[13] Θαυμάζω δὲ τῶν σοφιστῶν καλουμένων ὅτι φασὶ μὲν
ἐπ´ ἀρετὴν ἄγειν οἱ πολλοὶ τοὺς νέους, ἄγουσι δ´ ἐπὶ
τοὐναντίον· οὔτε γὰρ {ἂν} ἄνδρα που ἑωράκαμεν ὅντιν´ οἱ
νῦν σοφισταὶ ἀγαθὸν ἐποίησαν, οὔτε γράμματα παρέχονται
ἐξ ὧν χρὴ ἀγαθοὺς γίγνεσθαι, ἀλλὰ περὶ μὲν τῶν ματαίων
πολλὰ αὐτοῖς γέγραπται, ἀφ´ ὧν τοῖς νέοις αἱ μὲν ἡδοναὶ
κεναί, ἀρετὴ δ´ οὐκ ἔνι· διατρίβειν δ´ ἄλλως παρέχει τοῖς
ἐλπίσασί τι ἐξ αὐτῶν μαθήσεσθαι {μάτην} καὶ ἑτέρων κωλύει
χρησίμων καὶ διδάσκει κακά. μέμφομαι οὖν αὐτοῖς τὰ μὲν
μεγάλα μειζόνως· περὶ δὲ ὧν γράφουσιν, ὅτι τὰ μὲν ῥήματα
αὐτοῖς ἐζήτηται, γνῶμαι δὲ ὀρθῶς ἔχουσαι, αἷς ἂν παιδεύοιντο
οἱ νεώτεροι ἐπ´ ἀρετήν, οὐδαμοῦ. ἐγὼ δὲ ἰδιώτης
μέν εἰμι, οἶδα δὲ ὅτι κράτιστον μέν ἐστι παρὰ τῆς αὑτοῦ
φύσεως τὸ ἀγαθὸν διδάσκεσθαι, δεύτερον δὲ παρὰ τῶν
ἀληθῶς ἀγαθόν τι ἐπισταμένων μᾶλλον ἢ ὑπὸ τῶν ἐξαπατᾶν
τέχνην ἐχόντων. ἴσως οὖν τοῖς μὲν ὀνόμασιν οὐ σεσοφισμένως
λέγω· οὐδὲ γὰρ ζητῶ τοῦτο· ὧν δὲ δέονται εἰς
ἀρετὴν οἱ καλῶς πεπαιδευμένοι ὀρθῶς ἐγνωσμένα ζητῶ
λέγειν· ὀνόματα μὲν γὰρ οὐκ ἂν παιδεύσειε, γνῶμαι δέ,
εἰ καλῶς ἔχοιεν. ψέγουσι δὲ καὶ ἄλλοι πολλοὶ τοὺς νῦν
σοφιστὰς καὶ οὐ {τοὺς} φιλοσόφους, ὅτι ἐν τοῖς ὀνόμασι σοφίζονται,
οὐκ ἐν τοῖς νοήμασιν. οὐ λανθάνει δέ με ὅτι τὰ μὴ
καλῶς καὶ ἑξῆς γεγραμμένα φήσει τις ἴσως τῶν τοιούτων
οὐ καλῶς οὐδ´ ἑξῆς γεγράφθαι· ῥᾴδιον γὰρ ἔσται αὐτοῖς
τὸ ταχὺ μὴ ὀρθῶς μέμψασθαι· καίτοι γέγραπταί γε οὕτως,
ἵνα ὀρθῶς ἔχῃ, καὶ μὴ σοφιστικοὺς ποιῇ ἀλλὰ σοφοὺς καὶ
ἀγαθούς· οὐ γὰρ δοκεῖν αὐτὰ βούλομαι μᾶλλον ἢ εἶναι
χρήσιμα, ἵνα ἀνεξέλεγκτα ᾖ εἰς ἀεί. οἱ σοφισταὶ δ´ ἐπὶ
τῷ ἐξαπατᾶν λέγουσι καὶ γράφουσιν ἐπὶ τῷ ἑαυτῶν κέρδει,
καὶ οὐδένα οὐδὲν ὠφελοῦσιν· οὐδὲ γὰρ σοφὸς αὐτῶν ἐγένετο
οὐδεὶς οὐδ´ ἔστιν, ἀλλὰ καὶ ἀρκεῖ ἑκάστῳ σοφιστὴν κληθῆναι,
ὅ ἐστιν ὄνειδος παρά γε εὖ φρονοῦσι. τὰ μὲν οὖν τῶν
σοφιστῶν παραγγέλματα παραινῶ φυλάττεσθαι, τὰ δὲ τῶν
φιλοσόφων ἐνθυμήματα μὴ ἀτιμάζειν· οἱ μὲν γὰρ σοφισταὶ
πλουσίους καὶ νέους θηρῶνται, οἱ δὲ φιλόσοφοι πᾶσι κοινοὶ
καὶ φίλοι· τύχας δὲ ἀνδρῶν οὔτε τιμῶσιν οὔτε ἀτιμάζουσι.
Μὴ ζηλοῦν δὲ μηδὲ τοὺς ἐπὶ τὰς πλεονεξίας εἰκῇ ἰόντας,
μήτ´ ἐπὶ τὰς ἰδίας μήτ´ ἐπὶ τὰς δημοσίας, ἐνθυμηθέντα ὅτι
οἱ μὲν ἄριστοι αὐτῶν γιγνώσκονται μὲν ἐπὶ τὰ βελτίω
ἐπίπονοι δέ εἰσιν, οἱ δὲ κακοὶ πάσχουσί τε κακῶς καὶ
γιγνώσκονται ἐπὶ τὰ χείρω. τάς τε γὰρ τῶν ἰδιωτῶν οὐσίας
ἀφαιρούμενοι καὶ τὰ τῆς πόλεως εἰς τὰς κοινὰς σωτηρίας
ἀνωφελέστεροί εἰσι τῶν ἰδιωτῶν, τά τε σώματα πρὸς τὸν
πόλεμον κάκιστα καὶ αἴσχιστα ἔχουσι πονεῖν οὐ δυνάμενοι.
οἱ δὲ κυνηγέται εἰς τὸ κοινὸν τοῖς πολίταις καὶ τὰ σώματα
καὶ τὰ κτήματα καλῶς ἔχοντα παρέχουσιν. ἔρχονται δὲ
οἱ μὲν ἐπὶ τὰ θηρία, οἱ δ´ ἐπὶ τοὺς φίλους. εἶθ´ οἱ μὲν
ἐπὶ τοὺς φίλους ἰόντες δύσκλειαν ἔχουσι παρὰ πᾶσιν, οἱ δὲ
κυνηγέται ἐπὶ τὰ θηρία ἰόντες εὔκλειαν· ἑλόντες μὲν γὰρ
πολέμια νικῶσι, μὴ ἑλόντες δὲ πρῶτον μὲν ὅτι πάσης τῆς
πόλεως ἐχθροῖς ἐπιχειροῦσιν ἔπαινον ἔχουσιν, ἔπειτα ὅτι
οὔτ´ ἐπ´ ἀνδρὸς βλάβῃ οὔτε φιλοκερδείᾳ ἔρχονται. ἔπειτα ἐξ
αὐτοῦ τοῦ ἐπιχειρήματος βελτίους γίγνονται πρὸς πολλὰ
καὶ σοφώτεροι δι´ οὗ διδάξομεν. ἐὰν γὰρ μὴ πόνοις καὶ
ἐνθυμήμασι καὶ ἐπιμελείαις πολλαῖς ὑπερβάλλωνται, οὐκ
ἂν ἕλοιεν ἄγρας. τὰ γὰρ ἀντίπαλα αὐτῶν ὑπὲρ τῆς ψυχῆς
ἀγωνιζόμενα καὶ ἐν τῇ αὑτῶν οἰκήσει ἐν ἰσχύι πολλῇ ἐστιν·
ὥστε τῷ κυνηγέτῃ μάτην οἱ πόνοι γίγνονται, ἐὰν μὴ μείζονι
φιλοπονίᾳ καὶ πολλῇ συνέσει κρατήσῃ αὐτῶν. οἱ μὲν οὖν
κατὰ πόλιν βουλόμενοι πλεονεκτεῖν μελετῶσι νικᾶν φίλους,
οἱ δὲ κυνηγέται κοινοὺς ἐχθρούς· καὶ τοὺς μὲν ἡ μελέτη
αὕτη ποιεῖ πρὸς τοὺς ἄλλους πολεμίους ἀμείνους, τοὺς δὲ
πολὺ χείρους· καὶ τοῖς μὲν ἡ ἄγρα μετὰ σωφροσύνης, τοῖς
δὲ μετὰ αἰσχροῦ θράσους. κακοηθείας δὲ καὶ αἰσχροκερδείας
οἱ μὲν δύνανται καταφρονεῖν, οἱ δ´ οὐ δύνανται· φωνὴν δὲ
οἱ μὲν εὐεπῆ ἱᾶσιν, οἱ δ´ αἰσχράν· πρὸς δὲ τὰ θεῖα τοῖς
μὲν οὐδὲν ἐμποδὼν ἀσεβεῖν, οἱ δ´ εὐσεβέστατοι. λόγοι
γὰρ παλαιοὶ κατέχουσιν ὡς καὶ θεοὶ τούτῳ τῷ ἔργῳ χαίρουσι
καὶ πράττοντες καὶ ὁρῶντες· ὥστε ὑπάρχειν ἐνθυμουμένους
τούτων θεοφιλεῖς τ´ εἶναι καὶ εὐσεβεῖς τοὺς νέους τοὺς
ποιοῦντας ἃ ἐγὼ παραινῶ, οἰομένους ὑπὸ θεῶν του ὁρᾶσθαι
ταῦτα. οὗτοι δ´ ἂν εἶεν καὶ τοκεῦσιν ἀγαθοὶ καὶ πάσῃ τῇ
ἑαυτῶν πόλει καὶ ἑνὶ ἑκάστῳ τῶν φίλων καὶ πολιτῶν. οὐ
μόνον δὲ ὅσοι ἄνδρες κυνηγεσίων ἠράσθησαν ἐγένοντο
ἀγαθοί, ἀλλὰ καὶ αἱ γυναῖκες αἷς ἔδωκεν ἡ θεὸς ταῦτα
{Ἄρτεμις}, Ἀταλάντη καὶ Πρόκρις καὶ ἥτις ἄλλη.
| [13] CHAPITRE XIII.
J'admire, en vérité, ces gens que l'on appelle sophistes, qui
prétendent pour la plupart conduire les jeunes gens à la vertu,
tandis qu'ils les mènent en sens contraire. En effet, nous n'avons
encore vu personne dont les sophistes de nos jours aient fait
un homme de bien; ils ne produisent aucun ouvrage dont la
lecture rende nécessairement bon, tandis qu'ils publient nombre
d'écrits frivoles qui donnent à la jeunesse de stériles plaisirs,
sans un seul trait de vertu. Ils perdent en outre le temps de
ceux qui espéraient en tirer quelque renseignement, détournent
des études solides et n'enseignent que le mal. Je leur reproche
donc gravement des torts aussi graves; et de plus de ce que,
dans leurs écrits, ils sont à la recherche des mots, tandis que
les pensées justes, qui pourraient former les jeunes gens à la
vertu, brillent par leur absence. Je ne suis qu'un ignorant;
mais je sais que la plus essentielle des leçons nous est donnée
par la nature elle-même, qui est d'ètre homme de bien; en second
lieu, c'est de consulter ceux qui savent quelque chose de
réellement bon, et non pas ceux qui ne connaissent que l'art
de tromper. Peut-être mon style est-il dépourvu de l'élégance
sophistique; je ne la cherche point : mais ce qui peut servir à
ceux qu'une bonne éducation conduit à la vertu, après y avoir
bien réfléchi, j'essaye de le dire. Or, ce ne sont pas les mots qui
instruisent, mais les pensées, si elles sont justes.
Beaucoup d'autres avec moi reprochent, je ne dis pas aux
philosophes, mais aux sophistes du jour, de sophistiquer sur les
mots, sans se préoccuper des idées. Je n'ignore pas que c'est
une belle chose que d'écrire avec méthode; aussi leur sera-t-il
facile de me reprocher d'écrire vite et sans ordre ; cependant
j'écris ainsi pour être net, et pour former non des sophistiqueurs,
mais des sages et des hommes de bien; attendu que je
n'ai pas la prétention que mes écrits soient beaux, mais utiles et
irréfutables. Les sophistes, au contraire, ne parlent, n'écrivent
que pour tromper, que pour s'enrichir, et ils ne sont utiles à
personne. Il n'y eut jamais, il n'y a pas chez eux de sage; il
leur suffit d'être appelés sophistes, nom flétrissant pour des
hommes qui ont l'âme bien placée. J'engage donc à se tenir en
garde contre les préceptes des sophistes, et à ne point dédaigner
les saines réflexions des philosophes. Car les sophistes
sont en quête des jeunes gens riches, tandis que les philosophes
sont accessibles à tous, amis de tous : ce n'est pas la fortune
des hommes qui règle leur estime ni leur mépris.
N'imitez pas non plus ces hommes qui ne respectent rien
pour se pousser, soit dans le particulier, soit en public. Songez
que les honnêtes gens se reconnaissent à des actions vertueuses,
à une vie de labeur, tandis que les méchants n'ont que des
passions honteuses et se reconnaissent à leur perversité.
Spoliateurs des fortunes privées et de l'État, ils contribuent moins
au salut commun que les ignorants, et ils n'apportent à la
guerre que des corps épuisés, flétris, incapables de supporter
la fatigue. Les chasseurs, au contraire, présentent toujours à la
république des corps robustes et des ressources positives. lls
font la guerre aux bêtes, les autres la font aux amis. Or ceux-ci,
en marchant contre des amis, se couvrent d'infamie aux yeux
de tous; tandis que les chasseurs, en marchant contre les bêtes,
se couvrent de gloire. S'ils les prennent, ils seront vainqueurs
d'ennemis; s'ils ne les prennent pas, leur entreprise contre des
ennemis de la cité leur vaut d'abord des louanges ; ensuite on
leur sait gré de ce qu'ils le font sans nuire à personne et sans
songer à leur profit; enfin leurs efforts mêmes les rendent plus
vertueux et plus habiles par la raison que nous allons dire. S'ils
ne se distinguaient point par leurs travaux, leur sagacité, leur
vigilance, ils ne prendraient aucune bête : car les ennemis auxquels
ils ont affaire, combattant pour leur vie et dans leur retraite,
sont vraiment bien forts : il en résulte que les peines du
chasseur seraient inutiles, s'il ne se mettait beaucoup au-dessus
d'eux par son activité et par son intelligence. D'un autre côté,
ceux qui veulent dominer dans leur pays s'efforcent de vaincre
des amis : les chasseurs luttent contre des ennemis communs ;
es exercices de ceux-ci les rendent plus forts contre les ennemis ;
ceux des autres les rendent pires : des deux parts
c'est une chasse, mais faite ici avec l'intelligence ; là, avec
une honteuse effronterie : les uns peuvent dédaigner la lâcheté
du caractère, la cupidité sordide, les autres ne le peuvent
pas; la parole de ces derniers indique une âme généreuse; celle
des autres, un coeur dépravé : il n'est pas de frein à l'impiété
des uns, les autres sont pleins de respect pour la divinité.
C'est une tradition antique que les dieux eux-mêmes aiment
à chasser ou à voir cet exercice. Si donc les jeunes gens se
rappellent mes conseils et s'y conforment, ils seront amis des
dieux, pleins de religion, persuadés qu'ils sont sous l'oeil de la
divinité. Par là, ils se montreront dignes de leurs parents, de
leur patrie, de chacun de leurs concitoyens et de leurs amis.
Et il n'y a pas seulement que des chasseurs qui soient devenus
illustres : dans ce nombre on comprend aussi des femmes,
auxquelles Diane a donné d'être chasseresses, Atalante, Procris,
et d'autres avec elles.
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