HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, L'Anabase, livre V

ἔδωκαν



Texte grec :

[5,6,20] - ἄνδρες, νῦν μὲν ὁρῶμεν ὑμᾶς ἀπόρους ὄντας καὶ ἐν τῷ ἀπόπλῳ ἔχειν τὰ ἐπιτήδεια καὶ ὡς οἴκαδε ἀπελθόντας ὀνῆσαί τι τοὺς οἴκοι· εἰ δὲ βούλεσθε τῆς κύκλῳ χώρας περὶ τὸν Πόντον οἰκουμένης ἐκλεξάμενοι ὅποι ἂν βούλησθε κατασχεῖν, καὶ τὸν μὲν ἐθέλοντα ἀπιέναι οἴκαδε, τὸν δ᾽ ἐθέλοντα μένειν αὐτοῦ, πλοῖα δ᾽ ὑμῖν πάρεστιν, ὥστε ὅπῃ ἂν βούλησθε ἐξαίφνης ἂν ἐπιπέσοιτε. (5.6.21) ἀκούσαντες ταῦτα οἱ ἔμποροι ἀπήγγελλον ταῖς πόλεσι· ξυνέπεμψε δ᾽ αὐτοῖς Τιμασίων Δαρδανεὺς Εὐρύμαχόν τε τὸν Δαρδανέα καὶ Θώρακα τὸν Βοιώτιον ταὐτὰ ἐροῦντας. Σινωπεῖς δὲ καὶ Ἡρακλεῶται ταῦτα ἀκούσαντες πέμπουσι πρὸς τὸν Τιμασίωνα καὶ κελεύουσι προστατεῦσαι λαβόντα χρήματα ὅπως ἐκπλεύσῃ ἡ στρατιά. (5.6.22) ὁ δὲ ἄσμενος ἀκούσας ἐν ξυλλόγῳ τῶν στρατιωτῶν ὄντων λέγει τάδε. - οὐ δεῖ προσέχειν μονῇ, ὦ ἄνδρες, οὐδὲ τῆς Ἑλλάδος οὐδὲν περὶ πλείονος ποιεῖσθαι. ἀκούω δέ τινας θύεσθαι ἐπὶ τούτῳ οὐδ᾽ ὑμῖν λέγοντας. (5.6.23) ὑπισχνοῦμαι δὲ ὑμῖν, ἂν ἐκπλέητε, ἀπὸ νουμηνίας μισθοφορὰν παρέξειν κυζικηνὸν ἑκάστῳ τοῦ μηνός· καὶ ἄξω ὑμᾶς εἰς τὴν Τρῳάδα, ἔνθεν καί εἰμι φυγάς, καὶ ὑπάρξει ὑμῖν ἡ ἐμὴ πόλις· ἑκόντες γάρ με δέξονται. (5.6.24) ἡγήσομαι δὲ αὐτὸς ἐγὼ ἔνθεν πολλὰ χρήματα λήψεσθε. ἔμπειρος δέ εἰμι τῆς Αἰολίδος καὶ τῆς Φρυγίας καὶ τῆς Τρῳάδος καὶ τῆς Φαρναβάζου ἀρχῆς πάσης, τὰ μὲν διὰ τὸ ἐκεῖθεν εἶναι, τὰ δὲ διὰ τὸ ξυνεστρατεῦσθαι ἐν αὐτῇ σὺν Κλεάρχῳ τε καὶ Δερκυλίδᾳ. (5.6.25) ἀναστὰς αὖθις Θώραξ ὁ Βοιώτιος, ὃς περὶ στρατηγίας Ξενοφῶντι ἐμάχετο, ἔφη, εἰ ἐξέλθοιεν ἐκ τοῦ Πόντου, ἔσεσθαι αὐτοῖς Χερρόνησον χώραν καλὴν καὶ εὐδαίμονα ὥστε τῷ βουλομένῳ ἐνοικεῖν, τῷ δὲ μὴ βουλομένῳ ἀπιέναι οἴκαδε. γελοῖον δὲ εἶναι ἐν τῇ Ἑλλάδι οὔσης χώρας πολλῆς καὶ ἀφθόνου ἐν τῇ βαρβάρων μαστεύειν. (5.6.26) ἔστε δ᾽ ἄν, ἔφη, ἐκεῖ γένησθε, κἀγὼ καθάπερ Τιμασίων ὑπισχνοῦμαι ὑμῖν τὴν μισθοφοράν. ταῦτα δὲ ἔλεγεν εἰδὼς ἃ Τιμασίωνι οἱ Ἡρακλεῶται καὶ οἱ Σινωπεῖς ὑπισχνοῦντο ὥστε ἐκπλεῖν. (5.6.27) ὁ δὲ Ξενοφῶν ἐν τούτῳ ἐσίγα. ἀναστὰς δὲ Φιλήσιος καὶ Λύκων οἱ Ἀχαιοὶ ἔλεγον ὡς δεινὸν εἴη ἰδίᾳ μὲν Ξενοφῶντα πείθειν τε καταμένειν καὶ θύεσθαι ὑπὲρ τῆς μονῆς (μὴ κοινούμενον τῇ στρατιᾷ), εἰς δὲ τὸ κοινὸν μηδὲν ἀγορεύειν περὶ τούτων. ὥστε ἠναγκάσθη ὁ Ξενοφῶν ἀναστῆναι καὶ εἰπεῖν τάδε. (5.6.28) - ἐγώ, ὦ ἄνδρες, θύομαι μὲν ὡς ὁρᾶτε ὁπόσα δύναμαι καὶ ὑπὲρ ὑμῶν καὶ ὑπὲρ ἐμαυτοῦ ὅπως ταῦτα τυγχάνω καὶ λέγων καὶ νοῶν καὶ πράττων ὁποῖα μέλλει ὑμῖν τε κάλλιστα καὶ ἄριστα ἔσεσθαι καὶ ἐμοί. καὶ νῦν ἐθυόμην περὶ αὐτοῦ τούτου, εἰ ἄμεινον εἴη ἄρχεσθαι λέγειν εἰς ὑμᾶς καὶ πράττειν περὶ τούτων ἢ παντάπασι μηδὲ ἅπτεσθαι τοῦ πράγματος. (5.6.29) Σιλανὸς δέ μοι ὁ μάντις ἀπεκρίνατο τὸ μὲν μέγιστον, τὰ ἱερὰ καλὰ εἶναι· ᾔδει γὰρ καὶ ἐμὲ οὐκ ἄπειρον ὄντα διὰ τὸ ἀεὶ παρεῖναι τοῖς ἱεροῖς· ἔλεξε δὲ ὅτι ἐν τοῖς ἱεροῖς φαίνοιτό τις δόλος καὶ ἐπιβουλὴ ἐμοί, ὡς ἄρα γιγνώσκων ὅτι αὐτὸς ἐπεβούλευε διαβάλλειν με πρὸς ὑμᾶς. ἐξήνεγκε γὰρ τὸν λόγον ὡς ἐγὼ πράττειν ταῦτα διανοοίμην ἤδη οὐ πείσας ὑμᾶς.

Traduction française :

[5,6,20] Soldats, nous vous voyons dans la détresse ; vous n'avez ni de quoi acheter le nécessaire pour le temps où vous serez en mer, ni de quoi enrichir votre famille à votre retour. Si vous vouliez choisir un des pays situés autour de l'Euxin, vous l'envahiriez aisément. On permettrait alors à ceux qui voudraient retourner dans leur patrie de partir ; ceux qui préféreraient de fixer leur séjour dans cette nouvelle conquête en seraient les maîtres. Vous avez des vaisseaux et pouvez vous porter subitement où vous voudrez." Les négociants, frappés de ce qu'on leur annonçait, le rapportèrent aux villes qu'ils habitaient. Timasion y envoya avec eux Eryntaque Dardanien et Thorax de Béotie pour y parler sur le même ton. Les Sinopéens et les habitants d'Héraclée, dès qu'ils l'ont appris, envoient à Timasion, lui font dire qu'ils lui donneront l'argent nécessaire, qu'il gagne l'armée et l'engage à mettre à la voile et à sortir du Pont-Euxin. Timasion reçut avec plaisir cette nouvelle, et à l'assemblée des soldats il parla en ces termes : "Soldats, il ne faut point songer à nous fixer ici ; nous ne devons avoir rien de plus cher que la Grèce : J'entends dire qu'il est parmi nous des Grecs qui, sans nous le communiquer, ont sacrifié et consulté les dieux sur un établissement que je réprouve ; si vous voulez mettre à la voile au commencement du mois prochain pour abandonner l'Euxin je m'engage à faire payer à chacun de vous une solde qui sera d'un cyzicène par mois. Je vous mènerai dans la Troade, d'où je suis maintenant banni ; vous y aurez ma patrie pour alliée, et je sais qu'elle me recevra avec plaisir. Je vous conduirai ensuite où vous ferez beaucoup de butin, car l'Éolie, la Phrygie, la Troade, le gouvernement entier de Pharnabaze, tous ces pays me sont parfaitement connus, les uns parce que j'en suis originaire, les autres parce que j'y ai fait la guerre avec Cléarque et Dercyllidas." Thorax de Béotie se leva aussitôt ; c'était un rival qui enviait à Xénophon son rang de général, et qui tâchait sans cesse de le lui enlever. Il dit aux Grecs qu'à la sortie du Pont-Euxin, ils trouveraient la Chersonèse, contrée belle et opulente, que ceux qui voudraient s'y fixer le pourraient ; qu'il serait loisible à ceux qui préféreraient leur patrie d'y retourner ; qu'il était ridicule de chercher un établissement parmi les Barbares, tandis qu'il restait tant de pays fertiles à occuper au sein de la Grèce. "Jusqu'à ce que vous y soyez parvenus, ajouta-t-il, je vous réponds de la solde que vous a fait espérer Timasion." Il parlait ainsi parce qu'il savait ce que les villes de Sinope et d'Héraclée avaient promis à ce Grec pour engager l'armée à s'embarquer et à passer le Bosphore. Xénophon cependant gardait un profond silence. Philésius et Lycon, Achéens tous deux, se levèrent et dirent que c'était un crime grave à ce général de solliciter séparément les Grecs à demeurer dans ces contrées ; d'avoir été jusqu'à consulter les dieux par des sacrifices à l'insu de l'armée ; et de ne pas ouvrir la bouche lorsqu'on délibérait en commun sur ce même sujet. Ces accusations forcèrent Xénophon de se lever et de tenir ce discours : "Soldats, vous me voyez faire le plus de sacrifices que je peux ; j'ai en vue votre prospérité et la mienne. Je tâche de dire, de penser, d'exécuter ce qui doit tourner le plus glorieusement et le plus avantageusement pour vous et pour moi. Je viens de sacrifier précisément pour savoir s'il valait mieux vous parler le premier de mon projet et travailler à l'exécuter ou ne me mêler en rien de cette affaire. Silanus m'a répondu que les entrailles des victimes étaient belles : c'est le point le plus important. Il savait qu'il ne parlait pas à un homme sans expérience, parce que j'assiste toujours aux sacrifices. Il a ajouté qu'il lisait dans les entrailles qu'il se tramait contre moi des fourberies et des embûches ; et il était bien sûr de la vérité de sa prédiction ; car il savait que lui-même tâchait de me calomnier près de vous. Il a semé le bruit que je voulais exécuter mes desseins sans vous les avoir fait approuver par la voie de la persuasion.





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Dernière mise à jour : 1/03/2007