Texte grec :
[1,122] ὑπάρχουσι δὲ καὶ ἄλλαι ὁδοὶ τοῦ πολέμου ἡμῖν, ξυμμάχων τε ἀπόστασις,
μάλιστα παραίρεσις οὖσα τῶν προσόδων αἷς ἰσχύουσι, καὶ ἐπιτειχισμὸς τῇ χώρᾳ,
ἄλλα τε ὅσα οὐκ ἄν τις νῦν προΐδοι. ἥκιστα γὰρ πόλεμος ἐπὶ ῥητοῖς χωρεῖ, αὐτὸς δὲ
ἀφ' αὑτοῦ τὰ πολλὰ τεχνᾶται πρὸς τὸ παρατυγχάνον· ἐν ᾧ ὁ μὲν εὐοργήτως αὐτῷ
προσομιλήσας βεβαιότερος, ὁ δ' ὀργισθεὶς περὶ αὐτὸν οὐκ ἐλάσσω πταίει.
'Ἐνθυμώμεθα δὲ καὶ ὅτι εἰ μὲν ἡμῶν ἦσαν ἑκάστοις πρὸς ἀντιπάλους
περὶ γῆς ὅρων αἱ διαφοραί, οἰστὸν ἂν ἦν· νῦν δὲ πρὸς ξύμπαντάς τε ἡμᾶς
Ἀθηναῖοι ἱκανοὶ καὶ κατὰ πόλιν ἔτι δυνατώτεροι, ὥστε εἰ μὴ καὶ ἁθρόοι καὶ
κατὰ ἔθνη καὶ ἕκαστον ἄστυ μιᾷ γνώμῃ ἀμυνούμεθα αὐτούς, δίχα γε ὄντας
ἡμᾶς ἀπόνως χειρώσονται. καὶ τὴν ἧσσαν, εἰ καὶ δεινόν τῳ ἀκοῦσαι, ἴστω οὐκ
ἄλλο τι φέρουσαν ἢ ἄντικρυς δουλείαν· ὃ καὶ λόγῳ ἐνδοιασθῆναι αἰσχρὸν τῇ
Πελοποννήσῳ καὶ πόλεις τοσάσδε ὑπὸ μιᾶς κακοπαθεῖν. ἐν ᾧ ἢ δικαίως
δοκοῖμεν ἂν πάσχειν ἢ διὰ δειλίαν ἀνέχεσθαι καὶ τῶν πατέρων χείρους
φαίνεσθαι, οἳ τὴν Ἑλλάδα ἠλευθέρωσαν, ἡμεῖς δὲ οὐδ' ἡμῖν αὐτοῖς
βεβαιοῦμεν αὐτό, τύραννον δὲ ἐῶμεν ἐγκαθεστάναι πόλιν, τοὺς δ' ἐν μιᾷ
μονάρχους ἀξιοῦμεν καταλύειν. καὶ οὐκ ἴσμεν ὅπως τάδε τριῶν τῶν
μεγίστων ξυμφορῶν ἀπήλλακται, ἀξυνεσίας ἢ μαλακίας ἢ ἀμελείας. οὐ γὰρ
δὴ πεφευγότες αὐτὰ ἐπὶ τὴν πλείστους δὴ βλάψασαν καταφρόνησιν
κεχωρήκατε, ἣ ἐκ τοῦ πολλοὺς σφάλλειν τὸ ἐναντίον ὄνομα ἀφροσύνη
μετωνόμασται.
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Traduction française :
[1,122] CXXII. - "Nous avons aussi d'autres moyens de faire la guerre la révolte de leurs alliés, excellente
manière de les priver des ressources qui font leur force, la construction de forteresses menaçant leur
pays et d'autres procédés qu'on ne saurait envisager pour l'instant. Car la guerre ne se développe pas
le moins du monde selon un plan arrêté ; c'est elle qui trouve en elle-même bien des ressources pour
parer aux surprises du hasard. La mener avec calme, c'est s'assurer la victoire ; au contraire, se
laisser emporter par elle, c'est commettre d'autant plus de fautes. Aussi, il faut bien se le dire, s'il n'y
avait pour chacun d'entre nous que des discussions de frontières avec des adversaires égaux en
force, on le supporterait. En réalité les Athéniens sont en état de résister à toutes nos forces réunies ;
à plus forte raison, l'emportent-ils sur chaque ville isolément. Si donc nous ne formons pas contre eux
un bloc de tous les peuples et de toutes les villes, un bloc animé d'une seule pensée, ils triompheront
sans la moindre difficulté de nos divisions. Et la défaite, sachez-le bien, quelque pénible que soit cet
aveu, nous mène tout droit à l'esclavage. Le seul fait d'envisager la chose comme possible est
outrageant pour des Péloponnésiens ; et il serait honteux que tant de cités fussent, du fait d'une seule,
réduites à toute extrémité. Alors cette triste situation paraîtrait méritée ; notre lâcheté en serait tenue
pour responsable. Nous paraîtrions inférieurs à nos ancêtres qui ont délivré la Grèce. Incapables
d'assurer chez nous la liberté, coupables de laisser une cité s'ériger en tyran, nous prétendons briser
les tyrannies dans chaque ville. Oui, nous nous le demandons, comment pareille conduite éviterait-elle
d'être taxée d'ineptie, de mollesse, de négligence ? Ces reproches vous ne les avez pas évités et
vous êtes allés jusqu'à ce mépris qui a déjà fait tort à tant de gens et qui, pour avoir égaré bien des
hommes, a perdu son nom pour prendre celui de sottise.
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