Texte grec :
[1,93] Τούτῳ τῷ τρόπῳ οἱ Ἀθηναῖοι τὴν πόλιν ἐτείχισαν ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ.
καὶ δήλη ἡ οἰκοδομία ἔτι καὶ νῦν ἐστὶν ὅτι κατὰ σπουδὴν ἐγένετο· οἱ γὰρ
θεμέλιοι παντοίων λίθων ὑπόκεινται καὶ οὐ ξυνειργασμένων ἔστιν ᾗ, ἀλλ' ὡς
ἕκαστόν ποτε προσέφερον, πολλαί τε στῆλαι ἀπὸ σημάτων καὶ λίθοι
εἰργασμένοι ἐγκατελέγησαν. μείζων γὰρ ὁ περίβολος πανταχῇ ἐξήχθη τῆς
πόλεως, καὶ διὰ τοῦτο πάντα ὁμοίως κινοῦντες ἠπείγοντο. ἔπεισε δὲ καὶ τοῦ
Πειραιῶς τὰ λοιπὰ ὁ Θεμιστοκλῆς οἰκοδομεῖν (ὑπῆρκτο δ' αὐτοῦ πρότερον
ἐπὶ τῆς ἐκείνου ἀρχῆς ἧς κατ' ἐνιαυτὸν Ἀθηναίοις ἦρξε) νομίζων τό τε χωρίον
καλὸν εἶναι, λιμένας ἔχον τρεῖς αὐτοφυεῖς, καὶ αὐτοὺς ναυτικοὺς
γεγενημένους μέγα προφέρειν ἐς τὸ κτήσασθαι δύναμιν (τῆς γὰρ δὴ
θαλάσσης πρῶτος ἐτόλμησεν εἰπεῖν ὡς ἀνθεκτέα ἐστί), καὶ τὴν ἀρχὴν εὐθὺς
ξυγκατεσκεύαζεν. καὶ ᾠκοδόμησαν τῇ ἐκείνου γνώμῃ τὸ πάχος τοῦ τείχους
ὅπερ νῦν ἔτι δῆλόν ἐστι περὶ τὸν Πειραιᾶ· δύο γὰρ ἅμαξαι ἐναντίαι ἀλλήλαις
τοὺς λίθους ἐπῆγον. ἐντὸς δὲ οὔτε χάλιξ οὔτε πηλὸς ἦν, ἀλλὰ
ξυνῳκοδομημένοι μεγάλοι λίθοι καὶ ἐντομῇ ἐγγώνιοι, σιδήρῳ πρὸς ἀλλήλους
τὰ ἔξωθεν καὶ μολύβδῳ δεδεμένοι. τὸ δὲ ὕψος ἥμισυ μάλιστα ἐτελέσθη οὗ
διενοεῖτο. ἐβούλετο γὰρ τῷ μεγέθει καὶ τῷ πάχει ἀφιστάναι τὰς τῶν
πολεμίων ἐπιβουλάς, ἀνθρώπων τε ἐνόμιζεν ὀλίγων καὶ τῶν ἀχρειοτάτων
ἀρκέσειν τὴν φυλακήν, τοὺς δ' ἄλλους ἐς τὰς ναῦς ἐσβήσεσθαι. ταῖς γὰρ
ναυσὶ μάλιστα προσέκειτο, ἰδών, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τῆς βασιλέως στρατιᾶς τὴν
κατὰ θάλασσαν ἔφοδον εὐπορωτέραν τῆς κατὰ γῆν οὖσαν· τόν τε Πειραιᾶ
ὠφελιμώτερον ἐνόμιζε τῆς ἄνω πόλεως, καὶ πολλάκις τοῖς Ἀθηναίοις
παρῄνει, ἢν ἄρα ποτὲ κατὰ γῆν βιασθῶσι, καταβάντας ἐς αὐτὸν ταῖς ναυσὶ
πρὸς ἅπαντας ἀνθίστασθαι. Ἀθηναῖοι μὲν οὖν οὕτως ἐτειχίσθησαν καὶ
τἆλλα κατεσκευάζοντο εὐθὺς μετὰ τὴν Μήδων ἀναχώρησιν.
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Traduction française :
[1,93] XCIII. - C'est ainsi que les Athéniens arrivèrent en peu de temps à fortifier leur ville. La construction,
qui existe encore, montre la précipitation avec laquelle elle a été entreprise ; les fondations sont faites
de pierres de toute sorte, non assemblées, mais disposées au fur et à mesure qu'on les apportait. On
y entassa en grand nombre des colonnes funéraires et des pierres sculptées (81) ; partout l'enceinte
de la ville fut élargie ; aussi poursuivait-on tous ces travaux à la fois et ne se donnait-on pas de répit.
Thémistocle persuada aussi les Athéniens de terminer les fortifications du Pirée, qu'on avait
commencé à élever l'année de son archontat. Il estimait que l'endroit était favorable, car il comprenait
trois ports naturels ; de plus les Athéniens s'étant adonnés à la marine, ils tireraient de cet
emplacement un grand avantage pour leur puissance. En effet, c'est lui qui, le premier, osa leur dire
qu'ils devaient devenir les maîtres de la mer et qui dès l'abord leur facilita les débuts de cette
domination. Telle fut la pensée qui les guida dans la construction de cette épaisse muraille qui à
l'heure actuelle est encore visible aux abords du Pirée. Deux chars, qui se croisaient, amenaient les
pierres. A l'intérieur, on n'employait ni chaux mortier ; on assemblait de grandes pierres taillées à
angle droit et celles du parement réunies par des crampons de fer et du plomb fondu. La hauteur du
mur n'atteignit qu'à la moitié environ de celle que Thémistocle avait projetée. Il eût voulu que la
hauteur et la largeur de la muraille permissent de résister aux attaques des ennemis et il estimait
qu'un petit nombre d'hommes, les moins valides, suffirait à en assurer la garde, les autres montant sur
les vaisseaux. C'était surtout à la marine qu'il consacrait toute sa vigilance, car il avait constaté, me
semble-t-il, que l'accès par mer était, pour l'armée du Grand Roi, plus facile que par terre. A ses yeux
le Pirée était plus utile que la ville haute. Souvent même il donnait aux Athéniens le conseil, au cas où
ils seraient pressés sur terre, de descendre au Pirée, de s'y embarquer pour résister envers et contre
tous. C'est ainsi que les Athéniens s'entourèrent de murailles et prirent toutes autres dispositions,
aussitôt après la retraite des Mèdes.
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