Texte grec :
[3,1,40] (40) Καὶ ὁ Κῦρος εἶπεν·
- « Ἀλλὰ ναὶ μὰ τοὺς θεούς, » ἔφη, « ὦ ᾿Αρμένιε,
ἀνθρώπινά μοι δοκεῖς ἁμαρτεῖν· καὶ σύ, ὦ
Τιγράνη, συγγίγνωσκε τῷ πατρί. »
Τότε μὲν δὴ τοιαῦτα διαλεχθέντες καὶ
φιλοφρονηθέντες ὥσπερ εἰκὸς ἐκ συναλλαγῆς,
ἀναβάντες ἐπὶ τὰς ἁρμαμάξας σὺν ταῖς
γυναιξὶν ἀπήλαυνον εὐφραινόμενοι.
(41) Ἐπεὶ δ' ἦλθον οἴκαδε, ἔλεγον τοῦ Κύρου ὁ
μέν τις τὴν σοφίαν, ὁ δὲ τὴν καρτερίαν, ὁ δὲ τὴν
πρᾳότητα, ὁ δέ τις καὶ τὸ κάλλος καὶ τὸ
μέγεθος. Ἔνθα δὴ ὁ Τιγράνης ἐπήρετο τὴν
γυναῖκα·
- « Ἦ καὶ σοί, » ἔφη, « ὦ ᾿Αρμενία, καλὸς ἐδόκει
ὁ Κῦρος εἶναι; »
- « Ἀλλὰ μὰ Δί', » ἔφη, « οὐκ ἐκεῖνον ἐθεώμην. »
- « Ἀλλὰ τίνα μήν; » ἔφη ὁ Τιγράνης.
- « Τὸν εἰπόντα νὴ Δία ὡς τῆς αὑτοῦ ψυχῆς ἂν
πρίαιτο ὥστε μή με δουλεύειν. »
Τότε μὲν δὴ ὥσπερ εἰκὸς ἐκ τοιούτων
ἀνεπαύοντο σὺν ἀλλήλοις.
(42) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ ὁ ᾿Αρμένιος Κύρῳ μὲν καὶ τῇ
στρατιᾷ ἁπάσῃ ξένια ἔπεμπε, προεῖπε δὲ τοῖς
ἑαυτοῦ, οὓς δεήσοι στρατεύεσθαι. Εἰς τρίτην
ἡμέραν παρεῖναι· τὰ δὲ χρήματα ὧν εἶπεν ὁ
Κῦρος διπλάσια ἀπηρίθμησεν. Ὁ δὲ Κῦρος ὅσα
εἶπε λαβὼν τἆλλα ἀπέπεμψεν· ἤρετο δὲ πότερος
ἔσται ὁ τὸ στράτευμα ἄγων, ὁ παῖς ἢ αὐτός.
Εἰπέτην δὲ ἅμα ὁ μὲν πατὴρ οὕτως·
- « Ὁπότερον ἂν σὺ κελεύῃς· »
Ὁ δὲ παῖς οὕτως·
- « Ἐγὼ μὲν οὐκ ἀπολείψομαί σου, ὦ Κῦρε, οὐδ'
ἂν σκευοφόρον ἐμὲ δίῃ σοι συνακολουθεῖν. »
(43) Καὶ ὁ Κῦρος ἐπιγελάσας εἶπε·
- « Καὶ ἐπὶ πόσῳ ἄν, » ἔφη, « ἐθέλοις τὴν
γυναῖκά σου ἀκοῦσαι ὅτι σκευοφορεῖς; »
- « Ἀλλ' οὐδέν, » ἔφη, « ἀκούειν δεήσει αὐτήν·
ἄξω γάρ, ὥστε ὁρᾶν ἐξέσται αὐτῇ ὅ τι ἂν ἐγὼ
πράττω. »
- « Ὥρα ἄν, » ἔφη, « συσκευάζεσθαι ὑμῖν εἴη. »
- « Νόμιζ', » ἔφη, « συνεσκευασμένους
παρέσεσθαι ὅ τι ἂν ὁ πατὴρ δῷ. »
Τότε μὲν δὴ ξενισθέντες οἱ στρατιῶται ἐκοιμήθησαν.
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Traduction française :
[3,1,40] (40) - Par les dieux, roi d'Arménie, dit Cyrus, ta faute est, à mes yeux,
un effet de la faiblesse humaine. Et toi, Tigrane, pardonne à ton père.»
Après ces entretiens et ces marques d'amitié naturelles chez des gens
qui viennent de se réconcilier, les Arméniens remontèrent avec leurs
femmes dans leurs chariots et s'en retournèrent pleins d'allégresse.
(41) Quand ils furent arrivés au logis, ils vantaient, l'un la sagesse de
Cyrus, l'autre son endurance, l'un sa douceur, l'autre sa beauté et sa
haute taille. Tigrane alors demanda à sa femme :
«Est-ce que toi aussi, Arménienne, tu as trouvé beau Cyrus ?
- Par Zeus, dit-elle, je ne l'ai pas regardé.
- Et qui donc regardais-tu ? demanda Tigrane.
- Celui qui a dit, par Zeus, qu'il vendrait sa vie pour m'empêcher
d'être esclave.»
Alors, comme on peut le croire, après tant d'émotions, ils allèrent se
coucher les uns avec les autres.
(42) Le lendemain, le roi d'Arménie envoya à Cyrus et à toute son armée
des présents d'hospitalité, et enjoignit à ceux des siens qui devaient
participer à l'expédition de se présenter sous trois jours et il fit compter
deux fois plus d'argent que Cyrus n'avait exigé. Cyrus n'en prit que
ce qu'il avait réclamé et renvoya le reste. Il demanda ensuite qui, du fils
ou du père, serait chef de l'armée. Ils répondirent tous deux à la fois, le
père : «Celui que tu voudras», et Tigrane : «Pour moi, Cyrus, je ne te
quitterai pas, dussé-je t'accompagner comme porteur de bagages.»
(43) Cyrus se mit à rire et dit :
«A quel prix consentirais-tu que ta femme apprenne que tu portes des
bagages ?
- Elle n'aura pas besoin de l'apprendre, répliqua-t-il ; car je
l'emmène, et ainsi, elle pourra voir tout ce que je ferai.
- Il serait temps pour vous, dit Cyrus, de faire vos préparatifs. - Compte
que nous serons prêts et munis de ce que mon père nous donnera.»
Alors les soldats, après avoir été traités en hôtes, allèrent se reposer.
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