Texte grec :
[1,142] 'Μέγιστον δέ, τῇ τῶν χρημάτων σπάνει κωλύσονται, ὅταν σχολῇ
αὐτὰ ποριζόμενοι διαμέλλωσιν· τοῦ δὲ πολέμου οἱ καιροὶ οὐ μενετοί. καὶ μὴν
οὐδ' ἡ ἐπιτείχισις οὐδὲ τὸ ναυτικὸν αὐτῶν ἄξιον φοβηθῆναι. τὴν μὲν γὰρ
χαλεπὸν καὶ ἐν εἰρήνῃ πόλιν ἀντίπαλον κατασκευάσασθαι, ἦ που δὴ ἐν
πολεμίᾳ τε καὶ οὐχ ἧσσον ἐκείνοις ἡμῶν ἀντεπιτετειχισμένων· φρούριον δ' εἰ
ποιήσονται, τῆς μὲν γῆς βλάπτοιεν ἄν τι μέρος καταδρομαῖς καὶ αὐτομολίαις,
οὐ μέντοι ἱκανόν γε ἔσται ἐπιτειχίζειν τε κωλύειν ἡμᾶς πλεύσαντας ἐς τὴν
ἐκείνων καί, ᾗπερ ἰσχύομεν, ταῖς ναυσὶν ἀμύνεσθαι· πλέον γὰρ ἡμεῖς ἔχομεν
τοῦ κατὰ γῆν ἐκ τοῦ ναυτικοῦ ἐμπειρίας ἢ ἐκεῖνοι ἐκ τοῦ κατ' ἤπειρον ἐς τὰ
ναυτικά. τὸ δὲ τῆς θαλάσσης ἐπιστήμονας γενέσθαι οὐ ῥᾳδίως αὐτοῖς
προσγενήσεται. οὐδὲ γὰρ ὑμεῖς μελετῶντες αὐτὸ εὐθὺς ἀπὸ τῶν Μηδικῶν
ἐξείργασθέ πω· πῶς δὴ ἄνδρες γεωργοὶ καὶ οὐ θαλάσσιοι, καὶ προσέτι οὐδὲ
μελετῆσαι ἐασόμενοι διὰ τὸ ὑφ' ἡμῶν πολλαῖς ναυσὶν αἰεὶ ἐφορμεῖσθαι,
ἄξιον ἄν τι δρῷεν; πρὸς μὲν γὰρ ὀλίγας ἐφορμούσας κἂν διακινδυνεύσειαν
πλήθει τὴν ἀμαθίαν θρασύνοντες, πολλαῖς δὲ εἰργόμενοι ἡσυχάσουσι καὶ ἐν
τῷ μὴ μελετῶντι ἀξυνετώτεροι ἔσονται καὶ δι' αὐτὸ καὶ ὀκνηρότεροι. τὸ δὲ
ναυτικὸν τέχνης ἐστίν, ὥσπερ καὶ ἄλλο τι, καὶ οὐκ ἐνδέχεται, ὅταν τύχῃ, ἐκ
παρέργου μελετᾶσθαι, ἀλλὰ μᾶλλον μηδὲν ἐκείνῳ πάρεργον ἄλλο γίγνεσθαι.
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Traduction française :
[1,142] CXLII. - "La principale difficulté pour eux sera le mangue d'argent, car ils mettront bien de la lenteur à
s'en procurer. Or à la guerre il faut saisir l'occasion favorable. Du reste, ni leurs constructions de forts
chez nous, ni leur marine ne peuvent nous effrayer. Pour les premières, il est difficile en pleine paix, à
plus forte raison sur un territoire en état de guerre, de les élever capables de résister efficacement ;
d'autant plus que nous avons déjà, nous aussi, nos moyens de défense tout prêts. Supposons qu'ils
établissent un fort dans notre pays ; ils pourront sur un point du territoire nous gêner par des
incursions et par la désertion des esclaves. Mais cela ne nous empêchera pas de prendre la mer, de
construire à notre tour des forteresses menaçant leur pays et de les châtier avec les vaisseaux qui
constituent notre puissance. Car la pratique de la guerre sur mer nous vaut plus d'habileté pour le
combat sur terre, qu'à eux la pratique de la guerre à terre pour le combat sur mer. Ils n'arriveront pas
facilement à devenir des marins habiles. Vous-mêmes n'y êtes pas encore parvenus, tout en vous y
étant efforcés dès les guerres médiques. Comment des populations agricoles et nullement maritimes,
que nous harcèlerons perpétuellement par nos escadres nombreuses, arriveraient-elles à quelque
résultat ? Peut-être, malgré leur ignorance, enhardis par le nombre, pourraient-ils risquer le combat
contre des vaisseaux peu nombreux ; mais nous aurons une flotte en nombre pour les contenir et les
contraindre à l'inaction ; faute de pouvoir s'exercer, ils seront plus maladroits et par suite moins hardis.
La marine est affaire de métier, comme toute autre chose et ne s'improvise pas au gré des
circonstances et accessoirement ; c'est elle au contraire qui n'admet pas d'être traitée comme un accessoire.
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