HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Cyropédie, livre III

ἕκαστον



Texte grec :

[3,1,10] (10) - « Λέγε δή μοι, » ἔφη, « ἐπολέμησάς ποτε
᾿Αστυάγει τῷ τῆς ἐμῆς μητρὸς πατρὶ καὶ τοῖς
ἄλλοις Μήδοις; »
- « Ἔγωγ', » ἔφη.
- « Κρατηθεὶς δ' ὑπ' αὐτοῦ συνωμολόγησας
δασμὸν οἴσειν καὶ συστρατεύσεσθαι ὅποι
ἐπαγγέλλοι, καὶ ἐρύματα μὴ ἕξειν; »
- « Ἦν ταῦτα. »
- « Νῦν οὖν διὰ τί οὔτε τὸν δασμὸν ἀπῆγες οὔτε
τὸ στράτευμα ἔπεμπες, ἐτείχιζές τε τὰ ἐρύματα; »
- « Ἐλευθερίας ἐπεθύμουν· καλὸν γάρ μοι ἐδόκει
εἶναι καὶ αὐτὸν ἐλεύθερον εἶναι καὶ παισὶν
ἐλευθερίαν καταλιπεῖν.
(11) - « Καὶ γάρ ἐστιν, » ἔφη ὁ Κῦρος, « καλὸν
μάχεσθαι, ὅπως μήποτέ τις δοῦλος μέλλοι
γενήσεσθαι· ἢν δὲ δὴ ἢ πολέμῳ κρατηθεὶς ἢ καὶ
ἄλλον τινὰ τρόπον δουλωθεὶς ἐπιχειρῶν τις
φαίνηται τοὺς δεσπότας ἀποστερεῖν ἑαυτοῦ,
τοῦτον σὺ πρῶτος πότερον ὡς ἀγαθὸν ἄνδρα
καὶ καλὰ πράττοντα τιμᾷς ἢ ὡς ἀδικοῦντα, ἢν
λάβῃς, κολάζεις; »
- « Κολάζω, » ἔφη· « οὐ γὰρ ἐᾷς σὺ ψεύδεσθαι.
(12) - « Λέγε δὴ σαφῶς, » ἔφη ὁ Κῦρος, « καθ' ἓν
ἕκαστον· ἢν ἄρχων τις τύχῃ σοι καὶ ἁμάρτῃ,
πότερον ἐᾷς ἄρχειν ἢ ἄλλον καθίστης ἀντ'
αὐτοῦ; »
- « Ἄλλον καθίστημι. »
- « Τί δέ, ἢν χρήματα πολλὰ ἔχῃ, ἐᾷς πλουτεῖν ἢ
πένητα ποιεῖς; »
- « Ἀφαιροῦμαι, » ἔφη, « ἃ ἂν ἔχων τυγχάνῃ. »
- « Ἢν δὲ καὶ πρὸς πολεμίους γιγνώσκῃς αὐτὸν
ἀφιστάμενον, τί ποιεῖς; »
- « Κατακαίνω, » ἔφη· « τί γὰρ δεῖ ἐλεγχθέντα ὅτι
ψεύδομαι ἀποθανεῖν μᾶλλον ἢ τἀληθῆ
λέγοντα; »
(13) Ἔνθα δὴ ὁ μὲν παῖς αὐτοῦ ὡς ἤκουσε
ταῦτα, περιεσπάσατο τὴν τιάραν καὶ τοὺς
πέπλους κατερρήξατο, αἱ δὲ γυναῖκες
ἀναβοήσασαι ἐδρύπτοντο, ὡς οἰχομένου τοῦ
πατρὸς καὶ ἀπολωλότων σφῶν ἤδη. Καὶ ὁ
Κῦρος σιωπῆσαι κελεύσας εἶπεν·
- « Εἶεν· τὰ μὲν δὴ σὰ δίκαια ταῦτα, ὦ ᾿Αρμένιε·
ἡμῖν δὲ τί συμβουλεύεις ἐκ τούτων ποιεῖν; »
Ὁ μὲν δὴ ᾿Αρμένιος ἐσιώπα ἀπορῶν πότερα
συμβουλεύοι τῷ Κύρῳ κατακαίνειν αὑτὸν ἢ
τἀναντία διδάσκοι ὧν αὐτὸς ἔφη ποιεῖν.
(14) Ὁ δὲ παῖς αὐτοῦ Τιγράνης ἐπήρετο τὸν
Κῦρον·
- « Εἰπέ μοι, » ἔφη, ὦ Κῦρε, « ἐπεὶ ὁ πατὴρ
ἀποροῦντι ἔοικεν, ἦ συμβουλεύσω περὶ αὐτοῦ ἃ
οἶμαί σοι βέλτιστα εἶναι; »
Καὶ ὁ Κῦρος, ᾐσθημένος, ὅτε συνεθήρα αὐτῷ ὁ
Τιγράνης, σοφιστήν τινα αὐτῷ συνόντα καὶ
θαυμαζόμενον ὑπὸ τοῦ Τιγράνου, πάνυ
ἐπεθύμει αὐτοῦ ἀκοῦσαι ὅ τι ποτ' ἐροίη· καὶ
προθύμως ἐκέλευσε λέγειν ὅ τι γιγνώσκοι.
(15) - « Ἐγὼ τοίνυν, » ἔφη ὁ Τιγράνης, « εἰ μὲν
ἄγασαι τοῦ πατρὸς ἢ ὅσα βεβούλευται ἢ ὅσα
πέπραχε, πάνυ σοι συμβουλεύω τοῦτον
μιμεῖσθαι· εἰ μέντοι σοι δοκεῖ πάντα
ἡμαρτηκέναι, συμβουλεύω τοῦτον μὴ
μιμεῖσθαι. »
- « Οὐκοῦν, » ἔφη ὁ Κῦρος, « τὰ δίκαια ποιῶν
ἥκιστ' ἂν τὸν ἁμαρτάνοντα μιμοίμην. »
- « Ἔστιν, » ἔφη, « ταῦτα. »
- « Κολαστέον ἄρ' ἂν εἴη κατά γε τὸν σὸν λόγον
τὸν πατέρα, εἴπερ τὸν ἀδικοῦντα δίκαιον
κολάζειν. »
- « Πότερα δ' ἡγῇ, ὦ Κῦρε, ἄμεινον εἶναι σὺν τῷ
σῷ ἀγαθῷ τὰς τιμωρίας ποιεῖσθαι ἢ σὺν τῇ σῇ
ζημίᾳ; »
- « Ἐμαυτὸν ἄρα, » ἔφη, « οὕτω γ' ἂν
τιμωροίμην.
(16) - « Ἀλλὰ μέντοι,» ἔφη ὁ Τιγράνης, « μεγάλα
γ' ἂν ζημιοῖο, εἰ τοὺς σεαυτοῦ κατακαίνοις τότε
ὁπότε σοι πλείστου ἄξιοι εἶεν κεκτῆσθαι. »
- « Πῶς δ' ἄν, » ἔφη ὁ Κῦρος, « τότε πλείστου
ἄξιοι γίγνοιντο ἅνθρωποι ὁπότε ἀδικοῦντες
ἁλίσκοιντο; »
- « Εἰ τότε, » οἶμαι, « σώφρονες γίγνοιντο. Δοκεῖ
γάρ μοι, » ὦ Κῦρε, « οὕτως ἔχειν, ἄνευ μὲν
σωφροσύνης οὐδ' ἄλλης ἀρετῆς οὐδὲν ὄφελος
εἶναι· τί γὰρ ἄν, » ἔφη, « χρήσαιτ' ἄν τις ἰσχυρῷ
ἢ ἀνδρείῳ μὴ σώφρονι, (ἢ ἱππικῷ), τί δὲ
πλουσίῳ, τί δὲ δυνάστῃ ἐν πόλει; σὺν δὲ
σωφροσύνῃ καὶ φίλος πᾶς χρήσιμος καὶ
θεράπων πᾶς ἀγαθός. »
(17) - « Τοῦτ' οὖν, » ἔφη, « λέγεις ὡς καὶ ὁ σὸς
πατὴρ ἐν τῇδε τῇ μιᾷ ἡμέρᾳ ἐξ ἄφρονος
σώφρων γεγένηται; »
- « Πάνυ μὲν οὖν, » ἔφη.
- « Πάθημα ἄρα τῆς ψυχῆς σὺ λέγεις εἶναι τὴν
σωφροσύνην, ὥσπερ λύπην, οὐ μάθημα· οὐ γὰρ
ἂν δήπου, εἴγε φρόνιμον δεῖ γενέσθαι τὸν
μέλλοντα σώφρονα ἔσεσθαι, παραχρῆμα ἐξ
ἄφρονος σώφρων ἄν τις γένοιτο. »
(18) - « Τί δ', » ἔφη, « ὦ Κῦρε, οὔπω ᾔσθου καὶ
ἕνα ἄνδρα δι' ἀφροσύνην μὲν ἐπιχειροῦντα
κρείττονι ἑαυτοῦ μάχεσθαι, ἐπειδὰν δὲ ἡττηθῇ,
εὐθὺς πεπαυμένον τῆς πρὸς τοῦτον ἀφροσύνης;
πάλιν δ', ἔφη, οὔπω ἑώρακας πόλιν
ἀντιταττομένην πρὸς πόλιν ἑτέραν, ἧς ἐπειδὰν
ἡττηθῇ παραχρῆμα ταύτῃ ἀντὶ τοῦ μάχεσθαι
πείθεσθαι ἐθέλει; (19) - « Ποίαν δ', » ἔφη ὁ Κῦρος,
« καὶ σὺ τοῦ πατρὸς ἧτταν λέγων οὕτως
ἰσχυρίζει σεσωφρονίσθαι αὐτόν; »
- « Ἧι νὴ Δί', » ἔφη, « σύνοιδεν ἑαυτῷ ἐλευθερίας
μὲν ἐπιθυμήσας, δοῦλος δ' ὡς οὐδεπώποτε
γενόμενος, ἃ δὲ ᾠήθη χρῆναι λαθεῖν ἢ φθάσαι
ἢ ἀποβιάσασθαι, οὐδὲν τούτων ἱκανὸς
γενόμενος διαπράξασθαι. Σὲ δὲ οἶδεν, ἃ μὲν
ἐβουλήθης ἐξαπατῆσαι αὐτόν, οὕτως
ἐξαπατήσαντα ὥσπερ ἄν τις τυφλοὺς καὶ
κωφοὺς καὶ μηδ' ὁτιοῦν φρονοῦντας
ἐξαπατήσειεν· ἃ δὲ ᾠήθης λαθεῖν χρῆναι, οὕτω
σὲ οἶδε λαθόντα ὥστε ἃ ἐνόμιζεν ἑαυτῷ ἐχυρὰ
χωρία ἀποκεῖσθαι, σὺ εἰρκτὰς ταῦτα ἔλαθες
προκατασκευάσας· τάχει δὲ τοσοῦτον
περιεγένου αὐτοῦ ὥστε πρόσωθεν ἔφθασας
ἐλθὼν σὺν πολλῷ στόλῳ πρὶν τοῦτον τὴν παρ'
ἑαυτῷ δύναμιν ἁθροίσασθαι.

Traduction française :

[3,1,10] (10) - Dis-moi donc, demanda Cyrus, tu as autrefois fait la guerre à
Astyage, le père de ma mère, et aux Mèdes ?
- Oui, dit-il.
- Vaincu par lui, n'as-tu pas convenu de payer un tribut et de faire
campagne avec lui, partout où il t'appellerait et de ne pas avoir de
fortifications ?
- C'est exact.
- Alors, en ce cas, pourquoi n'as-tu pas payé le tribut, n'as-tu pas
envoyé le contingent de soldats, et as-tu bâti des remparts ?
- Je désirais la liberté, car il me semblait beau d'être libre moi-même et
de laisser la liberté à mes enfants.
- Il est beau, en effet, répliqua Cyrus, de combattre pour éviter
l'esclavage ; mais si un homme vaincu à la guerre ou réduit en
esclavage de toute autre manière entreprend ouvertement de priver ses
maîtres de sa personne, toi le premier, l'honores-tu comme un brave et
honnête homme, ou le punis-tu, comme un coupable, si tu le prends ?
- Je le punis, répondit-il, je l'avoue, puisque tu ne me permets pas de
mentir.
(12) - Explique-toi clairement, dit Cyrus, sur chaque point ; si tu as un
fonctionnaire qui manque à son devoir, lui laisses-tu sa charge ou en
nommes-tu un autre à sa place ?
- J'en nomme un autre.
- Et si cet homme a de grandes richesses, les lui laisses-tu ou le réduis-
tu à la pauvreté ?
- Je lui enlève, dit-il, ce qu'il peut posséder.
- Et si tu apprends qu'il passe à l'ennemi, que fais-tu ?
- Je le fais mettre à mort, dit-il ; car si je dois mourir, pourquoi me laisser
convaincre de mensonge plutôt que dire la vérité ?»
(13) A ce moment son jeune fils, entendant ses paroles, arracha sa tiare et
déchira ses vêtements ; les femmes se mirent à crier et à se lacérer,
comme si c'en était fait de leur père, et si elles-mêmes étaient déjà
perdues. Cyrus commanda le silence et dit : «C'est bien ! voilà donc
comment tu comprends la justice, roi d'Arménie. Dès lors, que nous
conseilles-tu de faire ?» Le roi d'Arménie se taisait, embarrassé : devait-
il conseiller à Cyrus de le tuer ou lui conseiller le contraire de ce qu'il
venait de dire ?
(14) Alors Tigrane, son fils, demanda à Cyrus :
«Dis-moi, Cyrus, puisque mon père semble être embarrassé, puis-je te
conseiller ce que je crois être le meilleur parti pour toi ?»
Cyrus, qui avait remarqué qu'au temps où Tigrane chassait avec lui, il
suivait les leçons d'un sophiste qu'il admirait beaucoup, désirait
vivement écouter ce qu'il pourrait dire ; aussi lui donna-t-il volontiers la
permission de donner son avis.
(15) «Eh bien ! pour moi, dit Tigrane, si tu approuves mon père, soit dans
ses desseins, soit dans ses actions, je te conseille fortement de l'imiter ;
mais s'il te semble n'avoir commis que des erreurs, je te conseille de
ne pas l'imiter.
- Ainsi donc, dit Cyrus, en suivant la justice, je ne risque pas d'imiter
son erreur.
- Non.
- Il faut donc, d'après ton raisonnement, châtier ton père, puisqu'il est
juste que l'on châtie les coupables ?
- Mais à ton avis, Cyrus, qu'est-ce qui vaut mieux, que tu infliges tes
punitions dans ton intérêt ou à ton préjudice ?
- Ce serait moi-même que je punirais en ce dernier cas, répondit Cyrus.
(16) - Eh bien, reprit Tigrane, ce serait vraiment te causer un grand
préjudice que de mettre à mort tes sujets au moment même où tu dois
attacher le plus de prix à les conserver.
- Et comment, dit Cyrus, attacher le plus grand prix à des gens pris en
flagrant délit de crime ?
- S'ils devenaient sages après cela ; il me semble en effet, Cyrus, que
sans la sagesse, toutes les autres vertus deviennent entièrement inutiles.
Car que faire, ajouta-t-il, d'un homme fort, brave, habile cavalier, s'il
n'est pas sage ? que faire même d'un homme riche ou puissant dans
l'État ? mais avec la sagesse, tout ami est utile, tout esclave est bon.
(17) - Voici donc, dit Cyrus, ce que tu prétends, c'est que ton père aussi
en ce seul jour est devenu sage, d'insensé qu'il était.
- C'est tout à fait cela, répondit Tigrane.
- Alors à ton avis, la sagesse est une affection de l'âme, comme le
chagrin, et non une science; car il n'est pas possible, n'est-ce pas ? si
l'intelligence est nécessaire pour devenir sage, qu'on devienne sage
sur-le-champ, d'insensé qu'on était.
(18) - Eh quoi ? Cyrus, reprit Tigrane, n'as-tu jamais observé qu'un
homme qui, dans une folle présomption, s'attaque à un plus fort que lui,
se défait, aussitôt battu, de cette folle présomption à l'égard du
vainqueur ? Pour prendre un autre exemple, continua-t-il, n'as-tu jamais
vu qu'un État qui entre en lutte contre un autre État, consent, aussitôt
battu, à obéir au vainqueur, plutôt que de continuer la lutte ?
(19) - Et quelle est, reprit Cyrus, cette défaite de ton père, qui te fait dire
avec tant d'assurance qu'il est devenu sage ?
- Par Zeus, répondit Tigrane, c'est celle qu'il a conscience d'avoir
subie, quand, pour avoir désiré sa liberté, il n'a fait qu'empirer son
esclavage et que, croyant devoir cacher ses desseins, devancer ou
repousser de force l'ennemi, il n'a été capable de rien mener à bonne
fin. Il sait que, sur les points où tu as voulu le tromper, tu l'as trompé
comme on trompe des aveugles, des sourds et des gens qui n'ont pas
un grain de bon sens ; il voit que, lorsque tu as cru devoir cacher tes
projets, tu es resté impénétrable, si bien que les lieux fortifiés où il pensait
avoir un dernier refuge, tu en avais fait à l'avance à son insu une prison ;
tu l'as si bien prévenu de vitesse que tu es arrivé d'un pays lointain
avec de nombreuses troupes avant qu'il ait pu réunir l'armée qu'il
avait sous la main.





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Dernière mise à jour : 16/06/2005