τούτῳ ταῦτα ποιητέον·
ἔπειτα, ὅτι ἐκείνους πολλοὶ ἐπαινοῦσι, καὶ τούτῳ πολλοὺς
ἐπαινέτας παρασκευαστέον. Ἀλλὰ μὴν ἔργον γε οὐδαμοῦ
ληπτέον, ἢ εὐθὺς ἐλεγχθήσεται γελοῖος ὢν καὶ οὐ μόνον αὐλητὴς
κακός, ἀλλὰ καὶ ἄνθρωπος ἀλαζών. Καίτοι πολλὰ μὲν δαπανῶν,
μηδὲν δ᾽ ὠφελούμενος, πρὸς δὲ τούτοις κακοδοξῶν, πῶς οὐκ
ἐπιπόνως τε καὶ ἀλυσιτελῶς καὶ καταγελάστως βιώσεται;
(3) Ὣς δ᾽ αὔτως εἴ τις βούλοιτο στρατηγὸς ἀγαθὸς μὴ ὢν
φαίνεσθαι ἢ κυβερνήτης, ἐννοῶμεν τί ἂν αὐτῷ συμβαίνοι. Ἆρ᾽ οὐκ
ἄν, εἰ μὲν ἐπιθυμῶν τοῦ δοκεῖν ἱκανὸς εἶναι ταῦτα πράττειν μὴ
δύναιτο πείθειν, τοῦτ᾽ εἴη λυπηρόν, εἰ δὲ πείσειεν, ἔτι ἀθλιώτερον;
Δῆλον γὰρ ὅτι κυβερνᾶν κατασταθεὶς ὁ μὴ ἐπιστάμενος ἢ
στρατηγεῖν ἀπολέσειεν ἂν οὓς ἥκιστα βούλοιτο καὶ αὐτὸς
αἰσχρῶς ἂν καὶ κακῶς ἀπαλλάξειεν. »
(4) Ὡσαύτως δὲ καὶ τὸ πλούσιον καὶ τὸ ἀνδρεῖον καὶ τὸ ἰσχυρὸν μὴ
ὄντα δοκεῖν ἀλυσιτελὲς ἀπέφαινε· προστάττεσθαι γὰρ αὐτοῖς ἔφη
μείζω ἢ κατὰ δύναμιν, καὶ μὴ δυναμένους ταῦτα ποιεῖν,
δοκοῦντας ἱκανοὺς εἶναι, συγγνώμης οὐκ ἂν τυγχάνειν.
(5) Ἀπατεῶνα δ᾽ ἐκάλει οὐ μικρὸν μὲν οὐδ᾽ εἴ τις ἀργύριον ἢ
σκεῦος παρά του πειθοῖ λαβὼν ἀποστεροίη, πολὺ δὲ μέγιστον
ὅστις μηδενὸς ἄξιος ὢν ἐξηπατήκοι πείθων ὡς ἱκανὸς εἴη τῆς
πόλεως ἡγεῖσθαι. Ἐμοὶ μὲν οὖν ἐδόκει καὶ τοῦ ἀλαζονεύεσθαι
ἀποτρέπειν τοὺς συνόντας τοιάδε διαλεγόμενος.
| [1,7] CHAPITRE VII : IL FAUT ÊTRE RÉELLEMENT CE QU'ON VEUT PARAÎTRE.
1. Examinons encore si, en détournant ses disciples du charlatanisme, il les poussait à cultiver la
vertu. Il disait sans cesse qu'il n'y a pas de plus beau moyen d'arriver à la gloire que d'acquérir
les talents qu'on veut paraître posséder.
2. Pour montrer qu'il disait vrai, voici comment il raisonnait : « Supposons qu'un homme veuille
passer pour un bon joueur de flûte, alors qu'il ne l'est pas : que lui faudra-t-il faire ? Ne devra-t-il
pas imiter les bons joueurs de flûte dans les accessoires de leur art ? D'abord, parce qu'ils ont de
beaux habits et mènent avec eux de nombreux acolytes, il devra en faire autant; ensuite, parce
qu'une foule de gens les applaudissent, lui aussi devra se procurer beaucoup de claqueurs. Mais
quant à se mettre à jouer, c'est ce qu'il ne fera nulle part; autrement il se couvrira tout de suite de
ridicule et sera convaincu d'être non seulement un piètre artiste, mais encore un fanfaron. Or, s'il
dépense beaucoup et ne gagne rien, si, en outre, il se perd de réputation, le moyen qu'il ne mène
pas une existence pénible, inutile et ridicule ?
3. De même, si quelqu'un voulait se faire passer pour un bon général ou un bon pilote, sans l'être
réellement, voyons ce qui lui arriverait. Si, désirant qu'on le tînt pour capable de tenir ces
emplois, il n'arrivait pas à le persuader, n'en serait-il pas chagriné, et ne serait-il pas plus
malheureux encore s'il y parvenait ? Il est en effet évident que, si l'on choisissait pour diriger un
vaisseau ou commander une armée un homme incapable de ces fonctions, il perdrait ceux qu'il
voudrait sauver et ne s'en tirerait lui-même qu'avec honte et dommage. »
4. Il démontrait de même qu'on ne gagne rien à se faire passer pour riche, brave et fort, quand on
ne l'est pas. On vous impose alors, disait-il, des obligations qui dépassent vos forces et, comme
vous ne pouvez les remplir, alors qu'on vous en croyait capable, on est pour vous sans
indulgence.
5. C'était à ses yeux une fourberie, et une fourberie insigne, de ne point rendre de l'argent ou un
vase qu'on s'est fait prêter par prière; mais rien n'atteignait à la fourberie de l'homme qui, sans
valeur aucune, trompait ses concitoyens en leur persuadant qu'il était capable de diriger l'État.
Pour moi, je suis convaincu que Socrate, en leur tenant ce langage, détournait ses disciples du
charlatanisme.
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