Texte grec :
[3,40] Ὀὔκουν δεῖ προθεῖναι ἐλπίδα οὔτε λόγῳ πιστὴν οὔτε χρήμασιν
ὠνητήν, ὡς ξυγγνώμην ἁμαρτεῖν ἀνθρωπίνως λήψονται. ἄκοντες μὲν γὰρ
οὐκ ἔβλαψαν, εἰδότες δὲ ἐπεβούλευσαν· ξύγγνωμον δ᾿ ἐστὶ τὸ ἀκούσιον. ἐγὼ
μὲν οὖν καὶ τότε πρῶτον καὶ νῦν διαμάχομαι μὴ μεταγνῶναι ὑμᾶς τὰ
προδεδογμένα, μηδὲ τρισὶ τοῖς ἀξυμφορωτάτοις τῇ ἀρχῇ, οἴκτῳ καὶ ἡδονῇ
λόγων καὶ ἐπιεικείᾳ, ἁμαρτάνειν. ἔλεός τε γὰρ πρὸς τοὺς ὁμοίους δίκαιος
ἀντιδίδοσθαι, καὶ μὴ πρὸς τοὺς οὔτ᾿ ἀντοικτιοῦντας ἐξ ἀνάγκης τε
καθεστῶτας αἰεὶ πολεμίους· οἵ τε τέρποντες λόγῳ ῥήτορες ἕξουσι καὶ ἐν
ἄλλοις ἐλάσσοσιν ἀγῶνα, καὶ μὴ ἐν ᾧ ἡ μὲν πόλις βραχέα ἡσθεῖσα μεγάλα
ζημιώσεται, αὐτοὶ δὲ ἐκ τοῦ εὖ εἰπεῖν τὸ παθεῖν εὖ ἀντιλήψονται· καὶ ἡ
ἐπιείκεια πρὸς τοὺς μέλλοντας ἐπιτηδείους καὶ τὸ λοιπὸν ἔσεσθαι μᾶλλον
δίδοται ἢ πρὸς τοὺς ὁμοίους τε καὶ οὐδὲν ἧσσον πολεμίους ὑπολειπομένους.
ἕν τε ξυνελὼν λέγω· πειθόμενοι μὲν ἐμοὶ τά τε δίκαια ἐς Μυτιληναίους καὶ τὰ
ξύμφορα ἅμα ποιήσετε, ἄλλως δὲ γνόντες τοῖς μὲν οὐ χαριεῖσθε, ὑμᾶς δὲ
αὐτοὺς μᾶλλον δικαιώσεσθε. εἰ γὰρ οὗτοι ὀρθῶς ἀπέστησαν, ὑμεῖς ἂν οὐ
χρεὼν ἄρχοιτε. εἰ δὲ δὴ καὶ οὐ προσῆκον ὅμως ἀξιοῦτε τοῦτο δρᾶν, παρὰ τὸ
εἰκός τοι καὶ τούσδε ξυμφόρως δεῖ κολάζεσθαι, ἢ παύεσθαι τῆς ἀρχῆς καὶ ἐκ
τοῦ ἀκινδύνου ἀνδραγαθίζεσθαι. τῇ τε αὐτῇ ζημίᾳ ἀξιώσατε ἀμύνασθαι καὶ
μὴ ἀναλγητότεροι οἱ διαφεύγοντες τῶν ἐπιβουλευσάντων φανῆναι,
ἐνθυμηθέντες ἃ εἰκὸς ἦν αὐτοὺς ποιῆσαι κρατήσαντας ὑμῶν, ἄλλως τε καὶ
προϋπάρξαντας ἀδικίας. μάλιστα δὲ οἱ μὴ ξὺν προφάσει τινὰ κακῶς
ποιοῦντες ἐπεξέρχονται καὶ διολλύναι, τὸν κίνδυνον ὑφορώμενοι τοῦ
ὑπολειπομένου ἐχθροῦ· ὁ γὰρ μὴ ξὺν ἀνάγκῃ τι παθὼν χαλεπώτερος
διαφυγὼν τοῦ ἀπὸ τῆς ἴσης ἐχθροῦ.
᾿Μὴ οὖν προδόται γένησθε ὑμῶν αὐτῶν, γενόμενοι δ᾿ ὅτι ἐγγύτατα τῇ
γνώμῃ τοῦ πάσχειν καὶ ὡς πρὸ παντὸς ἂν ἐτιμήσασθε αὐτοὺς χειρώσασθαι,
νῦν ἀνταπόδοτε μὴ μαλακισθέντες πρὸς τὸ παρὸν αὐτίκα μηδὲ τοῦ
ἐπικρεμασθέντος ποτὲ δεινοῦ ἀμνημονοῦντες. κολάσατε δὲ ἀξίως τούτους τε
καὶ τοῖς ἄλλοις ξυμμάχοις παράδειγμα σαφὲς καταστήσατε, ὃς ἂν ἀφιστῆται,
θανάτῳ ζημιωσόμενον. τόδε γὰρ ἢν γνῶσιν, ἧσσον τῶν πολεμίων
ἀμελήσαντες τοῖς ὑμετέροις αὐτῶν μαχεῖσθε ξυμμάχοις.᾿
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Traduction française :
[3,40] XL. -"Aussi ne faut-il pas leur laisser entrevoir
l'espérance qu'ils se procureront par des discours
ou qu'ils achèteront à prix d'argent le pardon d'une
faute, sous prétexte qu'elle est imputable à la
nature humaine. C'est de leur plein gré qu'ils nous
ont fait tort ; c'est en pleine conscience qu'ils ont
comploté contre nous ; seul mérite le pardon ce qui
est involontaire. Aussi, maintenant comme
naguère, je lutte de toutes mes forces pour que
vous ne reveniez pas sur notre précédente décision
et que vous ne vous laissiez pas égarer par trois
choses particulièrement préjudiciables à la
domination : la pitié, le charme des discours et
l'indulgence. Il est juste de n'accorder sa pitié qu'à
ceux qui sont pitoyables et non à des gens qui ne
vous paient pas de retour et qui de toute nécessité
seront vos éternels ennemis. Quant aux orateurs si
habiles à user du charme des paroles, ils auront
d'autres occasions moins importantes pour
rivaliser entre eux. Qu'ils y renoncent dans une
affaire où l'État, pour un bref plaisir, subira un
important dommage, tandis qu'eux-mêmes tireront
de gros avantages de leurs beaux discours. Enfin
l'indulgence s'accorde à ceux qui vous resteront
attachés à l'avenir et non à ceux qui ne changeront
pas et n'en demeureront pas moins vos ennemis.
Je me résume. Si vous suivez mes conseils, vous
agirez justement avec les Mytiléniens et en même
temps vous sauvegarderez vos intérêts. Sinon, loin
d'obtenir leur reconnaissance, vous vous ferez tort
à vous-mêmes. Si leur défection est juste, c'est
votre domination qui ne l'est pas. Si, même contre
la justice, vous croyez bon de la conserver, il faut
aussi contre la justice et dans votre intérêt les
châtier ; ou alors force vous est de renoncer à votre
empire et de vous montrer héroïques à l'abri des
dangers. Infligez-leur la peine même qu'ils vous
auraient infligée. Échappés au danger, ne vous
montrez pas moins sensibles à l'outrage que ceux
qui ont conspiré contre vous. Songez au traitement
que vraisemblablement ils vous auraient imposé,
s'ils avaient été victorieux, surtout après avoir été
les premiers à vous faire injure. Quand on n'a
aucun prétexte pour attaquer autrui, on prouve
qu'on veut la perte complète de l'adversaire, parce
qu'on prévoit le danger qui vous menace, si on
l'épargne. Celui qui subit une offense gratuite se
montre plus redoutable, s'il échappe, qu'un ennemi
loyal. Ne vous trahissez donc pas vous-mêmes.
Reportez-vous par la pensée, le plus près possible,
du moment où vous avez été attaqués. Vous auriez
tout fait pour les réduire. Eh bien ! maintenant,
payez-les de la même monnaie, sans vous laisser
attendrir par leur état présent, sans oublier le
danger qui était naguère suspendu sur vos têtes.
Punissez-les comme ils le méritent. Vos autres
alliés seront intimement convaincus que quiconque
fera défection sera puni de mort. S'ils en ont
l'assurance, vous aurez moins souvent à négliger
vos ennemis pour combattre vos propres alliés. "
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