[5,6,10] ἐφ᾽ ὃν ἔλθοιτε ἄν, εἰ τὸν Ἅλυν διαβαίητε. ἐγὼ μὲν οὖν
οὐ χαλεπὴν ὑμῖν εἶναι νομίζω τὴν πορείαν ἀλλὰ παντάπασιν ἀδύνατον. ἂν δὲ
πλέητε, ἔστιν ἐνθένδε μὲν εἰς Σινώπην παραπλεῦσαι, ἐκ Σινώπης δὲ εἰς
Ἡράκλειαν· ἐξ Ἡρακλείας δὲ οὔτε πεζῇ οὔτε κατὰ θάλατταν ἀπορία· πολλὰ γὰρ
καὶ πλοῖά ἐστιν ἐν Ἡρακλείᾳ. (5.6.11) ἐπεὶ δὲ ταῦτ᾽ ἔλεξεν, οἱ μὲν ὑπώπτευον
φιλίας ἕνεκα τῆς Κορύλα λέγειν· καὶ γὰρ ἦν πρόξενος αὐτῷ· οἱ δὲ καὶ ὡς δῶρα
ληψόμενον διὰ τὴν ξυμβουλὴν ταύτην· οἱ δὲ ὑπώπτευον καὶ τούτου ἕνεκα λέγειν
ὡς μὴ πεζῇ ἰόντες τὴν Σινωπέων τι χώραν κακὸν ἐργάζοιντο. οἱ δ᾽ οὖν Ἕλληνες
ἐψηφίσαντο κατὰ θάλατταν τὴν πορείαν ποιεῖσθαι. (5.6.12) μετὰ ταῦτα Ξενοφῶν εἶπεν·
- ὦ Σινωπεῖς, οἱ μὲν ἄνδρες ᾕρηνται πορείαν ἣν ὑμεῖς ξυμβουλεύετε· οὕτω δὲ
ἔχει· εἰ μὲν μέλλει πλοῖα ἔσεσθαι ἱκανὰ ὡς ἀριθμῷ ἕνα μὴ καταλείπεσθαι
ἐνθάδε, ἡμεῖς ἂν πλέοιμεν· εἰ δὲ μέλλοιμεν οἱ μὲν καταλείψεσθαι οἱ δὲ
πλεύσεσθαι, οὐκ ἂν ἐμβαίημεν εἰς τὰ πλοῖα. (5.6.13) γιγνώσκομεν γὰρ ὅτι ὅπου
μὲν ἂν κρατῶμεν, δυναίμεθ᾽ ἂν καὶ σᾐζεσθαι καὶ τὰ ἐπιτήδεια ἔχειν· εἰ δέ που
ἥττους τῶν πολεμίων ληφθησόμεθα, εὔδηλον δὴ ὅτι ἐν ἀνδραπόδων χώρᾳ
ἐσόμεθα. ἀκούσαντες ταῦτα οἱ πρέσβεις ἐκέλευον πέμπειν πρέσβεις. (5.6.14) καὶ
πέμπουσι Καλλίμαχον Ἀρκάδα καὶ Ἀρίστωνα Ἀθηναῖον καὶ Σαμόλαν Ἀχαιόν.
καὶ οἱ μὲν ᾤχοντο. (5.6.15) ἐν δὲ τούτῳ τῷ χρόνῳ Ξενοφῶντι, ὁρῶντι μὲν ὁπλίτας
πολλοὺς τῶν Ἑλλήνων, ὁρῶντι δὲ πελταστὰς πολλοὺς καὶ τοξότας καὶ
σφενδονήτας καὶ ἱππέας δὲ καὶ μάλα ἤδη διὰ τὴν τριβὴν ἱκανούς, ὄντας δ᾽ ἐν τῷ
Πόντῳ, ἔνθα οὐκ ἂν ἀπ᾽ ὀλίγων χρημάτων τοσαύτη δύναμις παρεσκευάσθη,
καλὸν αὐτῷ ἐδόκει εἶναι χώραν καὶ δύναμιν τῇ Ἑλλάδι προσκτήσασθαι πόλιν
κατοικίσαντας. (5.6.16) καὶ γενέσθαι ἂν αὐτῷ ἐδόκει μεγάλη, καταλογιζομένῳ τό
τε αὑτῶν πλῆθος καὶ τοὺς περιοικοῦντας τὸν Πόντον. καὶ ἐπὶ τούτοις ἐθύετο πρίν
τινι εἰπεῖν τῶν στρατιωτῶν Σιλανὸν παρακαλέσας τὸν Κύρου μάντιν γενόμενον
τὸν Ἀμπρακιώτην. (5.6.17) ὁ δὲ Σιλανὸς δεδιὼς μὴ γένηται ταῦτα καὶ καταμείνῃ
που ἡ στρατιά, ἐκφέρει εἰς τὸ στράτευμα λόγον ὅτι Ξενοφῶν βούλεται
καταμεῖναι τὴν στρατιὰν καὶ πόλιν οἰκίσαι καὶ ἑαυτῷ ὄνομα καὶ δύναμιν
περιποιήσασθαι. (5.6.18) αὐτὸς δ᾽ ὁ Σιλανὸς ἐβούλετο ὅτι τάχιστα εἰς τὴν Ἑλλάδα
ἀφικέσθαι· οὓς γὰρ παρὰ Κύρου ἔλαβε τρισχιλίους δαρεικοὺς ὅτε τὰς δέκα
ἡμέρας ἠλήθευσε θυόμενος Κύρῳ, διεσεσώκει. (5.6.19) τῶν δὲ στρατιωτῶν, ἐπεὶ
ἤκουσαν, τοῖς μὲν ἐδόκει βέλτιστον εἶναι καταμεῖναι, τοῖς δὲ πολλοῖς οὔ.
Τιμασίων δὲ ὁ Δαρδανεὺς καὶ Θώραξ ὁ Βοιώτιος πρὸς ἐμπόρους τινὰς παρόντας
τῶν Ἡρακλεωτῶν καὶ Σινωπέων λέγουσιν ὅτι εἰ μὴ ἐκποριοῦσι τῇ στρατιᾷ
μισθὸν ὥστε ἔχειν τὰ ἐπιτήδεια ἐκπλέοντας, ὅτι κινδυνεύσει μεῖναι τοσαύτη
δύναμις ἐν τῷ Πόντῳ· βούλεται γὰρ Ξενοφῶν καὶ ἡμᾶς παρακαλεῖ, ἐπειδὰν ἔλθῃ
τὰ πλοῖα, τότε εἰπεῖν ἐξαίφνης τῇ στρατιᾷ·
| [5,6,10] Après l'Halys, si vous le passez,
vous arriverez eux bords du Parthénias qui est aussi peu guéable. Je
regarde donc que continuer votre route par terre est un parti, je ne dis pas
difficile, mais absolument impossible dans l'exécution. Si vous vous embarquez,
vous longerez la côte d'ici à Sinope, et de Sinope à Héraclée. D'Héraclée vous
ne serez plus embarrassés, ni pour aller par terre, ni pour continuer votre
navigation, si vous l'aimez mieux, car vous trouverez dans cette ville beaucoup
de bâtiments." Quand Hécatonyme eut parlé en ces termes, les uns soupçonnèrent
que ce discours lui avait été inspiré par ses liaisons avec Corylas, car il
était hôte de ce Barbare ; d'autres jugèrent que l'espoir d'une récompense
l'avait engagé à donner ce conseil ; d'autres enfin présumèrent qu'il n'avait
ainsi parlé que pour détourner l'armée de traverser le territoire des Sinopéens
qui aurait pu souffrir de ce passage. Les Grecs arrêtèrent cependant qu'on irait
par mer. Xénophon dit ensuite : "Sinopéens, nos soldats choisissent la route que
vous leur conseillez. Voici à quoi ils se sont déterminés : S'il doit se trouver
assez de bâtiments pour transporter jusqu'au dernier homme, nous nous
embarquerons tous ; mais aucun soldat ne montera à bord s'il faut laisser à
terre une partie de l'armée, tandis que le reste mettrait à la voile, car nous
sentons que, partout où nous serons en force, nous pourrons et sauver nos jours
et nous faire fournir des vivres ; mais que si l'ennemi nous trouve une seule
fois plus faibles que lui, nous subirons le sort des esclaves." Hécatonyme et
ses compagnons ayant entendu cette réponse, prièrent l'armée d'envoyer des
députés à Sinope ; elle y députa Callimaque Arcadien, Ariston d'Athènes, et
Samolas Achéen, qui partirent aussitôt. Pendant leur absence, Xénophon voyant
cette multitude d'hoplites, de peltastes, d'archers, de frondeurs et de
cavaliers, tous exercés longtemps au métier des armes, et devenus d'excellentes
troupes, les voyant, dis-je, sur les bords du Pont-Euxin, où l'on ne pourrait
qu'avec des frais énormes rassembler de telles forces, songea qu'il serait
glorieux d'y fonder une ville et d'y augmenter et la puissance et les
possessions des Grecs. Le nombre des troupes et celui des peuples qui habitent
le long des rivages de cette mer lui faisaient conjecturer que cette colonie
deviendrait considérable. Avant de s'en ouvrir à qui que ce fût de l'armée ;
Xénophon fit appeler Silanus d'Ambracie, qui avait été devin de Cyrus, et
sacrifia pour consulter les dieux sur ce projet. Silanus en redoutant le succès,
et craignant qu'on n'arrêtât dans ce pays l'armée, y répandit le bruit que
Xénophon voulait fixer les Grecs dans les environs, y bâtir une ville et
s'acquérir par là à lui-même et une grande réputation et une grande puissance ;
car ce devin n'aspirait qu'à retourner au plus tôt en Grèce. Il avait conservé
les trois mille dariques qu'il avait reçues de Cyrus lorsqu'il lui eut annoncé,
en observant les victimes, qu'on ne combattrait pas de dix jours, et que
l'événement eut confirmé sa prédiction. Des soldats à qui ces propos revinrent,
quelques-uns trouvaient plus avantageux de rester dans le pays ; mais la plupart
étaient d'un avis contraire : Timasion Dardanien, et Thorax de Béotie dirent à
certains négociants d'Héraclée et de Sinope qui se trouvèrent près de l'armée
que si l'on ne donnait pas aux Grecs une solde afin qu'ils puissent se fournir
de vivres pour le temps de leur navigation, on courait grand risque de fixer sur
les bords de l'Euxin des troupes aussi nombreuses et aussi aguerries. "Car voici
les discours que Xénophon nous exhorte à tenir à l'armée, et il les tiendra
lui-même tout aussitôt que les bâtiments que nous attendons seront arrivés.
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