Texte grec :
[3,2,10] (10) Ὡς δὲ διώκοντες οἱ Χαλδαῖοι εἶδον ἐναντίους
μαχαιροφόρους ἱεμένους ἄνω, οἱ μέν τινες
αὐτοῖς πελάσαντες ταχὺ ἀπέθνῃσκον, οἱ δ'
ἔφευγον, οἱ δέ τινες καὶ ἑάλωσαν αὐτῶν, ταχὺ
δὲ εἴχετο τὰ ἄκρα. Ἐπεὶ δὲ τὰ ἄκρα εἶχον οἱ ἀμφὶ
τὸν Κῦρον, καθεώρων τε τῶν Χαλδαίων τὰς
οἰκήσεις καὶ ᾐσθάνοντο φεύγοντας αὐτοὺς ἐκ
τῶν ἐγγὺς οἰκήσεων.
(11) Ὁ δὲ Κῦρος, ὡς πάντες οἱ στρατιῶται ὁμοῦ
ἐγένοντο, ἀριστοποιεῖσθαι παρήγγειλεν. Ἐπεὶ δὲ
ἠριστήκεσαν, καταμαθὼν ἔνθα αἱ σκοπαὶ ἦσαν
αἱ τῶν Χαλδαίων ἐρυμνόν τε ὂν καὶ ἔνυδρον,
εὐθὺς ἐτείχιζε φρούριον· καὶ τὸν Τιγράνην
ἐκέλευε πέμπειν ἐπὶ τὸν πατέρα καὶ κελεύειν
παραγενέσθαι ἔχοντα ὁπόσοι εἶεν τέκτονές τε
καὶ λιθοτόμοι. Ἐπὶ μὲν δὴ τὸν ᾿Αρμένιον ᾤχετο
ἄγγελος· ὁ δὲ Κῦρος τοῖς παροῦσιν ἐτείχιζεν.
(12) Ἐν δὲ τούτῳ προσάγουσι τῷ Κύρῳ τοὺς
αἰχμαλώτους δεδεμένους, τοὺς δέ τινας καὶ
τετρωμένους. Ὡς δὲ εἶδεν, εὐθὺς λύειν μὲν
ἐκέλευσε τοὺς δεδεμένους, τοὺς δὲ τετρωμένους
ἰατροὺς καλέσας θεραπεύειν ἐκέλευσεν· ἔπειτα
δὲ ἔλεξε τοῖς Χαλδαίοις ὅτι ἥκοι οὔτε ἀπολέσαι
ἐπιθυμῶν ἐκείνους οὔτε πολεμεῖν δεόμενος, ἀλλ'
εἰρήνην βουλόμενος ποιῆσαι ᾿Αρμενίοις καὶ Χαλδαίοις.
- « Πρὶν μὲν οὖν ἔχεσθαι τὰ ἄκρα οἶδ' ὅτι οὐδὲν
ἐδεῖσθε εἰρήνης· τὰ μὲν γὰρ ὑμέτερα ἀσφαλῶς
εἶχε, τὰ δὲ τῶν ᾿Αρμενίων ἤγετε καὶ ἐφέρετε· νῦν
δὲ ὁρᾶτε δὴ ἐν οἵῳ ἐστέ. (13) Ἐγὼ οὖν ἀφίημι
ὑμᾶς οἴκαδε τοὺς εἰλημμένους, καὶ δίδωμι ὑμῖν
σὺν τοῖς ἄλλοις Χαλδαίοις βουλεύσασθαι εἴτε
βούλεσθε πολεμεῖν ἡμῖν εἴτε φίλοι εἶναι. Καὶ ἢν
μὲν πόλεμον αἱρῆσθε, μηκέτι ἥκετε δεῦρο ἄνευ
ὅπλων, εἰ σωφρονεῖτε· ἢν δὲ εἰρήνης δοκῆτε
δεῖσθαι, ἄνευ ὅπλων ἥκετε· ὡς δὲ καλῶς ἕξει τὰ
ὑμέτερα, ἢν φίλοι γένησθε, ἐμοὶ μελήσει. »
(14) Ἀκούσαντες δὲ ταῦτα οἱ Χαλδαῖοι, πολλὰ
μὲν ἐπαινέσαντες, πολλὰ δὲ δεξιωσάμενοι τὸν
Κῦρον ᾤχοντο οἴκαδε.
Ὁ δὲ ᾿Αρμένιος ὡς ἤκουσε τήν τε κλῆσιν τοῦ
Κύρου καὶ τὴν πρᾶξιν, λαβὼν τοὺς τέκτονας καὶ
τἆλλα ὅσων ᾤετο δεῖν, ἧκε πρὸς τὸν Κῦρον ὡς
ἐδύνατο τάχιστα. (15) Ἐπεὶ δὲ εἶδε τὸν Κῦρον, ἔλεξεν·
- « Ὦ Κῦρε, ὡς ὀλίγα δυνάμενοι προορᾶν
ἅνθρωποι περὶ τοῦ μέλλοντος πολλὰ
ἐπιχειροῦμεν πράττειν. Νῦν γὰρ δὴ καὶ ἐγὼ
ἐλευθερίαν μὲν μηχανᾶσθαι ἐπιχειρήσας
δοῦλος ὡς οὐδεπώποτε ἐγενόμην· ἐπεὶ δ'
ἑάλωμεν, σαφῶς ἀπολωλέναι νομίσαντες νῦν
ἀναφαινόμεθα σεσωσμένοι ὡς οὐδεπώποτε. Οἳ
γὰρ οὐδεπώποτε ἐπαύοντο πολλὰ κακὰ ἡμᾶς
ποιοῦντες, νῦν ὁρῶ τούτους ἔχοντας ὥσπερ ἐγὼ
ηὐχόμην. (16) Καὶ τοῦτο ἐπίστω, ἔφη, ὦ Κῦρε,
ὅτι ἐγὼ ὥστε ἀπελάσαι Χαλδαίους ἀπὸ τούτων
τῶν ἄκρων πολλαπλάσια ἂν ἔδωκα χρήματα
ὧν σὺ νῦν ἔχεις παρ' ἐμοῦ· καὶ ἃ ὑπισχνοῦ
ποιήσειν ἀγαθὰ ἡμᾶς ὅτ' ἐλάμβανες τὰ
χρήματα, ἀποτετέλεσταί σοι ἤδη, ὥστε καὶ
προσοφείλοντές σοι ἄλλας χάριτας
ἀναπεφήναμεν, ἃς ἡμεῖς γε, εἰ μὴ κακοί ἐσμεν,
αἰσχυνοίμεθ' ἄν σοι μὴ ἀποδιδόντες. »
(17) Ὁ μὲν ᾿Αρμένιος τοσαῦτ' ἔλεξεν.
Οἱ δὲ Χαλδαῖοι ἧκον δεόμενοι τοῦ Κύρου
εἰρήνην σφίσι ποιῆσαι. Καὶ ὁ Κῦρος ἐπήρετο αὐτούς·
- « Ἄλλο τι, » ἔφη, « ὦ Χαλδαῖοι, ἢ τούτου ἕνεκα
εἰρήνης νῦν ἐπιθυμεῖτε ὅτι νομίζετε
ἀσφαλέστερον ἂν δύνασθαι ζῆν εἰρήνης
γενομένης ἢ πολεμοῦντες, ἐπεὶ ἡμεῖς τάδ'
ἔχομεν; »
(18) Ἔφασαν οἱ Χαλδαῖοι.
« Καὶ ὅς, τί δ', » ἔφη, « εἰ καὶ ἄλλα ὑμῖν ἀγαθὰ
προσγένοιτο διὰ τὴν εἰρήνην; »
- « Ἔτι ἄν, » ἔφασαν, μᾶλλον εὐφραινοίμεθα. »
- « Ἄλλο τι οὖν, » ἔφη, « ἢ διὰ τὸ γῆς σπανίζειν
ἀγαθῆς νῦν πένητες νομίζετ' εἶναι; »
Συνέφασαν καὶ τοῦτο.
- « Τί οὖν; » ἔφη ὁ Κῦρος, « βούλοισθ' ἂν
ἀποτελοῦντες ὅσαπερ οἱ ἄλλοι ᾿Αρμένιοι ἐξεῖναι
ὑμῖν τῆς ᾿Αρμενίας (γῆς) ἐργάζεσθαι ὁπόσην ἂν θέλητε; »
(19) Ἔφασαν οἱ Χαλδαῖοι, εἰ πιστεύοιμεν μὴ
ἀδικήσεσθαι.
- « Τί δέ, σύ, » ἔφη, « ὦ ᾿Αρμένιε, βούλοιο ἄν σοι
τὴν νῦν ἀργὸν οὖσαν (γῆν) ἐνεργὸν γενέσθαι, εἰ
μέλλοιεν τὰ νομιζόμενα παρὰ σοὶ ἀποτελεῖν οἱ
ἐργαζόμενοι; »
Ἔφη ὁ ᾿Αρμένιος πολλοῦ ἂν τοῦτο πρίασθαι·
πολὺ γὰρ ἂν αὐξάνεσθαι τὴν πρόσοδον.
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Traduction française :
[3,2,10] (10) Les Chaldéens les poursuivirent ; mais quand ils virent en face d'eux
des troupes armées de l'épée qui montaient à l'assaut, certains d'entre
eux, s'étant approchés des Perses, furent vite tués, d'autres
s'enfuirent, d'autres furent faits prisonniers. Rapidement alors les
hauteurs furent occupées.
(11) Dès que Cyrus en eut pris possession, il considéra d'en haut les
habitations des Chaldéens et il les vit fuir des maisons les plus voisines.
Quand tous ses soldats se trouvèrent réunis, il fit passer l'ordre de
préparer le déjeuner. Après le repas, ayant remarqué que l'endroit où se
trouvaient les observatoires chaldéens étaient dans une forte position et
bien pourvus d'eau, il y fit aussitôt bâtir un fort. En même temps il dit à
Tigrane d'envoyer un messager à son père pour lui ordonner de venir
avec tous les charpentiers et maçons qu'il pourrait avoir. Tandis que le
messager partait vers le roi d'Arménie, Cyrus commençait l'ouvrage
avec ceux qu'il avait sous la main.
(12) Sur ces entrefaites, on lui amène les prisonniers enchaînés, certains
même blessés. A leur vue, il donna aussitôt l'ordre de délier ceux qui
étaient enchaînés ; quant aux blessés, il fit appeler des médecins et leur
enjoignit de les soigner. Puis il dit aux Chaldéens qu'il n'était venu ni
pour les détruire ni par envie de guerroyer, mais que son dessein était
d'établir la paix entre eux et les Arméniens. «Avant que j'occupe les
hauteurs, dit-il, je sais bien que vous ne désiriez point la paix : car vos
biens étaient en sûreté, et vous pilliez ceux des Arméniens ; mais
maintenant examinez dans quelle situation vous êtes. (13) Je vous renvoie
donc chez les vôtres, vous, mes prisonniers, et vous permets d'aller
délibérer avec les autres Chaldéens, si vous voulez nous faire la guerre ou
être nos amis. Si vous choisissez la guerre, ne venez ici qu'en armes, si
vous êtes sensés ; si vous croyez la paix désirable pour vous, venez sans
armes. Je veillerai à bien ménager vos intérêts, si vous devenez mes
amis.» A ces mots, les Chaldéens le chargèrent de louanges, et après
l'avoir maintes fois salué, s'en allèrent chez eux.
Quand le roi d'Arménie eut appris que Cyrus l'appelait et ce qu'il
projetait, il assembla les ouvriers et tous les matériaux qu'il jugeait
nécessaires, et se rendit en toute hâte auprès de Cyrus, Arrivé en sa
présence, il s'écria : «Combien peu, Cyrus pouvons-nous prévoir de
l'avenir, nous autres hommes, et combien malgré cela nous formons de
projets ! Il n'y a qu'un moment moi-même, je tramais le dessein de
gagner ma liberté, et je suis devenu esclave comme jamais je ne l'ai été ;
puis quand nous avons été pris, nous avions cru notre mort certaine, et
voici qu'à présent notre salut apparaît plus assuré que jamais. Car ceux
qui ne cessaient de nous causer mille maux, je les vois réduits maintenant
au point où je le désirais. (16) Je te le dis, Cyrus, ajouta-t-il, pour chasser
les Chaldéens de ces hauteurs, j'aurais donné dix fois plus que tu n'as
reçu de moi et le bien que tu promettais de nous faire quand tu as pris
notre argent, tu l'as maintenant réalisé, si bien que nous voilà chargés
de nouvelles obligations envers toi, que nous rougirions, à moins d'être
malhonnêtes, de ne pas acquitter. (J'ajoute même qu'en essayant de
te le rendre, nous ne te payerons pas de retour ni en proportion de tes
bienfaits.)» (17) Telles furent les paroles de l'Arménien.
Cependant, les Chaldéens étaient arrivés pour demander à Cyrus de faire
la paix avec eux. Cyrus leur demanda : «Si vous désirez la paix
aujourd'hui, Chaldéens, n'est-ce point parce que vous pensez pouvoir
mener une vie plus sûre, la paix faite, que si vous continuez la guerre, à
présent que ces hauteurs sont à nous ?» (18) Les Chaldéens en
convinrent. «Mais, dit Cyrus, si cette paix vous apportait encore d'autres
avantages ?
- Nous n'en serions que plus heureux, dirent-ils.
- N'est-ce pas parce que vous manquez de bonnes terres que vous
vous regardez à présent comme des gens pauvres ?» ils en convinrent
aussi. «Eh bien, reprit Cyrus, voulez-vous, en acquittant les mêmes
redevances que les Arméniens, qu'il vous soit permis de cultiver en
Arménie autant de terrain que vous voudrez ?
- Certes, répondirent les Chaldéens, si nous étions sûrs que nos droits
soient respectés.
- Et toi, roi d'Arménie, dit Cyrus, voudrais-tu que celles de tes terres qui
sont à présent en friches deviennent productives, si tu devais toucher de
ceux qui les exploiteront le tribut en usage chez toi ?
- Je donnerais beaucoup pour cela, déclara l'Arménien ; car mes
revenus en seraient grandement accrus.
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