Texte grec :
[6,88] Τοιαῦτα δὲ ὁ Εὔφημος εἶπεν. οἱ δὲ Καμαριναῖοι ἐπεπόνθεσαν
τοιόνδε. τοῖς μὲν Ἀθηναίοις εὖνοι ἦσαν, πλὴν
καθ' ὅσον (εἰ) τὴν Σικελίαν ᾤοντο αὐτοὺς δουλώσεσθαι, τοῖς
δὲ Συρακοσίοις αἰεὶ κατὰ τὸ ὅμορον διάφοροι· δεδιότες δ'
οὐχ ἧσσον τοὺς Συρακοσίους ἐγγὺς ὄντας μὴ καὶ ἄνευ σφῶν
περιγένωνται, τό τε πρῶτον αὐτοῖς τοὺς ὀλίγους ἱππέας
ἔπεμψαν καὶ τὸ λοιπὸν ἐδόκει αὐτοῖς ὑπουργεῖν μὲν τοῖς
Συρακοσίοις μᾶλλον ἔργῳ, ὡς ἂν δύνωνται μετριώτατα, ἐν
δὲ τῷ παρόντι, ἵνα μηδὲ τοῖς Ἀθηναίοις ἔλασσον δοκῶσι
νεῖμαι, ἐπειδὴ καὶ ἐπικρατέστεροι τῇ μάχῃ ἐγένοντο, λόγῳ
(6.88.2) ἀποκρίνασθαι ἴσα ἀμφοτέροις. καὶ οὕτω βουλευσάμενοι
ἀπεκρίναντο, ἐπειδὴ τυγχάνει ἀμφοτέροις οὖσι ξυμμάχοις
σφῶν πρὸς ἀλλήλους πόλεμος ὤν, εὔορκον δοκεῖν εἶναι
σφίσιν ἐν τῷ παρόντι μηδετέροις ἀμύνειν. καὶ οἱ πρέσβεις
ἑκατέρων ἀπῆλθον.
(6.88.3) Καὶ οἱ μὲν Συρακόσιοι τὰ καθ' ἑαυτοὺς ἐξηρτύοντο ἐς
τὸν πόλεμον, οἱ δ' Ἀθηναῖοι ἐν τῇ Νάξῳ ἐστρατοπεδευμένοι
τὰ πρὸς τοὺς Σικελοὺς ἔπρασσον ὅπως αὐτοῖς ὡς πλεῖστοι
(6.88.4) προσχωρήσονται. καὶ οἱ μὲν πρὸς τὰ πεδία μᾶλλον τῶν
Σικελῶν ὑπήκοοι ὄντες τῶν Συρακοσίων οἱ πολλοὶ ἀφειστήκεσαν· τῶν δὲ τὴν
μεσόγειαν ἐχόντων αὐτόνομοι οὖσαι καὶ
πρότερον αἰεὶ <αἱ> οἰκήσεις εὐθὺς πλὴν ὀλίγοι μετὰ τῶν
Ἀθηναίων ἦσαν, καὶ σῖτόν τε κατεκόμιζον τῷ στρατεύματι
(6.88.5) καὶ εἰσὶν οἳ καὶ χρήματα. ἐπὶ δὲ τοὺς μὴ προσχωροῦντας
οἱ Ἀθηναῖοι στρατεύοντες τοὺς μὲν προσηνάγκαζον, τοὺς δὲ
καὶ ὑπὸ τῶν Συρακοσίων φρουρούς τε πεμπόντων καὶ βοηθούντων
ἀπεκωλύοντο. τόν τε χειμῶνα μεθορμισάμενοι ἐκ
τῆς Νάξου ἐς τὴν Κατάνην καὶ τὸ στρατόπεδον ὃ κατεκαύθη
(6.88.6) ὑπὸ τῶν Συρακοσίων αὖθις ἀνορθώσαντες διεχείμαζον. καὶ
ἔπεμψαν μὲν ἐς Καρχηδόνα τριήρη περὶ φιλίας, εἰ δύναιντό
τι ὠφελεῖσθαι, ἔπεμψαν δὲ καὶ ἐς Τυρσηνίαν, ἔστιν ὧν
πόλεων ἐπαγγελλομένων καὶ αὐτῶν ξυμπολεμεῖν. περιήγγελλον
δὲ καὶ τοῖς Σικελοῖς καὶ ἐς τὴν Ἔγεσταν πέμψαντες
ἐκέλευον ἵππους σφίσιν ὡς πλείστους πέμπειν, καὶ τἆλλα
ἐς τὸν περιτειχισμόν, πλινθία καὶ σίδηρον, ἡτοίμαζον, καὶ
ὅσα ἔδει, ὡς ἅμα τῷ ἦρι ἑξόμενοι τοῦ πολέμου.
(6.88.7) Οἱ δ' ἐς τὴν Κόρινθον καὶ Λακεδαίμονα τῶν Συρακοσίων
ἀποσταλέντες πρέσβεις τούς τε Ἰταλιώτας ἅμα παραπλέοντες
ἐπειρῶντο πείθειν μὴ περιορᾶν τὰ γιγνόμενα ὑπὸ τῶν Ἀθηναίων,
ὡς καὶ ἐκείνοις ὁμοίως ἐπιβουλευόμενα, καὶ ἐπειδὴ
ἐν τῇ Κορίνθῳ ἐγένοντο, λόγους ἐποιοῦντο ἀξιοῦντες σφίσι
(6.88.8) κατὰ τὸ ξυγγενὲς βοηθεῖν. καὶ οἱ Κορίνθιοι εὐθὺς ψηφισάμενοι
αὐτοὶ πρῶτοι ὥστε πάσῃ προθυμίᾳ ἀμύνειν, καὶ ἐς
τὴν Λακεδαίμονα ξυναπέστελλον αὐτοῖς πρέσβεις, ὅπως καὶ
ἐκείνους ξυναναπείθοιεν τόν τε αὐτοῦ πόλεμον σαφέστερον
ποιεῖσθαι πρὸς τοὺς Ἀθηναίους καὶ ἐς τὴν Σικελίαν ὠφελίαν
(6.88.9) τινὰ πέμπειν. καὶ οἵ τε ἐκ τῆς Κορίνθου πρέσβεις παρῆσαν
ἐς τὴν Λακεδαίμονα καὶ Ἀλκιβιάδης μετὰ τῶν ξυμφυγάδων
περαιωθεὶς τότ' εὐθὺς ἐπὶ πλοίου φορτηγικοῦ ἐκ τῆς Θουρίας
ἐς Κυλλήνην τῆς Ἠλείας πρῶτον, ἔπειτα ὕστερον ἐς τὴν
Λακεδαίμονα αὐτῶν τῶν Λακεδαιμονίων μεταπεμψάντων
ὑπόσπονδος ἐλθών· ἐφοβεῖτο γὰρ αὐτοὺς διὰ τὴν περὶ τῶν
(6.88.10) Μαντινικῶν πρᾶξιν. καὶ ξυνέβη ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ τῶν
Λακεδαιμονίων τούς τε Κορινθίους καὶ τοὺς Συρακοσίους
τὰ αὐτὰ καὶ τὸν Ἀλκιβιάδην δεομένους πείθειν τοὺς Λακεδαιμονίους. καὶ
διανοουμένων τῶν τε ἐφόρων καὶ τῶν ἐν
τέλει ὄντων πρέσβεις πέμπειν ἐς Συρακούσας κωλύοντας μὴ
ξυμβαίνειν Ἀθηναίοις, βοηθεῖν δὲ οὐ προθύμων ὄντων,
παρελθὼν ὁ Ἀλκιβιάδης παρώξυνέ τε τοὺς Λακεδαιμονίους
καὶ ἐξώρμησε λέγων τοιάδε.
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Traduction française :
[6,88] LXXXVIII. - Telles furent les paroles d'Euphémos. Les gens de Kamarina
étaient bien embarrassés. D'un côté ils avaient de la sympathie pour les Athéniens,
avec cette réserve qu'ils leur prêtaient l'intention d'asservir la Sicile ; de
l'autre, étant voisins de Syracuse, ils avaient avec cette ville de
perpétuels incidents de frontière. Ils craignaient néanmoins que les
Syracusains, tout proches d'eux, n'obtinssent l'avantage, même sans leur
concours. Aussi tout d'abord, leur avaient-ils envoyé un mince renfort de
cavalerie ; leur intention était de les aider davantage, quoique avec toute la
réserve possible. Toutefois pour l'instant, afin de se donner l'air de traiter
sur le même pied les Athéniens qui venaient de remporter un avantage militaire,
ils décidèrent de donner aux deux partis les mêmes assurances verbales. Après
mûre délibération c'est dans ce sens qu'ils répondirent : alliés des
belligérants, pour tenir leurs serments, ils estimaient ne devoir se ranger,
pour l'instant ni d'un côté, ni de l'autre. Les députés se retirèrent.
Cependant les Syracusains pressaient leurs préparatifs de défense. Les
Athéniens, campés à Naxos, poursuivaient des négociations auprès des Sicules,
pour les attirer aussi nombreux que possible dans leurs rangs ; ceux de la
plaine, la plupart sujets de Syracuse, furent peu nombreux à lâcher cette ville
; mais les populations qui habitaient l'intérieur de l'île et qui de tout temps
avaient joui de l'indépendance, tenaient, à quelques exceptions près, pour les
Athéniens. Elles fournirent des vivres à l'armée et quelques-unes même de
l'argent. Les Athéniens marchèrent sur ceux qui se montrèrent récalcitrants, en
contraignirent un certain nombre ; ils ne purent venir à bout des autres, qui
avaient reçu de Syracuse des garnisons et des secours.
Pendant l'hiver, les Athéniens se transportèrent de Naxos à Katanè,
reconstruisirent les baraquements incendiés par les Syracusains et s'y
installèrent pour la fin de la saison. Ils envoyèrent à Carthage une trière
demander l'amitié de cette ville et essayer d'en obtenir quelques services. Ils
envoyèrent également une députation en Tyrsénie, où quelques villes promettaient
leur concours. Leurs députés parcoururent toute la Sicile et se rendirent à
Égeste, pour demander qu'on leur fournît le plus de chevaux possible. Enfin ils
constituèrent des approvisionnements de briques, de fer, de tous les matériaux
nécessaires pour un siège, avec l'intention de commencer les opérations au printemps.
Les députés syracusains envoyés à Corinthe et à Lacédémone tentèrent, au cours
de leur passage, de gagner les populations italiotes ; ils leur représentèrent
de ne pas se croiser les bras devant les entreprises des Athéniens, car elles
tendaient à leur perte à eux aussi. Arrivés à Corinthe ils prirent la parole
pour engager cette ville de même origine que Syracuse, disaient-ils, à venir à
leur secours. Les Corinthiens ne se firent pas prier et furent les premiers à
décider de mettre tout en uvre pour secourir Syracuse. Puis leurs députés se
rendirent à Lacédémone avec les Corinthiens, pour presser cette république de
mener plus ouvertement la guerre contre Athènes et d'envoyer en Sicile quelques
renforts. Alcibiade s'y trouva, avec ses compagnons d'exil, en même temps que
les députés de Corinthe. Il s'était empressé de passer sur un transport de
Thouria à Kyllénè, en Élide ; puis, sur l'invitation des Lacédémoniens
eux-mêmes, il était venu à Lacédémone, muni d'un sauf-conduit, car il n'était
pas sans appréhender leur ressentiment, à cause de son attitude dans l'affaire
de Mantinée. Les députés de Corinthe, ceux de Syracuse et Alcibiade se
trouvèrent d'accord pour formuler la même demande, qu'ils firent agréer par les
Lacédémoniens. Les éphores et les magistrats songeaient bien à envoyer une
députation à Syracuse pour empêcher tout accord avec les Athéniens, mais ils
n'étaient pas disposés à expédier des secours. Alors Alcibiade, montant à la
tribune, aiguillonna les Lacédémoniens et mit le comble à leur ardeur, en leur
tenant ce langage :
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