Texte grec :
[1,91] οἱ δὲ ἀκούοντες τῷ μὲν Θεμιστοκλεῖ ἐπείθοντο διὰ φιλίαν αὐτοῦ, τῶν δὲ ἄλλων
ἀφικνουμένων καὶ σαφῶς κατηγορούντων ὅτι τειχίζεταί τε καὶ ἤδη ὕψος
λαμβάνει, οὐκ εἶχον ὅπως χρὴ ἀπιστῆσαι. γνοὺς δὲ ἐκεῖνος κελεύει αὐτοὺς
μὴ λόγοις μᾶλλον παράγεσθαι ἢ πέμψαι σφῶν αὐτῶν ἄνδρας οἵτινες χρηστοὶ
καὶ πιστῶς ἀναγγελοῦσι σκεψάμενοι. ἀποστέλλουσιν οὖν, καὶ περὶ αὐτῶν ὁ
Θεμιστοκλῆς τοῖς Ἀθηναίοις κρύφα πέμπει κελεύων ὡς ἥκιστα ἐπιφανῶς
κατασχεῖν καὶ μὴ ἀφεῖναι πρὶν ἂν αὐτοὶ πάλιν κομισθῶσιν (ἤδη γὰρ καὶ ἧκον
αὐτῷ οἱ ξυμπρέσβεις, Ἁβρώνιχός τε ὁ Λυσικλέους καὶ Ἀριστείδης ὁ
Λυσιμάχου, ἀγγέλλοντες ἔχειν ἱκανῶς τὸ τεῖχος) ἐφοβεῖτο γὰρ μὴ οἱ
Λακεδαιμόνιοι σφᾶς, ὁπότε σαφῶς ἀκούσειαν, οὐκέτι ἀφῶσιν. οἵ τε οὖν
Ἀθηναῖοι τοὺς πρέσβεις, ὥσπερ ἐπεστάλη, κατεῖχον, καὶ ὁ Θεμιστοκλῆς
ἐπελθὼν τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐνταῦθα δὴ φανερῶς εἶπεν ὅτι ἡ μὲν πόλις
σφῶν τετείχισται ἤδη ὥστε ἱκανὴ εἶναι σῴζειν τοὺς ἐνοικοῦντας, εἰ δέ τι
βούλονται Λακεδαιμόνιοι ἢ οἱ ξύμμαχοι πρεσβεύεσθαι παρὰ σφᾶς, ὡς πρὸς
διαγιγνώσκοντας τὸ λοιπὸν ἰέναι τά τε σφίσιν αὐτοῖς ξύμφορα καὶ τὰ κοινά.
τήν τε γὰρ πόλιν ὅτε ἐδόκει ἐκλιπεῖν ἄμεινον εἶναι καὶ ἐς τὰς ναῦς ἐσβῆναι,
ἄνευ ἐκείνων ἔφασαν γνόντες τολμῆσαι, καὶ ὅσα αὖ μετ' ἐκείνων
βουλεύεσθαι, οὐδενὸς ὕστεροι γνώμῃ φανῆναι. δοκεῖν οὖν σφίσι καὶ νῦν
ἄμεινον εἶναι τὴν ἑαυτῶν πόλιν τεῖχος ἔχειν, καὶ ἰδίᾳ τοῖς πολίταις καὶ ἐς
τοὺς πάντας ξυμμάχους ὠφελιμώτερον ἔσεσθαι· οὐ γὰρ οἷόν τ' εἶναι μὴ ἀπὸ
ἀντιπάλου παρασκευῆς ὁμοῖόν τι ἢ ἴσον ἐς τὸ κοινὸν βουλεύεσθαι. ἢ πάντας
οὖν ἀτειχίστους ἔφη χρῆναι ξυμμαχεῖν ἢ καὶ τάδε νομίζειν ὀρθῶς ἔχειν.
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Traduction française :
[1,91] XCI. - Ces paroles de Thémistocle, en raison de l'affection qu'on avait pour lui, n'éveillaient aucune
méfiance. Mais des gens survenaient qui accusaient les Athéniens de s'entourer de remparts ; ceux-ci
atteignaient déjà une certaine hauteur, il n'y avait plus moyen d'en douter. Informé de ces rumeurs,
Thémistocle invita les Lacédémoniens à ne pas ajouter foi à ces bruits mensongers et à envoyer plutôt
une ambassade composée de gens de confiance qui rapporteraient fidèlement ce qu'ils auraient
constaté. Thémistocle prévient en secret les Athéniens de leur arrivée et recommande de retenir les
Lacédémoniens de la manière la moins apparente possible et de ne pas les laisser repartir avant son
retour et celui de ses collègues. Déjà ceux-ci étaient arrivés à Lacédémone : Abronichos, fils de
Lysiclès, et Aristide, fils de Lysimaque, qui venaient annoncer que les murailles avaient la hauteur
nécessaire. Thémistocle en effet redoutait qu'une fois exactement informés, les Lacédémoniens ne
voulussent plus les laisser partir. Les Athéniens, selon sa recommandation, retinrent les
Lacédémoniens. Alors Thémistocle s'adressa au peuple et lui dit sans détours qu'Athènes était
suffisamment fortifiée pour garantir la vie de ses habitants. "Si les Lacédémoniens et leurs alliés
voulaient y envoyer une ambassade, ce devait être comme à des gens qui discernaient aussi bien
l'intérêt général de la Grèce que le leur propre. Quand ils avaient jugé que le parti le meilleur consistait
à quitter la ville pour monter sur leurs vaisseaux, c'était sans le concours des Lacédémoniens qu'ils
avaient pris cette résolution hardie ; pour toutes les décisions prises en commun, les Athéniens ne
s'étaient montrés inférieurs en intelligence à personne. Maintenant, ils étaient d'avis que le mieux était
que leur ville fût fortifiée : c'était la solution la plus avantageuse pour les citoyens en particulier et pour
les alliés en général ; car il n'était pas possible avec des préparatifs inégaux de prendre des décisions
égales ou identiques pour tous. Ou il fallait que tous fussent démunis de murailles pour combattre ou il
fallait estimer que la conduite des Athéniens était la bonne (80).
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