Texte grec :
[2,60] 'Καὶ προσδεχομένῳ μοι τὰ τῆς ὀργῆς ὑμῶν ἔς με γεγένηται
(αἰσθάνομαι γὰρ τὰς αἰτίασ) καὶ ἐκκλησίαν τούτου ἕνεκα ξυνήγαγον, ὅπως
ὑπομνήσω καὶ μέμψωμαι εἴ τι μὴ ὀρθῶς ἢ ἐμοὶ χαλεπαίνετε ἢ ταῖς ξυμφοραῖς
εἴκετε. ἐγὼ γὰρ ἡγοῦμαι πόλιν πλείω ξύμπασαν ὀρθουμένην ὠφελεῖν τοὺς
ἰδιώτας ἢ καθ' ἕκαστον τῶν πολιτῶν εὐπραγοῦσαν, ἁθρόαν δὲ σφαλλομένην.
καλῶς μὲν γὰρ φερόμενος ἀνὴρ τὸ καθ' ἑαυτὸν διαφθειρομένης τῆς πατρίδος
οὐδὲν ἧσσον ξυναπόλλυται, κακοτυχῶν δὲ ἐν εὐτυχούσῃ πολλῷ μᾶλλον
διασῴζεται. ὁπότε οὖν πόλις μὲν τὰς ἰδίας ξυμφορὰς οἵα τε φέρειν, εἷς δ'
ἕκαστος τὰς ἐκείνης ἀδύνατος, πῶς οὐ χρὴ πάντας ἀμύνειν αὐτῇ, καὶ μὴ ὃ
νῦν ὑμεῖς δρᾶτε· ταῖς κατ' οἶκον κακοπραγίαις ἐκπεπληγμένοι τοῦ κοινοῦ τῆς
σωτηρίας ἀφίεσθε, καὶ ἐμέ τε τὸν παραινέσαντα πολεμεῖν καὶ ὑμᾶς αὐτοὺς ο῏
ξυνέγνωτε δι' αἰτίας ἔχετε. καίτοι ἐμοὶ τοιούτῳ ἀνδρὶ ὀργίζεσθε ὃς οὐδενὸς
ἥσσων οἴομαι εἶναι γνῶναί τε τὰ δέοντα καὶ ἑρμηνεῦσαι ταῦτα, φιλόπολίς τε
καὶ χρημάτων κρείσσων. ὅ τε γὰρ γνοὺς καὶ μὴ σαφῶς διδάξας ἐν ἴσῳ καὶ εἰ
μὴ ἐνεθυμήθη· ὅ τε ἔχων ἀμφότερα, τῇ δὲ πόλει δύσνους, οὐκ ἂν ὁμοίως τι
οἰκείως φράζοι· προσόντος δὲ καὶ τοῦδε, χρήμασι δὲ νικωμένου, τὰ ξύμπαντα
τούτου ἑνὸς ἂν πωλοῖτο. ὥστ' εἴ μοι καὶ μέσως ἡγούμενοι μᾶλλον ἑτέρων
προσεῖναι αὐτὰ πολεμεῖν ἐπείσθητε, οὐκ ἂν εἰκότως νῦν τοῦ γε ἀδικεῖν
αἰτίαν φεροίμην.
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Traduction française :
[2,60] LX. - "Je m'attendais bien à voir votre colère se
manifester contre moi ; j 'en connais les raisons. Aussi
ai-je convoqué cette assemblée ici pour faire appel à vos
souvenirs et vous adresser des reproches, si votre
irritation à mon égard ne repose sur rien et si vous
perdez courage dans l'adversité. Mon opinion est qu'il
vaut mieux pour les individus voir un État florissant
dans son ensemble, qu'un État qui dépérit alors que les
particuliers prospèrent. Car un homme dont les affaires
réussissent, alors que sa patrie est menacée, n'en est
pas moins condamné à périr avec elle ; tandis que, s'il
éprouve l'infortune au milieu de la fortune commune, il
a beaucoup plus de chances de salut. Puisqu'une cité
peut supporter les malheurs de ses membres, tandis
que chacun d'eux est incapable de supporter les
malheurs de la communauté, comment refuser de nous
assembler pour sa défense ? Ne vous laissez pas
ébranler, comme vous le faites maintenant, par vos
malheurs individuels, n'abandonnez pas la défense
commune et ne m'accusez pas de vous avoir conseillé la
guerre, puisque vous m'avez donné votre approbation.
Néanmoins c'est ce que vous faites ; vous vous irritez
contre moi qui ne suis pourtant inférieur à nul autre,
quand il s'agit de distinguer l'intérêt public et d'exprimer
sa pensée par la parole, contre moi qui suis dévoué à la
cité et inaccessible à la corruption. Discerner l'intérêt
public, mais ne pas le faire voir nettement à ses
concitoyens, c'est exactement comme si l'on n'y avait
pas réfléchi. Qu'on ait ces deux talents et que l'on soit
malintentionné pour la patrie, c'est être condamné à ne
donner aucun conseil utile à l'Etat. Qu'on ait l'amour de
la patrie, mais qu'on soit accessible à la corruption, l'on
est capable de tout vendre à prix d'argent. Si vous avez
admis que j'avais, ne fût-ce que modérément et plus que
d'autres, ces différentes qualités et si en conséquence
vous avez suivi mes conseils pour la guerre, vous auriez
tort de m'en faire un crime maintenant.
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