Texte grec :
[5,2,1] ἐπεὶ δὲ τὰ ἐπιτήδεια οὐκέτι ἦν λαμβάνειν ὥστε ἀπαυθημερίζειν ἐπὶ τὸ
στρατόπεδον, ἐκ τούτου λαβὼν Ξενοφῶν ἡγεμόνας τῶν Τραπεζουντίων ἐξάγει
εἰς Δρίλας τὸ ἥμισυ τοῦ στρατεύματος, τὸ δὲ ἥμισυ κατέλιπε φυλάττειν τὸ
στρατόπεδον· οἱ γὰρ Κόλχοι, ἅτε ἐκπεπτωκότες τῶν οἰκιῶν, πολλοὶ ἦσαν ἁθρόοι
καὶ ὑπερεκάθηντο ἐπὶ τῶν ἄκρων. (5.2.2) οἱ δὲ Τραπεζούντιοι ὁπόθεν μὲν τὰ
ἐπιτήδεια ῥᾴδιον ἦν λαβεῖν οὐκ ἦγον· φίλοι γὰρ αὐτοῖς ἦσαν· εἰς δὲ τοὺς Δρίλας
προθύμως ἦγον, ὑφ᾽ ὧν κακῶς ἔπασχον, εἰς χωρία τε ὀρεινὰ καὶ δύσβατα καὶ
ἀνθρώπους πολεμικωτάτους τῶν ἐν τῷ Πόντῳ. (5.2.3) ἐπεὶ δὲ ἦσαν ἐν τῇ ἄνω
χώρᾳ οἱ Ἕλληνες, ὁποῖα τῶν χωρίων τοῖς Δρίλαις ἁλώσιμα εἶναι ἐδόκει
ἐμπιμπράντες ἀπῇσαν· καὶ οὐδὲν ἦν λαμβάνειν εἰ μὴ ὗς ἢ βοῦς ἢ ἄλλο τι κτῆνος
τὸ πῦρ διαπεφευγός. ἓν δὲ ἦν χωρίον μητρόπολις αὐτῶν· εἰς τοῦτο πάντες
ξυνερρυήκεσαν. περὶ δὲ τοῦτο ἦν χαράδρα ἰσχυρῶς βαθεῖα, καὶ πρόσοδοι
χαλεπαὶ πρὸς τὸ χωρίον. (5.2.4) οἱ δὲ πελτασταὶ προδραμόντες στάδια πέντε ἢ ἓξ
τῶν ὁπλιτῶν, διαβάντες τὴν χαράδραν, ὁρῶντες πρόβατα πολλὰ καὶ ἄλλα
χρήματα προσέβαλλον πρὸς τὸ χωρίον· ξυνείποντο δὲ καὶ δορυφόροι πολλοὶ οἱ
ἐπὶ τὰ ἐπιτήδεια ἐξωρμημένοι· ὥστε ἐγένοντο οἱ διαβάντες πλείους ἢ δισχίλιοι
ἄνθρωποι. (5.2.5) ἐπεὶ δὲ μαχόμενοι οὐκ ἐδύναντο λαβεῖν τὸ χωρίον (καὶ γὰρ
τάφρος ἦν περὶ αὐτὸ εὐρεῖα ἀναβεβλημένη καὶ σκόλοπες ἐπὶ τῆς ἀναβολῆς καὶ
τύρσεις πυκναὶ ξύλιναι πεποιημέναι), ἀπιέναι δὴ ἐπεχείρουν· οἱ δὲ ἐπέκειντο
αὐτοῖς. (5.2.6) ὡς δὲ οὐκ ἐδύναντο ἀποτρέχειν (ἦν γὰρ ἐφ᾽ ἑνὸς ἡ κατάβασις ἐκ
τοῦ χωρίου εἰς τὴν χαράδραν), πέμπουσι πρὸς Ξενοφῶντα· ὁ δὲ ἡγεῖτο τοῖς
ὁπλίταις. (5.2.7) ὁ δὲ ἐλθὼν λέγει ὅτι ἔστι χωρίον χρημάτων πολλῶν μεστόν·
τοῦτο οὔτε λαβεῖν δυνάμεθα· ἰσχυρὸν γάρ ἐστιν· οὔτε ἀπελθεῖν ῥᾴδιον· μάχονται
γὰρ ἐπεξεληλυθότες καὶ ἡ ἄφοδος χαλεπή. (5.2.8) ἀκούσας ταῦτα ὁ Ξενοφῶν
προσαγαγὼν πρὸς τὴν χαράδραν τοὺς μὲν ὁπλίτας θέσθαι ἐκέλευσε τὰ ὅπλα,
αὐτὸς δὲ διαβὰς σὺν τοῖς λοχαγοῖς ἐσκοπεῖτο πότερον εἴη κρεῖττον ἀπαγαγεῖν
καὶ τοὺς διαβεβηκότας ἢ καὶ τοὺς ὁπλίτας διαβιβάζειν, ὡς ἁλόντος ἂν τοῦ
χωρίου. (5.2.9) ἐδόκει γὰρ τὸ μὲν ἀπαγαγεῖν οὐκ εἶναι ἄνευ πολλῶν νεκρῶν,
ἑλεῖν δ᾽ ἂν ᾤοντο καὶ οἱ λοχαγοὶ τὸ χωρίον, καὶ ὁ Ξενοφῶν ξυνεχώρησε τοῖς
ἱεροῖς πιστεύσας· οἱ γὰρ μάντεις ἀποδεδειγμένοι ἦσαν ὅτι μάχη μὲν ἔσται, τὸ δὲ
τέλος καλὸν τῆς ἐξόδου.
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Traduction française :
[5,2,1] Quand les vivres manquèrent aux environs du camp, en sorte que le soldat ne
pouvait en aller prendre et revenir le même jour, Xénophon se munit de guides à
Trébizonde, conduit la moitié de l'armée contre les Driliens, et laisse l'autre
moitié pour garder le camp ; car les Colques qu'on avait chassés de leurs
maisons s'étaient rassemblés en grand nombre et occupaient les hauteurs. Les
habitants de Trébizonde ne menaient jamais l'armée grecque où il lui eût été le
plus facile de s'approvisionner, parce que c'eût été chez des peuples de leurs
amis ; mais ils la conduisirent de grand cur contre les Driliens dont ils
avaient à se plaindre. Des nations riveraines du Pont-Euxin, celle-ci est la
plus belliqueuse ; elle habite un pays montueux et dont les chemins sont presque
impraticables.
Lorsque les Grecs y furent entrés, les Driliens en se retirant brûlèrent tous
les lieux dont ils jugeaient que l'ennemi pouvait s'emparer : il ne resta rien à
prendre que quelques porcs, bufs, et autres bestiaux échappés aux flammes. Il y
avait un lieu qu'on nommait leur métropole ; ils s'y étaient tous rassemblés. À
l'entour régnait un ravin très profond, et les abords de la place étaient
difficiles. Les armés à la légère coururent sept ou huit stades en avant de
l'infanterie, passèrent le ravin, et voyant des bestiaux et beaucoup d'autre
pillage à faire, attaquèrent la place. Un grand nombre de Grecs armés de piques,
qui étaient sortis du camp pour aller prendre des vivres, les avaient suivis, en
sorte qu'il y avait plus de deux mille hommes au-delà du ravin. Après avoir
combattu et avoir été repoussés (car la ville était encore entourée d'un large
fossé, dont le revers était palissadé et flanqué d'un grand nombre de tours de
bois), après ces vains efforts, dis-je, les Grecs tâchèrent de se retirer ; mais
dès qu'ils y songeaient, les Barbares fondaient sur eux ; il était donc
impossible de revenir sur ses pas, d'autant que du lieu où l'on était on ne
pouvait descendre qu'un à un dans le ravin. Les Grecs en font instruire Xénophon
qui marchait à la tête des hoplites ; leur député annonce à ce général qu'il y a
un grand butin à faire dans la place et qu'elle regorge de richesses. "Nous ne
saurions l'emporter de vive force, car elle est fortifiée ; il n'est pas aisé
non plus de nous retirer en bon ordre : l'ennemi fait sur nous des sorties
vigoureuses, et le terrain ajoute aux difficultés de notre retraite." Xénophon
ayant entendu ce rapport, mena l'infanterie jusqu'au bord du ravin, et y fit
poser en ordre les armes à terre. Lui seul avec les chefs de lochos le traversa
et examina s'il valait mieux faire retirer les Grecs qui avaient passé le ravin,
ou faire avancer aussi au-delà toute l'infanterie pour tenter de prendre la
place d'emblée. Il paraissait impossible de faire une retraite qui ne coûtât
beaucoup d'hommes, et les chefs de lochos pensaient qu'on pouvait se rendre
maître de la ville. Xénophon se rendit à leur avis et se confia aux indices
donnés par les dieux ; car les devins avaient déclaré qu'on combattrait, mais
que la fin de l'entreprise serait heureuse.
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