Texte grec :
[7,87] Τοὺς δ' ἐν ταῖς λιθοτομίαις οἱ Συρακόσιοι χαλεπῶς τοὺς
πρώτους χρόνους μετεχείρισαν. ἐν γὰρ κοίλῳ χωρίῳ ὄντας
καὶ ὀλίγῳ πολλοὺς οἵ τε ἥλιοι τὸ πρῶτον καὶ τὸ πνῖγος ἔτι
ἐλύπει διὰ τὸ ἀστέγαστον καὶ αἱ νύκτες ἐπιγιγνόμεναι τοὐναντίον
μετοπωριναὶ καὶ ψυχραὶ τῇ μεταβολῇ ἐς ἀσθένειαν
(7.87.2) ἐνεωτέριζον, πάντα τε ποιούντων αὐτῶν διὰ στενοχωρίαν
ἐν τῷ αὐτῷ καὶ προσέτι τῶν νεκρῶν ὁμοῦ ἐπ' ἀλλήλοις
ξυννενημένων, οἳ ἔκ τε τῶν τραυμάτων καὶ διὰ τὴν μεταβολὴν
καὶ τὸ τοιοῦτον ἀπέθνῃσκον, καὶ ὀσμαὶ ἦσαν οὐκ
ἀνεκτοί, καὶ λιμῷ ἅμα καὶ δίψῃ ἐπιέζοντο (ἐδίδοσαν γὰρ
αὐτῶν ἑκάστῳ ἐπὶ ὀκτὼ μῆνας κοτύλην ὕδατος καὶ δύο
κοτύλας σίτου), ἄλλα τε ὅσα εἰκὸς ἐν τῷ τοιούτῳ χωρίῳ
ἐμπεπτωκότας κακοπαθῆσαι, οὐδὲν ὅτι οὐκ ἐπεγένετο αὐτοῖς·
(7.87.3) καὶ ἡμέρας μὲν ἑβδομήκοντά τινας οὕτω διῃτήθησαν ἁθρόοι·
ἔπειτα πλὴν Ἀθηναίων καὶ εἴ τινες Σικελιωτῶν ἢ Ἰταλιω(7.87.4) τῶν
ξυνεστράτευσαν, τοὺς ἄλλους ἀπέδοντο. ἐλήφθησαν
δὲ οἱ ξύμπαντες, ἀκριβείᾳ μὲν χαλεπὸν ἐξειπεῖν, ὅμως δὲ
(7.87.5) οὐκ ἐλάσσους ἑπτακισχιλίων. ξυνέβη τε ἔργον τοῦτο
(Ἑλληνικὸν) τῶν κατὰ τὸν πόλεμον τόνδε μέγιστον γενέσθαι,
δοκεῖν δ' ἔμοιγε καὶ ὧν ἀκοῇ Ἑλληνικῶν ἴσμεν, καὶ τοῖς τε κρατήσασι
λαμπρότατον καὶ τοῖς διαφθαρεῖσι δυστυχέστατον·
(7.87.6) κατὰ πάντα γὰρ πάντως νικηθέντες καὶ οὐδὲν
ὀλίγον ἐς οὐδὲν κακοπαθήσαντες πανωλεθρίᾳ δὴ τὸ λεγόμενον καὶ πεζὸς καὶ
νῆες καὶ οὐδὲν ὅτι οὐκ ἀπώλετο, καὶ ὀλίγοι ἀπὸ πολλῶν ἐπ' οἴκου ἀπενόστησαν.
ταῦτα μὲν τὰ περὶ Σικελίαν γενόμενα.
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Traduction française :
[7,87] LXXXVII. - Quant à ceux qui étaient dans les Latomiés, les Syracusains
commencérent à les traiter avec une extrême rigueur. Enfermés en masse au fond
de cette étroite excavation, dépourvus d'abris, ils souffrirent énormément de la
chaleur du soleil et du manque d'air ; ensuite, les nuits froides de l'automne
déterminèrent un changement de température qui provoqua des maladies. Il leur
fallait satisfaire dans cet espace étroit à toutes les nécessités de la vie ;
les cadavres s'accumulaient, les uns succombant à leurs blessures, les autres
aux changements de température ou à quelque accident ; la puanteur était
insupportable ; ils souffraient à la fois de la faim et de la soif, car on ne
leur donna pendant huit mois qu'une ration journalière d'un cotyle d'eau et de
deux cotyles de blé. De tous les maux que l'on peut souffrir dans une pareille
situation, aucun ne leur fut épargné. Pendant environ soixante-dix jours ils
vécurent ainsi entassés les uns sur les autres ; puis on les vendit comme
esclaves, à l'exception des Athéniens, des Siciliens et des Italiens ayant fait
cette campagne. Il est difiicile de dire le nombre exact des prisonniers ;
certainement, il ne fut pas inférieur à sept mille. Ce fut le plus cruel
désastre éprouvé au cours de cette guerre. A ce qu'il me semble et d'après ce
que nous savons, par ouï-dire, des affaires de la Grèce, ce fut l'événement le
plus glorieux pour les vainqueurs, le plus lamentable pour les vaincus. La
défaite des Athéniens était entière, tout avait été extrême dans leurs maux et
leur ruine totale, selon l'expression consacrée armée de terre, vaisseaux, ils
perdirent tout et de cette masse de soldats, bien peu réussirent à rentrer chez
eux. Tels furent les événements de Sicile.
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