Texte grec :
[4,6,10] μετὰ τοῦτον Ξενοφῶν εἶπεν·
- ἐγὼ δ᾽ οὕτω γιγνώσκω. εἰ μὲν ἀνάγκη ἐστὶ μάχεσθαι, τοῦτο δεῖ
παρασκευάσασθαι, ὅπως ὡς κράτιστα μαχούμεθα· εἰ δὲ βουλόμεθα ὡς ῥᾷστα
ὑπερβάλλειν, τοῦτό μοι δοκεῖ σκεπτέον εἶναι, ὅπως <ὡς> ἐλάχιστα μὲν τραύματα
λάβωμεν, ὡς ἐλάχιστα δὲ σώματα ἀνδρῶν ἀποβάλωμεν. (4.6.11) τὸ μὲν οὖν ὄρος
ἐστὶ τὸ ὁρώμενον πλέον ἢ ἐφ᾽ ἑξήκοντα στάδια, ἄνδρες δ᾽ οὐδαμοῦ φυλάττοντες
ἡμᾶς φανεροί εἰσιν ἀλλ᾽ ἢ κατ᾽ αὐτὴν τὴν ὁδόν· πολὺ οὖν κρεῖττον τοῦ ἐρήμου
ὄρους καὶ κλέψαι τι πειρᾶσθαι λαθόντας καὶ ἁρπάσαι φθάσαντας, εἰ δυναίμεθα,
μᾶλλον ἢ πρὸς ἰσχυρὰ χωρία καὶ ἀνθρώπους παρεσκευασμένους μάχεσθαι.
(4.6.12) πολὺ γὰρ ῥᾷον ὄρθιον ἀμαχεὶ ἰέναι ἢ ὁμαλὲς ἔνθεν καὶ ἔνθεν πολεμίων
ὄντων, καὶ νύκτωρ ἀμαχεὶ μᾶλλον ἂν τὰ πρὸ ποδῶν ὁρᾐη τις ἢ μεθ᾽ ἡμέραν
μαχόμενος, καὶ ἡ τραχεῖα τοῖς ποσὶν ἀμαχεὶ ἰοῦσιν εὐμενεστέρα ἢ ἡ ὁμαλὴ τὰς
κεφαλὰς βαλλομένοις. (4.6.13) καὶ κλέψαι δ᾽ οὐκ ἀδύνατόν μοι δοκεῖ εἶναι, ἐξὸν
μὲν νυκτὸς ἰέναι, ὡς μὴ ὁρᾶσθαι, ἐξὸν δ᾽ ἀπελθεῖν τοσοῦτον ὡς μὴ αἴσθησιν
παρέχειν. δοκοῦμεν δ᾽ ἄν μοι ταύτῃ προσποιούμενοι προσβάλλειν ἐρημοτέρῳ ἂν
τῷ ὄρει χρῆσθαι· μένοιεν γὰρ <ἂν> αὐτοῦ μᾶλλον ἁθρόοι οἱ πολέμιοι. (4.6.14)
ἀτὰρ τί ἐγὼ περὶ κλοπῆς συμβάλλομαι; ὑμᾶς γὰρ ἔγωγε, ὦ Χειρίσοφε, ἀκούω
τοὺς Λακεδαιμονίους ὅσοι ἐστὲ τῶν ὁμοίων εὐθὺς ἐκ παίδων κλέπτειν μελετᾶν,
καὶ οὐκ αἰσχρὸν εἶναι ἀλλὰ καλὸν κλέπτειν ὅσα μὴ κωλύει νόμος.
(4.6.15) ὅπως δὲ ὡς κράτιστα κλέπτητε καὶ πειρᾶσθε λανθάνειν, νόμιμον ἄρα ὑμῖν ἐστιν,
ἐὰν ληφθῆτε κλέπτοντες, μαστιγοῦσθαι. νῦν οὖν μάλα σοι καιρός ἐστιν ἐπιδείξασθαι
τὴν παιδείαν, καὶ φυλάξασθαι μὴ ληφθῶμεν κλέπτοντες τοῦ ὄρους, ὡς μὴ
πληγὰς λάβωμεν. (4.6.16)
- ἀλλὰ μέντοι, ἔφη ὁ Χειρίσοφος, κἀγὼ ὑμᾶς τοὺς Ἀθηναίους ἀκούω δεινοὺς εἶναι
κλέπτειν τὰ δημόσια, καὶ μάλα ὄντος δεινοῦ κινδύνου τῷ κλέπτοντι, καὶ τοὺς
κρατίστους μέντοι μάλιστα, εἴπερ ὑμῖν οἱ κράτιστοι ἄρχειν ἀξιοῦνται· ὥστε ὥρα
καὶ σοὶ ἐπιδείκνυσθαι τὴν παιδείαν. (4.6.17)
- ἐγὼ μὲν τοίνυν, ἔφη ὁ Ξενοφῶν, ἕτοιμός εἰμι τοὺς ὀπισθοφύλακας ἔχων,
ἐπειδὰν δειπνήσωμεν, ἰέναι καταληψόμενος τὸ ὄρος. ἔχω δὲ καὶ ἡγεμόνας· οἱ γὰρ
γυμνῆτες τῶν ἑπομένων ἡμῖν κλωπῶν ἔλαβόν τινας ἐνεδρεύσαντες· τούτων καὶ
πυνθάνομαι ὅτι οὐκ ἄβατόν ἐστι τὸ ὄρος, ἀλλὰ νέμεται αἰξὶ καὶ βουσίν· ὥστε
ἐάνπερ ἅπαξ λάβωμέν τι τοῦ ὄρους, βατὰ καὶ τοῖς ὑποζυγίοις ἔσται. (4.6.18)
ἐλπίζω δὲ οὐδὲ τοὺς πολεμίους μενεῖν ἔτι, ἐπειδὰν ἴδωσιν ἡμᾶς ἐν τῷ ὁμοίῳ ἐπὶ
τῶν ἄκρων· οὐδὲ γὰρ νῦν ἐθέλουσι καταβαίνειν εἰς τὸ ἴσον ἡμῖν. (4.6.19) ὁ δὲ
Χειρίσοφος εἶπε·
- καὶ τί δεῖ σὲ ἰέναι καὶ λιπεῖν τὴν ὀπισθοφυλακίαν; ἀλλὰ ἄλλους πέμψον, ἂν μή
τινες ἐθέλοντες ἀγαθοὶ φαίνωνται.
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Traduction française :
[4,6,10] Xénophon dit ensuite : « Voici mon opinion. S'il est nécessaire d'essuyer un
combat, il faut se préparer à attaquer vigoureusement ; mais si nous voulons
seulement saisir le moyen le plus facile de passer la montagne, il ne faut
songer, ce me semble, qu'à faire tuer et blesser le moins de Grecs qu'il sera
possible. La partie de ces monts, que nous voyons, s'étend à plus de soixante
stades, et il ne paraît de troupes ennemies, qui nous observent, que sur ce
chemin ; il vaudrait beaucoup mieux tâcher de dérober à l'ennemi notre marche,
et de le prévenir en nous portant dans la partie où il ne veille pas, que
d'attaquer un poste fortifié par la nature, et des hommes préparés à le bien
défendre. On gravit plus aisément sur un mont escarpé, quand on n'a point
d'ennemis à combattre, qu'on ne marche, quand on en est entouré, dans la plaine
la plus unie ; on voit mieux où l'on pose le pied la nuit, quand on n'a rien à
craindre, que le jour en se battant, et l'on se fatigue moins à fouler un
terrain pierreux, lorsqu'on est sans inquiétude, qu'à marcher sur le duvet
lorsqu'on craint sans cesse pour sa tête. Il ne me paraît pas impossible de nous
dérober à nos ennemis. Qui nous empêche de partir de nuit, et ils ne pourront
nous voir ; de prendre un long détour, et ils auront peine à en être informés ?
Je voudrais que, par nos dispositions et par nos manuvres, nous feignissions de
vouloir suivre le chemin qu'ils nous barrent, et en forcer le passage. Ces
Barbares y feront rester d'autant plus de troupes, et nous trouverons le reste
de la montagne d'autant plus dégarni de défenseurs. Mais il ne me sied pas,
Chirisophe, de parler de feintes et de fraudes devant un Lacédémonien ; vous
avez tous, tant que vous êtes d'hommes considérables dans cet état, la
réputation d'avoir été formés dès votre enfance au larcin. Les filouteries, que
la loi de Sparte ne prohibe pas, au lieu d'être déshonorantes, sont pour vous
une occupation, et même un devoir dont vous ne pouvez vous dispenser ; pour vous
mieux instruire à commettre un vol et à vous en cacher, la peine du fouet est
prononcée contre ceux qui sont pris sur le fait. Voici le moment de nous montrer
les fruits de l'éducation que vous avez reçue. Prenez garde que pendant que nous
chercherons à dérober notre marche à l'ennemi, et à lui voler pour ainsi dire la
montagne dont il croit être le maître, il ne nous y attrape et ne nous donne
bien les étrivières. - Les Athéniens, à ce qu'on m'a dit, sont encore des
voleurs plus adroits que nous, reprit Chirisophe : leur trésor public en fait
foi. Les dangers effrayants que courent ceux qui y sont surpris ne vous rebutent
pas ; ce sont les plus puissants de votre république qui s'en mêlent surtout,
s'il est vrai que ce soient les citoyens les plus puissants qu'on y élit
magistrats. Vous n'avez donc pas moins que moi, mon cher Xénophon, une belle
occasion de prouver que vous avez profité de l'éducation et des bons exemples
qu'on vous a donnés. - Je suis prêt, répliqua Xénophon, et dès que nous aurons
soupé, j'offre d'aller, avec les troupes de mon arrière-garde, m'emparer des
hauteurs. J'ai des guides ; car nos troupes légères, en sortant d'une embuscade,
ont pris quelques-uns de ces voleurs de camp, qui nous suivent. Je sais, de
ceux-ci, que la montagne n'est pas impraticable, qu'on y mène paître des
chèvres, des bufs, et que si une fois nous en occupons une partie, nous
pourrons y faire passer nos équipages. J'espère d'ailleurs que quand nous en
aurons gagné le sommet, et que les ennemis nous verront de niveau avec eux, ils
ne nous y attendront pas longtemps ; car actuellement, ils n'ont pas le courage
de descendre et de se former en plaine devant nous. - Pourquoi, dit Chirisophe,
faut-il que vous y marchiez et que vous quittiez le commandement de
l'arrière-garde ? Envoyez plutôt un détachement, s'il ne se présente pas de volontaires. »
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