| [5,3,1] ἐπεὶ δὲ οὔτε Χειρίσοφος ἧκεν οὔτε πλοῖα ἱκανὰ ἦν οὔτε τὰ ἐπιτήδεια ἦν 
λαμβάνειν ἔτι, ἐδόκει ἀπιτέον εἶναι. καὶ εἰς μὲν τὰ πλοῖα τούς τε ἀσθενοῦντας 
ἐνεβίβασαν καὶ τοὺς ὑπὲρ τετταράκοντα ἔτη καὶ παῖδας καὶ γυναῖκας καὶ τῶν 
σκευῶν ὅσα μὴ ἀνάγκη ἦν ἔχειν. καὶ Φιλήσιον καὶ Σοφαίνετον τοὺς 
πρεσβυτάτους τῶν στρατηγῶν εἰσβιβάσαντες τούτων ἐκέλευον ἐπιμελεῖσθαι· οἱ 
δὲ ἄλλοι ἐπορεύοντο· ἡ δὲ ὁδὸς ὡδοποιημένη ἦν. (5.3.2) καὶ ἀφικνοῦνται 
πορευόμενοι εἰς Κερασοῦντα τριταῖοι πόλιν Ἑλληνίδα ἐπὶ θαλάττῃ Σινωπέων 
ἄποικον ἐν τῇ Κολχίδι χώρᾳ. (5.3.3) ἐνταῦθα ἔμειναν ἡμέρας δέκα· καὶ ἐξέτασις 
σὺν τοῖς ὅπλοις ἐγίγνετο καὶ ἀριθμός, καὶ ἐγένοντο ὀκτακισχίλιοι καὶ ἑξακόσιοι. 
οὗτοι ἐσώθησαν. οἱ δὲ ἄλλοι ἀπώλοντο ὑπό τε τῶν πολεμίων καὶ χιόνος καὶ εἴ τις 
νόσῳ. (5.3.4) ἐνταῦθα καὶ διαλαμβάνουσι τὸ ἀπὸ τῶν αἰχμαλώτων ἀργύριον 
γενόμενον. καὶ τὴν δεκάτην, ἣν τῷ Ἀπόλλωνι ἐξεῖλον καὶ τῇ Ἐφεσίᾳ Ἀρτέμιδι, 
διέλαβον οἱ στρατηγοὶ τὸ μέρος ἕκαστος φυλάττειν τοῖς θεοῖς· ἀντὶ δὲ Χειρισόφου 
Νέων ὁ Ἀσιναῖος ἔλαβε. (5.3.5) Ξενοφῶν οὖν τὸ μὲν τοῦ Ἀπόλλωνος ἀνάθημα 
ποιησάμενος ἀνατίθησιν εἰς τὸν ἐν Δελφοῖς τῶν Ἀθηναίων θησαυρὸν καὶ 
ἐπέγραψε τό τε αὑτοῦ ὄνομα καὶ τὸ Προξένου, ὃς σὺν Κλεάρχῳ ἀπέθανεν· ξένος 
γὰρ ἦν αὐτοῦ. (5.3.6) τὸ δὲ τῆς Ἀρτέμιδος τῆς Ἐφεσίας, ὅτ᾽ ἀπῄει σὺν Ἀγησιλάῳ 
ἐκ τῆς Ἀσίας τὴν εἰς Βοιωτοὺς ὁδόν, καταλείπει παρὰ Μεγαβύζῳ τῷ τῆς 
Ἀρτέμιδος νεωκόρῳ, ὅτι αὐτὸς κινδυνεύσων ἐδόκει ἰέναι, καὶ ἐπέστειλεν, ἢν μὲν 
αὐτὸς σωθῇ, αὑτῷ ἀποδοῦναι· ἢν δέ τι πάθῃ, ἀναθεῖναι ποιησάμενον τῇ Ἀρτέμιδι 
ὅ τι οἴοιτο χαριεῖσθαι τῇ θεῷ. (5.3.7) ἐπειδὴ δ᾽ ἔφευγεν ὁ Ξενοφῶν, κατοικοῦντος 
ἤδη αὐτοῦ ἐν Σκιλλοῦντι ὑπὸ τῶν Λακεδαιμονίων οἰκισθέντος παρὰ τὴν 
Ὀλυμπίαν ἀφικνεῖται Μεγάβυζος εἰς Ὀλυμπίαν θεωρήσων καὶ ἀποδίδωσι τὴν 
παρακαταθήκην αὐτῷ. Ξενοφῶν δὲ λαβὼν χωρίον ὠνεῖται τῇ θεῷ ὅπου ἀνεῖλεν 
ὁ θεός. (5.3.8) ἔτυχε δὲ διαρρέων διὰ τοῦ χωρίου ποταμὸς Σελινοῦς. καὶ ἐν Ἐφέσῳ 
δὲ παρὰ τὸν τῆς Ἀρτέμιδος νεὼν Σελινοῦς ποταμὸς παραρρεῖ. καὶ ἰχθύες τε ἐν 
ἀμφοτέροις ἔνεισι καὶ κόγχαι· ἐν δὲ τῷ ἐν Σκιλλοῦντι χωρίῳ καὶ θῆραι πάντων 
ὁπόσα ἐστὶν ἀγρευόμενα θηρία. (5.3.9) ἐποίησε δὲ καὶ βωμὸν καὶ ναὸν ἀπὸ τοῦ 
ἱεροῦ ἀργυρίου, καὶ τὸ λοιπὸν δὲ ἀεὶ δεκατεύων τὰ ἐκ τοῦ ἀγροῦ ὡραῖα θυσίαν 
ἐποίει τῇ θεῷ, καὶ πάντες οἱ πολῖται καὶ οἱ πρόσχωροι ἄνδρες καὶ γυναῖκες 
μετεῖχον τῆς ἑορτῆς. παρεῖχε δὲ ἡ θεὸς τοῖς σκηνοῦσιν ἄλφιτα, ἄρτους, οἶνον, 
τραγήματα, καὶ τῶν θυομένων ἀπὸ τῆς ἱερᾶς νομῆς λάχος, καὶ τῶν θηρευομένων δέ. 
 | [5,3,1] Chirisophe n'arrivait point ; on n'avait pas rassemblé assez de bâtiments pour 
transporter toute l'armée, et elle ne trouvait plus de vivres à enlever. On 
jugea qu'il fallait quitter le pays ; on embarqua les malades, les soldats âgés 
de plus de quarante ans, les enfants, les femmes, et tous les équipages dont on 
pouvait se passer, avec Philésius et Sophénète ; les plus âgés des généraux, aux 
soins desquels on commit ce qui montait sur les vaisseaux. Le reste de l'armée 
se mit en route. Les marches étaient ouvertes, et les chemins réparés ; elle 
arriva ainsi par terre en trois jours à Cérasunte, ville grecque, colonie des 
Sinopéens, et située sur le bord de la mer dans la Colchide. On y séjourna trois 
jours et l'on y fit la revue et le dénombrement des hoplites sous les armes ; de 
plus de dix mille il n'en restait en vie que huit mille six cents ; les ennemis, 
la neige et les maladies avaient fait périr le reste. On partagea alors l'argent 
provenant de la vente des prisonniers ; on préleva le dixième pour Apollon et 
pour Diane Éphésienne ; les généraux divisèrent cette portion des dieux, et 
chacun d'eux se chargea d'en garder une partie pour la leur offrir. Néon 
d'Asinée reçut au nom de Chirisophe celle qui devait être remise à ce général. 
Xénophon ayant fait faire une offrande pour Apollon, la consacra à Delphes dans 
le trésor des Athéniens, et y fit inscrire son nom et celui de Proxène son hôte 
qui avait été mis à mort avec Cléarque. Quant à la portion de Diane, lorsqu'il 
revint d'Asie avec Agésilas, il la laissa à Mégabyze, prêtre de cette déesse ; 
car marchant avec Agésilas vers la Béotie où se donna la bataille de Coronée, 
Xénophon prévoyait qu'il y courrait de grands dangers. Il recommanda à Mégabyze 
de ne rendre ce dépôt qu'à lui-même s'il survivait au combat ; mais s'il y 
succombait, de faire faire ce qu'il croirait être le plus agréable à Diane et de 
le lui consacrer. Xénophon ayant été depuis banni de sa patrie et habitant alors 
Scilunte, ville bâtie par les Lacédémoniens dans les environs d'Olympie, 
Mégabyze vint voir les jeux olympiques et lui rendit son dépôt. Xénophon 
consulta les oracles ; et dans le lieu indiqué par les dieux, il acheta un 
territoire qu'il consacra à Diane ; ce territoire se trouva précisément traversé 
par le fleuve Sellenus. Un autre fleuve du même nom coule en Asie près du temple 
de Diane à Éphèse ; tous les deux sont poissonneux ; on trouve dans tous les 
deux des coquillages. Dans le domaine acquis pour cette déesse près de Scilunte, 
on chasse du gibier de toute espèce. Des fonds consacrés à Diane, Xénophon lui 
éleva encore un temple et un autel ; tous les ans ce général employait la 
dixième partie des fruits que produisaient ses terres, à faire un sacrifice 
pompeux. Tous les citoyens, tous les habitants du voisinage, hommes et femmes, 
prenaient part à la fête. Le domaine de la déesse fournissait aux assistants de 
la farine d'orge, du pain, du vin, des fruits secs ; on leur distribuait une 
portion des victimes engraissées dans les pâturages sacrés et du gibier, 
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