Texte grec :
[1,90] Λακεδαιμόνιοι δὲ αἰσθόμενοι τὸ μέλλον ἦλθον πρεσβείᾳ, τὰ μὲν
καὶ αὐτοὶ ἥδιον ἂν ὁρῶντες μήτ' ἐκείνους μήτ' ἄλλον μηδένα τεῖχος ἔχοντα,
τὸ δὲ πλέον τῶν ξυμμάχων ἐξοτρυνόντων καὶ φοβουμένων τοῦ τε ναυτικοῦ
αὐτῶν τὸ πλῆθος, ὃ πρὶν οὐχ ὑπῆρχε, καὶ τὴν ἐς τὸν Μηδικὸν πόλεμον
τόλμαν γενομένην. ἠξίουν τε αὐτοὺς μὴ τειχίζειν, ἀλλὰ καὶ τῶν ἔξω
Πελοποννήσου μᾶλλον ὅσοις εἱστήκει ξυγκαθελεῖν μετὰ σφῶν τοὺς
περιβόλους, τὸ μὲν βουλόμενον καὶ ὕποπτον τῆς γνώμης οὐ δηλοῦντες ἐς
τοὺς Ἀθηναίους, ὡς δὲ τοῦ βαρβάρου, εἰ αὖθις ἐπέλθοι, οὐκ ἂν ἔχοντος ἀπὸ
ἐχυροῦ ποθέν, ὥσπερ νῦν ἐκ τῶν Θηβῶν, ὁρμᾶσθαι· τήν τε Πελοπόννησον
πᾶσιν ἔφασαν ἀναχώρησίν τε καὶ ἀφορμὴν ἱκανὴν εἶναι. οἱ δ' Ἀθηναῖοι
Θεμιστοκλέους γνώμῃ τοὺς μὲν Λακεδαιμονίους ταῦτ' εἰπόντας
ἀποκρινάμενοι ὅτι πέμψουσιν ὡς αὐτοὺς πρέσβεις περὶ ὧν λέγουσιν εὐθὺς
ἀπήλλαξαν· ἑαυτὸν δ' ἐκέλευεν ἀποστέλλειν ὡς τάχιστα ὁ Θεμιστοκλῆς ἐς
τὴν Λακεδαίμονα, ἄλλους δὲ πρὸς ἑαυτῷ ἑλομένους πρέσβεις μὴ εὐθὺς
ἐκπέμπειν, ἀλλ' ἐπισχεῖν μέχρι τοσούτου ἕως ἂν τὸ τεῖχος ἱκανὸν ἄρωσιν
ὥστε ἀπομάχεσθαι ἐκ τοῦ ἀναγκαιοτάτου ὕψους· τειχίζειν δὲ πάντας
πανδημεὶ τοὺς ἐν τῇ πόλει {καὶ αὐτοὺς καὶ γυναῖκας καὶ παῖδας},
φειδομένους μήτε ἰδίου μήτε δημοσίου οἰκοδομήματος ὅθεν τις ὠφελία ἔσται
ἐς τὸ ἔργον, ἀλλὰ καθαιροῦντας πάντα. καὶ ὁ μὲν ταῦτα διδάξας καὶ
ὑπειπὼν τἆλλα ὅτι αὐτὸς τἀκεῖ πράξοι ᾤχετο. καὶ ἐς τὴν Λακεδαίμονα ἐλθὼν
οὐ προσῄει πρὸς τὰς ἀρχάς, ἀλλὰ διῆγε καὶ προυφασίζετο. καὶ ὁπότε τις
αὐτὸν ἔροιτο τῶν ἐν τέλει ὄντων ὅτι οὐκ ἐπέρχεται ἐπὶ τὸ κοινόν, ἔφη τοὺς
ξυμπρέσβεις ἀναμένειν, ἀσχολίας δέ τινος οὔσης αὐτοὺς ὑπολειφθῆναι,
προσδέχεσθαι μέντοι ἐν τάχει ἥξειν καὶ θαυμάζειν ὡς οὔπω πάρεισιν.
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Traduction française :
[1,90] XC. - Les Lacédémoniens informés de ce projet envoyèrent une ambassade à Athènes. D'un côté ils
auraient vu avec satisfaction que ni Athènes ni une autre ville n'eût de murailles. Surtout ils
obéissaient aux excitations de leurs alliés ; ils redoutaient aussi l'importance de la marine athénienne,
qui n'existait pas auparavant, et l'audace qu'Athènes avait montrée dans la guerre contre le Mède.
Selon eux, les Athéniens ne devaient pas élever de remparts ; ils les invitaient même à détruire avec
eux les fortifications construites en dehors du Péloponnèse. Mais ils se gardèrent de laisser voir leurs
intentions et leur défiance secrète. Ils prenaient pour prétexte qu'en cas de retour du Barbare, celui-ci
ne devait pas trouver une base solide d'opérations, comme la chose s'était produite récemment pour
Thèbes. Le Péloponnèse était, pour tous, prétendaient-ils, un refuge et une base suffisante. Sur le
conseil de Thémistocle les Athéniens congédièrent sur-le-champ les Lacédémoniens, en leur disant
qu'ils allaient envoyer à Lacédémone une ambassade à ce sujet. Thémistocle leur conseilla de
l'envoyer lui-même le plus rapidement possible à Lacédémone, mais sans faire partir en même temps
que lui les envoyés choisis pour être ses collègues. "Il fallait attendre jusqu'au moment où la muraille
aurait atteint la hauteur nécessaire pour y organiser la résistance. Tous ceux qui se trouvaient dans la
ville, sans distinction, hommes, femmes et enfants, devaient participer à ces travaux ; sans épargner
aucun édifice privé ou public dont les matériaux pussent servir à la construction du rempart, il fallait
les détruire tous." Telles furent ses instructions ; il ajouta que pour les autres questions il les traiterait
là-bas, puis il partit. Arrivé à Lacédémone, il ne se rendit pas auprès des autorités ; mais il fit traîner
les choses en longueur et chercha des prétextes. Chaque fois qu'un personnage en charge lui
demandait pourquoi il ne comparaissait pas devant l'assemblée, il alléguait le retard de ses collègues
"quelque affaire avait dû les retenir, mais il attendait sous peu leur arrivée et s'étonnait même qu'ils ne
fussent pas encore là !"
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