Texte grec :
[4,8,10] ἔλεξεν οὖν Ξενοφῶν ὅτι δοκοίη παύσαντας τὴν φάλαγγα λόχους ὀρθίους
ποιῆσαι· ἡ μὲν γὰρ φάλαγξ διασπασθήσεται εὐθύς· τῇ μὲν γὰρ ἄνοδον τῇ δὲ
εὔοδον εὑρήσομεν τὸ ὄρος· καὶ εὐθὺς τοῦτο ἀθυμίαν ποιήσει ὅταν τεταγμένοι εἰς
φάλαγγα ταύτην διεσπασμένην ὁρῶσιν. (4.8.11) ἔπειτα ἢν μὲν ἐπὶ πολλῶν
τεταγμένοι προσάγωμεν, περιττεύσουσιν ἡμῶν οἱ πολέμιοι καὶ τοῖς περιττοῖς
χρήσονται ὅ τι ἂν βούλωνται· ἐὰν δὲ ἐπ᾽ ὀλίγων τεταγμένοι ὦμεν, οὐδὲν ἂν εἴη
θαυμαστὸν εἰ διακοπείη ἡμῶν ἡ φάλαγξ ὑπὸ ἁθρόων καὶ βελῶν καὶ ἀνθρώπων
πολλῶν ἐμπεσόντων· εἰ δέ πῃ τοῦτο ἔσται, τῇ ὅλῃ φάλαγγι κακὸν ἔσται. (4.8.12)
ἀλλά μοι δοκεῖ ὀρθίους τοὺς λόχους ποιησαμένους τοσοῦτον χωρίον κατασχεῖν
διαλιπόντας τοῖς λόχοις ὅσον ἔξω τοὺς ἐσχάτους λόχους γενέσθαι τῶν πολεμίων
κεράτων· καὶ οὕτως ἐσόμεθα τῆς τε τῶν πολεμίων φάλαγγος ἔξω (οἱ ἔσχατοι
λόχοι), καὶ ὀρθίους ἄγοντες οἱ κράτιστοι ἡμῶν πρῶτοι προσίασιν, ᾗ τε ἂν εὔοδον
ᾖ, ταύτῃ ἕκαστος ἄξει (ὁ λόχος). (4.8.13) καὶ εἴς τε τὸ διαλεῖπον οὐ ῥᾴδιον ἔσται
τοῖς πολεμίοις εἰσελθεῖν ἔνθεν καὶ ἔνθεν λόχων ὄντων, διακόψαι τε οὐ ῥᾴδιον
ἔσται λόχον ὄρθιον προσιόντα. ἄν τέ τις πιέζηται τῶν λόχων, ὁ πλησίον
βοηθήσει. ἤν τε εἷς πῃ δυνηθῇ τῶν λόχων ἐπὶ τὸ ἄκρον ἀναβῆναι, οὐδεὶς μηκέτι
μείνῃ τῶν πολεμίων. (4.8.14) ταῦτα ἔδοξε, καὶ ἐποίουν ὀρθίους τοὺς λόχους.
Ξενοφῶν δὲ ἀπιὼν ἐπὶ τὸ εὐώνυμον ἀπὸ τοῦ δεξιοῦ ἔλεγε τοῖς στρατιώταις·
- ἄνδρες, οὗτοί εἰσιν οὓς ὁρᾶτε μόνοι ἔτι ἡμῖν ἐμποδὼν τὸ μὴ ἤδη εἶναι ἔνθα
πάλαι σπεύδομεν· τούτους, ἤν πως δυνώμεθα, καὶ ὠμοὺς δεῖ καταφαγεῖν. (4.8.15)
ἐπεὶ δ᾽ ἐν ταῖς χώραις ἕκαστοι ἐγένοντο καὶ τοὺς λόχους ὀρθίους ἐποιήσαντο,
ἐγένοντο μὲν λόχοι τῶν ὁπλιτῶν ἀμφὶ τοὺς ὀγδοήκοντα, ὁ δὲ λόχος ἕκαστος
σχεδὸν εἰς τοὺς ἑκατόν· τοὺς δὲ πελταστὰς καὶ τοὺς τοξότας τριχῇ ἐποιήσαντο,
τοὺς μὲν τοῦ εὐωνύμου ἔξω, τοὺς δὲ τοῦ δεξιοῦ, τοὺς δὲ κατὰ μέσον, σχεδὸν
ἑξακοσίους ἑκάστους. (4.8.16) ἐκ τούτου παρηγγύησαν οἱ στρατηγοὶ εὔχεσθαι·
εὐξάμενοι δὲ καὶ παιανίσαντες ἐπορεύοντο. καὶ Χειρίσοφος μὲν καὶ Ξενοφῶν καὶ
οἱ σὺν αὐτοῖς πελτασταὶ τῆς τῶν πολεμίων φάλαγγος ἔξω γενόμενοι
ἐπορεύοντο· (4.8.17) οἱ δὲ πολέμιοι ὡς εἶδον αὐτούς, ἀντιπαραθέοντες οἱ μὲν ἐπὶ
τὸ δεξιὸν οἱ δὲ ἐπὶ τὸ εὐώνυμον διεσπάσθησαν, καὶ πολὺ τῆς αὑτῶν φάλαγγος ἐν
τῷ μέσῳ κενὸν ἐποίησαν. (4.8.18) οἱ δὲ κατὰ τὸ Ἀρκαδικὸν πελτασταί, ὧν ἦρχεν
Αἰσχίνης ὁ Ἀκαρνάν, νομίσαντες φεύγειν ἀνακραγόντες ἔθεον· καὶ οὗτοι πρῶτοι
ἐπὶ τὸ ὄρος ἀναβαίνουσι· συνεφείπετο δὲ αὐτοῖς καὶ τὸ Ἀρκαδικὸν ὁπλιτικόν, ὧν
ἦρχε Κλεάνωρ ὁ Ὀρχομένιος. (4.8.19) οἱ δὲ πολέμιοι, ὡς ἤρξαντο θεῖν, οὐκέτι
ἔστησαν, ἀλλὰ φυγῇ ἄλλος ἄλλῃ ἐτράπετο. οἱ δὲ Ἕλληνες ἀναβάντες
ἐστρατοπεδεύοντο ἐν πολλαῖς κώμαις καὶ τἀπιτήδεια πολλὰ ἐχούσαις.
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Traduction française :
[4,8,10] Xénophon dit qu'il était d'avis de rompre la ligne pour former tous les lochos
en colonnes qui marcheraient à la même hauteur : "car une ligne pleine se rompra
bientôt d'elle-même. Ici la montagne sera praticable, là elle ne le sera pas :
le soldat qui aura dû combattre en ligne pleine se découragera dès qu'il y verra
du vide. D'ailleurs si nous marchons sur un ordre profond, la ligne des ennemis
nous débordera, et ils feront marcher, comme ils voudront, contre nous, ce qui
nous dépassera de leurs ailes ; si nous nous mettons au contraire sur peu
d'hommes de hauteur, je ne serais pas étonné que la ligne fût enfoncée quelque
part, vu la multitude de Barbares et de traits qui tomberont sur nous. Que
l'ennemi perce en un point, toute, l'armée grecque est battue. Je suis donc
d'avis de marcher sur beaucoup de colonnes de front, qui seront d'un lochos
chacune, et de laisser entre elles assez d'intervalle pour que nos derniers
lochos dépassent les ailes de l'armée barbare ; ainsi les extrémités de notre
front déborderont celui de l'ennemi, et, dans l'ordre que je propose, les chefs
et les meilleurs soldats se trouveront à la tête des colonnes : chaque lochos
marchera par où le chemin sera praticable. Il ne sera pas facile à l'ennemi de
pénétrer dans les intervalles ; il se trouverait entre deux rangs de nos piques.
Il ne lui sera pas facile non plus de tailler en pièces un lochos qui marchera
en colonne. Si l'un d'eux résistait avec peine, le plus voisin lui porterait du
secours ; et dès qu'un seul aura pu gagner le haut de la montagne, l'ennemi ne
tiendra plus." Cet avis fut adopté : on forma en colonnes les lochos ; Xénophon
se porta de la droite à la gauche de l'armée, et en passant il parla ainsi aux
soldats : "Grecs, l'ennemi que vous voyez est le seul obstacle qui nous empêche
d'être déjà au but désiré depuis si longtemps ; il faut dévorer, si nous le
pouvons, ces hommes tout en vie." Lorsque chacun fut à son poste et qu'on eut
formé les colonnes, on compta à peu près quatre-vingts lochos, chacun d'environ
cent hommes pesamment armés. On partagea en trois les armés à la légère et les
archers, on en fit marcher une division au-delà de l'aile gauche, une autre
au-delà de l'aile droite, la dernière se tint au centre. Chacune de ces
divisions était d'environ six cents hommes. Les généraux ordonnèrent qu'on
invoquât les dieux ; le soldat leur adressa des vux, chanta le péan et se mit
en marche. Chirisophe et Xénophon, l'un et l'autre à la tête d'une des divisions
d'armés à la légère qu'on avait envoyées aux ailes, se portaient au-delà du
front de l'ennemi. Les Barbares les voyant, marchèrent pour s'y opposer ; mais
en voulant étendre leur ligne par la droite et par la gauche, elle s'ouvrit, et
il se fit un grand vide au centre. La division des Grecs armés à la légère,
commandée par Eschine d'Acarnanie, qui marchait au centre en avant de
l'infanterie arcadienne, crut en voyant l'ennemi se séparer qu'il prenait la
fuite ; ils coururent sur lui tant qu'ils purent, et ce fut le premier corps
qui gagna la crête de la montagne. L'infanterie arcadienne, aux ordres de
Cléanor d'Orchomène, tâcha de les suivre et de les soutenir ; les Barbares, dès
qu'ils virent les Grecs courir à eux, ne tinrent plus, mais prirent la fuite,
l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Les Grecs étant montés trouvèrent beaucoup
de villages abondamment remplis de vivres, et y cantonnèrent ;
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