Texte grec :
[1,120] 'Τοὺς μὲν Λακεδαιμονίους, ὦ ἄνδρες ξύμμαχοι, οὐκ ἂν ἔτι
αἰτιασαίμεθα ὡς οὐ καὶ αὐτοὶ ἐψηφισμένοι τὸν πόλεμόν εἰσι καὶ ἡμᾶς ἐς
τοῦτο νῦν ξυνήγαγον. χρὴ γὰρ τοὺς ἡγεμόνας τὰ ἴδια ἐξ ἴσου νέμοντας τὰ
κοινὰ προσκοπεῖν, ὥσπερ καὶ ἐν ἄλλοις ἐκ πάντων προτιμῶνται. ἡμῶν δὲ
ὅσοι μὲν Ἀθηναίοις ἤδη ἐνηλλάγησαν οὐχὶ διδαχῆς δέονται ὥστε
φυλάξασθαι αὐτούς· τοὺς δὲ τὴν μεσόγειαν μᾶλλον καὶ μὴ ἐν πόρῳ
κατῳκημένους εἰδέναι χρὴ ὅτι, τοῖς κάτω ἢν μὴ ἀμύνωσι, χαλεπωτέραν
ἕξουσι τὴν κατακομιδὴν τῶν ὡραίων καὶ πάλιν ἀντίληψιν ὧν ἡ θάλασσα τῇ
ἠπείρῳ δίδωσι, καὶ τῶν νῦν λεγομένων μὴ κακοὺς κριτὰς ὡς μὴ
προσηκόντων εἶναι, προσδέχεσθαι δέ ποτε, εἰ τὰ κάτω πρόοιντο, κἂν μέχρι
σφῶν τὸ δεινὸν προελθεῖν, καὶ περὶ αὑτῶν οὐχ ἧσσον νῦν βουλεύεσθαι. δι'
ὅπερ καὶ μὴ ὀκνεῖν δεῖ αὐτοὺς τὸν πόλεμον ἀντ' εἰρήνης μεταλαμβάνειν.
ἀνδρῶν γὰρ σωφρόνων μέν ἐστιν, εἰ μὴ ἀδικοῖντο, ἡσυχάζειν, ἀγαθῶν δὲ
ἀδικουμένους ἐκ μὲν εἰρήνης πολεμεῖν, εὖ δὲ παρασχὸν ἐκ πολέμου πάλιν
ξυμβῆναι, καὶ μήτε τῇ κατὰ πόλεμον εὐτυχίᾳ ἐπαίρεσθαι μήτε τῷ ἡσύχῳ τῆς
εἰρήνης ἡδόμενον ἀδικεῖσθαι. ὅ τε γὰρ διὰ τὴν ἡδονὴν ὀκνῶν τάχιστ' ἂν
ἀφαιρεθείη τῆς ῥᾳστώνης τὸ τερπνὸν δι' ὅπερ ὀκνεῖ, εἰ ἡσυχάζοι, ὅ τε ἐν
πολέμῳ εὐτυχίᾳ πλεονάζων οὐκ ἐντεθύμηται θράσει ἀπίστῳ ἐπαιρόμενος.
πολλὰ γὰρ κακῶς γνωσθέντα ἀβουλοτέρων τῶν ἐναντίων τυχόντα
κατωρθώθη, καὶ ἔτι πλείω καλῶς δοκοῦντα βουλευθῆναι ἐς τοὐναντίον
αἰσχρῶς περιέστη· ἐνθυμεῖται γὰρ οὐδεὶς ὁμοῖα τῇ πίστει καὶ ἔργῳ
ἐπεξέρχεται, ἀλλὰ μετ' ἀσφαλείας μὲν δοξάζομεν, μετὰ δέους δὲ ἐν τῷ ἔργῳ
ἐλλείπομεν.
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Traduction française :
[1,120] CXX. - "O alliés, nous ne saurions plus reprocher aux Lacédémoniens de ne pas avoir déclaré la
guerre, puisque c'est précisément dans cette intention qu'ils nous ont rassemblés aujourd'hui. Ils ont
eu raison, car il faut que les chefs, tout en réglant sur un pied d'égalité les intérêts particuliers de
chaque cité, veillent à l'intérêt commun, puisque tous s'accordent à les honorer d'une manière
spéciale. Tous ceux d'entre nous qui ont déjà eu affaire aux Athéniens n'ont pas besoin de consuls
pour se tenir sur leurs gardes. Mais il faut que ceux qui sont installés au milieu des terres et non au
bord de la mer sachent bien ceci : en refusant leur aide aux populations maritimes, ils ne pourront
qu'avec des difficultés plus grandes exporter leurs produits et recevoir ceux que la mer fournit au
continent. Qu'ils n'aillent pas faire fi de nos avis, sous prétexte qu'ils ne les concernent pas. Au
contraire, qu'ils prennent garde en abandonnant le littoral, ils risquent de voir le danger les atteindre
également. Car la délibération présente les intéresse autant que les autres. Aussi, doivent-ils, sans
hésitation, préférer la guerre à la paix. La sagesse consiste, tant qu'on n'est pas attaqué, à se tenir
tranquille ; mais la bravoure exige qu'une fois attaqué on renonce à la paix et qu'on recoure à la
guerre. D'autre part, quand les circonstances le permettent, il faut arriver à composition, car les
succès militaires ne doivent pas nous enorgueillir, non plus que le charme de la paix ne doit nous
amollir au point de subir l'injustice. L'homme que les plaisirs feraient hésiter se verrait bientôt dépouillé
des agréments d'une vie heureuse qui causent son hésitation ; et celui qui s'enorgueillit de ses succès
ne songe pas qu'il se laisse emporter par une confiance aveugle. Il arrive souvent que des opérations
mal engagées se rétablissent par suite de l'imprudence de l'adversaire ; il arrive plus souvent encore
que des entreprises qui paraissent judicieusement combinées, tournent à une confusion lamentable.
Car nul ne met la même ardeur à concevoir et à exécuter ; toute notre assurance va à décider, mais la
crainte nous fait échouer au moment d'agir.
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