Texte grec :
[1,75] 'Ἆρ' ἄξιοί ἐσμεν, ὦ Λακεδαιμόνιοι, καὶ προθυμίας ἕνεκα τῆς τότε
καὶ γνώμης ξυνέσεως ἀρχῆς γε ἧς ἔχομεν τοῖς Ἕλλησι μὴ οὕτως ἄγαν
ἐπιφθόνως διακεῖσθαι; καὶ γὰρ αὐτὴν τήνδε ἐλάβομεν οὐ βιασάμενοι, ἀλλ'
ὑμῶν μὲν οὐκ ἐθελησάντων παραμεῖναι πρὸς τὰ ὑπόλοιπα τοῦ βαρβάρου,
ἡμῖν δὲ προσελθόντων τῶν ξυμμάχων καὶ αὐτῶν δεηθέντων ἡγεμόνας
καταστῆναι· ἐξ αὐτοῦ δὲ τοῦ ἔργου κατηναγκάσθημεν τὸ πρῶτον
προαγαγεῖν αὐτὴν ἐς τόδε, μάλιστα μὲν ὑπὸ δέους, ἔπειτα καὶ τιμῆς, ὕστερον
καὶ ὠφελίας. καὶ οὐκ ἀσφαλὲς ἔτι ἐδόκει εἶναι τοῖς πολλοῖς ἀπηχθημένους,
καί τινων καὶ ἤδη ἀποστάντων κατεστραμμένων, ὑμῶν τε ἡμῖν οὐκέτι ὁμοίως
φίλων, ἀλλ' ὑπόπτων καὶ διαφόρων ὄντων, ἀνέντας κινδυνεύειν· καὶ γὰρ ἂν
αἱ ἀποστάσεις πρὸς ὑμᾶς ἐγίγνοντο. πᾶσι δὲ ἀνεπίφθονον τὰ ξυμφέροντα
τῶν μεγίστων πέρι κινδύνων εὖ τίθεσθαι.
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Traduction française :
[1,75] LXXV. - "Pour notre courage d'alors et notre intelligence politique, méritons-nous, Lacédémoniens, la
jalousie excessive qu'excite chez les Grecs notre puissance ? Nous l'avons acquise sans violence ;
vous-mêmes vous n'avez pas voulu être à nos côtés contre ce qui restait de Barbares et ce sont les
alliés qui vinrent nous trouver et nous demandèrent de prendre le commandement. Par là même nous
avons été contraints dès l'abord d'amener notre empire à son état actuel, conduits par la crainte, puis
par l'honneur, enfin par l'intérêt. Nous étions en butte à la haine générale ; quelques-uns de nos sujets
s'étaient déjà révoltés ; vous-mêmes ne nous montriez plus les mêmes sentiments d'amitié
qu'auparavant ; vous étiez soupçonneux et hostiles ; dans ces conditions il nous a paru
dangereux de nous relâcher de notre pouvoir, car on nous eût abandonnés pour passer de votre côté.
Or nul ne saurait trouver mauvais qu'on ait égard à ses intérêts, quand on se trouve au milieu des
pires dangers.
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