Texte grec :
[3,58] ᾿Καίτοι ἀξιοῦμέν γε καὶ θεῶν ἕνεκα τῶν ξυμμαχικῶν ποτὲ
γενομένων καὶ τῆς ἀρετῆς τῆς ἐς τοὺς Ἕλληνας καμφθῆναι ὑμᾶς καὶ
μεταγνῶναι εἴ τι ὑπὸ Θηβαίων ἐπείσθητε, τήν τε δωρεὰν ἀνταπαιτῆσαι
αὐτοὺς μὴ κτείνειν οὓς μὴ ὑμῖν πρέπει, σώφρονά τε ἀντὶ αἰσχρᾶς κομίσασθαι
χάριν, καὶ μὴ ἡδονὴν δόντας ἄλλοις κακίαν αὐτοὺς ἀντιλαβεῖν· βραχὺ γὰρ τὸ
τὰ ἡμέτερα σώματα διαφθεῖραι, ἐπίπονον δὲ τὴν δύσκλειαν αὐτοῦ ἀφανίσαι.
οὐκ ἐχθροὺς γὰρ ἡμᾶς εἰκότως τιμωρήσεσθε, ἀλλ᾿ εὔνους, κατ᾿ ἀνάγκην
πολεμήσαντας. ὥστε καὶ τῶν σωμάτων ἄδειαν ποιοῦντες ὅσια ἂν δικάζοιτε
καὶ προνοοῦντες ὅτι ἑκόντας τε ἐλάβετε καὶ χεῖρας προϊσχομένους (ὁ δὲ
νόμος τοῖς Ἕλλησι μὴ κτείνειν τούτους), ἔτι δὲ καὶ εὐεργέτας γεγενημένους
διὰ παντός. ἀποβλέψατε γὰρ ἐς πατέρων τῶν ὑμετέρων θήκας, οὓς
ἀποθανόντας ὑπὸ Μήδων καὶ ταφέντας ἐν τῇ ἡμετέρᾳ ἐτιμῶμεν κατὰ ἔτος
ἕκαστον δημοσίᾳ ἐσθήμασί τε καὶ τοῖς ἄλλοις νομίμοις, ὅσα τε ἡ γῆ ἡμῶν
ἀνεδίδου ὡραῖα, πάντων ἀπαρχὰς ἐπιφέροντες, εὖνοι μὲν ἐκ φιλίας χώρας,
ξύμμαχοι δὲ ὁμαίχμοις ποτὲ γενομένοις. ὧν ὑμεῖς τοὐναντίον ἂν δράσαιτε μὴ
ὀρθῶς γνόντες. σκέψασθέ τε· Παυσανίας μὲν γὰρ ἔθαπτεν αὐτοὺς νομίζων
ἐν γῇ τε φιλίᾳ τιθέναι καὶ παρ᾿ ἀνδράσι τοιούτοις· ὑμεῖς δὲ εἰ κτενεῖτε ἡμᾶς
καὶ χώραν τὴν Πλαταιίδα Θηβαΐδα ποιήσετε, τί ἄλλο ἢ ἐν πολεμίᾳ τε καὶ
παρὰ τοῖς αὐθένταις πατέρας τοὺς ὑμετέρους καὶ ξυγγενεῖς ἀτίμους γερῶν
ὧν νῦν ἴσχουσι καταλείψετε; πρὸς δὲ καὶ γῆν ἐν ᾗ ἠλευθερώθησαν οἱ
Ἕλληνες δουλώσετε, ἱερά τε θεῶν οἷς εὐξάμενοι Μήδων ἐκράτησαν ἐρημοῦτε
καὶ θυσίας τὰς πατρίους τῶν ἑσσαμένων καὶ κτισάντων ἀφαιρήσεσθε.
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Traduction française :
[3,58] LVIII. - "Cependant, au nom des dieux qui ont
combattu jadis avec nous, au nom de notre
dévouement pour la Grèce, nous vous conjurons de
vous laisser fléchir, de revenir sur les décisions que
vous ont inspirées les Thébains. Obtenez comme
preuve de reconnaissance qu'ils renoncent à la
mort de gens dont le trépas serait déshonorant
pour vous. Au lieu d'une reconnaissance honteuse,
ménagez-vous une reconnaissance honorable. Pour
faire plaisir à d'autres, n'allez pas vous couvrir
d'infamie. Un instant suffit pour faire périr nos
corps, mais notre mort sera pour vous une tache
ineffaçable. Nous ne sommes pas des ennemis qu'il
vous est permis de châtier, mais des amis que la
nécessité a contraints à vous combattre. Aussi en
nous laissant la vie, vous remplirez un devoir
sacré. Songez-y c'est volontairement que nous
avons fait notre soumission ; nous vous avons
tendu les mains ; or la loi des Grecs interdit qu'on
mette à mort des suppliants. Bien plus dans toutes
les circonstances nous avons été vos bienfaiteurs.
Jetez aussi un coup d'oeil sur les tombeaux de vos
ancêtres : ils sont tombés sous les coups des
Mèdes ; ils ont été ensevelis dans notre pays ;
chaque année nous leur fournissons aux
frais de l'État un tribut de vêtements, d'autres
offrandes, les fruits de notre terre et des prémices
de toute sorte ; frères d'armes, nous restons fidèles
à ceux qui ont été nos camarades de combat. Par
un jugement inique vous mettriez fin à ces
traditions ! Songez-y : Pausanias, en les enterrant
ici, entendit les confier à un pays ami, à des gens
qui leur ressemblaient. En nous mettant à mort, en
faisant de cette terre platéenne une terre thébaine,
qu'adviendra-t-il ? Vous remettrez vos pères à leurs
meurtriers, vous priverez des gens de votre race
des honneurs qu'actuellement on leur accorde. En
outre vous asservirez le pays qui a vu
l'affranchissement des Grecs, vous condamnerez à
l'abandon les temples des dieux, qui cédant à vos
prières vous ont donné la victoire sur les Mèdes ;
vous enlèverez la charge de célébrer ces sacrifices
traditionnels à ceux-là qui ont fondé et construit
ces sanctuaires.
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